Le saphir de ce cosmos disparaissait comme j'avais vu disparaître mon peuple en regardant derrière moi en partant. Les nombreux arbres de la jungle camouflaient leur silhouette à chacun de mes pas. À chacun de mes battements de coeur, je sentais qu'il se débattait pour désobéir. Il ne voulait pas que je parte, il ne voulait pas que je sois isolée, il voulait que sa vie soit fauchée en même temps qu'eux. Il voulait que le liquide qu'il pompait chaque jour se mélange au sang de ses ennemis et de ses alliés, que cette guerre n'est pas laissée d'indifférents, d'indemnes. Même si tous les participants de cette boucherie ne fûmes pas tous humains, tous furent et seront affectés par la surprise, par la débrouillardise, par la tactique, par les aptitudes et par la volonté. Alors que le village fut hors de ma portée, me regard changea d'orientation et mon allure aussi. Droite comme un soldat, regardant droit devant moi, d'une cadence robotique je traversais les dangers qui me guettaient. À peine mon rythme fut-il changé que j'entendais déjà les cris d'alarme, la corne qui fut soufflée à plein poumons par un alerteur et que le peuple se faisait massacrer. Une perle glissa le long de ma joue en même temps que j'accélérai mon pas pour quitter ces lieux rapidement.
Récemment sortie de l'animosité de la sylve, je reprenais mon souffle en essuyant la quantité importante de gouttelettes accumulée sur mes joues. En tombant sur mes genoux, je levai les yeux pour appercevoir des vagues... puis du sable doux qui se faisait caresser par la tendresse de l'eau. Me redressant lentement, ébahie par la vue, je me demandais si je ne rêvais pas. Jamais je n'avais vu de quelque chose d'aussi paradisiaque et calme. Le courrant de l'eau ne semblait pas si fort que cela, donc mon corps m'y poussa tête première. À la nage et au rythme que j'avais calculé comme étant le meilleur, je me retrouvai sur une île que je croyais déserte. Sortant presqu'en rampant du flot, je m'écrasai sur le sable pour me reposer quelques instants. Malheureusement, la clémence ne fut pas aussi longue qu'escomptée: Un orage gronda dans le ciel et des éclairs se mirent à le déchirer de toutes parts. Me relevant en vitesse, je me remis alors à courir à toutes jambes à la recherche d'un abri potable. La seule chose que je pus trouver fut un abri de chevaux. Soufflant finalement, je tordais mes vêtements rapidement. La pluie ne tombait pas encore, mais ça n'allait pas tarder.
C'était dans ce vent violent qu'une affiche en papier virevolta jusqu'à moi. Par réflexe, je l'attrapai et regardai ce qui était écrit. Il semblerait qu'un homme cherche son chat. Voyant que ce papier pouvait me rapporter et ainsi me payer des convives pour ma survie en ces nouvelles terres, je me disais que retrouver un chat ne pouvait pas me faire de mal. Je devais m'adresser à un vieil homme. Étant quasiment infirme lui-même, je comprenais maintenant pourquoi il n'y allait pas seul. J'espérais seulement que personne ne m'avait devancé sur ce point ou du moins, qu'il avait perdu de nouveau son chat... Mon père m'avait demandé de refaire ma vie dans cette autre partie du monde, alors je ne devais pas déplaire à ses idéaux. Le temps était très mal choisi pour faire une quête à l'extérieur, mais je ne pouvais pas dire combien de temps ces orages allaient durer. Prenant une respiration, je me dirigeai en courant vers la cabane du vieil homme et frappa à sa porte.
Un vieil homme armé d'une canne répondit à la porte en me souriant à en perdre ses dents. D'ailleurs, celles-ci perdirent leur confort et tombèrent à mes pieds. Voyant la bosse qui occupait son dos, je me disais qu'il ne pouvait pas se pencher pour le ramasser lui-même. Ravalant ma salive, je le pris d'une main dédaigneuse et lui tendit sans dire un mot, sans que mon visage n'exprime une quelconque émotion. Puisque cela semblait faire partie de son quotidien que de perdre ses dents, je n'avais pas à m'en faire. Le vieil homme inspecta ses dents rapidement avant de les mettre aussi rapidement qu'elles étaient tombées. Je me disais que les gens dans ce coin de pays préféraient avoir de la superficialité plutôt que de prouver qu'eux-mêmes ne sont pas parfaits. C'est un choix comme un autre, mais ça ne sera pas un choix que prendrai si jamais l'occasion se présente.
Bonjour, puis-je vous aider?
Oui, je viens pour retrouver le chat...
Ah ouiiiii! Vous venez d'une guilde, c'est ça? Bon, comment vous l'annoncer... j'ai perdu mon chat! Ouiiiii il est parti il y a deux jours parce que... Ah! Parce qu'il chassait les oiseaux! Depuis, il n'est pas revenu, je me fais du soucis pour lui, surtout avec la température désastreuse en ce moment!
Auriez-vous une idée de l'endroit où il serait allé?
Dans les arbres bien sûr! S'il chasse les animaux c'est qu'il doit les chasser jusqu'au nid!
