"Le jour où j'ai perdu la vue est le jour où j'ai cessé d'être aveugle"
Innocence
La pureté, l’innocence... Deux choses certainement les plus prisées de tout les temps. Enfance...
J'aime à penser que l'on nait dans la pureté d'un geste, d'un moment, d'une souffrance saine. J'aime à penser que lorsque chacun voit le jour il est détaché de toute souillure, souillure du possible acte qui aurait put entraîner sa création. Purifié du passé de ses géniteurs, du genre humain. J'aime à penser que lorsque l'on nait, malgré le sang et les entrailles, la pureté nous enlace avant que ne lui succède l’innocence.
Amorale dans notre plus grande splendeur, celle d'un cœur juste ignorant le monde extérieur. Puis le temps passe, la souillure nous ronge, on perd cette innocence tant louée. J'aime à penser que je suis née pure et que le monde m'a pervertie, j'aime à penser que je me souviens du jour où j'ai sombré, du jour où tout a basculé. Je ne sais pas quel âge j'avais, je ne sais pas, mais je m'en souviens. J'aime à penser que ce jour fut celui où j'ai dût apprendre à faire partie du genre humain.
Bien contre mon grès.
***
Minstrel - Vers 770
Les yeux azurés fixent le livre avec une attention particulière, ils détaillent sa couverture avec minutie, s'extasient des reliures enchantées, la pièce est sombre et pourtant la concentration teintée d'enthousiasme émane de cette enfant aux longs cheveux couleur de blé. Une légère inspiration, un souffle déversé dans toute la pureté d'une enfant d'environ dix années, découvrant le monde avec un regard emplie de merveilles. Loin des exigences attendues des adultes, loin de leur emprise malsaine, et pourtant il est bientôt temps, elle l'ignore, la chute sera brutale.
Et pour l'instant elle rêve, sa petite main se pause sur la couverture pour enfin l'ouvrir, comme si ce livre recelait le trésor du monde, qu'en l'ouvrant toutes ses merveilles auraient put s'en échapper. Les yeux se posent sur les lettres calligraphiées avec une minutie d'un autre temps. Elle sourit, ses yeux tentent de décrypter les mots sinueux léchant le papier. Elle reste là, longtemps, un long moment, le monde extérieur n'existe plus, ses parents sont absents, ils ont une mission à mener, mission pour cette foi dont elle entend si souvent parler.
La répandre et étouffer tout ce qui pourrait lui faire outrage. Elle est loin de ces préoccupations, choses abstraites qu'elle sait sans pour autant les comprendre, elle découvre le monde à travers ses yeux d'enfant, elle découvre le monde à travers cette volonté d'apprendre qui l'enlace malgré son jeune âge, elle veut tout savoir, elle veut tout pouvoir.
La porte s'ouvre dans un grincement, brise sa concentration. C'est ce monsieur vêtu de cette longue robe pourpre, il lui fait peur, son expression, sa présence la fait frémir du haut de ses dix ans, elle ferme le livre comme si cette action allait entraîner sa violence et sa répréhension. Il la fixe, un moment, puis s'approche.
Sa voix sinueuse coule dans l'air, son visage n'affiche aucune expression, resserrant cette emprise qu'il a sur son être. Elle marque un mouvement de recul, trébuche. Les mots sont lâchés dans une froideur d'adulte où toute compassion est à jamais perdue.
"Je suis désolé"
Il n'en pense pas un mot, elle le sait.
"Tu dois venir avec moi, maintenant. Je te laisse dix minutes pour emporter ce que tu veux, mais tu devras certainement t'en séparer. Je t'attends ici."
Elle ne bouge pas, ne comprend pas. Il commence à s'impatienter, son pied tape en des mouvements stressants et incessants le sol boisé.
"Il te reste neuf minutes."
