En tant qu’indépendant, je dois avouer que j’apprécie fort bien ce système de partenariat pour les missions. En effet j’ai déjà fait la rencontre d’Adrien auparavant et là je m’apprête à faire une mission avec un tout autre inconnu. Après tout, entre mages, même si l’on ne se connait pas, on peut bien s’entre’ aider pour mener à bien ce que l’on fait. Je n’ai toujours pas de guilde, mais je pense que quand je ferai partie de Blue Pegasus, je continuerai cette démarche de temps en temps puisqu’elle me permet de sociabiliser avec d’autres gens et j’aime plutôt ça. En route alors pour le lieu de la mission. Je me lève et prends mon blouson pour partir au QG d’une guilde de marchands pour rejoindre premièrement Yoite. Là-bas, notre but sera de trouver des informations sur certains membres de la guilde portés disparus. C’est une tâche plutôt difficile étant donné qu’on ne sait pas trop le nombre d’indices laissés, il peut donc ne pas y en avoir et ce serait dans ce cas très embarrassant.

La fraîcheur du matin portée par le vent me caresse le visage avec allégresse pour me dérober un fin sourire se dessinant progressivement sur mon visage. J’aime particulièrement l’automne parce qu’en cette saison, il ne fait ni trop chaud ni trop froid, mais aussi parce que les rayons du soleil se font plus doux et agréables. Soudain des questions frivoles me viennent en tête, questions qui n’ont pas trop d’importance mais que je n’arrive pourtant pas à nier. Sera-t-il à l’heure ? En sait-il plus que moi sur la situation ? Il ne s’agit pas d’une compétition mais la connaissance de l’autre peut être un atout lors d’un travail en binôme, je ne connais rien de lui, il ne connait rien de moi. Je devrais songer à lui poser quelques questions avant que l’on débute la mission, même si nous avons d’autres priorités. Oui, qui sait il est peut être sensible à ma magie, il a peut-être une magie qui s’oppose à la mienne, il n’aime peut-être pas les blonds, je me perds, je devrais arrêter là.

Après ces tas de questions que je me pose, je finis par trouver au final le repos en m’émerveillant devant le bâtiment qui s’offre à moi. Immense, magnifique, orgueilleux et plein de prestiges, ce hall est d’une élégance féérique. Cette guilde fait bien partie des plus riches grâce à son commerce et elle le fait savoir rien qu’avec l’entrée principale de leur QG. Jamais je n’aurais pensé voir une telle dépense dans un simple bâtiment mais bon avec notre société il faut du « tape à l’œil ». Alors que de la bave coule hors de ma bouche, je sens une main se poser sur mon épaule de manière délicate, juste pour m’interpeller. Curieux, je me retourne.

Oui ?

J’arque alors un sourcil lorsque je vois un homme à l’allure plutôt sombre se présenter. Puis je passe une main derrière la tête pour sourire bêtement.

Moi c’est Drake, enchanté. Vous êtes aussi là pour la mission ?

Enchantés, tous deux biens présentés nous nous regardons pendant un bref moment le temps de décider qui parlera en premier. J’arque un sourcil l’air de dire Je t’en prie puis lève les yeux vers le ciel de manière nonchalante. Je n’aime pas quand les gens se permettent de briser les limites de chacun, créer des contacts physiques avant même de se présenter, du moins avec les garçons en tout cas. Sa main, je ne peux m’empêcher de penser au moment où sa main à toucher mon corps. Soudain, il parle et ignore même les conséquences de son acte en changeant de sujet. Mon regard se dirige alors de nouveau vers lui pour donner l’impression que je l’écoute, même si au fond je sais très bien de quoi il parle. Je m’avance alors et le serre dans mes bras de manière inattendue et tapote sur son dos en disant.

Oui, ne t’inquiète pas, je suis au courant.

Il ne réagit pas, prévisible. Ça lui apprendra à dépasser les limites corporelles, je ne pense pas qu’il osera me toucher une nouvelle fois sans bonne raison. Je m’écarte alors et lui sourit de manière innocente, comme si je n’avais pas compris ce qui venait de se passer. Après tout, je l’ai seulement pris dans mes bras, rien de plus, rien de moins. Un blanc s’installe, je le regarde dans les yeux, celui-ci me fuit et cela pendant deux bonnes minutes. Alors pour rompre le silence qui se fait maintenant pesant, il demande si nous pouvons entrer. Je lui tourne le dos puis regarde à nouveau vers le ciel lointain. Au fond, nous avons une mission mais ma curiosité n’a toujours pas été résolue, je ne connais presque rien de lui et j’insiste sur le fait qu’une entente mutuelle est préférable à notre travail d’équipe. Je me retourne hâtivement et dit énergiquement.

