Reniée de tous, ignorée de mon sort, c'est aujourd'hui que je pouvais choisir le tournant de ma vie. J'ai longtemps réfléchi comment donner un sens à ma vie maintenant qu'elle avait été piétinée, déchirée, balayée et j'en ai conclus que je devais trouver une porte de sortie. Chassant rêves et chimères je suis venue ici avec l'infime espoir que toutes ces coïncidences n'existent pas pour rien. Yoan, je te souhaite ici. Et même si tu n'es pas là j'espère qu'en suivant ton passé je puisse te rapprocher. Il y a de ça 6 ans que je te crois mort mais rien jusque là m'a prouvé que tu n'étais plus là. J'obtiendrais les indices qu'il me faut pour prouver que tu es toujours là, je te veux auprès de moi Yoan pour me dire que je ne suis pas seule. J'ai juste besoin de compagnie et oublier ces instants éphémères de la vie, seul toi m'a fait me sentir vivante durant un temps éternel. Tu es mes racines, ma famille que j'adore le plus et j'ai besoin de toi.

Je m'avance et m'installe sur le toit d'un bâtiment situé en hauteur. Attendant que quelqu'un remarque ma présence et, les yeux clos, je chantonne une chanson dans ma tête. Tu l'as déjà entendu, Conseil. Tu l'as déjà entendu, Ethan. Vous tous, vous l'avez déjà tous entendue lorsque les oiseaux de la forêt de Shirotsume répétaient ses sons, lorsque le vent les a portés jusqu'au sud de Fiore. Ma solitude, je la chante en espérant que cela me ramène mon frère. Mes mains caressent ma harpe attendant patiemment qu'on la sollicite. L'instrument dorée luit sous la lumière du matin et attise les regards qui pourraient l'apercevoir depuis bien plus loin, seulement elle n'émet aucun son. Elle attend, j'attends, je suis seulement là pour qu'on vienne me chercher et qu'on m'emmène au plus loin que l'on puisse m'emmener. Ajatar, emmène-moi avec toi et je te serai redevable, je serai ton arme s'il le faut, je serai ton pion s'il le faut, cela m'est égal mais je veux voyager.

Le vent porte mes cheveux qui semblent si fins, caresse mes paupières toujours closes, glisse entre la courbe de mes lèvres dessinant un semblant de sourire, un semblant de joie tandis que la tristesse faisait place depuis tant de temps. C'est ce masque que j'ai appris a sculpter sur mon visage, celui de la quiétude si parfaitement imité que quiconque ne pourrait y percevoir le mensonge.

Levant les yeux face au soleil, Teneo battit des paupières à plusieurs reprises. En d'autres circonstances, la ville seraient en train de doucement s'éveiller, profitant de cette matinée ensoleillée en envahissant les boulangeries les plus proches. En d'autres circonstances. Ajatar Virke avait troublé cette paix pantouflarde, posant des bombes un peu partout dans le centre de Fiore, autour d'Era. Teneo s'était rendu sur place, pas seulement parce qu'Obaba l'avait ordonné -quoique, il n'aurait pas eu le choix de toute façon- mais tout simplement parce que la simple idée de laisser ces crevures tuer autant d'innocents le rendait malade. Enfin, ces crevures... En pensant à Ajatar Virke, il préférait éviter de penser à Oméa, Damaz et Zadig. D'abord parce qu'il n'avait aucune envie de les affronter à l'heure actuelle, ensuite et surtout parce qu'il avait du mal à imaginer un chat capable d'uriner sur les cuisses du roi faire exploser une ville entière. La perspective le dérangeait, tout simplement.

Il avait longtemps arpenté les rues pavées, aidant quelques civils retardataires à évacuer, relevant un enfant ici, portant des paquetages là, quand un éclat doré lui frappa l'œil droit. Il se retourna vers sa source. Une jeune femme. Sur un toit. Classique. Y a que les méchants pour se poster sur les toits. Il plissa les yeux et posa sa main droite dans son dos, prêt à invoquer une arme. Il canalisa sa magie un instant.

