Cela faisait trois jours que j'étais à Omnibus. Trois jours que je surveillais cet idiot, ce type, qui avait en sa possession la liste. Comment l'avait il eu ? Par notre informateur. Ce traitre avait préféré l'argent facile, et la trahison, plutôt que le meurtre, et la voie de Purple... Il était maintenant enterré sous six mètres de bétons... Je m'étais surpassé ce coup ci... j'avais réussi à attirer l'informateur sous un benne, et il s'était fait engloutir.

Repenser à ce meurtre me fit rire. Je demeurais devant cette maison barricadée...enfin, plutôt sur le côté, et observais les allées et venues. Je ne savais malheureusement pas si la maison abritait des gardes, et n'avait pas voulu risquer de perdre de vue la liste.
Pourtant, la tentation d'entrer en "bourrin" m'avait souvent effleuré l'esprit, cet idiot ne sachant pas barricadé une fenêtre...

Vers trois heures de l'après midi, quelque chose de grand, d'imposant, un homme, arriva devant la porte bloquée par de nombreux meubles de la maison. J'entendais à peine ce qu'ils se disaient, mais je me mordis la lèvre en voyant la porte s'ouvrir. Une escorte ? Mais Il ne sortirait jamais sans être sûr de survivre...alors...ce doit être...un mage... J'observais plus attentivement le mage venu l'aider. Grand... Visage carré... Cheveux courts... Carrure impressionnante...
Je ne suis pas tombé sur de la guimauve...

Et les deux partirent, marchèrent durant quelques kilomètres. Je les suivais à distance raisonnable, assez loin pour ne pas me faire voir, mais assez proche pour les voir. Puis, lorsqu'ils se décidèrent à emprunter des petits sentiers, mes ailes noires sortirent de mes omoplates, aussitôt effacées par mon invisibilité naissante, puis, ne bloquant plus les rayons du soleil, je me plaçai au dessus du duo.

Ne connaissant pas le niveau de magie du mage, je me devais d'être discret, et de patienter, chose que je détestais... Je descendais vers eux doucement, lentement, et, habitué aux déplacements furtifs, dans les airs, l'eau, ou sur terre, je ne pouvais être qu'absent pour eux, du moins, je l'espérais.

Puis, histoire de ne pas me faire dévoiler trop vite, je lançai à pleine vitesse une plume furtive, semblant couper le vent, mais complètement invisible, devant moi, devant nous, vers un buisson. Qu'ils aient perçus le projectile me semblait impossible, le petit étant trop idiot, le plus grand étant trop loin, ne voulant pas m'en approcher, de peur qu'il me détecte.

Un bruit brisant arrive à nos oreilles...
J'ai fait mouche...
Je venais de toucher une branche, ou une brindille, et, par ce fait, de créer une menace potentielle vers l'avant du groupe. Puis je me décalais derrière le type à protéger, et dégaina mon sabre dans une caresse métallique. Sans doute le géant avait il entendu ma lame frotter son fourreau, mais trop tard, elle venait de prendre le cou du client en tenailles.

"La liste ! Ou est la liste !"

La Mort Noire désire quelque chose, et tant qu'elle ne l'aura pas, la peur te tendra les bras. Que feras tu, mage protecteur ?

Alors que je tenais l'homme entre mes lames, en en plaquant une contre sa gorge, je regardais le colosse. Il semblait sûr de lui, cet idiot...

Et il me proposa alors de l'argent... A cette demande, comme si l'argent résolvait tout, je ris. Je ris ouvertement, regardant ce crétin qui me prenait pour un gamin. Savais-t-il ? Savais-t-il qui j'étais ? J'étais inconnu pour lui, autant qu'il l'était pour moi. Et pourtant, moi, j'avais l'avantage, et il me proposait de l'argent... Bien essayé...

"Bien tenté, vieillard. Tu penses que je vais accepter une maigre compensation et te laisser filer avec la liste et l'homme ? Haha ! Tu ne sais sûrement pas qui je suis, mais voir cela va te permettre de t'en faire une idée..."

Et l’homme, que je serrais contre mes lames, trembla. Je souris, lâcha un rictus, et le jetai à terre.

"Fais ta prière, le vieux, car tu vas mourir aujourd'hui... A moins que tu me donnes la liste..."

Et alors qu'il fuit, rampant sur le sol, je dégainai mon sabre blanc, le faisant tourner dans ma main, l'agitant pour me dégourdir les doigts. Puis je plaçai mon pied sur le jambe de l'homme à terre, voyant la peur que je lui faisais. Mon sabre se leva, et je ris, tandis que je lui donnai un coup de pied.

"Toujours pas de liste ? En es-tu sûr, vieillard ? Sais tu seulement ce qui t'attend ?"

