| Sujet: Histoire de Volonté Mar 12 Juil - 18:53 | |
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Hirata Kôta
| Précédemment : Problèmes de Logistique !L'air était agréablement frais, cette nuit, ce qui compensait largement avec les dernières journées dont la chaleur était insoutenable. Le soleil, couché depuis des heures déjà, avait emporté avec lui l'euphorie générale qui marquait les journées éclatantes pour laisser place à une nuit à la température docile. Le jeune Hirata Kôta s'était permis d'ouvrir la large fenêtre qui surplombait son lit pour rafraichir sa chambre, qu'il logeait seul. Accoudé contre le rebords, penché dans le vide, il était absorbé par la lecture d'un ouvrage, emprunté quelques jours plus tôt dans la bibliothèque personnelle de Bob. Ayant depuis quelques temps l'autorisation du chef de guilde de parcourir les étagères peuplées de lourds grimoires, il dévorait un à un les ouvrages qui lui tombaient sous le nez, au détriment de son sommeil. Sous la chaleur accablante des journées, il ne pouvait que rester à rien faire en attendant l'arrivée d'un courant d'air glacial. La nuit, il pouvait librement se laisser aller à ses lectures, et là, personne, ni même la nature, ne le dérangerait. C'était son opinion avant qu'une chauve-souris intrépide ne passe sous son nez, arrachant la page du grimoire qu'il lisait. Avant de comprendre ce qui s'était passé, la chauve-souris était déjà loin, cachée dans la noirceur nocturne. Ravalant sa colère, il ne succomba pas à la tentation de se transformer pour partir à la poursuite de la bête qui avait emporté la page sous ses griffes. Tout de même énervé, il referma la fenêtre pour retomber sur son lit. Il détestait qu'un livre soit abimé, perdant toute sa valeur. Il le posa donc délicatement à terre, et se prépara pour se coucher, imaginant que Bob ne lui prêterait plus aucun livre désormais. Alors qu'il allait éteindre la bougie qui éclairait sa chambre, le livre s'ouvrit à la volée à la page manquante, et une sphère lumineuse en sortit et se mit à la hauteur de Kôta. Une voix en émana, aussi surprenant que cela puisse être : «Bonjour, voici un message de l'Institut de Sauvegarde des Écrits Relatifs A la Magie – communément abrégé en l'ISERAM. Votre ouvrage – certifié N°38596, vient de présenter une dégradation de type 2. Il est impératif que vous vous présentiez au bâtiment central de l'ISERAM, situé à Era, pour que nous puissions rétablir le livre dans les plus brefs délais. Je répète : votre ouvrage est certifié N°38596. 3 – 8 – 5 – 9 – 6. Fin du message.» La sphère lumineuse redescendit alors et disparut dans le livre, qui se referma sur lui-même, faisant assez de vent pour souffler la bougie à côté de Kôta. Dans le noir, le jeune garçon, toujours ébahi, resta immobile et sceptique. C'était la première fois qu'il assistait à un tel phénomène. Il nota sur sa main le numéro de l'ouvrage, et s'allongea alors sur son lit. Le lendemain, il irait directement en parler à Bob.
Il termina alors son récit, à bout de souffle. Bob, fraichement réveillé, l'avait accueillit dans son bureau, éclairé par les lueurs de l'aube. Bob prit l'ouvrage dans ses mains, l'examina sous tous les bords, et sembla trouver ce qu'il l'intéressait. Il montra au mage un minuscule seaux apposé sur la reliure en cuir.
«Regarde, Kôta : cette marque montre que l'ouvrage a été enregistré à l'ISERAM. Ce domaine veut préserver tous les ouvrages importants existants depuis des siècles. C'est une filière très organisée, raccordée au conseil de mage. L'entreprise fonctionne grâce à une magie d'archive, qui marche comme une mémoire visuelle. Les employés les plus haut gradés maitrisent tous cette magie, et leur rôle est de feuilleter les livres. Ils arrivent à produire des sortes d'enregistrements, que seuls les personnes possédant leur magie peuvent lire. Ces simples enregistrements sont une base de donnée complète de tous les ouvrages importants. D'autres facteurs interviennent pour alors lire ces données et les transmettre en réalité. Des mages maitrisant une magie de reconstitution refont les livres comme neufs. Ils préservent ainsi les écrits réels des images qu'ils ont sauvegardées. Sans eux, de nombreux écrits, notamment pour l'histoire du Royaume, auraient étés oubliés depuis longtemps.»