Elle part en courant, serrant le livre d'un poids déjà important pour son jeune âge, elle part en courant prenant soin de passer aussi loin que possible de cet homme qui hante parfois ses cauchemars. Elle n'a pas plus de dix ans, et pourtant déjà la souillure du monde l’appelle, son innocence déjà destinée à s'envoler.
***
Ils étaient morts, et quand les agents du tout puissant meurent leurs enfants doivent les remplacer, seule raison pour laquelle ils étaient autorisés à procréer, pour renforcer l'armée de Dieu d'une chaire lobotomisée, de cerveaux faciles à manipuler, tel est la façon de perdurer de la sublime Minstrel. La déchéance d'une foi bafouée. Je crois que c'est ce jour là, ce jour là qu'on m'a pour toujours privé de cette vertu tant prisée : l'innocence.
Vue
Le jour où j'ai perdu la vue est le jour où j'ai cessé d'être aveugle. Quelle ironie n'est-ce pas ? Je ne rentrerai pas dans les détails sordides de cette journée qui pourtant fut une véritable révélation. Ironie. Ce jour là j'ai découvert la valeur du sacrifice, ce jour là, la magie m'a enlacée pour ne plus jamais me quitter. Qui aurait cru qu'un jour moi, cette gamine silencieuse et manipulable, se verrait un jour offrir ce don, le don du sacrifice, son incarnation.
Ce n'est qu'en perdant une chose qu'on en découvre la valeur, ce n'est qu'en suivant cette voie tracée pour nous, cet instinct qui parfois nous pousse aux actes les plus délirants qu'on se révèle à nous-même non ? Ce jour là j'ai découvert la valeur de la vie, la valeur de la perte, ce jour là j'ai commencé à discerner que tout n'était qu'illusion, ce monde dans lequel j'évoluais. Je ne sais pas quel âge j'avais, je me souviens simplement que c'est à cette période que mes premières pertes rouges eurent lieu. Je me souviens de ce qu'il s'est passé, je me souviens de la souffrance en ayant découlé. Je sais que ce jour là a prédestiné toute mon existence à changer.
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Minstrel - Vers 774
L’adolescente se perd dans la lecture, les lettres calligraphiées lui procurent cette sérénité, comme si rien n'avait changé. Ce livre est le symbole de son passé, son passé ancré dans cette foi découverte au fil de ces maigres années. Seul objet qu'elle avait rapporté et qu'on l'avait autorisé à garder, jugé inoffensif et pieux, aucune inspection spéciale le concernant, son nom voulait déjà tout dire "Sacrifice", les premières pages posant les principes de l'acte pieu et divin qu'était le sacrifice, ils n'avaient pas cherché plus loin, il ne l'endoctrinerai que d'avantage.
Chaque soir elle lisait, lisait et s'imprégnait de ce que ce livre exposait, ce qu'il avait à lui raconter. A travers lui elle apprenait la foi, elle appliquait ces préceptes à ce que l'on leur racontait tout les jours depuis quatre années. Quatre ans déjà qu'elle avait rejoint les rangs des soldats de dieu, suivant avec assiduité préceptes et dogmes de cette institution sacrée.
En fervente croyante créée au fil du temps elle appliquait, tout ce qui sortait de leurs bouches ne pouvait être que la vérité, elle appliquait ce que ce livre étrange lui apprenait en le calquant à cette foi qu'on avait suscité en elle par la lobotomie d'une innocence piétinée, d'une enfance bafouée. Parfois des incohérences survenaient, elle en faisait abstraction, ne comprenant pas toute la subtilité de ces pages ainsi écrites.
Passé les premières pages tout devenait plus compliqué, puis un mot commençait à apparaitre, un mot puis d'autres tous aussi étranges les uns que les autres, le principe de magie. Elle avait déjà entendue parler de la magie, certains hommes d'église en étaient dotés, la matérialisation de leur foi. Alors elle suivait aveuglément sans tout comprendre ce que ce livre étrange lui racontait. Thysia.