Il implora de l'aide, de la pitié, ou toute forme de gentillesse à son égard, mais ne voulus pas me remettre cette liste. Il voulait donc que je sois clément ?

Je souris...

"Tu vas mourir..."

Et mes plumes commencèrent à sortir, et à recouvrir mon corps, me rendant plus sombre que jamais. Sur mes avants bras, mes lames noires sortirent, et mon sabre se leva plus encore.

J'espère que tu n'as pas peur de la mort...

Et mon sabre s'abattit sur lui, en un long mouvement.

La Mort Noire ne fait pas dans la pitié... Elle tue, quoi qu'il arrive...

Alors que je dégainai mon sabre, le géant fut plus rapide. Une espèce de long sabre rouge poussa vers moi, et toucha mon armure de plumes. Je ris, sachant parfaitement que ma protection était suffisante, et surtout, voyant que le bout de sa lame était plat. Etait-il sérieux ? pensait-il me blesser avec une lame plate ?Quel idiot...
Ceci dit, sa force était à admirer. Il me plaqua contre un mur, et le vieux se barra derrière une benne à ordure.
Puis le sabre de l'individu coula, et la lame tomba au sol, s'éclatant. Je la regardais, amusé. Du sang ? Il utilisait la magie du sang ? Il me plaisait finalement plus.

"Magie intéressante..."

"Alors, où en étions-nous? Ah oui... Je suis Alek Lehto et je serai ton adversaire jusqu'à l'abandon. Je suis gentil, je te laisserai vivre... Et toi, qui es-tu bambin fraîchement sorti du bois?"

A l'écoute de ces mots, j'éclatai de rire. Comme s'il comptait décliner son identité. Non, bien sûr que non. J'étais un assassin, un messager de la Mort. Je ne pouvais pas donner son nom comme cela, je ne pouvais pas me dévoiler de la sorte. Alors j'avançai, mes lames noires toujours présentes, vers le colosse.

"Bambin ? Sais tu à qui tu as affaire, vieillard ? Je suis la Mort Noire, le tueur, l'assassin qui fait parler de lui depuis plus de six ans !

Bon, pendant les six ans où j'avais dormi, c'était mon ex informatrice qui avait reprit ce nom... Mais cela comptait quand même.

"Tu dis que tu te nommes Alek Lehto. C'est bien gentil, mais c'est sûrement faux. Personne n'est assez cinglé pour donner son nom face à un assassin... Mais bien tenté, papy."

Puis je levai les bras, mes lames s’agrandissant, prêt à me battre. Je me plaçai de façon à pouvoir bondir sur lui, et me lécha les lèvres. Il allait payer. Oui, Il allait payer son imprudence. J'allais le découper en rondelles, et les offrir au vieux...
Alors, ma peau se recouvra de plumes invisibles, et mon corps s'effaça, tandis que mes ailes apparurent. Et, après avoir secouer l'air de mes nouveaux membres, je décollai, et fondis sur lui...

Insulte la Mort Noire, et tu mourras... Essaie de riposter, et tu mourras... Fuis, et tu mourras... Dans les trois cas, tu meurs, mais ce n'est pas le même cas pour le vieux... Alors laisse La Mort Noire le délester de cette liste...

Qu'il était drôle... Il tentait de m'insulter, et me disait que je n'étais pas un assassin...

"Exact... Disons alors... meurtrier... ou tueur en série... Il est vrai que je n'aime pas m'informer sur ma cible... C'est souvent une perte de temps..."

Mes paroles sortirent, alors que sur lui, j'arrivai. Au moment où la mine commença à exploser, dans cette flaque de sang, je donnai un vif coup d'ailes pour m'en éloigner. Ainsi, seules celles ci furent touchées, vu qu'en me surélevant, elles s'étaient rapprochées de l'explosif. Ainsi sa première tentative de riposte échoua, mais je ne le touchai pas, et revins à la charge. Mais chacun de mes coups étaient parés. Mon invisibilité ne m'avait servie à rien, car dès le premier coup vain, elle s'était enfuie. Soit... Mes ailes prirent le relais, et mes lames s'allongèrent.

Tu goûteras à la danse macabre des cinq lames. Alors, de mes quatre plumes tranchantes, et de mon sabre, j'enchaînai les coups, les esquives et les feintes, les contre attaques... En vain. Mes ailes, hérissées et irrémédiablement abrasive, s'efforçaient, par leur masse, d'asséner de violents coups. Finalement, en combattant aguerrit, je finis par laisser tomber une offensive de ce genre, et m'éclipsai un peu plus loin, rengainant mes lames, sauf mon arme et mes ailes. L'avais-je touché ? Je n'en savais rien...

