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La vie, parfois, elle est si compliquée et parfois, elle est si simple. C'est dur de s'y retrouver. [ PV Alouarn ]
 MessageSujet: Re: La vie, parfois, elle est si compliquée et parfois, elle est si simple. C'est dur de s'y retrouver. [ PV Alouarn ]   La vie, parfois, elle est si compliquée et parfois, elle est si simple. C'est dur de s'y retrouver.  [ PV Alouarn ] - Page 2 EmptyDim 10 Juil - 20:39

Alouarn Grimgorson
Alouarn Grimgorson

Indépendant Légal

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Je suis un comédien Et je suis ma destinée !



PARTICIPANTSAlouarn Grimgorson & Ohatsu Takumi & Orihime Katsura
Résumé • Hiver 791, flashback. Après les affreux évènements que vécut la troupe durant le blocus mis en place par un capitaine et son second, les festivaliers se remettent doucement de leurs émotions. Ohatsu reste quelques jours par pure précaution. Elle met tout son cœur dans les ouvrages que lui confient les comédiens. Les rires et les discussions légères firent de nouveau leur entrée au sein de la communauté. Mais, au grand désarroi de la jeune femme, un personnage, important à ses yeux, manque à l’appel. Elle décide, le troisième jour, alors que tous sont en train de répéter différentes scènes pour la représentation du lendemain, d’aller frapper à la porte de la chambre d’Alouarn. Isa finit par rentrer dans la chambre en compagnie de Linus et d’Ohatsu. Alouarn est dans un sale état : ils finissent par lui faire entendre raison, et décide de l’emmener prendre un bon bain. Chemin faisant, ils rencontrent Orihime qui n’a pas supporté de s’évanouir durant la mission de sauvetage, et s’en veut donc énormément de la situation dans laquelle se trouve Alouarn.



La vie


Les toilettes de la caserne ne me plurent guère. Je fis plusieurs fois le tour, contrarié que cela ne soit pas comme à la maison. Comment allais-je faire ? Je finis par m’accroupir : grand frère finirait bien par me trouver pour que j’aille faire pipi. J’espérais juste qu’il arriverait à temps, parce que j’étais très pressé. Je finis par me faire dessus, et c’est un vieux garde qui me trouva en larmes parce que j’allais être tout mouillé. Je retrouvais le sourire lorsqu’il me fit lever et que je vis que mon pantalon était tout sec. Je lui demandais plusieurs fois si on ne voyait rien : c’est alors que je me rappelais que j’avais une couche. Je rougis de honte : Linus avait pourtant dit que je devais la garder, quoi qu’il arrive. Il fallait faire confiance au médecin : il avait dit qu’on ne voyait rien, donc je n’avais pas à me soucier du regard des autres.

Le vieux garde était un ami de grand-père. Il m’avait connu quand j’étais tout petit, et il avait souvent fait des jeux de société avec nous, lorsque les longues nuits d’hiver nous avaient poussé à veiller tard la nuit. On se relayait alors pour surveiller le matériel. Grand-père avait voulu que je sois un homme très tôt, et il m’avait poussé à participer aux différents évènements de la troupe, quel que soit le temps, quel que soit l’heure. Il me raccompagna auprès du capitaine le Bourhis et d’Orihime. Il ne me brusqua pas, me laissant tranquillement faire ma petite vie sur le chemin du retour. Je fus tout content de retrouver Watson et l’inspecteur Lestrade. Je m’assis à même le sol car, selon moi, rester debout à écouter de longues explications, c’était trop fatiguant.