"Excusez-moi, mademoiselle ? C'est dangereux, partez. Ou bien je devrais vous considérer comme une criminelle à abattre."

Sans vraiment lui laisser le temps de répondre, il se jeta d'une roulade dans la maison la plus proche et monta à l'étage. Se plaçant accroupi, il invoqua ses Crystal Pistols et jeta un œil par une fenêtre, tâchant de la garder en vue.

Destruction centrale, ~ 10h20 / Messe ~

Rhynal, c'avait toujours été la dernière ville avant de désert. Rhynal, c'avait toujours été une ville prospère, dont la plupart des marchands ou acheteurs étaient des nomades du désert... ou des personne de son village. Rhynal, Elle connaissait. Mais c'était l'ancienne Rhynal que la Faucheuse connaissait... La ville vaut changer, des bombes avaient été installées, des ennemis avaient été aperçus. Une occasion en or de prouver au Conseil dans quel camp elle était. Rhynal avait peut être changée, mais ce n'était pour ma joueuse qu'une évolution du terrain, et les ennemis, des pions entre ses mains...

♦

La mage marchait tranquillement dans les rues de cette ancienne ville marchande, ne faisant attention à personne. Elle se faufilait efficacement au travers de la foule, sûrement grave à sa gigantesque faux chaînée qui ornait son dos. Et à chaque regard, à chaque murmure à son propos, son doux visage de porcelaine durcissait.
Arrivant dans une ruelle étroite, comme pour fuir les mécréantes insultes à son égard, elle la vit, cette annonce, cette affiche. Elle était toujours considérée comme la tueuse, et avait une prime sur sa tête. D'un geste frustré, elle déchira l'affiche et rabattit sa capuche aussi noire que sa robe, dissimulant une partie de son visage.

J'étais presque une ombre menaçant la lumière, j'étais cet obstacle que tout le monde évitait. Je faisais peur, alors que je ne le voulais pas. Lorsque la petite fille perdit sa poupée, je m'empressai de la lui rendre, pour qu'elle me crache dessus en me tirant la langue. Et tout le monde huaient. J'étais, pour eux, une des malveillantes personnes venues faire exploser la ville..

Arrivant dans une allée en même temps qu'un autre individu, elle ne pouvait cependant être vue, car le jour sur le noir était imperceptible.
Le jeune homme lança quelques chose, une réplique assez directe, à un toit, ou, plus précisément, à une femme sur un toit.

Qui étaient ils ? Ils semblaient ennemis, donc l'un d'entre eux devait forcément être de mèche avec Ajatar Virke. Le garçon était suspect pour sa façon extrêmement rapide de classer cette belle dame parmi les criminelles, mais de son côté, cette femme était immobile, comme contemplant une œuvre. Elle ne semblait pas vouloir aider qui que ce soit.
La probabilité qu'elle soit avec Ajatar s'estimait à, selon mes calculs rapides, 46 %. 43 % qu'elle ne soit pas de cette guilde, et 11 % qu'elle soit là pour une autre raison.
L'homme quant à lui, avait plutôt un pourcentage bipolaire. Et, qui plus est, il était de 50/50. La décision d'en aider un était difficile, je ne pouvait être sûre de rien. Mais en combinant les chances de ne pas être parmi les monstres voulant détruire Fiore, le garçon l'emportait. Il fallait que je l'aide. Ou que je regarde...

Un bruit plaintif survint, celui du métal s'enroulant tel une chaîne d'acier, autour de l'une des poutres du toit de ce bâtiment, dans lequel se trouvait le blond. Et Orihime pût se hisser et passer par la fenêtre, pour rembobiner la chaîne de son arme et sourire, s'inclinant respectueusement.
- Ne vous attardez pas sur ce genre de question monsieur, elle n'a que 43% de probabilité de ne pas être une ennemie, et cette statistique diminue au fil du temps, sa réponse se faisant toujours attendre. Alors, si, comme je le suppose, vous êtes là pour empêcher cette ville d'exploser, ne vous cachez pas.
Un rictus d'amusement apparut sur les lèvres de la douce, qui, d'un coup extrêmement vif, dégaina Dead Scythe, la géante faux, pour découper le mur et faire s'effondrer le plan du mur. Teneo était à découvert, elle aussi...
- Attaquez, monsieur le tireur. fit elle avec une courbette.

