Sujet: La route de tous les dangers (PV Orihime) Lun 25 Aoû - 18:07
Alouarn Grimgorson
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Titre : Incestuous People. Hmm pchhh :perv: Crédit : Yuukiel Feuille de personnage Maîtrise Magique: (5345/35000) Mérite: (216/400)
Code couleur : Alouarn : #ff9900 Linus : #ff3300
Décembre 791, Quelque part entre Harujion et Magnoria.
Trois jours. Etait-ce vraiment le temps qui s’était écoulé depuis notre départ d’Harujion ? Non, je ne pouvais croire qu’une si mauvaise étoile nous colle à la peau depuis le début de l’hiver. Le froid, qui avait tardé à venir, s’était abattu, sans crier gare, alors que les premières représentations venaient à peine de débuter. Non, non, non, les dieux n’étaient plus avec nous depuis longtemps. Et Ré, seigneur de la douce lumière du soleil, n’avait-il point entendu les plaintes de ses enfants qui, poussaient inlassablement dans les bras de la reine des neiges, mourraient de froid et de faim : nous n’étions pas préparés, non, nous n’étions vraiment pas préparés et la nourriture, déjà si rare à une telle période de l’année, avait vu ses provisions divisées par trois.
Trois jours. Et déjà plus de la moitié d’entre nous ne pouvait plus assurer leur service durant le voyage. Les deux conducteurs que devaient normalement compter chaque caravane n’étaient plus : si déjà un seul des deux arrivaient à supporter le froid de cet hiver, nous avions de la chance. Certains avaient même du prendre le commandement d’une autre caravane que la leur car leurs occupants étaient trop faibles pour être maitre de leurs chevaux. Je soupirais : assis, seul, je regardais le paysage défiler lentement. J’essayais de ne pas trop penser à Linus pour ne pas laisser l’angoisse prendre le dessus sur le peu de raison que ma schizophrénie m’avait laissé.
Les plus jeunes d’entre nous ne sentaient pas encore ce mal qui pesait sur nos têtes, telle une épée de Damoclès, perchait dans les cieux, attendant, hors de notre vue, que nous fassions le moindre faux pas. La Faucheuse n’était pas loin. Non, elle accompagnait chacun de nos pas, elle respirait le même air que nous : sa faux à la main, elle affichait ce rictus qui annonçait, pour sa personne, de très bonnes affaires. Elle allait frappée, frappée, et encore frappée. Des boules de neige volaient dans les airs : elles contrastaient avec l’humeur morose qu’affichaient les mines des adultes. Ils essayaient tant bien que mal de cacher à leurs progénitures les dures journées qui allaient s’ensuivre, mais ces derniers n’étaient pas dupes, et profitaient des quelques heures de bonheur que la terre leur offrait.
Nous entamâmes une montée qui, en temps normal, ne nous aurait pas posé de problèmes, mais avec le gel des derniers jours et l’épaisse couche de neige, nous allions avoir du mal à atteindre le sommet. La longue file de caravane s’arrêta au premier plateau qu’elle rencontra : le passage à travers les montagnes qui, d’habitude, dégagé, malgré les intempéries, était malheureusement impraticable. Il n’existait pas vraiment d’autres solutions : emprunter le chemin qui contournait ces monts dangereux serait condamné toute la troupe à mort car le voyage serait alors rallongé de plusieurs jours, et que, de ce côté-là, il n’y avait aucun village assez important pour approvisionner une troupe aussi conséquente que la mienne. Déjà que la nourriture était plus que rare, alors faire un détour, il ne fallait même pas y penser ! Il restait celui qui passait par le col et là, même les conducteurs les plus aguerris, ne tenteraient pas le diable.
Avions-nous vraiment le choix ?
Et le dernier mot revint aux Anciens. Il fut décidé qu’une première partie des roulottes traverseraient le col, avec pour seul passager, le conducteur. Ensuite, toutes les personnes, hormis les conducteurs et les caravanes du second groupe, monteront à pieds jusqu’en haut du col, et attendraient bien au chaud le reste de la troupe. Je fus attribué à la seconde unité. Moi et mes camarades ne partirons que d’ici quatre heures. La procédure voulait qu’entre chaque section, dans une situation d’urgence comme celle-là, un intervalle de deux heures entre chaque départ devait être respecté, pour être sûr que, une fois séparés, nous ne pourrions être au même moment ! C’était un procédé risqué, certes, mais qui avait fait ses preuves pendant des générations. Je croisais seulement les doigts qu’aucune embuscade ne nous soit tendu : cette solution radicale marchait à merveilles lorsque nous étions défendus par des mages de combat. Et aujourd’hui, qui nous défendait ? Personne…
Les caravanes restantes se mirent en cercle et des guetteurs furent postés à des points stratégiques. Je rentrais à l’intérieur pour prévenir Linus des dernières décisions prises. La chaleur du feu me frappa de plein fouet ainsi qu’une légère odeur que je n’eus pas de mal à reconnaître. Grand Frère avait encore bu, et pas qu’un peu lorsque je vis les bouteilles qui jonchaient le sol de la cuisine. Il s’était endormi, un verre encore à moitié plein à la main. Je soupirais et m’approchait doucement de lui. Je lui retirais son gobelet de la main et le vidais dans une bassine. J’étais un imbécile : je savais pertinemment bien que Linus avait de gros soucis avec l’alcool et je n’avais pris garde, ces derniers jours, à son état. J’aurais pu prévenir tout ça, tout ça, tout ça… Après avoir fini de vider toutes les bouteilles, je jetais le contenu de ma cuvette dehors, et fis un tour de toute la caravane pour trouver les éventuelles fioles d’alcool qu’il aurait caché. Linus était très fort à ce petit jeu. J’espérais qu’il serait en état de se déplacer dans deux heures, car il était hors de question qu’il reste dans la roulotte alors que je tenterais tant bien que mal d’arriver en un seul morceau en haut du col.