J’écoutais la jeune mage d’une oreille attentive… Du moins, au début. Et puis, ma concentration commença à s’étioler. Je secouais plusieurs fois la tête pour essayer de comprendre les mots qui sortaient de sa bouche. Je finis par décrocher complètement. C’était beaucoup plus intéressant de discuter avec la crotte de nez fraiche que je venais de retirer de mon museau. Je finis par me rappeler que grand frère ne voulait pas que je les mange. Le capitaine le Bourhis finit par me tendre un mouchoir en papier. Je restais, quelques instants, perplexe face à ce cadeau, avant de lui faire un clin d’œil et de mettre mon paquet cadeau à l’intérieur. Je pliais délicatement le fichu : je voulais montrer à Linus comment mon nez pouvait faire des gros cacas tout moches.

Je sursautais en entendant la voix d’Isa. Pourquoi est ce que nous parlions de grand père ? Je ne comprenais pas. Je me grattais la tête. Mes sens étaient en alerte. Lorsque la vieille dame finit par nous avouer que le nécromancien n’était personne d’autre que mon père, j’en fus attristé. Linus, qui s’était tenu à l’écart jusqu’à présent, s’avança et s’accroupit face à moi. Je regardais tour à tour tous les protagonistes qui se pressaient autour de notre duo. Je déglutis difficilement. Je finis par me recroqueviller sur moi-même. Je me mis en boule, et me bouchais les oreilles. Je ne voulais plus entendre ce que les grands avaient à me dire. Pourquoi est-ce que tout était si compliqué ? J’avais chaud et froid en même temps. J’étais blanc comme un linge. Les voix dans ma tête reprirent de plus belles.

Je sentis les bras puissants de grand frère me soulever délicatement et me serrer contre lui. Je ne voulais pas être tout seul pour les affronter. Il se mit à me bercer tout doucement. Il ne disait rien. Pourquoi ce silence si soudain ? Je finis par agripper son bras. Mes ongles se plantèrent méchamment dans ce dernier. Linus ne poussa pas un seul cri. Je ne me rendais pas compte que je lui faisais mal. Des larmes finirent par couler sur mes joues. Ma respiration s’accéléra. J’étais très mal. Pourquoi est-ce que tout était si compliqué ? Je relevais doucement la tête et vins murmurer à l’oreille du médecin :

❝ ▬ S’il te plait, grand frère, est ce que tu peux chanter la chanson qui fait partir les ombres ? Je crois qu’elles essaient de… de venir encore, et encore. Je n’ai pas envie qu’on soit séparé. J’ai peur… Si peur… Ca ne va pas du tout. Je devrais être fort comme un chevalier. ❞

De sa main libre, il me caressa la tête et il l’attira contre lui. Il se mit à chanter. Grand-père lui avait appris cette chanson avant de s’en aller. Le vieux garde qui m’avait raccompagné se mit à fredonner aussi la mélodie. Je me laissais bercer par leurs douces voix. Il n’y avait plus qu’eux et moi dans ma petite bulle. Je finis par me détendre : mes épaules s’affaissèrent lentement alors que mes ongles laissaient le bras du médecin. Quand il eut fini, les sons dans ma tête n’étaient toujours pas partis mais j’étais beaucoup plus calme. Je me mis à pleurer à chaudes larmes lorsque je compris que j’avais fait mal à Linus. Je m’excusais mille et une fois, malgré qu’il me dise que ce n’était pas grave. Il finit par sortir un rouleau de bandages, et une compresse qu’il imbiba de Bétadine. Je voulus absolument passer le chiffon sur les marques que je lui avais faites. Il me laissa faire alors que je chantais une mélodie qui parlait d’un bain avec des canards en plastique.