Méditation, concentration, projection pour se rapprocher du tout puissant dans cette chambre confinée où ils étaient parqués une fois la fin de leur instruction du jour terminée. Alors elle lisait, certaines choses la choquaient, elle n'en parlait pas, ne pouvait pas prendre le risque qu'on lui enlève ça, cette chose restant de son ancien moi. Et lentement, mais sûrement les idées faisaient leur œuvre, germaient en elle, lentement et sans en avoir réellement conscience se révélait à elle cette magie, magie qui lui été prédestinée, magie coulant dans ses veines, sans avoir aucunement conscience de sa présence. Jusqu'à ce jour maudit.
***
La dernière page, l'ultime, la dernière de cette œuvre qui lui avait demandé quatre années de lecture acharnées, en secret. La dernière page qu'elle avait dévoré juste avant que l'on ne vienne la chercher, l'homme était étrange, nerveux, quelque chose clochait, elle était apte à comprendre cet état de fait. Urgence qui semblait agiter tout le monde dans les couloirs austères de cette bâtisse hors du monde et hors du temps. La capitale n'était pas un lieu propice à l'entrainement discret des futures recrues destinées à rejoindre l'armée du tout puissant. Lieu isolé où personne ne pouvait déranger, immiscer son regard. Jusqu'à ce jour funeste, après l'urgence l'alarme avait retenti, un intrus s'était introduit dans le bâtiment.
Puis vite, suivant l'agitation apparue la vérité, une attaque soudaine et bien orchestrée alors que la lourde porte de bois du hall d'entrée avait été ouverte de l'intérieur par celui s'étant faufilé. Mouvement impie d'extrémistes luttant contre la volonté du tout puissant. Si elle avait sut à ce moment... Elle aurait dut savoir. L'attaque avait été soudaine et instantanée, plusieurs de leurs mentors étaient tombés gorges tranchées avant que la confusion totale ne s’empare de ce lieu jugé sacré.
On leur avait ordonné de courir se réfugier. Ils n'en avaient pas eut le temps. L'homme à la carrure imposante avait surgi devant eux tel un colosse d'acier. Jason avait foncé, il n'avait pas réfléchi, il était son ami, son allié, son confident, le seul connaissant son secret. Elle avait crié, la lame s'était levée, avait frappé, le sang avait giclé sur son visage choqué. La colère, la surprise, la haine et l'incompréhension traversant son âme comme une traînée de poudre, son cœur s'était emballé, son instinct s'était exprimé, les mots avaient fusé sous l'impulsion d'une volonté à la force décuplée, innés alors qu'il s'approchait d'elle arme levée, prêt à frapper. Les mots avaient coulés, doux et naturels, de toute pureté dans un acte sacré, Thysia venait de se révéler.
"Soma : Vue"
Le noir complet. Tout d'un coup tout avait disparu, les couleurs, la lumière, tout s'était éteint alors que la cécité l'avait frappée, coup brutal et violent asséné à son esprit paniqué alors que sa volonté s'était projetée, libérée de toutes pensées, purifiée de cette souillure l'ayant entachée et manipulée. Elle avait frappé alors que le corps de l'adolescente apeurée avait vacillé, chuté au sol, mains cherchant à taton le corps de celui pour qui son cœur battait en secret alors qu'un hurlement rauque et inhumain avait raisonné, claqué dans l'air tel celui d'une banshee.
Elle savait, sans savoir comment elle savait qu'il provenait de cet homme qui les avaient agressé. De cet homme quelle voulait tuer. Elle savait, sans comprendre comment que sa phobie lui avait était projetée, que ses yeux croyaient voir ce qui faisait vaciller son cœur et son âme empreinte de monstruosité. Oui elle savait, elle savait que tant que pour elle régnerait l'obscurité jamais sa peur ne le lâcherai, puis sa main avait heurté une masse immobile, un pied. Elle n'avait pas réfléchi, l’agrippant elle avait tiré avec le plus de force qu'elle le pouvait, traînant le corps sans vie dans le couloir désert où raisonnait les cris effrayés. N'écoutant que son cœur elle avait continué, tiré encore, toujours, plus loin, plus fort pour le mettre hors de danger, se mettre hors de danger.