Kôta était presque émerveillé, et aussi déçu de ne pas avoir apprit l'existence d'une telle firme plus tôt. Il regarda à nouveau le sigle sur la couverture : une plume à côté d'un pot d'encre.
«Bob-sama, je crois que c'est mon devoir d'aller me rendre à l'Institut pour restaurer votre livre. Je m'excuse encore pour ma négligence.»
«Ce n'est rien, une bonne partie de mes livres sont classés chez L'ISERAM, même si on les brulait, ils pourraient le reconstituer. Ce sont des experts, après tout !»
C'est ainsi que Kôta parti vers Era. Transformé en aigle, tenant un sac, via ses griffes, où il avait déposé ses vêtements et le grimoire, il s'en allait vers la ville qui abritait le siège du conseil des mages. En une heure seulement, il y arriva. Se posant sur un toit, il s'y habilla convenablement pour être présentable à l'Institut, puis passa son sac en bandoulière sur son épaule. Il descendit dans une rue grâce à une échelle, puis prit la route vers un endroit où il saurait où trouver l'Institut. Les rues étaient désertes, car là aussi, il faisait chaud, même à cette heure matinale, et personne ne voulait s'exposer à la chaleur torride. Par l'excitation, Kôta avait complètement oublié de manger, et était parti le ventre vide. Heureusement pour lui, il arriva assez rapidement dans une marché en plein air, où les vendeurs étaient accablés sous le soleil pesant, et il s'acheta deux oranges qui paraissaient juteuses. Il s'installa sur la terrasse, mais bien à l'ombre, d'un café, et commanda un sirop pour accompagner son repas de fortune. Tandis qu'il mangeait par petits bouts son orange, une serveuse lui apporta son sirop, et il se permit de lui demander si elle savait où se trouvait l'Institut de Sauvegarde.
«L'ISERAM ? Je passe devant en venant travailler. Prenez cette route, continuez tout droit, et quand vous serez devant une maison à la porte rouge, tournez dans la ruelle à gauche. Marchez toujours vers l'avant, et vous arriverez à un croisement : l'Institut est tout à droite !»
Kôta la remercia chaleureusement, et lui glissa un généreux pourboire.
Suivant à la lettre le plan qu'elle lui avait fournit, il déambula dans les ruelles d'Era pour arriver devant un bâtiment qui faisait plusieurs étages de haut. Resplendissant, il arborait une façade d'un blanc pur, et des stèles de marbre entouraient le portail noir qui en défendait l'entrée. Deux gardes se trouvaient là; Kôta percevait des gouttes de sueur couleur sous leur chapeau inspirant leur autorité.
«Excusez-moi, j'aimerai rentrer pour restaurer un ancien livre.»
Un des gardes s'avança, l'observa de bas en haut, puis lui somma de le suivre. Ils ouvrirent le portail, puis le refermèrent derrière eux. Il conduisit Kôta jusqu'à la porte d'entrée, et lui laissa le champ libre dans le hall.
«Avancez jusqu'au comptoir du hall pour votre requête.»
Il laissa alors le garçon, retournant à son poste. Kôta n'était pas très étonné de voir que l'endroit était bien surveillé; les vestiges de plusieurs siècles se trouvaient dans ce bâtiment. En rentrant dans le hall, il fit face à beaucoup d'escaliers qui partaient dans plusieurs directions, et la vaste pièce d'accueil, aisément éclairée, présentait un comptoir circulaire en son centre. Kôta s'y avança, se permettant de regarder furtivement autour de lui. Là encore, beaucoup de gardes étaient à l'affut. Au comptoir, une femme lui adressa un sourire de bienvenue.
«Bonjour, que désirez-vous ?»
«Je viens pour restaurer un livre, une sphère lumineuse m'a dit qu'il fallait que je vienne ici...»
«C'est le système moteur de l'ISERAM. La sphère, appelée Globa chez nous, est un sortilège qui détecte la moindre atteinte à un livre. En même temps qu'elle se manifeste chez vous, elle est captée ici. Dans nos dossiers, nous savons donc où, quand et comment la dégradation s'est faite. En général, ca ne nous sert pas, mais si personne ne se présente pour restaurer l'ouvrage, il faut qu'on aille nous-même le chercher.»
«C'est ingénieux !»
«C'est le fruit de plusieurs siècles d'excellence dans la Sauvegarde. Bon, je ne vais pas vous retenir plus longtemps : avez-vous la certification officielle de votre ouvrage ?» Kôta n'eut pas besoin de regarder sur sa main pour lui confier le code qu'il connaissait par cœur à présent.