J’attendis tranquillement qu’il se réveille : ça me rendait malade de le voir dans un état pareil. J’aurais tant aimé qu’Asgeird soit là car il savait toujours comment raisonner Linus dans ces moments-là. Grand Frère ne me parlait jamais de ce qui l’avait amené à être dépendant de l’alcool. Je savais qu’il faisait tout pour arrêter, de ne pas me montrer ses faiblesses. Comme quoi, on avait tous nos propres démons. Tout en le surveillant, je lui préparais des vêtements chauds pour l’heure et demi de marche qu’il aura à faire avec les autres pour atteindre le col. Je lui mis une gourde remplit de thé brûlant et des aspirines dans le sac : je dois admettre que je ne connaissais pas grand chose aux médicaments, du coup, je m’étais référer aux couleurs qu’il y avait sur les boites, ne sachant pas trop ce que voulais dire tous ces noms scientifiques. Du coup, il se retrouva avec… avec disons, pleins de remèdes donc je ne savais pas l’utilité : il devait bien y avoir de l’aspirine dans ce que je lui avais mis.
Lorsque je redescendis, Linus était assis sur sa chaise, le regard dans le vide. Je vins m’asseoir en face de lui : j’avais bravé quelques interdits pour que Grand Frère ait ce qu’il faut pour être d’attaque pour ce qui l’attendait dehors. Je lui servis une tasse de café chaud, il voulut protester mais je ne lui laissait guère le temps de répondre : « Grand Frère, tu n’as nullement besoin de te justifier… Surtout si c’est moi ! Tu m’expliqueras quand tu te sentiras prêt ! Tu dis toi-même qu’on a le temps, toujours le temps ! » Je vins doucement caresser son visage : « Le temps, on a ! Alors bois ton café, tu vas en avoir besoin pour affronter les prochaines heures ! » Je déposais son sac à côté de lui, tout en le mettant au courant des derniers évènements. Je finis par ceci : « Je reviens d’ici une petite demi-heure, je vais vérifier les freins ! »
Et l'heure du départ des familles sonna. Alors que je rentrais pour prévenir Linus, une main, autre que la mienne ferma brusquement la porte et je sentis de puissants bras me plaquer contre le mur de l’entrée. Grand Frère, avec le temps, avait appris à encaisser de grandes quantités d’alcool. Son corps collé au mien, il me regardait droit dans les yeux, caressant doucement mon visage. Je ne lui avais pas encore avoué que j’avais couché avec Marcus, notre président du conseil magique, et pas qu’une fois, et que depuis, je percevais bien autrement le corps de Linus : cette carcasse qui avait été un de mes maîtres sexuels, m’attirait. Aujourd’hui, mes sentiments étaient divisés entre Marcus et celui que je considérais comme mon seul et unique grand frère. Il vint doucement me murmurer à l’oreille : « C’est tout à fait hors de question que tu tentes la traversée tout seul ! » Alors que je voulus à mon tour protester, il posa un doigt sur mes lèvres : « Tu n’y changeras rien, ainsi va la vie ! Ma seule raison d’être ici, c’est toi, et uniquement toi ! Et il m’est impossible de partir avec les autres, sachant que le plus dur pour toi reste encore à faire ! Ma maison c’est cette roulotte. Ma famille c’est toi. Alors ne me demande pas de partir devant. Tu auras beau invoquer toutes les raisons possibles et imaginables, ma décision est prise. »
Et c’est ainsi que la pénible montée du col commença pour l’ultime unité de la troupe. Manque de chance pour nous, la reine des neiges nous rendait la tâche encore plus pénible, aidée du vent et de ses bourrasques : on n’y voyait pas plus loin que la croupe de nos chevaux. Ça commençait à devenir très compliqué à avancer dans ces conditions. Nous avions de la chance que les premiers aient mis des lumières rouges contre les parois pour que nous puissions suivre au mieux le chemin, à flanc de falaise, sans précipiter nos caravanes une centaine de mètres plus bas. Par mesure de sécurité, nous nous étions mis d’accord de laisser approximativement six à sept mètre entre chaque caravane. Linus, à côté de moi, se mit à tousser : il n’avait rien voulu entendre lorsque je lui avais proposé de rester à l’intérieur. Le son d’une trompette retentit avant d’être englouti dans cette mélasse. J’ordonnais immédiatement à mon cheval de s’arrêter : j’eus quelques difficultés à le contrôler. Le signal d’alerte l’avait affolé, ou alors était-ce le rugissement inquiétant qui laissa planer un silence angoissant et très pesant.