Cachette disparue, Orihime et Teneo se retrouvait comme devant elle, devant Olivia...

Le Jeu pouvait enfin commencer...

© Jawilsia sur Never Utopia

NOTES:

Les yeux clos, mon épaule sent qu'on la touche et je ne réponds pas. Ce n'est pas la nature, la nature est plus douce, là il s'agit d'un humain, un homme dont la voix et les mots n'apportent guère de nom. Un inconnu, un ordre, une menace. La curiosité me pousse alors à me tourner pour identifier le visage de mon ravisseur. Oui, il m'a kidnappé de ma quiétude et ce, juste pour la satisfaction de sa conscience. Il a peur, peur que je sois quelqu'un de mal et il a peut-être raison, j'aurai pu l'être avec une présentation aussi peu amicale mais je ne fais rien, je ne fais que baisser les yeux et acquiescer. Le regard similaire à celui d'un chien apeuré, je lui souhaite une bonne journée juste avant qu'il ne se retourne et parte en vitesse.

Hésitation entre la révolte et la quête d'une nouvelle quiétude, je range ma harpe sur mon dos et admire le ciel une dernière fois. Pourquoi les gens doutent sur ma sincérité ? Je ne suis qu'une artiste à la recherche de nouveaux tableaux, de nouveaux horizons à ma vie et voilà que l'on me prend presque pour une criminelle. J'étais une mage légale, vous savez ? J'étais tout ce qu'il y a de plus honnête en ce monde, j'étais une néophyte, une partisane de l'altruisme le plus bénévole et je continuerais encore si cela ne tenait qu'à moi mais on m'a tout retiré, allez savoir pourquoi. Et maintenant que je ne suis qu'une femme, je doute encore de mon statut de mage, les gens ne voient en moi que le mal qui me ronge et voient une révolte. Et pourtant j'ai longtemps lutté pour que les gens appaisent leurs colères lorsque je croisais des mages qui ont connu la souffrance, Apocalius, Amaterasu, .... Mais il faut croire qu'en essayant de la vaincre elle a triomphé d'eux. Cependant même si je ne suis pas la plus forte physiquement, je pense pouvoir endurer toute cette haine qui pourrait naître en moi, mais tout ce que je veux : c'est retrouver mon frère. J'aurais pu expliquer cela à ce fameux inconnu qui m'a demandé de partir mais il avait l'air tellement peu intéressé que même en lui disant que j'étais la reine de Fiore et que je souhaitais rester ici il m'aurait égorgée sur place...

Soudain le bâtiment me faisant dos s'écroule à un niveau et je me retourne en vitesse pour voir ce qu'il se passe. Paniquée, je reconnais la chevelure blonde de l'homme qui m'a accosté et il m'a pour cible dans ce qu'il semble être ses armes. Je réfléchis alors : si je cours, il me tire dessus car il croira que je fuis. En vérité je veux fuir parce qu'on me vise... enfin, je décide de m'asseoir sur un banc et de réagir comme si rien ne s'était passé. Assise, il ne me voit sûrement plus, mais il entend, il entend les sons de ma harpe naître petit à petit et s'enchainer en une musique douce et légère. Cela attirera sûrement quelqu'un mais quitte à ce que ce soit un criminel ou un mage, il aura sûrement pitié d'une femme jugée bien trop vite par deux incompétents.