«Très bien; dirigez-vous au troisième étage en prenant l'escalier C; puis prenez le couloir à droite.»
Kôta s'exécuta, gravissant les marches d'un pas monotone. Le couloir, tout aussi blanc que la façade, se terminait par une salle d'attente. Une personne, assez vieille, s'y trouvait déjà; assise, l'air enjoué, avec un énorme bouquin sur les jambes. Son livre avait cependant une bonne partie de brulée.
«Bonjour jeune homme !»
«Bonjour.»
Il observa attentivement Kôta. Ayant un t-shirt à manches courtes, on pouvait distinguer le bas du tatouage de Blue Pegasus sur son bras. L'homme s'y attarda, puis eut un petit rire.
«Tu es donc chez ce vieux Bob ?»
Kôta comprit que son tatouage était visible, et voulut s'en cacher.
«Oui, c'est ça. Vous le connaissez ?»
«Non, pas spécialement, mais je connais sa magie ! Je me présente : Archibald Leigh, auteur de Traité sur la Magie.»
Kôta fut abasourdi.
«Vous plaisantez ?»
«Aucunement.»
Le jeune garçon n'arriva plus à trouver les mots, si bien que le vieil homme explosa d'un rire bruyant. Déconcerté, Kôta se reprit :
«Je n'ai jamais réussi à mettre la main sur votre livre. Je crois que Bob ne l'a pas, et la bibliothèque que je côtoyais étant petit ne l'avait pas acquis non-plus.»
«C'est étonnant qu'une personne si jeune s'intéresse à mon ouvrage théorique. Je crois que c'est mon tour. La restauration ne dure pas longtemps, nous pouvons nous retrouver après, si tu le souhaites. J'aime en apprendre plus chaque jour sur la magie.»
Kôta avait totalement oublié qu'il était à l'Institut. Archibald se leva, et Kôta lui répondit en hochant la tête. Il resta seul tandis que l'homme s'en alla dans une pièce, où son numéro de certification avait été appelé, et il en ressortit quelques minutes plus tard, pour laisser place à Kôta. Un homme analysa son livre, puis marmonna une incantation pour faire apparaître l'image de la page déchirée au dessus. Un second homme intervint en murmurant à son tour une incantation qui matérialisa la feuille et la rattacha au livre.
«C'est prêt !»
Kôta les remercia beaucoup, puis s'en alla. Monsieur Leigh l'attendait à l'accueil. Il lui demanda s'il connaissait un endroit agréable ou s'asseoir. Kôta proposa le café où il s'était arrêté le matin. Ils s'installèrent à la même table. La discussion partit toute seule...
«Tu maitrises donc le Take-Over de l'Aigle...C'est une magie originale, très respectée et en vogue dans les temps anciens. J'y consacre plusieurs chapitres dans mon livre...»
...et se termina en fin d'après-midi. Toute la journée, ils avaient parlés de magie. Archibald lui proposait des extraits de son célèbre livre et Kôta l'analysait. Ils dialoguaient, partageaient leurs idées, riaient parfois. Le temps fila à toute vitesse, le café terminait son service de la journée. La jeune serveuse du matin vint à leur table, et quand Archibald paya sa note, elle lui confia d'un air grave.
«Vous êtes Archibald Leigh ?»
«C'est ça. Il est rare qu'on me reconnaisse dans la rue, je suis flatté.»
«Je m'appelle Fatima. Je suis mage élémentaire. J'ai lu votre livre. J'ai été particulièrement intéressée par la partie sur la Communion.»
«Ohoh, c'est vrai ? Hum...j'ai une expérience à vous proposer, tous les deux. Kôta, voici Fatima. Fatima, voici Kôta. Si vous êtes libres, suivez-moi. Nous allons gouter à la Magie Pure.»
Kôta, tout comme Fatima, acceptèrent, curieux, et Archibald les conduisit alors à l'extérieur de la ville. Il s'arrêta dans une plaine tandis que le soleil se couchait.
«Fatima, quelle définition peux-tu donner à la Magie ?»
«C'est un concept vaste. Je dirai que c'est une expression personnelle de notre énergie.»
«C'est à peu près ça. Tu pourrais ajouter que c'est en correspondance avec la nature qui nous entoure. Asseyez vous par terre, dans la position que vous préférez.»
Fatima se plaça à genoux, les fesses sur ses talons, et Kôta ne mit face-à-elle, en tailleur.