J’actionnais les freins lorsque je fis que nous nous rapprochions dangereusement de la roulotte qui nous précédait. J’attachais les rennes à l’un des pommeaux qui se trouvait vers le siège du conducteur, et descendis rapidement pour calmer le cheval qui s’emballer de plus en plus. Quelques cris furent lancés et un sinistre craquement se fit entendre. Avant de m’avancer vers l’avant pour prendre des nouvelles de la tête du convoi, je calais de grosses pierres derrière chacune des roues de ma roulotte. Je pris plusieurs cordes rangeaient dans différentes caches se trouvant sur le côté et pris soin de relier chacun des points forts de la caravane aux gros anneaux de fer plantaient dans la roche : ils avaient été installés il y a quelques années déjà en vu du trop grand nombre d’accidents ayant été provoqués intentionnellement ou non sur ce col et, par un temps pareil, lorsque nous étions à l’arrêt, même pour quelques instants seulement, tous les conducteurs suivaient les consignes en accrochant avec de solides cordages leur maison itinérante et leur cheval.
Linus et moi avancions lentement et sûrement : nous dûmes faire plusieurs caravanes avant de nous retrouver en tête du convoi. L’une des roues s’était brisée et déjà quelques conducteurs s’affairaient à la réparer. Le hurlement d’une meute affamée retentit alors dans les airs. Nous devions nous dépêcher : une cible immobile, et une cible facile. On devait absolument organiser notre défense et gagner le plus de temps possible. Mais comment voir notre adversaire ? Certains avaient des fusils, mais il était impossible de tirer dans une purée de pois pareille. Et c’est alors qu’une énorme bête vint se jeter contre la caravane de tête et, dans un instant qui paru presque irréel, les cordes cédèrent et la roulotte se rapprocha dangereusement du bord : le cheval, mort de trouille, commença à se cabrer et le conducteur se retrouva coincé sous son habitation, alors qu’une seconde roue céda sous le poids du bois. Des tirs furent lancés à l’aveuglette mais cela n’empêcha pas les loups de lancer une seconde attaque. Cette suite d’évènements n’était rien, absolument rien comparé à ce qui s’annonçait ! Les bruits, les secousses, la neige… J’eus juste le temps d’hurler : « Tous contre la paroi ! », et de plaquer Linus contre cette dernière qu’une avalanche nous tomba dessus, sans crier gare ! Vu les sons insupportables qui l’avaient précédé, il y avait peu de chance que mes camarades aient entendu ma mise en garde…
Je ne sais pas si nous pûmes dire que nous avions eu de la chance : lorsque nous fîmes rapidement le point, il se trouva que notre nombre avait été réduits de moitié (bien que nous n’étions pas nombreux à la base dans ce troisième groupe), nous n’avions plus assez de chevaux pour tirer les roulottes encore debout, et plus aucunes ne pouvaient rouler pour le moment. Certaines avaient été précipitées dans le vide, d’autres avaient été réduites en miettes par la neige. Nous étions dans la merde. Je sentis l’angoisse m’envahir. Le temps que l’avant-garde se rende compte que l’arrière-garde avait eu un problème, nous serions tous morts de froid. Il fallait absolument dégager les caravanes en meilleur état pour se mettre à l’abri. Ensuite, on se relaiera pour dégager le plus rapidement possible la voix : en espérant que la montagne ne se mette pas de nouveau en colère et ne nous renvoie pas une seconde avalanche sur la gueule. Des loups ? Nous n’en avions pas vu depuis l’éboulement, mais nous nous devions d’être prudents, si certains d’entre nous avaient pu survivre à ça, pourquoi pas ces bêtes affamées ?
Il ne fallait pas penser, pas réfléchir, il fallait juste garder en tête l’idée d’avancer. Tenir, il fallait tenir… Par chance, la notre avait tenu face aux colères de la nature.
Sujet: Re: La route de tous les dangers (PV Orihime) Mer 27 Aoû - 4:10
Orihime Katsura
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Titre : Attaque bébéfaceporte ! Crédit : Yuukiël Feuille de personnage Maîtrise Magique: (4400/35000) Mérite: (150/160)
Course poursuite dans la neige,La fureur des Loups et la douceur de la jumelle
Le climat... Personne ne peut le contrôler, personne ne peut l'apaiser... C'est comme une force suprême, prête à se déverser sur toi en un éclair, prête à devenir ton pire cauchemar, comme ton salut. Oui, le climat... Oui, il tue, par les rudes tempêtes de sables comme de neige, par les intempéries funestes, ou les sécheresse insurmontable... C'est sans aucun doute l'une des forces de la nature les plus puissantes, qu'il amène le bonheur ou le malheur...