[justify]Il avait beau y réfléchir, Teneo ne savait pas vraiment ce à quoi il s’attendait à l’origine en venant à Rhynal. Bien sûr, il voulait aider, mais à quoi, au fond ? A enfoncer encore plus dans la haine les membres d’Ajatar Virke ? A protéger les biens matériels de civils pour la plupart déjà enfuis ? Il en venait de plus en plus à se dire qu’il était venu dans un but plus égoïste. Des réponses, des indices. Une puissance supérieure qui pourrait lui dire quoi faire. Fuir Lamia Scale et rejoindre Enya ? Faire face à Enya, ou plutôt mourir en essayant ? Les questions le taraudaient, le perturbaient de plus en plus. Il ne savait ni ce qu’il voulait, ni ce qu’il devait faire. Si une voix au fond de lui lui intimait de rester loyal à la guilde de la femme-serpent, la guilde qui l’avait accueilli près de douze ans plus tôt, il ne pouvait ignorer le petit démon qui s’opposait à cet ange-là. Il s’ennuyait ferme. Il n’avait aucune motivation. Il n’était pas comme tous ces mages naturellement super doués, qui se battaient pour atteindre un but, se venger de quelqu’un qui avait détruit leur enfance, devenir plus forts que leurs maîtres… Lui, son but, il l’avait déjà atteint. Et plus ou moins à leur âge. Il avait tué le Général, avait fui Pergrande… Et quoi, maintenant ? Il végétait dans une guilde d’un tout autre niveau que le sien, et il avait la prétention de tenter de contrecarrer un plan qui le dépassait, et de loin ? Il se mordit la lèvre pour se ramener à la réalité. Perdu dans ses pensées, il avait loupé un épisode. Et pas n’importe lequel.

Clignant des yeux, il ne réalisa que très vaguement que c’était bel et bien une frêle jeune femme qui avait littéralement découpé comme du beurre le mur qui le gardait à l’abri. Et lui intimait de tirer. Avant même que son instinct n’ait pu lui conseiller de se reculer et de se préparer à affronter cette gamine, sa fierté avait déjà commencé à hurler. Elle se prenait pour qui, celle-là ? S’il se mettait en position d’attaque, c’était peut-être justement pour ça, non ? Manifestement, il n’avait pas affaire à quelqu’un de très expérimenté en matière de zones litigieuses. Ou à une chieuse de première catégorie qui avait déclaré qu’il devrait se battre à découvert. Au choix. Peut-être même les deux, en fait. Pendant ce temps, la mystérieuse musicienne, plutôt que de se défendre, que ce soit verbalement ou magiquement, était tranquillement descendue jusqu’à un banc en contrebas, jouant doucement de sa harpe. Des mages faisant appel au son, Teneo en avait déjà rencontrés, et ce n’étaient pas ses préférés, comme adversaires. Loin de là même. Cependant, cette musique-là n’avait pas l’air chargée en magie. Et si elle l’était, c’était trop subtil pour qu’il puisse le parer de toute façon.

“Ok, là ça devient ridicule.”

Rangeant ses Crystal Pistols dans la dimension d’où ils venaient, il enjamba le peu de mur qui restait après le passage de la tarée avec une faux et, se réceptionnant sur une charette vide laissée là, il descendit simplement pour faire face à la tarée avec une harpe. Il s’assit simplement sur le muret d’une fontaine, se plaçant à sa hauteur tout en gardant la raisonnable distance d’environ cinq mètres. On aurait déjà vu face à face plus intime, mais tant pis.

“En raison de la stupidité consternante dont nous venons tous de faire preuve, je propose de recommencer depuis le début, et avec les bonnes manières. Une attaque terroriste se dirige par ici, on est tous à cran, ça arrive. Bref. Je m’appelle Teneo Bluespringer, j’appartiens à la guilde Lamia Scale. J’utilise une magie de ré-équipement, centrée autour des armes à feu -plus vous en saurez, plus il vous sera aisé de me faire confiance, pas vrai ? Si je suis ici, c’est pour tenter à ma petite échelle de stopper la tentative de faire exploser le centre de Fiore. Et vous ?”

