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The Crimson Pegasus
 MessageSujet: Re: The Crimson Pegasus   The Crimson Pegasus - Page 2 EmptyJeu 24 Oct - 23:50

Daryan C. Illunar
Daryan C. Illunar

[M] Weer Lopen

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The Crimson Pegasus
Parce que nous sommes


L’Homme est accroché par les poignets, les chevilles, il ne peut plus bouger. Il se débat tel un fauve en cage qu’on utiliserait pour des spectacles de rue ou de cirque. Il ne manquait plus que les grognements au lieu des rages de dents, des grincements. Damaz, s’il te plait, arrête. Et puis tout d’un coup, il arrête. Son corps tombe, comme s’il était mort, comme s’il venait d’abandonner tout espoir de vie. Totalement inerte. Sa tête se relève vers mes yeux, les siens s’ouvrent d’une manière qui invoque le sérieux dans son corps. Je suis impressionné sur le coup. A l’ouverture de ses yeux, c’est sa bouche qui accompagne. Un filet de sang. Il se serait mordu la langue en se débattant ? Autant de rage chez un humain ne peut que le relier à la vie animale. Est-il vraiment humain ?

« As-tu déjà aimé ? ... Aimé passionnément quelque chose, de fait qu'elle fasse partie de toi ? De fait que cette passion soit toi et que sans elle c'est ta propre flamme qui s’éteint dans l'agonie de l'attente d'une fin qui n'arrive pas ? ...
Dis-moi, est-ce qu'on t'as déjà tout pris sans aucune raison, est-ce qu'on t'as déjà pris la source de cette passion ? De ta patrie à ta famille, de ton innocence à tes rêves ? Est-ce qu'on t'as déjà privé de tout ce qui faisait de toi, toi ?
Tout pris de sorte que la seule chose qu'il te reste sont les échos troubles d'une voix chantante, le floue d'un corps dansant, le souvenir d'un désert de sang ? »

J’arrête d’écouter, mon cœur s’arrête, les bruits ne chantent plus, je connais trop bien cette sensation. Alors que mon corps s’écrase sur le dos du canapé encore plus qu’il n’y a que quelques secondes, mes yeux tombent dans l’abysse, prenant sa couleur et l’impuissance à tout ce qui se passe. Je revois cette scène : un enfant rentrant chez lui, dans son village, des maisons brûlantes, des corps tombant, des mains essayant d’agripper celles voisines. Il court, doucement, puis rapidement, puis s’élance, pleure, crie des noms, des prénoms, des titres : père, mère. Il pousse violemment la porte sur le côté pour rentrer chez lui et dans le salon, il voit son père, sa mère, morts. Le sang coule. Et des voix s’entendent. Deux hommes demandant s’il reste des survivants. Le petit regarde ses bras, les marques noires prennent place. Il souffre. Le sang noie ses chaussures. Il souffre. Les regards se posent sur lui. Il souffre. Un bras se lève au-dessus de sa tête ; il pleure. Arrêtez. C’est le mot qu’il prononce. Arrêtez. C’est l’expression qu’il ne fait qu’énoncer. Arrêtez s’il vous plait. Ce sont ses pleurs. Arrêtez, je vous en supplie. Ce sont les derniers mots qu’ont entendus les deux hommes avant de percevoir un cri, dix marques noirs sur deux bras briller, se détacher de la peau, entourer l’enfant qui voit son corps se désintégrer petit à petit. Un cri, du sang qui vole. Du sang qui flotte. Du sang qui coule. Arrêtez. S’il vous plait. Et c’est une nuit qui passe. Le scellement a été refait. Comment, pourquoi, par qui ? Automatiquement ? L’a-t-il fait lui-même ? Les cinq bandes ont repris place sur ses bras, sa magie est revenue dans son corps, elle est inerte, inexistante. Sa tête couchée sur le sol baigne dans ce liquide rouge dont il aura peur toute sa vie. C’est toute sa vie qui baigne dans ce liquide rouge. La peur, le vide, l’inconnu, la faiblesse, des mots prononcés et criés, des rires inconnus et des larmes aperçus. Ce soir a été le soir où toute une lignée est morte, laissant l’élu, l’enfant qui a gagné on-ne-sait-comment le droit de porter en lui cette magie perdue jusqu’à sa mort, celle qui ne peut être apprise par nul autre, celle qui est scellée de corps en corps, qui donne un flux à son propre sang. Celle qui donne le contrôle de la nature à la vie humaine. Céleste, divin, sacré : le pouvoir.
Et puis, l’image des deux hommes revient. Un signe distinctif rond, bleu, clair ; bouclier.
Cet enfant, c’est moi.

Et je reviens à notre réalité, n’ayant pas entendu un mot de la suite de son histoire, mais ayant écouté. Je ne me rappelle pas avoir entendu ce qu’il disait, mais au fond de moi, j’ai cette impression d’avoir tout compris, tout suivi. Mes yeux reprennent cette couleur d’émeraude, le choc me fait perdre le contrôle, ma magie fuse, l’envie de faire exploser poignets et chevilles de l’animal me prend, d’un seul regard je pourrai le faire, d’un seul mouvement je pourrai l’activer, d’un seul clignement, d’un œil, il serait à terre sans mains, sans pieds, le sang tant voulu aurait coulé. Je relâche la pression de l’acier, il en profite pour sortir de cette étreinte. Je m’écrase de nouveau d’ennui ou d’une autre expression que je n’arrive pas à définir sur le canapé, sachant qu’il y a cette possibilité que l’homme animal profite de ce moment pour me sauter au cou et appliquer la vengeance d’avoir été contraint à raconter son histoire. Je l’aurai sans doute laissé faire. Mais il en n’est de rien.
Il pleure.
Je ne sais pas quoi faire, je ne sais pas quoi dire, je ne sais même pas comment me comporter. Et puis me vient ma réaction. Damaz, tu n’es qu’un faible. Une personne qui doit survivre avec un tel fardeau, une personne qui a réussi à survivre avec un tel fardeau ; si elle en est arrivée jusque-là, même une simple contrainte par des clous au mur n’aurait pas dû l’obliger à parler. Quelle est la différence entre mon envie de vengeance et la tienne ? Quelle est la différence entre mon besoin de vivre et le tien ? Quelle est la différence, au fond, entre moi, et toi ? Tu es faible.

La porte claque. La tension grimpe alors qu’elle ne devrait plus. Et je réfléchis à mes pensées, revenant complètement à moi. Et je tombe sur les genoux à terre, tenant ma tête à l’aide de mes deux mains, cachant mes yeux enivrés de colère, ma bouche fondue sous le rire. Aurais-je fais pareil ? Ou autrement ? Je ne peux pas le dire. Non. Je n’aurai rien dis. Mais pourtant, intérieurement, et surprenant pourtant, je n’ai pas envie de rire au démon de ce que tu viens de me dire. Je lève la tête et ris simplement et nerveusement. Nous crions de douleur et nous nous cachons sous une façade. J’ai trouvé la différence. Ma façade est tout simplement cachée par une autre. Mais, en fin de compte, nous sommes tous pareil.


Faibles


© Daryan Chris Tsukiyo. Tous droit réservés

 MessageSujet: Re: The Crimson Pegasus   The Crimson Pegasus - Page 2 EmptyVen 25 Oct - 0:22

Damaz Elandez
Damaz Elandez

Ajatar Virke

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Chris & Damaz