Je ne sus pas exactement combien de temps je restais enfermé dans ma petite bulle. Je ne voulais pas retrouver la réalité. Elle était beaucoup trop dure à accepter. Je finis de nouer le bandage sur les plaies de grand frère, et je me mis à murmurer des choses incompréhensibles. Le médecin finit par sortir un biberon rempli de thé dans lequel il versa un médicament pour m’aider à lutter contre ma crise de schizophrénie. Il me le tendit : il m’appela plusieurs fois pour que je prenne conscience de la présence de l’objet. Je souris bêtement avant d’attraper le flacon, et de me mettre à mâchouiller vigoureusement la tétine. Je soupirais avant d’avaler goulument plusieurs gorgées du breuvage. Je fis la grimace : le gout de la potion prenait le pas sur le thé, et je détestais particulièrement ce remède. Je ne fis pourtant aucun commentaire. Je voulais faire plaisir à grand frère pour qu’il m’aime encore plus. A cet instant, je ne comprenais pas qu’il n’y avait aucun rapport entre « faire plaisir » et l’amour que me porter Linus. Les évènements des derniers jours avaient été assez douloureux, et ma peur de me voir abandonner par le médecin avait été décuplée. Je finis par demander :

❝ ▬ C’est quand qu’on va chercher grand-père ? Il se fait tard, et c’est bientôt l’heure du goûter. Grand-mère a dit qu’il ne fallait pas qu’on soit en retard. ❞


Isa et Linus se regardèrent et grand frère finit par venir me questionner :

❝ ▬ Alouarn, mon grand, quel âge as-tu ? ❞





❝ ▬ Non, mais, grand frère. Il faut aller chercher grand-père. Il est tout seul. Et je n’aime pas trop quand il est tout seul. Parfois, il fait des bêtises. Comme moi. Et j’ai promis à grand-mère que je ne le laisserais pas tout seul. Tu comprends ? Et… Et… ❞

❝ ▬  Alouarn, calme-toi, je t’en prie. Je… Tu… ❞




Isa prit le relai, voyant que cela affectait beaucoup le médecin que je veuille aller chercher mon grand-père :

❝ ▬  Alouarn. Il faut que tu te réveilles. Tu sais très bien que tes grands-parents sont morts il y a sept ans maintenant. ❞



❝ ▬ Non. Mais il faut aller le chercher. Il est tout seul dans le froid. Et c’est moche le froid. ❞



❝ ▬  Ca suffit. Allons-y une bonne fois pour toute, et mettons hors d’état de nuire Alanig. Cela doit cesser. Il met en danger la troupe et la ville. Nous ne pouvons pas nous permettre une telle chose. ❞

❝ ▬ Grand-père est avec papa ? Mais, on ne doit pas les laisser se disputer. Ca fait mal après. Et grand-père, il est toujours triste quand il a des mots avec papa. ❞


❝ ▬  Mon grand, arrête. Je t’en prie. Je ne sais pas par quel miracle tu t’es mis à penser que ton grand-père était toujours vivant, mais nous ne sommes plus que tous les deux maintenant. Je ne veux pas te perdre. Laisse-moi t’aider. Je veux te comprendre, et si tu ne me parles pas, j’aurais du mal à te seconder. ❞

❝ ▬ Mais, grand frère, c’est Watson et Isa qui ont dit qu’on allait voir grand-père ! ❞




Il m’aida à me relever et vint doucement caresser mon visage. Je ne comprenais pas. Il me dit tendrement, tentant de trouver les mots qui pourraient me faire saisir mon erreur.

❝ ▬  Non, mon grand. Elles ont simplement dit que ton père se cachait sur les lieux où tes grands-parents avaient été incinérés. Rien de plus. Personne ne peut faire revenir ton grand-père. Il est parti avec ta grand-mère rejoindre tes ancêtres. Ils veillent sur toi de là où ils sont. Et ils restent à jamais dans ton petit cœur. Je sais que tu meurs d’envie de les revoir : ils se sont occupés de toi pendant si longtemps. Maintenant, je suis persuadé qu’ils aimeraient que tu avances avec moi, tranquillement. Tu ne dois jamais les oublier, mais tu dois accepter que tu ne pourras jamais les revoir. ❞

❝ ▬ Mais… C’est triste ce que tu dis. Moi, je n’étais pas d’accord pour qu’ils s’en aillent. Pourquoi est ce que personne ne me demande mon avis ? ❞