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Malheureusement, ce jour là, le 03 décembre X791, l'intéressé décida de la seconde option, et le col de la montagne fut atteint par le brouillard glacial, et les violentes chutes de neige. C'était comme un désert blanc... Un désert froid... Un désert sans couleur et sans vie... Sauf une... La dite vie, en manteau noir, orné d'une fourrure aux extrémités, en leggins de cette même couleur, et en bottes fourrées s'adaptant parfaitement avec cette tenue, tentait désespérément de rejoindre Magnoria, prochaine étape de son long voyage. Cependant, à peine était elle arrivée à mi chemin du haut du passage dans la montagne que le vent s'était levé. Et après une chute à terre et une roulade de plusieurs mètres dans la poudreuse, elle tomba nez à nez avec un museau.
Je ne vis rien. Rien à part le blanc de la montagne qui s'accompagnait de la froideur de la neige. Je déambulais de plusieurs mètres, et je ne pouvais rien faire. J'avais mal, mes muscles semblaient engourdis, et même, gelés. Je ne pouvais rien faire... Et là, tout s'arrêta, provoquant un choc lourd. Je ne sais plus si à ce moment je savais ce qui allait se passer par la suite...
Un pas rapide s'enfonça dans l'épaisseur de la neige, aussitôt suivi d'un deuxième, et d'un troisième. Elle courait. Dans cette épaisse couche de neige, elle courait, se hâtant pour échapper à la meute féroce derrière elle, tandis que le loup qu'elle avait heurté tentait de l'attraper, aidé de ses frères... Et dans cette poudreuse, par ce climat, elle perdait du terrain, tandis que les animaux en gagnaient... Soudain, une bosse se dressa sur le chemin de la fuyarde, et, pensant l'éviter en sautant, elle finit par dévaler une petite pente, et elle tomba la tête la première dans la neige. La plupart des loups, les plus rapides, sautèrent également et la doublèrent, s'enfonçant aveuglément dans la brume glaciale...
C'était comme un cauchemar, une frayeur devenue réalité. Lorsque mon regard s'est porté sur ce museau, j'ai vu l'animal. Je l'avais percuté, et j'étais devenu une proie. Bien sûr, habituellement, un canidé ne me pose pas de problème, étant une combattante aguerrie avec Dead Scythe, mais dans ma position, une main au ventre, et ensevelie à moitié, je ne pouvais rien faire... Surtout qu'il n'était pas seul, l'animal...
Les bêtes parties devant arrivèrent sur la route gelée, et, après avoir cogné l'une des caravanes qui passaient par là, décidèrent de changer de cible, laissant la jeune mage derrière. Ainsi, les dix loups partis devant formèrent tout d'abord un cercle, afin de se protéger des éventuelles ripostes, avant de s'éparpiller vers les festivaliers. Parmi les coups de feu qui s'en suivirent, en réponse, trois des dix loups succombèrent, et les autres ne purent toucher les hommes, que l'avalanche les recouvraient presque tous. Après cet incident, deux loups arrivèrent à remonter à la surface de la neige, mais l'un d'eux glissa au moment d'attaquer, et tomba dans le vide. Le deuxième loup, celui qui avait été percuté par la jeune fille, grogna vers les voyageurs, en particulier celui aux cheveux rouges, avant d'être écrasé par Orihime, tombant sur lui après une deuxième course effrénée.
Après que ces loups me perdirent, je tentai de me relever, la neige recouvrant mon visage me le gelant. Puis, après m'être mise debout, je me décidai à retrouver le chemin dans la montagne, me permettant de rejoindre au plus vite Magnoria, surtout que mon corps était complètement gelé, mais je commis une erreur. Je fis l'erreur de me penser hors de danger. A peine relevai-je la tête que l'un de ces prédateur me sauta dessus. Je me souviens parfaitement de la suite. J'attrapai sa gueule grande ouverte avec mes mains gantés, me les perçant au passage, et je le fis basculer sur le côté, avant d'apercevoir le reste de la meute. Je pris alors les jambes à mon cou, m'enfonçant toujours plus loin dans la neige, avant d'entendre le bruit d'une avalanche. Paniquée, je parvins à m'abriter avec deux des loups, qui, étrangement, sûrement par instinct de survie, ne m'attaquèrent pas durant la chute de neige. Mais cela ne dura pas. Ils se relancèrent à mes trousses, en oubliant leur camarades qui émergeaient lentement, pour les survivants, de la couche supplémentaire de poudreuse. Et, courant à en perdre le souffle, malgré l'épaisseur de la neige, j'arrivai vers une autre route... en trébuchant sur une pierre gelée. Je finis sur l'un des loups, lui même à terre par cette "attaque surprise".