Temps s'écoulant alors que le sacrifice allait bientôt arriver à son terme, ça elle l'ignorait. Le cri avait raisonné une dernière fois avant le silence effrayant, le néant. Encore, toujours le néant alors que l'obscurité continuait de régner dans ses yeux azurés. Incapable de percevoir le corps sanguinolent s'étant mutilé pour échapper à la nuée d'insectes cherchant à le dévorer. L'obscurité, pour toujours, à jamais.
Les pleures qui avaient résonné, le contact humide sur ses yeux séchés, la peur, la haine, la tristesse enflammant son être comme une trainée de poudre, la fatigue qui l'avait frappée d'un coup, soudaine et brutale, véritable choc sur son corps martial, puis l'obscurité dans son esprit, le calme, la sérénité alors que dans un dernier pleure l'inconscience l'avait emportée hors de la réalité.
***
Ce jour là j'ai dû affronter la mort sans pouvoir la voir, ce jour là tout s'est obscurci, assombri. Alors j'ai voulu savoir, dans mon désespoir j'ai voulu comprendre, comprendre et pouvoir. Me remémorant ce livre dont les mots revenaient la nuit pour me hanter, puis peu à peu dans la souffrance tout s'est éclairé. Cela prit plusieurs années, plusieurs années avant qu'enfin je ne comprenne, qu'enfin je puisse dire "je sais."
Conscience
Tout m'avait frappé. L'illusion dans laquelle j'évoluais, je ne pouvais voir et pourtant je savais. Les choses étaient bien différentes de ce que l'on nous avaient donné à voir -façon de parler - alors dans ma naïveté - je suis moi même surprise de me rendre compte à quel point malgré tout ça la naïveté était encore ancrée en moi - j'ai commencé à parler.
Certainement trop, je savais que tout ne pouvait être dit, mais la vérité était une chose que l'on nous avait appris à cultiver, que la vérité était le bien suprême. Je me rends compte maintenant a quel point tout ceci était hypocrite. Et pourtant la vérité est aujourd'hui dans mes principes, tout ne peut pas être mauvais.
Le fait est que je pensais que je pouvais faire changer les choses, qu'en parlant, qu'en exprimant avec subtilité ma vérité, ce qui avait germé en moi, mes pensées, les choses pourraient évoluer. Inutile de préciser que je me trompais. Je suis devenue en quelques années la fille dont chacun à peur, l'aveugle étrange se détournant de la voie. Celle qu'il fallait surveiller, celle dont il fallait se méfier, celle qu'il ne fallait pas écouter, celle qu'on punissait pour l'exemple, celle qu'on punissait d'avoir trop parlé... Hypocrites.
Puis les surnoms commencèrent, j'étais l'impie, la perverse, le pêché s'insinuant, j'entendais le diable et ses voix, dieu m'abandonnait et j'aimais ça. Puis un jour, sans m'en rendre compte, j'ai franchis la limite, découverte en pleine utilisation de ma magie, celle qui m'avait enlacée, celle qui m'avait permis de voir malgré la souffrance qu'elle procurait, celle qui m'avait purifiée. Ce jour là signa la fin de tout ce qui constituait ma pauvre existence bâtie sur un mensonge taille XXL.
Ce jour là fut le début de la chasse.
Traque
Minstrel - Vers 782
Elle court. Son cœur bat la chamade alors que le bandeau vient quitter ses yeux pour tomber au sol tel un pétale en sursit. Elle court et trébuche, tout bouillonne en elle, la peur, la peine. Elle tombe lourdement sur le sol de terre meule et humide, sa chemise de nuit s'en imbibe et s'en imprègne, pureté souillée.