Ces derniers mots, prononcés plus fort, s’adressaient autant à la musicienne qu’à l’autre psychopathe faucheuse, qu’il avait perdue de vue. En espérant que les deux jouent le jeu. Si elles le jouaient pas et l’attaquaient… Eh bah, il allait prendre cher. Mais il avait de toutes façons déjà vu pire.[/quote]

Destruction centrale, ~ 10h20 / Messe ~

Incompétence ou folie ? Inexpérience ou désir farouche de voir du sang ? Stabilité mentale ou tragédie cognitive ?
Interpréter le geste brutal et bien trop brusque de la mage noire aux cheveux d'ébène étaient pour ces esprits méconnaissant, impossible, ou presque. Ils ne savaient pas, ils ne voyaient pas, et elle ne croyait pas. Elle n'avait pas confiance. Ses intuitions, ses pourcentages calculés en partie, imaginés selon les réponses et les gestes des deux personnes qui peuplaient désormais ce même bout de la ville qu'elle, n'étaient qu'ébauches et croquis... Il lui fallait des informations...

♦

Demander des informations ne pouvait se faire, dans le cas de la Princesse, que le plus discrètement possible, la recherche de ces secrets étant généralement considérée comme louche. Elle devait la jouer "fine", et c'est ainsi qu'elle eut cette folle idée de briser La Défense du tireur, le seul qui portait des armes et montrait de l'agressivité. Mais il avait eu un comportement auquel la Faucheuse ne s'était attendu.

Un instant je fus déboussolée. Lui qui avait été si prompt à sortir les armes, à révéler sa condition de mage, et son pseudo camp dans cette guerre contre Ajatar, comme s'il avait voulu écarter toute questions à ce sujet dès le début, le voila qu'il ne profitait pas de l'inaction horripilante de la musicienne, et préférait quitter son nid d'aigle, pour avoir une conversation plus intime, plus normale...

Orihime, qui restait pour le moment dans la cache en haut de l'immeuble, s'était rapprochée d'une ancienne fenêtre condamnée, pour avoir un meilleur visuel du couple parlant. Elle ne put entendre que quelques mots, les derniers du mage tireur, semblant vanter son "bon" côté dans cette bataille. Et elle sentit les traits de son visage se plisser lentement, doucement, faisant apparaître un petit rictus sur cette face angélique.

Le long manche de mon arme brisa les carreaux de la vitre camouflée de planches de bois devant moi, et mon talon tapa au moins trois fois ce vieux bois pourri pour le faire tomber. J'étais alors pleinement visible, et les regardais de haut.
- Comment as tu dis que tu t'appelais, tireur ? Excuse moi je n'ai pas bien entendu... Tout ce que j'ai compris est que... tu prétends vouloir sauver Rhynal, et Fiore, de la bombe.
Ne voyant aucune agressivité dans les yeux des chatons perdus en bas a parler de leurs origines, je continuai mon petit exposé.
- Cependant, tu as clairement parlé plus fort a ce moment là. Tu as voulu nous parler, tu as clairement voulu que j'entende ceci, mais qui me dit que tu ne caches pas... que vous ne cachez pas quelque chose, et qu'à la première occasion où vous serez seuls, vous ne tenterez pas de vous débarrasser de moi... ?
La question etait pertinente, je désirais une réelle réponse...

Alors que la belle en noir sentait une brise glaciale sur ses oreilles, elle s'assit sur le rebord de l'ouverture dans le mur, et ses pieds, telle une enfant ou une joueuse invétérée , se mirent à se balancer au dessus des deux zigotos.
- Alors ?

Le Jeu pouvait enfin commencer...

© Jawilsia sur Never Utopia

NOTES:

Mon appel et ma détresse, tous deux semblent avoir été invoqués de manière futile, alors que la magie apparaît de manière subtile. Mélodie ininterrompue mêlée au destin qui m'a laissé en vie pour l'accomplir, la pitié aura faite de moi l'élue de la chance, quand un oiseau passe par là et se soumet au charme de la musique qui continue de l'enivrer de ses accords. Echo résonnant dans son âme, dictant ses nouveaux principes jusqu'à ce que l'étreinte psychique disparaisse. Il s'installe sur le bord d'une fenêtre et guette les deux individus telle une statue d'ivoire. Faucon au plumage blanc dont les serres ne demandent qu'à saisir l'artefact situé dans une poche de ma robe, il patiente jusqu'à ce qu'un certain son soit perçu pour fuser vers l'inconnu et trouver qui sauvera mon sort.