«Fermez les yeux et essayez de percevoir le flux de magie qui parcourt votre corps.»
Kôta, obéissant à la lettre, se concentra comme il pouvait. Après quelques minutes sans succès, il ouvrit les yeux.
«Je n'y arrive pas.»
Fatima fit de même.
«Vous n'y arriverez pas du premier coup. Il faut des années pour certains n'ayant jamais goutés à la magie. Pour ceux dans votre situation, vous pouvez réussir à partir de quelques minutes jusqu'à des semaines de méditation.»
«Quel est l'intérêt de cet exercice ?»
«Il vous apprendra à connaître votre corps et votre âme le mieux que vous le pouvez. Un petit conseil : faites le vide, ne gardez que votre volonté.»
Les deux élèves reprirent l'exercice.
Vide
Néant
Volonté
Après des dizaines de minutes, Kôta perçut, faiblement, une étrange sensation. Comme les battements de son cœur. Mais c'était différent. Quelque chose, à l'instar de son cœur, propulsait une entité dans tout son cœur. Après des heures de réflexion, où il n'était plus dans la plaine, mais vraiment dans son esprit, cette sensation s'amplifia. Il su à cette instant que c'était sa volonté qui motivait le flux dans son corps. Ce flux étant sa magie. Son corps grouillait de magie. Il resta des minutes éternelles, immobile depuis des heures, à sentir les moindres parcelles de magie parcourir l'espace qu'il leur donnait. A un moment, il ouvrit les yeux. Archibald s'était assis à côté d'eux. Il adressa à Kôta un regard confiant, comme s'il savait que le garçon avait réussi. Le soleil, à l'horizon, commençait à se lever. Kôta était serein, paisible, et s'étonnait davantage qu'il ait passé la nuit entière dans la même position. Il se soupçonnait de s'être endormi. Mais sa volonté, elle, ne s'était pas éteinte. A présent, même les yeux ouverts et l'esprit ailleurs, il sentait les battements de la magie parcourir son corps. Une heure plus tard, Fatima ouvrit les yeux, un sourire satisfait sur le visage.
«Je le sens.»
«Très bien. Vous y êtes arrivés en une nuit, ce qui prouve que vous maitrisez bien votre magie. Je vous déclare que vous venez de franchir l'étape qui fera de vous de véritables mages. Il se peut que dans les prochains jours, vous perdez la sensation que vous venez d'acquérir. C'est normal, car vous n'y serez pas habitués. Dans ce cas, reposez vous dans un endroit calme, et recommencez l'exercice. Je veux que vous passiez les cinq prochains jours chez vous, que vous retourniez à vos activités quotidiennes. Dans cinq jours, retrouvons nous à cet endroit. Ne perdez pas la volonté.»
Il se leva, et les quitta tous les deux. Kôta, en se levant, cru qu'il allait perdre l'équilibre : il n'avait plus aucune force dans ses jambes. De même pour Fatima. La jeune fille lui promit de venir au prochain rendez-vous, et parti de son côté. Kôta se transforma en aigle et vola jusqu'à la guilde.
En cinq jours, il perdit deux fois la sensation de la magie dans son corps, mais en se concentrant, il pouvait la ramener rapidement. Il retourna, enjoué, à la plaine, Archibald et Fatima l'attendaient.
«Bonjour. Si vous êtes ici, c'est que vous n'avez pas perdu votre volonté. Asseyez-vous, à nouveau, mais dans la même position cette fois. Fermez les yeux. Sentez votre volonté. Et maintenant, prenez vous les mains.»
Kôta tendit ses mains à l'aveuglette et sentit Fatima les serrer.
«Restez ainsi. Essayez de guider votre volonté. Essayer de la transmettre, par le biais de vos mains, à l'autre.»
Ils recommencèrent alors, indifférents de tout ce qui les entouraient, l'exercice. C'était beaucoup plus difficile que l'ancien, car cette fois, ils devaient soumettre leur volonté. Au début, Kôta réussi à sentir l'énergie de Fatima, et sentait également Fatima qui découvrait son énergie. Mais il n'y avait aucun échange. Des heures après, pourtant, Kôta sentit une partie de l'énergie de Fatima pénétrer dans son corps. La sensation était inconnue pour lui, et elle lui donna des frissons. Comme si la fille et lui ne faisaient qu'un. Il réussit, à son tour, à diffuser son énergie chez elle. Elle éprouva la même sensation. Enfin, ils répétèrent plusieurs fois l'exercice, puis ouvrirent les yeux. Il faisait toujours jours, mais plus de vingt-quatre heures s'étaient écoulées.