Les deux poursuivants de la jeune femme arrivèrent entre elle et les hommes des caravanes. Ils se regardèrent un instant, avant de se séparer. L'un se tourna donc vers Alouarn, Linus et les autres, tandis que l'autre se dirigea vers Orihime qui se relevait à peine de sa chute sur le canidé. Celui qu'elle avait écrasé aussi commençait à se relever. Elle semblait apeurée, son visage ne montrant que cette peur qu'elle ressentait en ce moment. Elle reculait doucement, une main encore accrochée à son ventre qui lui faisait de plus en plus mal. Oui, elle avait mal, et ce n'était pas rien... Sous son manteau, sous son tee-shirt, avait une grande et fine entaille, partant de sous les côtes droites, et se prolongeant jusqu'au milieu du ventre, obliquement, vers sa poitrine. Son visage commençait à parfaitement exprimer cette vive douleur qui prenait de plus en plus d'ampleur, et l'un des loups attaqua.
Oui... Cette blessure, je ne me rappelle pas exactement de sa cause, mais je sais qu'il me fallut des jours pour m'en remettre complètement. Je crois qu'elle fut provoquée par ma chute sur le mâle que j'avais percuté. Par contre, étaient - ce ses griffes ou des dents, ou encore une roche au sol, je n'en savais rien, et, aujourd'hui encore, je n'en sais rien. Quoi qu'il en soit, avec une main collée au ventre, le froid, la peur, et la douleur, je ne pouvais rien faire, sinon reculer. Et lorsque le canidé sauta vers moi, mon pied se déplaça rapidement vers l'arrière... trop vers l'arrière, et mon corps bascula dans le vide...
Le loup en face d'Alouarn et de ses compagnons grognait lentement, avançant prudemment. Il était seul, mais intelligent, et sûrement expérimenté, au vu de sa façon de regarder et d'analyser les proies humaines. Bien que seul, il représentait une vive menace pour ces jeunes gens, sans compter les quatre loups qui le rejoignirent, se positionnant à ses côtés. C'était ainsi la moitié d'une dizaine de prédateurs qui s'avançaient doucement vers l'homme aux cheveux d'argents et son petit frère, et son groupe... Le premier loup, en effet, visa Linus Baxter, et ses crocs se rapprochèrent rapidement de ce dernier. Un deuxième sauta férocement sur Alouarn Grimgorson, tandis deux des trois derniers cherchèrent d'autres cibles. Celui qui restait veillait, ne voulant apparemment pas trop s'approcher, et devait sans doute être la "roue de secours" du groupe. Il finit par s'avancer, lentement, furtivement, de l'homme au longs cheveux rouges, et s'apprêtait à le mordre à la jambe gauche lorsqu'un cri féminin et aigu survint, le stoppant net.
Le réflexe de quelqu'un qui tombe dans le vide, n'est il pas de se rattraper ? Si ? Alors oui, c'est ce que j'avais fait, mais je dus utiliser mes deux mains, pour agripper cette prise naturelle et froide. Et, par la gravité, et la vitesse initiale avec laquelle j'étais tombée, mon corps s'étira complètement, et mon entaille s'ouvrit rapidement. Ainsi, si mon premier cri était de peur, mon deuxième était de douleur. La souffrance était telle que par deux fois, je faillis perdre la vie en voulant m'agripper le ventre. Pourquoi mourir, me direz vous ? Tout simplement parce que ce creux dans la montagne, formant ma "prise" était verglacé, et qu'il me fallait donc mes deux mains pour ne pas tomber. Et, pour ne rien arranger, j'avais toujours un loup qui, en sécurité, les quatre pattes sur la route gelée, tentait de me griffer dès que j'essayais de remonter.
L'attaquant qui avait sauté sur Orihime, lorsqu'elle tomba, ne trouva plus aucun obstacle à son magnifique saut, et chuta dans le vide. Mais le deuxième, bien plus intelligent, attendait, à la manière d'un ours pêcheur, que sa proie tente de remonter, pour l'atteindre. Et il fut bientôt aidé de deux autres loups, qui avaient quittés Alouarn et ses amis. De plus, la prise glissante de la jeune fille lâchait, et elle semblait proche du grand saut...
Que dire de cette... désastreuse expérience ? J'étais tremblante, fixée par trois loups, en train de m'agripper à une prise verglacée qui m'empêchait de soulager ma blessure trop importante, et qui menaçait de casser... Et, je pleurais... Je me souviens de cette froideur qu'avaient mes larmes, à cause du froid. Je me rappelle de leur chemin jusqu'au bas de mon visage, plongeant ensuite dans le vide. Je ne voulais pas finir comme ceci... Je me rappelle... Mes pensées étaient pour toi... Comme si je savais que j'allais mourir, même en ne le voulant pas... Et je crois même que quelques mots sortirent de ma bouche, tel un murmure...
