Tu n’as pas à remettre en cause ton humanité. Noirci ou non, ton cœur est toujours là et il te permet de vivre malgré les crimes que tu commets. Malgré tes pêchés on ne peut te reprocher de vivre, mais on peut espérer un changement, espérer que tu n’en fasses plus pour que tu puisses te repentir. Tu penses qu’un cœur sombre ne peut se purifier, je pense que si, et je l’espère. Car au fond l’ultime but de ma vie est de récupérer mon frère, le faire revenir dans mon entourage même s’il me faut patienter toute une vie pour le retrouver. Et pour toi je pense que ce n’est pas perdu, voit chacun de ces hommes comme des membres de ta famille. Chéris les quand ils te sont proches, cherche à les ramener vers toi quand ils s’égarent. Chaque vie est précieuse

Un discours digne de la femme qu'elle semble être, mais ce ne sont que des paroles, que ses pensées, ses espoirs, il ne s'agit en rien de la réalité de la vie, avec cela elle mélange son passé qui ne m'est d'aucune utilité. Il me faut déjà me débarrasser du mien, je n'ai pas besoin du sien, et puis ce n'est pas comme si j'avais croisé son frère, quoi que, peut-être, le destin est si ironique parfois.

La fin de son monologue se termine par le fait qu'il me faille chérir tout le monde, tsss, comme si j'avais la place dans mon cœur pour ça, et puis je ne risque pas de changer ma vision du monde et mes habitudes comme ça, pas juste à cause d'un seule personne que je connais à peine et qui m'a brisé une côte.

Voilà qu'Olivia se baisse, son instrument en main, elle fait vibrer et résonner les cordes métalliques de l'objet qui lui est cher. Elle entame une mélodie parmi son répértoire.

Qu’il repose en paix malgré la souffrance qu’il endura.

Il n'a eu que ce qu'il mérite, en tant que bandit il savait ce qui pouvait l'attendre, la souffrance qu'il a subit est celle qu'il a cherchée.


Une dernière note qui vibre entre les troncs et les feuillages, comme suspendu dans le temps tout en s'estompant comme de l'encre fraîche sous la pluie avant de disparaître dans ce qui fut le point de départ de l'hymne mortuaire, le silence. Ce dernier fut par ailleurs assez vite brisé par un mouvement dans des buissons non loin. Un loup blanc s'extirpe de la masse végétale, un animal assez peu commun dans le région, du moins par la couleur de son pelage. Olivia fixa le spectacle qui se tenait devant nous, l'animal dans tout sa gloire et sa grâce bestial tenait l'homme qui venait de s'enfuir à peine quelques instants auparavant entre ses crocs pointus, du sang maculant le prédateur et sa proie. Finalement j'aurais dû me charger de son cas, il aurait peut-être moins souffert, en tout cas il n'a pas échappé au jugement final qui lui était destiné aujourd'hui.

Ama…

J'arque un sourcil en direction de la femme non loin de là, elle connaît donc cet animal ? Étrange pour une femme si convaincu de laisser le salut à ceux qui ne le mérite pas de fréquenter une bête aussi féroce qu'un loup. Elle semble plutôt mal à l'aise, ce semblant de rêve utopique de pouvoir laisser tout le monde en vie semble se brouiller à la vue du spectacle dont nous gratifie ce « Ama ».

Ca fait longtemps.

Elle qui avait plus qu'assez de vocabulaire pour pardonner les bandits est maintenant plutôt hésitante et pauvre en mots pour exprimer sa confusion quant à son « ami » canin face à nous. Le loup se rapproche de moi.

Une douleur dans la poitrine, je referme mon poing sur mon torse, quelque chose ne va pas, je sens le souffle du démon encore présent dans mon âme qui me cri de m'éloigner du quadrupède, comme une sorte d'instinct surnaturel proche de l'instinct de survie. Le loup face à moi se floute en parti, je vois comme une sorte de disque au dessus de lui mais ce n'est pas bien clair, une partie de son pelage semble devenir rouge mais il ne s'agit pas du sang de sa proie, qu'est-ce que cela signifie ?

Un frisson me parcours l'échine, l'animal semble voir quelque chose que je ne vois pas, puis un froid glacial venant de mon âme parcours mon corps entier, une fois cette sensation passé je me rends compte que mon appuie n'est pas pareil, je me redresse légèrement et me retourne, toujours assis, l'arbre est revenu à son état initial. Un loup mage ? Comment est-ce possible ? Je me relève d'un bond, ignorant ma côté brisée, face à moi la bête des bois n'est plus le même, ce qui était flou il y a quelques secondes est maintenant aussi clair que le son de l'instrument d'Olivia. Le canidé est couvert de tatouages rouges, un disque flottant sur son dos, mais pas seulement, encore au dessus il semble y avoir une épée. L'être face à moi n'est pas un simple animal, il s'agit d'une créature surnaturelle, ce qui expliquerait également la réaction du souffle du démon dans mon âme.