"Tu es doué... Ainsi, la surprise, ou le combat sont inefficaces contre toi... Je n'ai jamais rencontré d'adversaires tels que toi... Qui es tu ?"

Qui es tu ? La question se posait... J'avais été durement entrainé, durant mes plus jeunes années, pour me défendre, et me battre avec un sabre. Plus tard, j'avais perfectionné ma technique en y ajoutant les lames de ma magie... Et pourtant...

"Moi... Je me nomme..."

Je fus prit d'un réelle intérêt à son égard. Qui était il ? J'étais prêt à lui donner mon véritable nom, pour avoir le sien... Pour avoir sa véritable identité. Et pour cela, je mis mon sabre droit devant moi, sans bouger, formant une pose parfaite, digne des plus grands bretteurs, et mes ailes se replièrent dans mon dos... Il était le premier adversaire à gagner mon respect.

Mes yeux se fermèrent un instant, pour finalement s'ouvrir rapidement.

"... Yoite Kyumizu."

Je lui avais dit... Je venais de révéler mon identité. Et mon regard sur lui était destiné à lui montrer ma sincérité. J'espérai alors qu'il accepte de me donner son véritable nom... Sa véritable identité... Je voulais savoir qui était mon adversaire.

La Mort Noire se révèle. Yoite Kyumizu veut savoir qui tu es... Et te battre...

L'honneur n'était visiblement pas son fort... Alors que je lui donnai mon identité, lui refusait de donner la sienne... Voilà pourquoi jouer les héros n'était pas mon hobby. Je me mis donc en garde, mais seules trois lames étaient sorties, et mon sabre se trouvait désormais à ma ceinture. Je n'attendais qu'une seule chose : qu'il s'approche.

Mais voilà qu'il fit un truc, je ne sus jamais quoi, et une lame entièrement faite de sang, mais aussi tranchante que mes plumes, sûrement... Alors mes ailes commencèrent à bouger, pour essayer d'éviter cette attaque rapide, mais un autre type de lame arriva sur moi, sans que je puisse la voir, et lui même m'attaquait avec sa lame, ayant poussée à son bras... un peu le même principe que mes propres lames.

Pris en tenailles par trois attaques, je décidai de les parer une à une. La première, le pic, arrivait par dessous, alors je fis tourner mon corps de façon à l'esquiver. La deuxième, je le crus, était ce vrombissement, que je ne pouvais déchiffrer. Alors je plaçai mes lames en croix, mais j'en oubliai la dernière, et dans le flanc, bien que protégé en partie par mon armure naissante, je me pris la lame. Cependant, cette attaque me permit, en me faisant tomber au sol, d'éviter cette attaque invisible...

Aussitôt à terre, mes mains poussèrent et mes bras se tendirent pour me relever. Je portai alors ma main droit à mon flanc pour en découvrir une ouverture, avec du sang dégoulinant sur mon armure. J'étais donc blessé, et il allait sûrement revenir à la charge.

"Tu ne vas donc pas me révéler ton nom ?"

Je redégainai d'un geste vif ma lame que j'avais rangé, et la tins devant moi. Et, dans un second temps, mes ailes s'étendirent, lançant ma fameuse pluie de plumes dans les airs. Et je fondis sur lui, attaquant, trébuchant, faute d'être blessé, et roulant par terre pour rester un maximum hors de portée. Mais j'étais impuissant face à lui. Je ne parvenais pas à trouver un point faible...

"Alors c'est comme cela que tu sais te battre ? Interessant..."

Et je lançai, dans un même temps mon sabre, avant de voir ma pluie de plumes s'abattre. Mes bras s'écartèrent, et les plumes que j'attrapai étaient relancées avec force vers lui. Puis je courais vers ma cible, le bombardant de plumes, de projectiles, de toutes parts, espérant le toucher... Avant de, encore, faiblir, et me plier en deux. J'étais faible, je le savais... Il m'avait entaillé profondément... Et merde !

"Je ne te battrais pas..."

Il avait l'air indemne, il avait l'air imposant. Il avait l'air d'un survivant. Mais je ris, en sentant la seconde vague de projectiles arriver, bien plus courte. Après tout, l'objectif ici n'était pas le combat...

"... Cependant..."

Parmi les plumes que je récupérai, j'en lançai trois vers la benne à ordure, et, me trouvant maintenant du côté de l'homme qui avait la liste, celle ci ne lui servait même plus à se protéger...

"... Tu oublies l'objectif."

Et les trois plumes, à une vitesse affolante, fondirent vers le vieux, un peu trop loin, à mon goût, d'"Alek".

Naïf, tu ne peses qu'à te battre avec un adversaire sournois. Il t'en coûtera SA vie...