« Content de te revoir, Suzu. »

Miku était arrivé à ma hauteur. Alors que je réfléchissais à comment l'aborder ou comment passer un minimum inaperçue devant lui, il était arrivé là, et tellement baignée dans mes questionnements personnels, je ne l'avais pas senti approcher. Encore une belle erreur de ma part, je ne devais pas me laisser déconcerter par mes sentiments et être prise au dépourvu, sans même sentir qu'une personne s'approche... Bref. Je hochai la tête lentement. Pivotant vers lui, j'ouvris la bouche, les yeux tremblants.

« Moi aussi ! » dis-je brutalement, ne sachant quel ton il fallait prendre, ce qu'il fallait dire, comment il fallait faire, ... Je n'avais pas l'habitude de parler encore, ça se sentait. J'avais très certainement plus l'air d'une idiote qu'autres choses. Et j'imaginais bien qu'il ne s'attendait pas à tant d'effort de ma part.

Le combat commençait. Tendant ma main à Miku, j'attendis qu'il la prenne pour courir le plus vite possible jusqu'à l'endroit où l'on voyait le mieux le combat. Lui faisant un sourire enjoué, je fixai avec attention le combat qui se déroulait sous nos yeux. Mon coeur palpitait à l'idée que moi aussi, à mon tour peut-être, je serais dans cette arène face à face avec d'autres mages qui seraient certainement plus forts que moi. J'espérais au plus profond de moi que si j'étais amenée à me battre, je serais au côté de Miku. Je ne connaissais les autres mages de la guilde que de vu et je me sentais plus forte quand quelqu'un que j'appréciais était en danger. Miku pouvait devenir cette force, et il l'était déjà. J'allais lui montrer, lui prouver, que personne n'avait aucun soucis à se faire pour moi et que, malgré ce qu'il ait vu la dernière fois, j'étais forte de par ma volonté.
Une tornade s'abbatit sur les Anges et une jeune fille, les cheveux blonds, en sortit de justesse, toute égratignée. Mes poings se fermèrent.

« Je suis désolée, lui fis-je dans un sourire vaguement perdu, et prenant le temps d'une petite pause, je continuai, mais j'ai progressé et ce genre de choses n'arrivera plus.

La jeune fille blonde forma alors un éclair qu'elle envoya valser sur nos ennemis.

Je suis surpris. Surpris d’entendre une si jolie voix s’échapper de la jeune fille à mes côtés. C’est donc à ça qu’elle ressemble… Elle me parait un peu embarrassée, alors je tente un sourire réconfortant, ce à quoi elle répond en me tirant main dans la main en avant jusqu’à la rambarde pour nous placer tout devant. La foule commence déjà à délirer dès le premier échange de coups. Malgré l’intérêt qu’elle porte au combat, je sens les émotions de ma camarade guilde fluctuer. Elle reprend difficilement la parole, mais je comprends très bien là où elle veut en venir. Elle a besoin d’être rassurée.

« J’ai foi en toi Suzu. Je ne te jugerai pas, jamais. A chacun son passé et ses peines, je ne peux que t’aider à les porter, en tant qu’ami. » Car oui, Suzu est devenu une personne qui peut compter sur moi. « Ou est-ce que je dois t’appeler Alice ? En tout cas, jolie voix. »

Je lui adresse un clin d’œil. La voir passer de muette à aussi assurée… C’est renversant comme elle a mûri en si peu de temps. J’aurais bien continué la conversation mais une mini-main remue devant mon nez. Un gnome aurait-il poussé devant moi sans que je m’en rende compte. Je baisse les yeux vers un petit bout de chou qui, dès sa première réplique, me charme comme pas permis. Il est trop choupinou avec son enthousiasme et son sourire de gosse. Je déchante vite quand il reprend son blabla, et je suis surpris au point que ma mâchoire inférieure descend jusqu’au sol. Non sérieusement, je le fixe avec de gros yeux, déconcerté.

« Euh bah euh…
- Hahaha, Axel, un hérisson rouge, énorme.
- Ta gueule Blue Floyd.
- Tu veux t’battre c’est ça ?
- Je te les prête. Mais attention, ils sont invisibles pour les plus vieux que toi. »

Je chuchote ces derniers mots à l’oreille du dénommé Valentin. Pour une raison inconnu, cet enfant peut voir et entendre mes compagnons, ce que normalement seule Misto sait faire. Myde semble bien heureux de pouvoir jouer avec de toute façon, et les voilà parti sur un délire d’exploration avec un trésor à la clé. En les voyant remuer derrière moi, mon regard se perd dans les gradins et j’y aperçois une silhouette encapuchonnée. De fins traits argentés dépassent, ajouté à une posture particulière, ils m’indicent sur l’identité de cette personne. Un simple regard coupable, puis je lève les yeux vers le stade. Une silhouette entourée d’une aura noire vient de s’élever avant de s’acharner contre Okami.

« Te laisse pas faire Amaterasu ! Montre lui ce qu'une déesse peut accomplir ! »

« J’ai foi en toi Suzu. Je ne te jugerai pas, jamais. A chacun son passé et ses peines, je ne peux que t’aider à les porter, en tant qu’ami. Ou est-ce que je dois t’appeler Alice ? En tout cas, jolie voix. »

Je ne peux m'empêcher de rougir, et je n'arrive plus à lever la tête. Impossible de le regarder pour lui sourire. Je restais fixée sur place à contempler le combat qui se déroulait si vite alors que j'avais l'impression que le temps se figeait. Miku discutait avec un gamin, lui parlant qu'il lui prêtait quelque chose ou je ne sais quoi.

« Te laisse pas faire Amaterasu ! Montre lui ce qu'une déesse peut accomplir ! »

Je sursautai. Puis mon regard se perdit sur les traits de mon camarade si acharné à encourager la guilde.

« On dit que la guilde est une famille, pas vrai ? » me posai-je à moi-même, les doigts devant la bouche.

Ma tête pivota vers le bas, mon sourire disparut. La relevant assurément, je plissai les yeux et élargis mes lèvres.

« Appelle-moi comme tu veux. Mon nom n'a pas d'importance. C'est ce que je suis et le son à laquelle il sonne en sortant de ta bouche qui importe. »

Ces quelques mots étaient sortis spontanément et sans même que j'eus le besoin de réfléchir. Si la guilde était une famille, nous devions nous protéger les uns les autres.