- Hinako... Je... Je ne vais peut être pas... pouvoir te re..trouver... J'espère... J'espère seulement que... que tu es en vie... et... heu..reuse... Tels furent les chuchotements, tel un dernier soupir, une dernière parole, avant que la mort la prenne. Elle était en larme, mais sentant son heure arriver, elle avait décidé de bénir sa sœur...
Oui, je crois que je ne pensais plus qu'à toi, Hinako, en cet instant... Je te souhaitais de vivre pour moi, si je trépassais... Je te souhaitais d'être heureuse, du fond du cœur... C'était même presque comme si je souhaitais que tu ais tout oublié... Le démon, le village... et moi... Je ne voulais pas que tu perdes ta joie de vivre à cause de ma mort...
Elle pleurait, et ses yeux étaient fermés, les larmes l'empêchant de les ouvrir. Elle ne vit plus rien, se concentrant sur ses mains, mais le vide semblait l'attirer, et la prise se fissurait de plus en plus. Orihime se mordit les lèvres, avant que la prise gelée ne casse...
Sujet: Re: La route de tous les dangers (PV Orihime) Jeu 28 Aoû - 12:19
Alouarn Grimgorson
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Titre : Incestuous People. Hmm pchhh :perv: Crédit : Yuukiel Feuille de personnage Maîtrise Magique: (5345/35000) Mérite: (216/400)
Code couleur : Alouarn : #ff9900 Linus : #ff3300
L’appel du ventre… Oh ce doux chant qui met à bas bien des fratries, des familles ou même une meute entière de loups. J’étais bien loin de la vérité : si même la nature n’avait plus de quoi offrir aux bêtes de quoi se remplir la panse, l’hiver risquait d’être affreusement long cette année. Non, il ne fallait pas penser, juste avancer : c’était l’unique chance de ne pas compromettre tous nos efforts, mais aussi de garder le plus de monde en vie. Nous avions déjà assez perdu de compagnons, alors que nous venions à peine de quitter Harujion. Et il était tout à fait hors de question de retourner sur nos pas : les portes de la ville resteraient closes pour nous, quoi qu’il arrive ! La troupe pourrait se faire dévorer par des animaux, que personne ne viendrait à notre secours : les lois sont les lois, et la haine que nous portaient ceux des villes, était bien plus grande que la raison. Ils estimaient qu’ils y avait bien assez d’amuseurs : si l’une des compagnies tombait, elle serait bien vite remplacée par une autre. Nous n’étions rien, rien du tout, juste un tas de chair difforme qui amusait, au bon vouloir du peuple, la foule de spectateurs.
Un corps s’effondra non loin de là, sur l’une de ces bêtes voraces. Deux de ses compagnons arrivèrent en courant, faisant alors barrière entre la jeune fille et nous. L’un de mes camarades arma son fusil et visa : le coup parti avant même que je ne pus lui dire quoi que se soit. La montagne se mit à gronder de nouveau, mais la neige resta en place : il s’en fallait de peu pour qu’une seconde avalanche ne soit déclenchée, et si cela arrivait, aucun de nous ne pourra alors raconter ces heures difficiles à nos descendants. La nature est puissante, et elle ne fait aucune différence entre ce qui est bon ou mauvais. Le canidé gisait dans une mare de sang qui colora rapidement le blanc immaculé des larmes de la reine de l’hiver.
Deux, ils n’étaient plus que deux. Faux espoir. Ils furent rapidement rejoints par quatre autres membres de leur meute, le coup de feu n’ayant pas attiré sur nous que la bienveillance destructrice de notre mère, la terre. Nous étions dans de biens mauvais draps. Enfin, façon de parler ! En comparaison aux nôtres, ces draps-là semblaient être de bien meilleure qualité puisqu’ils ne semblaient pas avoir de trous, mais ils ne pourraient sans doute ne jamais avoir cette douceur et cet amour que nous pouvions trouver dans ceux qui revêtaient nos lits, trainaient dans nos placards, habitaient dans un petit recoin de nos caravanes, enfin, de ce qu’il en restait.
Celui qui dirigeait les troupes de nos adversaires donna l’ordre de débuter l’assaut : il montra même l’exemple en sautant vers Linus, crocs et griffes dehors. Un autre suivit sa démarche, et se dirigea à grandes foulées vers ma personne. Quand aux autres, ils prirent pour cible les rares survivants de notre convoi : je sentis une vague de terreur monter au sein de nos rangs. Réagir, il fallait réagir. Les secondes semblaient durer une éternité, et c’est cette éternité qui allait faire la différence. Un cri de guerre venant de l’un des festivaliers et la torpeur dans laquelle nous étions plongés, s’évapora comme par magie.