Et bien que l'oiseau semble occuper le monopole de ma magie, toute mon attention reste ancrée dans la musique. Les yeux presque clos, je continue de pincer les cordes dénuées de magie puisque celle-ci réside en l'animal, légère et presque inexistante tant il est petit. Soudain le son se transforme en chant dont les paroles sont léguées par le mage aux airs brusques. Et alors que tu t'immisces dans ma bulle, le ton de la musique change. Tu sens sûrement que tu t'immisces dans ma quiétude puisque les sons se font de plus en plus graves pour masquer ta voix d'homme et donner à la situation une ambiance pesante. Périlleuse, presque monocorde et intense, la mélodie indique que tu représentes un danger. Mais cela tu le sais car tu l'as très clairement dit, tu souhaites m'abattre avant même de me connaître. Tu es mon danger. Et à ma grande surprise tes paroles ont l'air de contenir quelque chose d'intelligent cette fois.

Mes doigts se figent, la musique s'arrête et je réhausse la tête pour le regarder dans les yeux. Percevoir ce que le réceptacle a encaissé, vérifier l'authenticité de ses propos, et toujours se cacher derrière ce masque de porcelaine qu'est mon sourire mêlé à mon regard empli d'empathie. Il reflète ce que je suis mais dissimule ce que je pense. Sur un ton de désarroi je lui réponds.

De la stupidité de la part de tous ? Voilà un jugement bien hâtif comme vous en avez l'habitude de faire. Mais soit, je m'appelle Olivia Felicis. J'étais une membre d'une guilde légale jusqu'il y a peu. J'entends par là qu'elle n'existe plus. Je dis ça car je doute que vous l'auriez compris dans ce sens là, vous semblez avoir une idée déjà toute faite de moi et les hommes ont tendance à raisonner en fonction des préjugés qu'ils ont en tête. Donc non, Angel's Sky n'est pas devenu une guilde illégale, elle a juste disparu.

Mon regard vient caresser mon épaule où mon tatouage n'est désormais plus présent et cela me laisse un goût amer en bouche, déversant presque une larme capable de faire fondre le masque de l'impassibilité. Reniflant délicatement pour chasser la tristesse, je m'empresse de lui expliquer la raison de ma présence.

Mais je suis toujours une mage. Et bien que je sois une femme, que ma magie ne puisse réellement m'aider quand je suis seule, j'ai le droit de rester ici et me convaincre de mon utilité pour Fiore. Et vous vous demandez sûrement ce que je faisais sur ce toit ? Et bien... J'attendais. J'attendais qu'on vienne me chercher, qu'un combat naisse aux alentours pour en changer l'issue, j'attendais que le destin m'appelle. Mais il m'a ramené à vous et il y a sûrement une raison à cela. Ma magie est une magie de soutien et peut-être qu'en faisant équipe je pourrais me sentir utile.

Et j'entends alors des bruits de craquement vers le haut de l'immeuble. La personne que j'ai vue avec ce dénommé Teneo est restée bien sagement la où elle était et écoutait la conversation. Mais dans ces propos elle soutenait un point important. Ajatar est peut être présente parmi nous trois. Je profite de la confusion pour chercher quelque chose dans ma poche, un petit bout de papier vierge et pose ma harpe sur le banc en faisant tomber au sol le papier. Teneo regarde vers l'immeuble et ne se doutera de rien et la fille est bien trop loin pour voir quelque chose. Je m'avance alors vers la fontaine, les mains nues.

Très bien. Pour m'innocenter je me laisse à nu devant vous. Je ne peux utiliser de magie sans ma harpe. Seulement il n'existe aucun moyen de prouver ce que tu soupçonnes ou son contraire. Donc il faudra tout simplement baser notre avancée dans cette ville sur une certaine confiance tout en restant chacun sur ses gardes avec la peur de se faire trahir à n'importe quel moment. Ou bien diviser le groupe pour réduire les chances. Quelqu'un sera seul, et un groupe sera composé de deux personnes. Si nous choisissons cette dernière option, je propose qu'on tire au sort. Mais je vous laisse tout de même décider, après tout je suis peut-être d'Ajatar Virke...