Allons-y !

Je tends alors ma main en face de moi pour l’inviter à partager une poigne officialisant la création de notre équipe, sorte de pacte tacite qui m’autorise à travailler avec lui. Je lui fais un clin d’œil accompagné d’un sourire lorsqu’il prend ma main dans la sienne puis nous décidons d’entrer dans le QG de la guilde marchande. Les présentations sont faites, maintenant c’est le moment de mener l’enquête. J’entre d’un pas plutôt relaxé dans le hall de guilde, j’admire les joailleries qui ornent les murs, le sol et les meubles puis m’arrête au beau milieu, face à un vieillard qui fume sa pipe allègrement, cependant le facies chagriné par les récentes disparitions. J’avale ma salive avant de nous présenter tous deux.

Bonjour, nous sommes tous deux mages et nous sommes venus pour effectuer votre mission. Il se prénomme Yoite, moi c’est Drake, enchanté.

Il baisse sa tête pour nous saluer et nous emmène vers le lieu du dernier rapt. Enfin, je suppose qu’il s’agit d’un enlèvement étant donné que six personnes qui disparaissent comme ça, d’un coup, c’est suspect. Arrivés dans les toilettes de la guilde, il s’arrête et se retourne pour nous expliquer la situation.

Nous n’avons rien touché depuis avant-hier soir. Il y a là les habits de Jordan, abandonnés sur le sol comme s’il s’était volatilisé. Un commerçant de la guilde qui l’attendait est entré par la suite et n’a retrouver que ses habits.

Il se caresse alors le visage, puis le front, puis ouvre la bouche en inspirant lorsqu’il semble se souvenir de quelque chose.

Ah oui j’oubliais, il a dit qu’il aurait entendu un enfant crier par-delà la fenêtre, mais il n’a pas réussi à le retrouver.

Intéressant… Il s’agit là d’une situation bien délicate. S’il était aux toilettes et que son collègue l’attendait il n’a pu sortir seulement que par cette fenêtre. Cependant... que fait cet enfant dans l'histoire ?

Je pince mes lèvres, symptôme de mon embarras, puis dirige mon regard vers mon partenaire d’un air interrogatif pour lui demander son avis.

Qu’en penses-tu ?

Dans son raisonnement, il y a de la rigueur, de la vraisemblance, mais aussi une part d’implication. Quand il explique ce qu’il pense, c’est comme s’il y a une part de lui qui sait ce qu’il dit, une part de lui qui témoigne de connaissances sur le domaine, d’expérience acquise lors d’évènements de sa vie passée qui relèvent du même thème : le meurtre. Je pense qu’il est cette sorte de mercenaire qui traque souvent sa proie allant jusqu’à reconnaitre chaque bout de tissu sur une scène pour la pister. Il s’agit plutôt d’un bon coéquipier même si je n’aime pas trop le fait de dépendre de quelqu’un, après la traque, ce sera à moi de l’épater. Une question posée, des réponses apportées. Voilà que nous apprenons qu’une garderie est tout juste à côté et qu’un des membres possède deux enfants qui viennent souvent jouer. Peut-être devrions-nous les interroger. Nous nous en allons et sur notre départ mon partenaire donne une mauvaise impression des mages au vieux en détalant sans même dire au revoir. Je me retourne alors pour lui sourire et dire avec gratitude.

Merci beaucoup pour les renseignements monsieur, nous ferons de notre mieux pour retrouver vos membres.

J’incline ma tête légèrement pour la relever aussitôt, sorte de révérence que je lui voue avant de partir aussitôt. Il sourit à son tour et retourne à ses occupations. Voir les gens sourire, c’est vraiment la part de plaisir d’un mage, accéder au pur bonheur en le partageant avec le peuple, ces gens innocents qui n’attendent que de retrouver leur quiétude habituelle. Je tourne mon regard vers Yoite qui lui semble différent, un mage. Beaucoup de mages n’ont pas cette lueur dans les yeux et il en fait partie. C’est comme si nous, adeptes de la magie, nous étions confrontés au mal et ce au quotidien, comme si nos esprits étaient hantés par la peur du danger imminent, la soif de puissance mais aussi la volonté de protection de ceux que l’on aime. Mais après tout, la peur est celle qui nous rend le plus humain et c’est ce qui disparaît chez nous, les mages. A force, nous n’avons plus peur et nous affrontons le danger la tête haute.