«Quand vous maitrisez votre volonté, votre corps ne se soucie pas du temps qui passe. Maintenant que vous avez la méthode, quotidiennement, essayez de libérer votre énergie à l'environnement, et ouvrez-vous à cet environnement. Captez la nature, laissez vous divaguer. Continuez cet entrainement pendant des semaines, des mois. Et vous aurez atteint la première étape de ce qui fait un bon mage.»
Archibald s'inclina, et s'en alla. Cette fois, il ne leur donna pas de rendez-vous. Fatima fit ses adieux à Kôta. Elle émit cependant l'hypothèse que, un jour, ils se reverraient peut-être avec leur mentor. Kôta, confiant, s'en alla de son côté, à nouveau, fier d'avoir participé à une telle expérience.
Il répéta l'exercice les jours qui suivirent. En deux semaines, il arrivait à gagner de l'énergie, temporairement, de la nature qui l'environnait, et distribuait la sienne en retour. Il maitrisait assez facilement l'exercice, même s'il s'épuisait à force de le répéter quotidiennement. Enfin, lui vint une idée.
Seul, cette fois, il s'installa et ferma les yeux au milieu d'un petit bosquet. Là, il perçut sa magie qui abondait dans son corps. Pouvant la maitriser pour la diffuser, il tenta autre chose. Il voulait la modeler pour qu'elle soit spécifique. Au termes de plusieurs jours d'efforts, il se sentait prêt. Son idée était réalisable. Mais il allait falloir qu'il s'entraine encore assidument. Il continua donc sa méditation et le principe d'échange, mais cette fois, en délaissant tout contact. Quand il arrivait à une certaine distance, il reculait de plus en plus et recommençait. Au terme d'un mois d'entrainement sans aucun arrêt, il réussit à capter de l'énergie et à la garder à plusieurs mètres de la cible, et il pouvait encore reculer comme bon lui semblait. Il était sur la bonne voie. En plus, il s'était amusé à définir la quantité d'énergie dans son corps. En prenant pour base une personne ne contrôlant pas de magie, ayant donc une unité égale à 1, Kôta frôlait les 5000 points. Son énergie était 5000 fois plus développée que la normale. Ce chiffre, spectaculaire, était cependant facilement surpassé : Kôta réussissait, en touchant certains mages de sa guilde, à définir leur valeur d'énergie, et elle était parfois la double de la sienne. Il préférait même ne pas savoir quelle était celle de son maitre, Bob, par peur de voir un trop grand écart entre les leur.
A cet instant, il définit alors des conditions précises pour se créer une magie à part entière : avec sa main droite, il pourra connaître l'unité de magie d'une personne, tandis qu'avec sa main gauche, il pourra faire un don au moindre contact avec une personne. Le don se renouvellera automatiquement toutes les trente secondes. A un moment, Kôta aura alors fait un don de 80% de son énergie à la personne, et pourra activer le contre-effet : il récupèrera toute son énergie avec de l'intérêt prélevé sur la personne. Il mise ainsi sa magie pour en gagner davantage par la suite. Bien sûr, les intérêts prélevés disparaitront rapidement avec le temps, mais pendant cet intervalle, Kôta aura une magie décuplée. Il faudrait juste réussir à tenir avec seulement 20% de son énergie, soit actuellement 1000 points. C'était un pari risqué, mais avec ça, il pourrait se défaire de nombreuses situations en penchant à nouveau la balance.
Immédiatement, se sentant prêt à utiliser cette magie, Kôta alla l'exécuter sur un membre de la guilde. En le touchant, toutes les trente secondes, il perdit le même chiffre de magie, sentant progressivement ses forces le quitter. Mais à un moment, la balance s'inversa, et le mage, lui, qui avait gagné presque toute la magie de Kôta, la perdit d'un coup, avec des intérêts. Les spectateurs rirent aux éclats en voyant la tête abasourdie du mage qui ne s'attendait pas à un tel renversement. Kôta, lui, fut satisfait d'avoir réussi à maitriser une telle technique, inventée par lui-même au gré de multiples efforts. Mais, comme si la volonté, d'un coup, avait atteint son point d'apogée, ne pouvant plus lutter, Kôta, après tant de concentration, relâcha toute la pression, et se laissa tomber de fatigue. Il dormit deux jours d'affilée. Prochainement: Les graines mangent-elles les aigles ?! |
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