Très bien, je vous le ramène.
Aussitôt arrivée, aussitôt repartie. Chercher dans les arbres... Avec la grandeur que l'homme faisait, je pouvais comprendre qu'il ne puisse pas arriver à récupérer son chat. Courant à travers la tempête qui s'annonçait, je vérifiais chaque palmier avec une attention particulière. Les animaux se réfugiaient dans leur tanière à cause de l'orage et je me demandais si j'allais vraiment le retrouver. Quand il y a un orage, il est conseillé de se tenir le plus bas possible et d'éviter les hauteurs. Si le chat était dans un arbre, alors il courrait un risque énorme. La pluie s'acharna rapidement sur l'île et sur ma tête. Cela n'allait pas me ralentir dans ma course. Même à bout de souffle, je continuais à marcher pour retrouver ce chat perdu. Voyant finalement une silhouette qui miaulait au loin, je me disais que j'avais attrapé le gros lot.
En m'approchant de plus en plus, je remarquais qu'autour de l'arbre où se situait le chat en panique, il y avait quelque chose qui grouillait et qui n'était pas net. À une distance respectable, je remarquai que cette chose était un énorme serpent. Rampant autour de l'arbre, il avait l'intention de manger le chat vivant. C'était, en quelques sortes, dégoûtant, mais c'était dans sa nature de le faire. M'approchant un peu plus, je donnai un peu plus de puissance à ma voix pour être au-delà des grognements du ciel et me faire entendre. Même si c'était un animal, il se devait d'être doté d'un minimum d'intelligence. Peut-être comprendra-t-il mes paroles?
Serpent! Laisse ce chat tranquille et il ne te sera fait aucun mal! Décline cette idée maintenant!
Le serpent faisait la sourde-oreille et continuait sa poursuite. Effectuant les gestes à l'aide de mes deux mains, j'invoquais mes dons magiques pour me venir en aide. La vitesse de mon corps à la vitesse d'attaque d'un serpent n'était pas suffisante, je devais utiliser une technique accélérée et dommageable. De plus, l'eau sur mes vêtements rendait mes mouvements désagréables et ralentis. Les papillons naquirent rapidement autour de moi comme des lucioles en pleine nuit. Je n'avais que peu de temps pour passer à l'action. J'attendais le bon moment pour terminer mon incantation. Le calcul se devait d'être précis et efficace. Quand mes yeux de lynx détectèrent le moment propice, je terminai l'incantation par des mots magiques tels que:
Condensed Kamikaze!
Les papillons illuminant leur espace se rassemblèrent en une boule concentrée et furent expulsés à toute vitesse en direction du serpent qui bondit en même temps sur sa proie. Il se prit la boule entre les dents qui explosa au contact, le faisant perdre sa constriction autour de l'arbre, puis tomber. Le chat tremblait de peur et je bondis déjà vers lui pour l'agripper sous mon bras et bondir ensuite en bas de l'arbre où le serpent m'attendait avec un croc en morceaux et le regard qui tue. À part cela, il ne semblait pas si endommagé que je croyais. Mon regard sévère traversa le sien et je l'avertis de nouveau comme quoi il ne devait pas continuer cette bataille:
Je t'avais averti, Serpent, tu ne m'as pas écouté. Laisse-nous passer!
Le serpent fit un signe négatif de la tête, m'indiquant que je devais lui passer sur le corps pour traverser. Il n'allait probablement pas aimer ça, mais je n'avais pas le choix si je voulais remplir ma mission et ma promesse. J'avais dit au vieil homme que je reviendrais avec son chat, alors je ne l'abandonnerai pas aux lois de la nature. Signant une prochaine technique de mon cru, le serpent se préparait déjà à parer mes explosions dangereuses. Les papillons réapparurent et attendèrent mon commandement. Toujours impassible, je les dirigeai du son de ma voix pour leur permettre de nous faufiler un passage:
Nauseating Smoke!
Le sens de la vue et de l'odorat obstrués par le nuage nauséabond, c'était ma chance de fuire en toute sécurité. Je ne perdis pas de temps que je partis à toute vitesse en tenant un chat paniqué dans les bras. Arrivée à la cabane, je frappai à la porte. L'homme ouvrit, le coeur gros en voyant son minet en vie, mais mouillé jusqu'aux os. Pour ma part, il n'en fit pas un cas. Griffée de toutes parts, je n'avais pas osé utiliser mon poison qui aurait pu l'endormir. Son effet aléatoire était trop dangereux pour un chat. Enfin, ce n'était pas humain de le faire de toutes façons. Un jour, peut-être, j'aurai à m'en servir. L'homme me donna ma récompense et me ferma la porte au nez. Je passai toute la nuit à grelotter dans une écurie puisque je n'avais pas de demeure pour faire sécher mes vêtements. Je devais donc les faire sécher sur moi. Ma quête accomplie, je n'avais plus rien à faire ici et je devais bouger pour trouver des choses encore plus intéressantes à découvrir, des personnes à rencontrer, une ethnique à apprendre et des gens à aider. Ma véritable quête commence maintenant...