Ah, nous sommes arrivés.

Patience. Je n’aime pas vraiment attendre, surtout dans ce genre de situation où la vie d’innocents est en danger et dépend de nous. Plus vite nous réussirons à les trouver, plus vite nous pourrons les sauver s’ils sont encore en vie. Cependant prudence est maître mot et nous devons patienter. Pendant l’heure qui allait suivre, je ne prononçai pas un seul mot. C’est comme si… j’avais pas envie de lui parler en fait. Il n’est pas ouvert aux gens donc je me vois mal faire de même avec lui. Puis finalement, le père de famille arrive à son domicile d’un air maussade, la disparition d’un de ces amis doit lui être dure à supporter. Etant donné que mon coéquipier allait le blesser davantage avec son tact inhumain, je m’avance pour me présenter avec un sourire qui traduit de la compassion.

Bonjour Teruaki. Je m’appelle Drake et je suis un mage au service de Fiore et j’aurai juste une question à vous poser concernant la triste disparition de votre collègue.

Il ne répond pas, il inspire juste longuement comme pour se préparer à dévoiler quelque chose de pesant, comme pour se remettre de la tristesse des évènements passés. Je m’avance et le regarde dans les yeux avec une douceur lumineuse.

Je voudrais savoir où étaient vos enfants il y a deux jours de ça, lorsque votre collègue a disparu. Un enfant a sans doute été le seul témoin de la situation.

Il lève les yeux vers moi, retenant ses larmes pour me répondre, l’air désolé.

Je ne puis vous aider, mes enfants étaient tous deux à l’école comme tous les autres.

Ah l’école ? Je vois…

Bizarre. S’il s’agit d’un jour d’école, pourquoi celui qui a assisté à la scène d’enlèvement n’était pas en classe ? Bon et bien nous n’avons pas le choix que d’aller voir à la garderie, peut-être ont-ils égaré un de leurs enfants. Je me dirige alors avec Yoite vers ce lieu, cauchemar de nos tympans en raison des cris aigus et perçants de nos chères têtes blondes. Là, une porte en fer en guise d’entrée que Yoite prend soin de m’ouvrir. Une porte en fer… Bizarre pour une garderie, j’aurai plutôt imaginé une porte colorée avec des dessins d’animaux, de fleurs. Là non, un simple bout de métal soudé dans un mur en guise d’accueil. J’avance alors d’un pas lent tout en souriant à Yoite pour le remercier de m’ouvrir la porte.

Oui, je suis là mon chou.

Et à peine mon pied ayant foulé l’entrée de la garderie que nos deux corps se rapetissent peu à peu pour finalement prendre l’apparence de deux jeunes enfants âgés de huit ans au plus. Je dis alors d’une voix aigüe et enfantine qui me surprend moi-même au moment où je l’entends.

Yoite, tu es tout bizarre ! Tu es tout petit ! Ha… ma voix… ma main…

Oui, je viens de me rendre compte que je suis devenu moi-même un enfant. Je tente d’avancer mais je trébuche dans mon pantalon qui est beaucoup trop grand puis je tombe par terre en roulant sur le sol, déquillant Yoite par la suite pour le faire tomber sur moi. Je rigole alors de ma voix fluette en le poussant pour me relever et je m’arrête aussitôt en voyant une vieille me regarder avec des yeux sévères. Je mets alors ma main devant ma bouche, expression exagérée de la peur chez l’enfant, puis me mets à courir pour fuir, le tout en perdant mon pantalon en chemin.

Yoite ! Viens vite !

Mon t-shirt en guise drapée pour descendre jusqu'à mes pieds, bout de tissu enveloppant tout mon corps telle une robe. Quelle sensation désagréable de ne pas porter de culotte, heureusement que j'ai ce truc pour me cacher mes parties génitales parce que sinon je crois que je me serai mis à pleurer, enfin c'est ce que j'aurais fais si j'avais sept ans étant donné que j'étais vraiment pudique. Mais là j'ai d'autres chats à fouetter à vrai dire, je cours alors sans râler sur ma tenue vestimentaire sans me soucier vraiment de Yoite. Je lui ai dit de me suivre, s'il ne l'a pas fait, tant pis pour lui. Mon objectif est maintenant de retrouver ma taille, après tout je ne vois pas qu'est-ce qui pourrait être plus important. J'entre donc dans une pièce sombre sans la compagnie de mon partenaire étant donné qu'il s'est fait attrapé par la vieille peau. Bon si je résume la situation on a : moi et Yoite transformés en enfant à cause de la vieille et lui qui s'est fait chopper. Ca veut dire que... Que j'ai toujours mes parties génitales à l'air et j'aime pas ça. J'escalade alors une sorte de coffret à jouets pour appuyer sur l'interrupteur. Ah ça y est, on y voit enfin clair là dedans. Je me retourne et voit des étagères remplies de poupées de porcelaine qui me regardent avec leurs yeux innocents. C'est vraiment glauque... Je crois bien que cette femme est une psychopathe, et si je faisais partie de sa collection de poupée ? Nooon ! Je ne veux pas devenir une fille de porcelaine !