❝ ▬ Alou’, écoute-moi. Les personnes naissent, grandissent, et vieillissent. Quand leur temps sur terre est terminé, mère nature les rappelle à elle. On ne pouvait rien faire pour retenir tes grands-parents. Personne n’y pouvait rien. ❞

❝ ▬ Non. Tais-toi. Tout le monde s’en fout que je n’étais pas d’accord. Ce n’est pas juste. Moi, j’aurais voulu qu’ils restent avec moi toute la vie… ❞


Je pris alors conscience que je n’aurais jamais pu avoir grand frère si mes grands-parents n’avaient pas perdu la vie ce soir-là. Je vins passer mes bras autour de la taille de Linus et enfouis ma tête dans son cou. J’étais vraiment médiocre ces derniers temps. Je faisais tout de travers.

❝ ▬ Pardon, grand frère. Je ne voulais pas te manquer de respect. Non, écoute-moi. Je sais que ça a été très dur quand grand-père est mort, et que nous avons eu du mal à nous trouver. Toutefois, aujourd’hui, j’ai la chance de t’avoir et, pour rien au monde, je voudrais changer de grand frère. Mais je trouve ça injuste de ne pas pouvoir avoir les deux. ❞

❝ ▬ La vie n’a jamais été juste, mon grand. Il faut pourtant accepter les évènements, même ceux qui font mal et qui prennent au dépourvu. J’ai appris, avec le temps, que tu n’as jamais vraiment accepté la mort de ton grand-père, et, à une époque, tous les moyens étaient bons pour le faire revenir. C’est dur pour toi, je le conscientise bien, mais il va falloir que tu acceptes de le laisser partir pour de bon. ❞

❝ ▬ Non, non, non, pas encore. Je ne veux pas me retrouver tout seul. J’aime à penser qu’il est là quand toi tu es loin de moi. Je ne peux pas me permettre de rester dans une morbide solitude… Je… Je… ❞

❝ ▬  Calme-toi, mon grand. Tu sais que je ne partirais jamais sans toi. ❞




❝ ▬ Parfois, j’ai tellement peur qu’on t’enlève à moi, surtout depuis qu’Astrid est là et que bébé va arriver, que je n’arrive plus à me raisonner. Et cette peur est de plus en plus présente. Je ne veux pas perdre ma place. Je trouve qu’on s’éloigne l’un de l’autre. Inexorablement. Comme si c’était le destin que nous nous séparions. Je ne veux pas recommencer avec un autre… Et dire que je pensais que je pouvais faire la paix avec papa. Mais il cherche à tout casser. Je ne peux pas tout lâcher, comme ça : c’est tout de même mon père. ❞

Isa prit alors la parole. Sa voix était dure :

❝ ▬  Alouarn. Alanig Grimgorson a été tout, sauf un père pour toi. Depuis le jour où l’on t’a déclaré schizophrène, il t’a lâchement abandonné. C’est ton grand-père qui t’a élevé, et personne d’autre. Alanig n’a jamais été sage : c’est l’un des meilleurs pour les automates, mais il n’a rien de l’esprit d’une troupe comme la notre. Ne te permets pas d’avoir des sentiments pour cet homme. Il n’est rien pour toi. C’est une pestilence qui ne mérite pas que tu prennes du temps pour lui. ❞

❝ ▬ Mais… Sans lui, je n’existerais pas. ❞





❝ ▬  Ne te leurre pas, Alouarn. Il n’a que donné sa semence pour te créer. Rien de plus. Il ne veut même pas entendre parler de toi. Il te rend responsable d’un malheur qu’il croit sien. Il a perdu la tête en voulant anéantir la source de ce malheur. Il n’a pas cru bon de prendre sa famille pour des êtres à part entière, préférant les considérer comme des monstres à éradiquer. Il n’a jamais pardonné aux Anciens le fait que des mesures soient prises pour que ton grand-père et toi aient une vie décente et confortable : il fait parti de cette catégorie de personnes qui n’accepte pas les différences, surtout lorsqu’elles sont aussi grandes que cela. Il juge grossière ta façon d’être. S’il avait pu, il vous aurait fait interné le plus vite possible et aurait demandé au corps médical de vous bourrer de médicaments. Non. Décidément, tu ne lui dois rien, Alouarn. ❞