Elle entend les cris, les voix derrière elle alors que les énergies se révèlent à elle, qu'elle les voit parcourir l'air et la terre, sous elle, devant elle, derrière elle. Faible et indéniablement belles, elle voit les flux, leur beauté, un cri dans son dos, elle se retourne, glisse dans la terre aqueuse, boueuse, le contact humide et poisseux sur sa peau. Sensibilité décuplée par les années, par la perte d'un sens qui l'avait à jamais changée.
Elle la voit. Aura scintillante et virevoltante, légère couleur bleuet, piété, elle approche, éclair bleu fusant sur elle avec la rapidité d'un éclair incarné. Elle panique, exulte, les mots jaillissent en un flot soudain, naturels dans leur sonorité, mots empreints de toute son horrible pureté alors que meurt la possibilité de se relever, que meurt la sensation poisseuse qui jusqu’à lors imprégnait ses pieds nues dans sa course effrénée pour la liberté, pour sa survie. "Soma : Pieds"
Il s'apprête à frapper, un léger rictus dégouté devant la vision de ces yeux privés de leur clarté. L'ordre avait été donné, l'impie ne pouvait survivre en toute impunité. La sorcière devait rendre son dernier souffle, il fait ce qui doit être fait malgré son écœurement d’être celui qui va frapper. Il n'en a pas le temps, lame s'élevant pour s'abattre dans sa sordide froideur alors qu'il sent la pression s'exercer sur ses chevilles, une pression le faisant s'effondrer vers l'avant alors que sont apparues comme par magie les chaines éthérées, entravant ses chevilles avec fermeté, fixées au sol en un point unique d'où elles naissaient. Panique qui nait en lui sans qu'il ne puisse l'arrêter.
Elle voit le flou énergétique se stopper avant de s'effondrer, elle ne réfléchit pas sous la panique, sous son cœur pulsant à en exploser dans sa poitrine essoufflée, elle recule dans la boue par la force de ses mains, rampant, finissant de souiller le blanc qui la couvrait, collant son corps enfiévré de la moiteur des pluies d'été. Elle tente de se calmer, tente de respirer, elle n'en a pas le temps alors qu'apparaissent déjà les autres auras, pieuses et haineuses, noires ou de toute pureté, immonde bal d'énergies dansantes, d'éclairs s'unissant dans une seule volonté : l'annihiler.
Les larmes surgissent tel la marée déchainée alors qu'elle revoit ce visage qui s'est sacrifié, celui qui connaissait et gardait ses secrets, celui qu'elle aime encore, il avait tout donné. Les larmes coulent en une rivière désespérée de ses yeux embrumés alors qu'elle voit la mort la charger, implacable. Il avait donné sa vie pour la sauver, s'était sacrifié pour qu'elle vive. Sacrifié en vain. La colère l'enserre, exerçant la pulsion sur son cœur mortifère. Elle n'a pas le droit !
Elle ne peut pas mourir ! Pas pour lui, pas pour ce qu'il avait sacrifié. Elle n'a pas le droit ! Rage qui gronde en elle alors qu'ils la chargent de leurs lames mortelles, pas le droit ! Les mots résonnent sans savoir ce qu'il adviendra, ultime éclat, elle n'a pas le droit de mourir. Elle revoit Jason fonçant sur le colosse d'acier, dernière vision que ses yeux avaient put lui donner. Elle revoit son visage empreint de bonté, elle les hait ! Hait leurs dogmes et leurs mensonges hypocrites ! Hait l'église et ses pantins, leur faute ! Elle n'a pas le droit. Les mots jaillissent dans toute la pureté d'une rage qu'elle ne peut continuer à garder, cri acéré et étouffé sur la vision de ce visage qu'elle n'avait jamais cessé d'aimer. Destiné qu'elle remet au hasard d'un sacrifice qu'elle n'a jamais souhaité.
"KARDIA : AMOUR !"