Je prends alors une de ces poupées en main pour l'éclater contre le sol. Cela fait un petit bruit mais pas assez pour attirer la vieille qui devait être oocupée avec Yoite, oh oui je pense qu'avec son caractère elle est loin d'en avoir fini avec lui. Je soulève alors la robe de la poupée et y trouve une clé. Et bah dis donc, je me demande à quoi elle peut servir. J'enlève entièrement la robe pour voir si je n'ai pas loupé quelque chose et là je vois inscris sur le ventre "John Mcfour", c'est le nom d'un des portés disparus... Là je commence à comprendre et me gratte la barbe que je n'ai certainement pas pour réfléchir. Oui, à cet âge se concentrer pour réfléchir est dur, surtout pour Drake qui est assez tête en l'air. John c'est le monsieur qui a disparu... alors il est là ! Je ne sais malheureusement pas pourquoi mais je dois le sauver. Le pauvre il va se demander pourquoi un gosse de sept ans vient le sauver. Bon maintenant pour faire un plan je dois vérifier si ma magie fonctionne dans ce corps d'handicapé, d'enfant pardon. Enfin, ca change rien au fait que je sois handicapé niveau magie puisque quand je place mes mains devant moi, un faible éclat jaillit d'un cercle magique, pas assez puissant pour repousser quoi que ce soit. M'enfin, j'arrive toujours à contrôler la lumière mais je ne peux pas blesser quelqu'un avec, intéressant. Bon, pour sauver Yoite maintenant ça sera plus délicat étant donné que je n'ai pas la clé de sa chaîne, bon et puis tant pis pour lui il n'avait qu'à pas trébucher. Je commence à rigoler sadiquement mais pourtant je ne perd pas cette aura innocente que m'apporte mon physique, un vrai petit ange au cœur de démon.

Attends... Si je sauve John... Comment je fais pour retrouver ma forme ?

Bon... changement de plan. On recommence. Cette vieille tout ce qu'elle veut, c'est de l'affection. Sauf que forcément elle en a pas reçu alors elle nous force à être ses petits enfants. Comment lui faire comprendre que la vie ça marche pas comme ça ? Ok la vérité sort de la bouche des enfants mais on à affaire à une psychopathe là. Et ces gens-là c'est pas forcément les plus faciles à convaincre. Bon mémé, c'est officiel, on va te buter Yoite et moi, même si on a que sept ans. Je sors alors de cette pièce en emportant une poupée avec moi et la clé de Teruaki, on sait jamais.

Hé mémé ! Regarde par ici !

Je jette alors la poupée de porcelaine au sol et celle-ci éclate en mille morceaux. La vieille crie quand elle voit son trésor réduit en poussière contre le sol et se dirige vers moi en rouspétant. Je place mes mains devant moi pour faire apparaître une lumière et l'éblouir puis je jette la clé à Yoite que j'aperçois dans un enclos à enfants. Je lui murmure alors.

Tiens ! Libère John Mcfour! Le disparu, enfin, l'enfant ! Enfin, tu m'as compris, libère-le c'est la clé de sa chaîne. Dis moi où est la tienne comme ça je te libère !

Je sens une main saisir mon épaule, la vieille n'est plus sonnée. Je me retourne violemment et le mord alors la main pour qu'elle me lache. Jeune sauvageon que je suis, je plante mes dents dans sa chair tellement profond qu'elle se met à saigner. Je crache alors les quelques gouttes de sang et lambeaux de peau pour purifier ma bouche.

C'est dégueu !

Elle me gifle alors de son autre main et me jette dans un de ces enclos sans prendre le temps de m'attacher. Elle court ensuite dans une sorte de salle de bain pour aller mettre un bandage autour de sa main. Grâce à ma magie j'invoque une chaîne lumineuse qui va chercher la clé là que Yoite m'a désignée et la ramener à lui.

Vite Yoite, on doit se casser de là avant qu'elle ne revienne.