Le loup s'avance encore, il se retrouve à porté de bras d'Olivia qui tente de le caresser mais l'esprit face à nous la repousse d'un grognement.

- Ne le touche pas Olivia !

Mon ton fut sec et autoritaire mais mieux vaut la prudence, mon regard brûlant croise celui du loup tatoué qui ne perd pas un instant pour me montrer les crocs et m'aboyer. Le quadrupède se place à bonne distance, à moitié couché, prêt à bondir, encore une fois le souffle du démon me murmure de faire attention. Je regarde Olivia, sait-elle ce qu'est réellement son « ami » ? Connaît-elle ne serait-ce que l’existence de la lame flottante au dessus du pelage blanc et qui pourrait la transpercer d'un seul coup ?

- Fait attention à ce loup, j'ai un très mauvais pressentiment, comme un sixième sens si l'on puis dire. Est-ce que tu vois l'arme et la vraie apparence de ce loup ?

Je me retourne vers le loup, toujours en position de bond.

- En tout les cas j'espère que ton « ami » t'obéis, parce que mon instinct me dit également qu'avec une côte brisé je ne serais pas capable de lui faire face

Je me redresse, remettant ma main sur l'os brisé, je me tiens en position prêt à agir en cas de nécessité, la mine sévère, même si j'espère ne pas avoir besoin d'intervenir dans un combat presque déjà perdu d'avance, destin je te maudis vraiment, plus qu'il n'y a quelques minutes en tout cas.

Ama, arrête ! Il a déjà eu la sanction qu’il mérite et ne doit pas en pâtir davantage. Et puis c’est un mage d’Eagle’s Claw donc nous ne devrions pas nous engager davantage dans ce genre de conflit.

J'ai déjà eu la sanction que je mérite ? Un coup au côtes ce n'est pas très cher payé comme sanction, après le fait que je sois un membre de la guilde d'Eagle's Claw n'a aucune importance, lorsque l'on veut faire du mal à quelqu'un le grade et les forces et pouvoirs qui s'exercent en dehors de celles des adversaires n'ont aucunes importance dans un instant T, par exemple si cet esprit vient à m'attaquer le fait que le conseil des mages existe n'a pas d'importance.


La voix d'Olivia s'est durcit d'un coup, par colère ou par simple fermeté, toujours est il que cela n'a plus aucun lien avec la voix suave et chaude dont elle semble avoir l'habitude. Je la vois serrer son poing avec a même fermeté que la phrase qui avait précédée. Je vois la troisième chaîne qui était restée inactive depuis son invocation qui se met enfin à bouger, elle danse autour d'Oiliva avant de lui servir de pseudo arme pour se défendre contre la bête-esprit. Je la vois pleurer, mais cela ne m'attendris pas, des larmes j'en ai assez vu et versé, une personne triste de plus sur mon chemin ne change rien. Elle regarde le loup blanc droit dans les yeux pour dire « ne t'approche pas », prête à se défendre si besoin est.

Je ne sais pas à quel point tu as changé Amaterasu mais ces années ont l’air d’avoir été beaucoup trop lourdes pour toi. Où est Issun ? Qu’en est-il de ta joie de vivre qui a été remplacée par cette rancune dédaigneuse ? Qu’en est-il de ce sang qui tâche ton si blanc pelage ? Qu’en est-il de cette hargne qui dans tes yeux se loge ? La louve que je connaissais était différente… Elle ne s’attaquerait pas à un inconnu pour cette simple raison. Je sais que tu n’aimes pas les humains mais il mérite une seconde chance tout comme ces bandits !

Il s'agit donc d'une louve, mais voit elle donc le véritable apparence de l'esprit qu'elle nomme Amaterasu où ne vois elle réellement que le sang sur son pelage ? Elle l'a décrit comme un bête autrefois pleine de vie et maintenant dédaigneuse et agressive.

Alors que je m'apprête à reprendre la parole Olivia s'écroule devant nous sous le choc de sa lance brisée par la lame de l'être surnaturel face à elle, me laissant le bouche entre ouverte. Je me dirige assez vite vers elle. Je la relève de mon bras, elle semble avoir perdu connaissance.

- Olivia ?

