Ce ciel bleu... Il me donne envie de voler ! Je tends la main vers lui, essayant de l’attraper. Ne le pouvant pas, je referme mon poing et ramène mon bras au côté de mon corps allongé. Je suis sur un toit, au dessus de toute la foule. Le monde est si vaste et, pourtant, il y a beaucoup de personnes ici. Pourquoi ? J’en sais rien et je ne veux pas le savoir ! Je vois même pas pourquoi je me suis posée cette question ! Je me relève doucement, encore un peu assommée par le fait que je sois restée si longtemps allongée. Je reste un peu assise, jambes à moitié écart, mes mains posées au sol devant mon corps. Je tends mon visage vers le soleil et reste ainsi plusieurs minutes. Bientôt, il va me falloir retourner au milieu de cette foule si étrange. Toutes ces personnes sont-elles réellement humaines ? Comment font-elles pour se croiser et arriver à ne pas se bousculer dans si peu d’espace ? Moi, je ne pourrais pas y arriver. Sachant ce qui m’attend en bas, c'est-à-dire le bain de foule, je descends lentement de tuile en tuile. Arrivée en bas, je quitte la petite ruelle pour m’engager dans la grande place centrale. J’inspire, expire, et me lance donc à la conquête de cet endroit si dangereux pour moi.

Prudemment, sans gestes brusques, je marche en scrutant les gens. On ne fait pas attention à moi, ce qui m’arrange au premier abord. Sans trop savoir où je vais, je pose mes pieds au sol, l’un après l’autre. Je capte quelques regards qui se posent sur moi sans m’accorder trop d’importance. On me prend pour une adolescente normale. Je rentre ma tête dans mes épaules et marche le regard baissé au sol. Je déteste les foules dans ce genre ! On vous observe, on vous bouscule, on ne s’excuse même pas... Et le bruit qu’ils font... N’en parlons pas ! Ce que ces humains sont étranges ! Je lance quelques petits regards et continue de marcher tout en faisant attention à moi. Je me dirige donc vers un bar quelconque, le premier qui tombe sous mon regard en réalité. Je m’assois sur ce que l’on appelle communément la terrasse. D’ailleurs, je trouve cette appellation totalement inutile car une terrasse est un lieu situé en hauteur... Un serveur vient me voir, mais je le rejette car je n’ai pas besoin de lui.

J’ai juste envie de regarder passer ces humains ordinaires, ces êtres si étranges. Ils marchent à vitesses différentes, ne se regardent même pas. Pour la plus part, ils ne se reverront jamais. C’est idiot, tout cela. Tandis que j’observe ces marcheurs, j’écoute distraitement ce qu’il se passe. Le temps s’écoule lentement et je commence à m’ennuyer ferme. Alors que je m’apprête à partir, j’entends une musique résonner dans le bar. Je ne me tourne pas et me contente d’écouter. Tous les clients partent au fur et à mesure. D’ailleurs, je ne les comprends pas, cette musique est très bien ! Après tout, s’ils n’ont pas de goût... Quelques minutes plus tard un homme sort. Il a la vingtaine et il a un accoutrement... Bizarre. Enfin, bizarre pour les ordinaires. Je le trouve classe. Je m’appuie sur ma main et le fixe longuement. Il est grand, vraiment musclé et porte de longs cheveux noirs semblables à une crinière. Il a l’allure d’un chef mais je ne voudrais pas me battre contre lui.

Je me lève et tente de le suivre mais je perds rapidement sa trace. Je me décide alors sur le fait de retourner à la guilde. Bien que je n’aie pas d’appartement à moi, je loge là-bas. Mais je n’ai presque plus d’argent pour m’acheter à manger. Il va falloir que je prenne une mission. Je marche en sautillant en direction de la guilde. Il me faut quelques minutes pour arriver à passer au travers de toutes ces personnes. Lorsque j’arrive enfin à passer, je m’éloigne un peu de ma démarche toujours aussi sautillante. Alors que je fais abstraction du monde extérieur, je sens qu’on s’accroche dans mes pattes. Ou, du moins, que je me prends mes pieds. Je m’étale au sol avec autant de grâce qu’une chenille qui tente d’avancer le plus vite possible... Autrement dit, je me prends le sol avec très peu de douceur et de beauté. Je me mets à genoux, replace correctement ma jupe en jean blanche, mon long pull de laine marron et mon échappe rose et blanche. Je vérifie que tout soit correctement à sa place avant de me relever en espérant que l’on ne m’a pas vue. Malheureusement pour moi, l’homme de tout à l’heure est présent. Je l’observe quelques secondes et voit qu’il a un tatouage de Fairy Tail sur l’un de ses bras. Je lui saute au cou, toute heureuse. Enfin une personne classe et normale dans cette guilde !

« B’jour, Monsieur-kun ! T’es vraiment normal, tu sais ! Avec tous ces gens bizarres... Je commençais à douter ! »

Je le lâche et sautille sur place, toute heureuse. Ma voix résonne, aigüe, carillonnante. Elle ressemble un peu à celle des oiseaux qui chantent ou à la teinte pure d’un cristal qu’on effleure d’une pointe de verre. C’est la première fois que je parle depuis que j’ai perdu mes parents, cela prouve que je l’apprécie beaucoup.

« Dit-moi, t’es vraiment de Fairy Tail ? Demandai-je en touchant son tatouage. Waouh ! Tu sais qu’on est dans la même guilde, hein ?! »

Je tape dans mes mains et lui sourit de mon habituel sourire si naïf et innocent.