Elle marqua un temps de silence avant de reprendre :

❝ ▬  La troupe a choisi de bannir Alanig. Nous nous retrouvons tous pour son exécution d’ici une vingtaine de minutes. Les festivaliers sont en train de sillonner les rues de la ville et, avec ces nouveaux éléments, nous serons tous à l’usine désaffectée en temps et en heure. ❞

❝ ▬ Mais… Mais… Si papa est banni, maman aussi ? Elle n’y est pas pour grand chose. ❞




❝ ▬  Elle n’a rien fait pour aller contre les rêves macabres d’Alanig. Selon les lois qui régissent la caravane, elle est aussi coupable que lui. N’essaie pas de les défendre, Alouarn. ❞


❝ ▬ Moi aussi je vais devoir partir ? ❞





❝ ▬  Non. Tu n’as rien à voir avec cet homme. Pourquoi cherches-tu désespérément à t’accrocher à eux ? Je te l’ai déjà dit et répété, vous n’avez rien en commun. Ne t’identifie pas à eux. Ta famille c’est Linus, et par extension, Astrid, le bébé à naitre, Asgeïrd, Béralde, et la troupe. ❞

Je regardais mes pieds, mal à l’aise. Je finis par demander :

❝ ▬ Ca veut dire que je n’ai pas de papa et de maman ? Mais c’est triste tout ça ! ❞




❝ ▬ On en parlera une autre fois, pressons-nous. Les autres vont nous attendre. ❞




Je m’assis par terre et me mis à bouder parce que, une fois de plus, ce n’était pas pareil que les autres. Linus comprit rapidement que cela me peinait grandement de devoir affronter aussi cet aspect là de ma vie. Il lança au reste du groupe :

❝ ▬ Partez devant, je vous rejoins avec Alouarn. ❞




Isa trancha :

❝ ▬ Explique lui rapidement. Nous partirons tous ensemble. Je refuse de vous laisser tous les deux sans défense. Alouarn n’est pas en mesure de se battre, et toi, tu n’as pas vraiment les compétences pour. Alanig peut bouger et attaquer à tout moment. Il a des sbires partout, et il n’hésitera pas à donner des ordres pour éliminer Alouarn. ❞

Le médecin s’agenouilla face à moi et, après avoir placé sa main sous mon menton, il exerça une pression pour relever ma tête :

❝ ▬  Mon grand, arrête de te formaliser sur ta différence. Bien sûr que tu as eu un papa et une maman, mais ce n’était pas tes parents biologiquement parlant. Enfin… Vous aviez tout de même un lien de sang puisque tes grands-parents ont rempli leur rôle. Ce n’est pas parce que se sont tes ancêtres qui t’ont élevé que tu dois te sentir différent et rejeté. Tu comprends ? Il y a plein de gens qui t’aiment pour ce que tu es, et personne ne te demande de changer. ❞

❝ ▬ Oui, mais quand même. J’en ai marre de ne pas faire pareil que les autres. Ils vont encore se moquer de moi. ❞



❝ ▬  Personne ne se moque de toi dans la troupe. Et puis, les personnes extérieures à cette dernière n’ont pas besoin de savoir ton passé et ton histoire. ❞


❝ ▬ Je le connais. Moi, tout ce que je veux, c’est arrêter d’être différent. Mon parcours, il n’est pas pareil que celui des autres, et ça fait complètement tâche. ❞