Je la repose délicatement sur le sol verdoyant recouvert de tâches orangées que forment les couches de feuilles tombées sous le poids de ce mois d'automne. Je prend son poignet de ma mains large, je pose mon pouce sur sa veine, de mon autre main je pose mon index et mon majeur sur mon cou. Un battement, deux battement, je compte les secondes entre nos pouls respectifs. Je sens que la fréquence à laquelle mon sang parcours mes artères est plus rapide que celui de la jeune femme évanouie. Toutefois sa vie n'est pas en danger, elle a juste perdu connaissance, rien de grave, pas de quoi s'inquiéter. Je tourne sa tête vers le côté, au cas où, on ne sait jamais.

Un petit frisson me parcours le dos, cette même sensation qu'une sorte de plan est apparu de nul part. Je me tourne vers l'animal un peu plus loin, penché sur sa proie antérieur. D'un coup la cicatrice se referme, ayant pour conclusion le réveil de l'homme déboussolé. Je ne sais pas de quoi est capable cette louve mystique mais je préfère ne pas vraiment le savoir.

« Noooooon ! »

Le cri de la demoiselle me fit sursauter, elle est toujours allongée sur l'herbe elle cligne des yeux, comme pour se persuader que la lumière qui traverse ses pupilles est belle et bien celle du soleil de la dimension réelle. Une fois cela fait et son retour à la conscience pleinement accepté elle souffle un large soupir.

- Ça va ? Attends je vais t'aider à te relever

J'empoigne son bras et la tire vers sa position de bipède, il lui faut un petit moment pour se stabiliser normalement, mais encore une fois rien de grave.

La louve commence à s'en aller, faisant signe de la suivre. Je me tourne vers Olivia et lui pose ma main gauche sur son épaule frêle.

- Tu vois ? Un cœur pur ne fait que se noircir, la preuve, même ton « amie » n'est plus la même, rend toi à l'évidence, le bonheur ne se retrouve jamais, ou à travers trop de souffrance pour pouvoir s'exprimer

Je lâche son épaule, je fais quelque pas en avant, me dirige vers le bandit qui est toujours là, perdu dans son esprit qui n'arrive plus à faire vraiment le lien avec tout ce qui lui est arrivé. Je lève mon talon au dessus de lui et je lui écrase son poignet jusqu'à entendre son os se briser parmi ses gémissements. Je le lève par le col, lui saisi le bras encore en état pour le mettre en clé de bras.

- Je t'emmène avec nous, tu as intérêt à pas trop bouger c'est clair ?

Il approuve de la tête en pleurant

- Bien

Je commence à suivre les pas de l'animal, le bandit devant moi titubant sous la pression de ma main sur son bras, avançant tant bien que mal. Je sens Olivia très troublée, marchant derrière moi, sans doute dégoûtée par le poignet que j'ai brisé.

- Si je lui ai fait ça c'est pour qu'il soit moins dangereux, rien de plus, ne prends pas ça pour de la violence gratuite. Et puis après tout il n'y a que toi ici qui croit qu'il mérite une seconde chance

Je suis les sentiers, passant entre les arbres, marchant sur les pas de la louve. Après quelques courtes minutes à marcher à travers la végétation aux couleurs du mois nous arrivâmes enfin à ce qui semblait être un petit village, rien de bien extraordinaire, des maisons basique, des rues classiques, bref un village de Fiore parmi tant d'autre. Rien ne semble expliquer pourquoi l'esprit animal nous ait emmenée ici. Je regarde les coins de rues, rien, pas un bruit ce qui est plutôt étrange, louche même, je reste en alerte.

L'animal au pelage blanc bifurque à un tournant, suivant son pas j'en fais de même, c'est alors que face à nous se tiens là une scène des plus improbables. Tout le village est là, ligoté par des lianes. Je balance le bandit par terre qui lance un juron.

- Olivia surveille le, je m'occupe des villageois

Je m'avance vers eux, je touche l'une des lianes, encore une fois une désagréable sensation parcours tout mes muscles, il s'agit sans aucun doute de liens créés par l'esprit. Elle les a ligotés, ce qui explique le regard noir des villageois envers l'animal. J'arrive à en libérer un qui se dirige vers un autre de ses compatriotes afin de l'aider à son tour, je me dirige vers un deuxième, posant mes mains sur les lianes. Savent-ils, eux, pour la véritable apparence de la louve ? Cela pourrait expliquer pourquoi il la regarde bizarrement.