Tout s'étiole, volonté se projetant dans l'espace l'enserrant alors que meurt le sentiment, que lentement dans les pleurs de la gamine rampant dans la boue tel un serpent mourant et pitoyable, misérable, son amour envers lui s'étiole, perd en réalité, perd de sa force, de sa pureté. Que les nuages apparaissent dans leur noirceur létale, que le vent s'élève sensiblement au rythme des grondements ayant chassé le soleil levant.
L'odeur de souffre, de souffre, de boue et de sang alors qu'en elle tout s'efface, que l'amour s’éteint pour cet être qui s'était sacrifié. Que pour lui, pour son sacrifice, pour la vie, vie qu'on lui avait pris elle avait à son tour sacrifié, sacrifié son amour pour lui, celui qui la faisait vibrer, vibrer en elle son souvenir à chaque instant.
Tout s'efface pour le néant alors que dans un ultime grondement sous les regards choqués s'étant stoppés dans leurs assaut forcené la foudre vient les frapper. Que les assaillants se voit foudroyés et calcinés du bout de leurs épées. Foudroyés en l'instant alors que les larmes continuent de jaillir des yeux azurés dans la boue et la haine d'un sacrifice qui l'avait sauvé. Que disparaissent des chevilles carbonisées les chaines éthérées pour qu'elle sente à nouveau dans ses pieds le sang affluer. Que dans un dernier gémissement elle s'effondre dans la boue épuisée, à bout de force et quasiment entièrement vidée d'une magie qui l'avait sauvé. Néant qui semble l'emporter à jamais.
Rennaissance
Fiore - Temps présents
Je me demande encore parfois comment j'ai pu survivre à cette nuit. Si quelqu'un m'avait aidé, si on été intervenu pour me sauver. Je ne sais pas. Tout est flou, flou et confus, je me rappelle du néant persistant s'insinuant dans mon esprit, je me rappelle d'une dernière lueur vibrante avant la nuit.
Ce jour là fut le déclencheur, le déclencheur d'une renaissance que je voulais par dessus tout. J'ai quitté Minstrel avant que l'on puisse me trouver, j'ai quitté ce pays qui m'avait vue naître, qui m'avait menti, qui m'avait à la fois tout pris et tant appris. On est rien sans la souffrance.
Alors j'ai décidé, j'ai décidé de graver cette acte à jamais. J'ai sacrifié un nom souillé, une naissance que l'on m'avait volée. J'ai sacrifié ce qui constitue pour tout à chacun les prémices d'une identité. Sacrifié pour renaitre tels le phœnix s'élevant de ses cendres. J'ai décidé que plus jamais ma vie ne serait l'objet d'une chasse effrénée. J'ai décidé qu'elle valait autant que celle qui déciderai de m'en priver, que je les priverai de ce droit avant qu'ils ne m’ôtent le miens. En souvenir de cette nuit. En souvenir de Minstrel tant haïe et pourtant chérie.
J'ai décidé que désormais Synn serait mon unique nom. Symbole de ce sacrifice qui me faisait me relever, pure et déterminée. Symbole de ce passé par sa sonorité, du péché que j'étais censé incarner, symbole de la sorcière en quoi ils ont voulut me changer; du prétendu diable qui m'aurait baisée.
Je suis devenue Synn car je l'ai décidé. J'ai décidé que plus jamais je ne serai la faible aveugle handicapée, la pécheresse, celle dont la vie pouvait être bafouée.
Je suis Synn et je défie quiconque de tenter de m'annihiler.
Sujet: Re: Quel prix es-tu prêt à payer ? - Again [1oo%] Jeu 28 Avr - 19:58
Senji Kiyomasa
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Titre : "badasserie à son paroxysme" Crédit : Moé Feuille de personnage Maîtrise Magique: (17610/35000) Mérite: (738/800)
Sujet: Re: Quel prix es-tu prêt à payer ? - Again [1oo%] Ven 29 Avr - 11:11