Le feu, il fallait trouver du feu. Le cri d’une femme arrêta net mon adversaire qui tentait alors de me mordre à cet instant-là. Je ne la voyais plus : où était-elle passée ? Ce n’est que lorsque je vis l’un de nos assaillants disparaître dans les profondeurs que je compris : avec un peu de chance, elle s’était accrochée à la paroi. Et le fait que certains de nos ennemis rodent autour de la crevasse fit envoler mes derniers doutes. J’attrapais les lances qui étaient accrochées de chaque côté de ma caravane : elles avaient été installées il y a déjà six hivers, à la demande d’Eric, pour que nous puissions au mieux nous défendre contre ce genre d’escarmouche.
Eric, de son vivant, m’avait toujours dit de garder la tête froide dans ce genre de situations : les bêtes sentaient toujours la peur, et elles savaient pertinemment bien sans servir pour mener à leurs pertes les hommes. Le dessus, il fallait reprendre le dessus sur ces bêtes. Je demandais intérieurement pardon à mon grand-père et adressa une prière silencieuse à la nature, avant de donner les ordres pour mettre à bas les derniers êtres vivants nous étant hostiles : c’était eux ou nous. Des harnais furent distribués et les plus rapides d’entre nous purent se précipiter devant pour former la première ligne de défense, mais aussi d’attaque. Les autres formèrent une seconde ligne, protégeant et surveillant les attaches se trouvant contre la paroi : cela serait bien dommage que ces cordes qui nous permettaient de combattre nos assaillants cèdent et nous précipitent alors dans ce vide sans fond.
Linus, quand à lui, eut la bonne idée d’aller chercher le feu directement à l’intérieur des caravanes. Par chance, le notre dansait joyeusement dans la cheminée : la roulotte, de par son intelligence, avait libéré ses protections pour éviter, qu’à cause des secousses, le feu se répande et ainsi réduise en cendres notre maison ambulante. Il alluma rapidement les torches et prit le nécessaire pour que nous puissions faire le numéro des cracheurs de feu. Il ressortit rapidement, alors que nous étions aux prises avec l’adversaire. Mes avant-bras étaient déjà en sang : une malveillante intelligente brillait dans le regard de nos adversaires, et il fallait que nous redoublions d’ingéniosité pour éviter de se faire happer un bras, une jambe, ou même notre corps tout entier.
Le feu eut l’effet estompé. Alors que les deux derniers loups étaient en train d’être maitrisés pour être abattu, un de mes camarades et moi, nous nous précipitâmes vers la paroi : la jeune femme était accrochée à une prise qui était en train de lâcher. Il fallait intervenir vite, très vite, trop vite. Je déglutis difficilement : j’espérais que mes bras blessés supporteraient son poids. Et l’arme qu’elle portait ne me disait rien qui vaille. Mais, si on ne la sauvait, on ne saura jamais si elle avait un bon ou un mauvais fond. On vérifia rapidement nos attaches et nous descendîmes rapidement en rappel contre la paroi. Je faisais tout pour ne pas regarder en bas : le vide ne me faisait pas vraiment peur, c’est plutôt l’idée de ne pas pouvoir ce qu’il y avait sous mes pieds qui me rendait nerveux. Le noir, j’avais toujours eu peur du noir : on ne savait jamais quels monstres se cachaient dans le noir. Et mon imagination qui était en train de foutre le bordel dans ma tête : ne pouvait-elle pas me lâcher, juste pour quelques minutes.
Et la prise lâcha : par je ne sais quel miracle, ma main rencontra son bras et je refermais mon poing sur ce dernier. Je ne pus réprimer un cri de douleur. Mon camarade arriva moins d’une minute après, et attrapa la jeune femme par la taille : elle avait l’air d’être complètement dans les vapes. Lorsqu’il hurla qu’elle était sérieusement blessée, nous comprîmes qu’il fallait faire vite. Alors que nous étions en train de sécuriser du mieux que nous pouvions notre inconnue afin de la remonter, l’une de mes cordes céda : mon sang ne fit qu’un tour et je descendis de plusieurs mètres sans pour autant pouvoir freiner ma chute. L’autre corde fit très bien son boulot et, lorsqu’aucune réponse ne protesta face aux cris et demandes de Linus, mes camarades comprirent que j’avais du perdre connaissance en me cognant à l’une des nombreuses prises qui sortaient de la paroi.
Ils eurent du mal à calmer mon grand frère qui voulait absolument descendre me chercher mais nous ne pouvions prendre le risque de nous précipiter dans de telles conditions. Bien que je sois inconscient, le plus urgent était de remonter notre belle inconnue et son gardien : le nombre de cordes ne permettaient pas de supporter le poids de deux adultes très longtemps. De plus, si nous nous référions aux dires de notre camarade, elle avait perdu beaucoup de sang et il fallait arrêter son hémorragie dans les plus brefs délais. Alors que les uns s’afféraient à les remonter lentement et sûrement, deux autres hommes descendirent en rappel, l’un pour soutenir le sauvetage de la demoiselle, et l’autre pour me porter secours. On demanda à Linus d’examiner la jeune femme le plus vite possible alors qu’il gardait les yeux rivés sur le vide, attendant non sans une certaine anxiété, de voir remonter ma tête rouge.