❝ ▬  Mon grand, écoute moi. C’est parce que tu es différent que je peux rester et m’occuper de toi. Ton grand-père t’a pris sous son aile parce que tu es différent. Il faut que tu en fasses une force. Il y a des jours où ça sera plus facile de l’accepter. Il ne faut pas que tu perdes de vue que c’est cette différence qui fait que nous t’aimons encore plus que la normale. Tu ne serais pas aussi mignon et inventif si tu étais comme les autres. Tu comprends ? ❞

❝ ▬ Mais… Est ce que tu m’aimes très fort ? ❞




❝ ▬  Je n’ose pas imaginer ma vie sans toi, mon grand. Tu es ma drogue, et je ne peux pas me passer de toi. Même s’il y aura beaucoup de changements dans un futur proche dans notre famille, je serais toujours là pour toi. ❞

❝ ▬ Oui, mais, est ce que tu m’aimes très fort ? ❞




❝ ▬  Oui, mon grand, je t’aime très fort. ❞





❝ ▬ Tu ne m’abandonneras pas de toute la vie, hein ? ❞




❝ ▬  Jamais. Je resterais toujours avec toi. ❞





❝ ▬ Même si la famille s’agrandit ? ❞





❝ ▬ Oui. Ca ne changera rien à mon amour pour toi. Est ce que tu es rassuré ? ❞




❝ ▬ Hum… Un petit peu. Je me sens plus fort pour aller affronter Alanig et sa femme. ❞




Il m’aida à me relever et la petite compagnie que nous étions se dirigea vers l’usine désaffectée. Le capitaine Le Bourhis avait donné des ordres et des miliciens du conseil prirent aussi la même direction que nous. Ils seraient là par pure précaution. Il allait de soit qu’Alanig serait arrêté dés que la cérémonie toucherait à sa fin. Il était hors de question pour le conseil de le laisser filer. Je trottinais tranquillement devant les devantures des magasins, m’arrêtant souvent pour regarder ce que les commerçants exposaient. Si ça ne tenait qu’à moi, et si j’avais beaucoup de jewels, je m’achèterais beaucoup de petites babioles pour décorer la caravane. Le capitaine Le Bourhis commença à perdre patience : il invita donc Isa à presser la petite troupe. Comme beaucoup de monde, il voulait que tout ceci cesse le plus rapidement possible.

Nous arrivâmes à proximité de l’usine désaffectée. Je reniflais bruyamment, et me mis à jouer avec les deux ficelles de mon haut. L’angoisse commençait doucement à monter, et les voix se mirent à murmurer dans ma tête. C’était souvent ainsi : lorsque les tourments ou l’anxiété devenaient trop intenses, je n’arrivais plus à gérer quoi que se soit. Toutefois, le médicament que m’avait donné Linus agissait et bientôt, il ne resta plus que mes inquiétudes. Je me grattais la tête : je ne voulais pas trop être courageux. Je ne voulais pas affronter le regard d’Alanig. Est ce que sa femme sera là ? Je ne saurais dire. Je finis par demander :

❝ ▬ Loin de moi l’idée d’être défaitiste, mais, quel est le plan pour approcher du nécromancien ? Il ne doit certainement pas être seul à l’intérieur et il fera tout pour empêcher le bon déroulement de la cérémonie. Et ma tête refuse de réfléchir. Grand frère, je crois que les ombres vont revenir pour m’enlever à toi. Il faut faire vite. ❞

Le médecin vint se placer à côté de moi, et me prit doucement par la taille. Je me laissais faire. Les comédiens commençaient à affluer vers l’usine. Toute cette foule m’affolait un peu. Linus me tendit un mouchoir lorsqu’il constata que j’allais me moucher dans ma manche. Je soufflais et il m’enleva le fichu avant que je puisse faire des commentaires sur la morve qui s’y trouvait. J’avais hâte que toute cette histoire se termine. Je ne voulais plus avoir à faire à de telles immondices. Je toussais avant de proposer :

❝ ▬ Peut-être que je pourrais jouer l’appât le temps que tout le monde se mette en place, qu’est ce que vous en pensez ? ❞






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