"Je ne connais ni la cause ni les conséquences de ton acte mais je ne peux plus te donner mon entière confiance, tu dénigres la vie humaine en t’attaquant à tous ces hommes et ma tâche sera, qu’importe la situation, d'aider le peuple de Fiore en tant que mage. Nos objectifs semblent s'éloigner et tu sembles oublier ton appartenance à la guilde, ton devoir, ta dette envers les humains. "

Des paroles bien creuses pour moi, déjà que je suis bien assez exclu de leur conversation le fait de parler de défendre le peuple de Fiore qu'importe la situation est absurde, la nécessité d'intervenir ou non mais surtout comment intervenir dépend essentiellement d'une situation donnée. Alors que je fini de libérer les derniers villageois encore ligotés j'entends la femme dans mon dos en train de réprimander la louve en face d'elle. Qu'elle soit ou non capable de voir la véritable forme de l'animal il est plus que stupide de l'insulter, son cœur régis plus vite que son esprit, bien plus vite.

Je me lève, laissant s'échapper et glisser les lianes entre mes doigts, elles tombent par terre avec une légèreté surnaturelle. Je me retourne vers les deux membres de la guilde volante qui se font face. Olivia semble être déterminée, pas vraiment en colère, juste déterminée à défendre ses idéaux inutiles et oniriques. Les paroles de la demoiselle semble ne pas vraiment faire plaisir à l'être surnaturel à quelques mètres d'elle. Les tatouages rouges soulignant ses courbes s'illuminent pour devenir flamboyantes et les liges d'encre sur ses pattes et sa queue semblent se mouvoir. Le canidé montre les crocs et pousse un cri de colère vers la brune.

Pas besoin de me retourner je sens et j'entends les hommes et les femmes derrière moi qui s'enfuient à toutes jambes. Au moins ils ne seront pas les spectateur de cette pièce dont ils n'ont rien à voir. La louve se montre menaçante envers la mage, dans un mélange de défis, de colère, d'avertissement, mais aussi d'appel à l'aide et désespoir. Comme si la créature face à nous était en train de se perdre, de se chercher et qu'elle cherchait en Olivia une certaine réponse qu'elle seule est capable de lui fournir pour ne pas sombrer vers autre chose de plus sinistre, la vraie « Louve » cherchant à redevenir comme avant mais sans y parvenir et que le moindre signal d'Olivia servirait de raison pour chuter et s'abandonner.

Le soleil est haut dans le ciel, chauffant les esprit déjà tendus et brûlant de cette journée d'automne,je croise les bras face à mon torse, le vent froid contrastant avec l'atmosphère de l'échange entre les deux être féminin secouant mes cheveux comme pour m’inciter à prendre part à cette discussion qui n'est pas mienne. Encore une plaisanterie du destin sans nulle doute, il ne peut s’agir que de ça, vouloir me lancer vers un camp ou l'autre alors que je ne suis qu'un tiers dans toute cette affaire. M'incruster dans tout ceci ne peut m'être que préjudiciable, pourtant juste rester les bras croisés dans cette situation me frustre, alors je n'ai qu'à être ni avec l'un ni avec l'autre. J'ouvre la bouche pour répondre.

- Venir de la même guilde ne signifie en rien avoir les même objectifs Olivia. Quant à savoir sa dette et ses devoirs envers l'humanité c'est à elle seule d'en juger. Je ne sais rien de vous deux mais tenter de rembourser un passé avec le présent signifie parfois sacrifier son futur, j'en ai déjà fais l'expérience et c'est stupide, laisse la faire ses propres choix comme elle le désire et voir son passé comme elle l'entend.

J'ai perdu bien trop de temps avec ces démons dans cette fausse liberté qu'ils m'avaient « offerts », et personne ne peut dire le contraire de toute façon il s'agit de mon propre passé. Il en est de même pour cette louve, si elle désire se débarrasser d'une dette qu'elle trouve injuste ou comme inutile à rembourser qu'elle en face ainsi. Je tourne ma tête vers cette même louve.

- Mais vouloir être libre ne signifie pas que tu ai le droit de t'en prendre à elle, tu crois vraiment que l'agresser est la meilleur chose à faire ? Voir ton futur comme tu le souhaite ne signifie pas détruire ton passé, aussi maladroite soit-elle elle essaye de t'aider, calme toi et garde la tête froide. Elle n'est pas ton ennemie.

Je me retourne vers Olivia

- Je ne sais rien de vous, je ne peux trop m'inclure dans ce débat tendu mais tout ce que je sais c'est que faire tourner tout cela dans le mauvaise direction ne sert à rien. C'est toi la reine des rêves et des idéaux mièvres et absurdes, alors réfléchis un peu plus à tes prochaines paroles et montre lui donc ce que tu veux vraiment et que tu tiens à elle, car moi je ne peux pas le faire à ta place

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