C’est à ce moment là que les secours que nous espérions ne plus voir arriver, débarquèrent. Avec eux se trouvaient deux Anciens qui prirent les choses rapidement en main. L’un d’eux du venir secouer un peu brutalement Linus pour qu’il sorte de sa torpeur et qu’il puisse apporter à notre blessée les premiers soins intensifs. Elle fut portée dans notre caravane et mon grand frère tenta tant bien que mal de m’oublier. Il s’avéra que mon harnais s’était coincé dans un pic de pierre et que la seconde corde s’était brisée : mon corps s’était retrouvé sur une corniche, la pointe glacée faisant pression sur mes reins. Ils eurent toutes les peines du monde à me dégager. Ils durent me faire les premiers secours directement sur l’escarpement car la paroi et ses dents aiguisées m’avaient transpercé en plusieurs endroits et ils espéraient qu’aucun organe vital n’avait été touché. Ils réussirent à me remonter au bout de plusieurs heures : le reste de la troupe avait fini de dégager la route lorsque Linus me récupéra, toujours inconscient.
C’est l’un des Anciens qui mena notre roulotte, dernière de la file, jusqu’en haut du col. Je ne sais combien de temps je restais inconscient, mais, lorsque je revins enfin à moi, tout était redevenu normal à l’intérieur de la caravane : le feu ronronnait dans l’âtre, dispensant une douce chaleur à travers toute la maison. Un gémissement de douleur s’échappa de mes lèvres, sans que je ne puisse le retenir : bon dieu, qu’est ce que j’avais mal. Je tentais de me calmer et c’est alors que je pris conscience de mes nombreux bandages : tout me revint brutalement en mémoire. La corde qui a cédé. Le sauvetage désastreux. Est-ce que la jeune fille allait bien ? Est-ce qu’on avait réussi à repartir ? Est-ce que j’étais… mort ?
Je commençais à me tortiller autant que je le pouvais lorsque Linus rentra dans ma chambre. Non, non, non, je ne voulais pas qu’il me voit comme ça. Qu’allait-il penser de moi ? C’est alors que la dure réalité me frappa de plein fouet : qui avait bander mes plaies sinon mon frère ? Une de ses mains vint doucement caresser mon visage : « Eh bien, mon grand, tu nous reviens de loin ! » Il vérifia rapidement mes bandages : « Tu as eu de la chance ! A part quelques os fracturés, aucun organe vital n’a été touché. Il va falloir que tu te reposes. » Il ajouta dans un demi-sourire : « Ça te changera de d’habitude, toi qui court toujours dans tous les sens. » Alors que je voulais lui demander si nous nous en étions tous tirés, surtout la jeune fille : « Ne t’inquiète pas, tout le monde va bien. » Il ne préféra pas me parler des pertes que nous avions subi dans le col, préférant garder ça pour plus tard, laissant à ma psychologie, alors plus que fragile dans ces moments de faiblesse, de prendre lentement mais sûrement le dessus sur tous ces évènements : « La demoiselle que nous avons récupéré dans le col repose actuellement dans l’une des chambres d’amis de l’étage. »
Je lui demandais naïvement, oubliant complètement ce pour quoi j’étais alité : « Je peux aller la voir ? »
Sujet: Re: La route de tous les dangers (PV Orihime) Ven 29 Aoû - 1:18
Orihime Katsura
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Titre : Attaque bébéfaceporte ! Crédit : Yuukiël Feuille de personnage Maîtrise Magique: (4400/35000) Mérite: (150/160)
La Vie... Peu la considèrent à sa juste valeur... Peu sont capables de voir sa profondeur... La plupart des gens ne sont intéressés que par le fait de vivre, de survivre... Car oui, en ne voulant pas mourir, ils survivent... Mais ne vivent pas forcément... Vivre, c'est autre chose... C'est apprécier les douceurs de la vie quotidienne, c'est remercier les geste attentionnés des personnes, c'est venir en aide à son prochain...
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Bien heureusement pour la belle suspendue à la paroi, cette envie de vivre, ainsi que de survivre, lui avait permit d'échapper à une mort certaine. En effet, les yeux fermés, les doigts gelés, la blessure au ventre, elle n'avait pas pu sentir, ni même voir les deux sauveteurs, et c'était au moment au moment de la cassure qu'elle écarquilla les yeux, emplis de larmes et de peur, mais aussi de gratitude. Elle était là, suspendue au bras de l'homme aux cheveux rouges, se demandant presque comment il faisait pour la tenir aussi fermement, alors que ses bras ruisselaient de sang. Elle resserra cependant sa main à ce bras sauveur, tandis que l'autre homme se trouvant contre la paroi l'agrippait fermement, causant une légère douleur, mais lui assurant un sauvetage réussi. Et celui qu'elle tenait tomba, les cordes lâchant...
A cet instant, Hinako, bien que mon corps était en piteux état, et que du sang coulait doucement sous mon haut, pour venir colorer mon tee shirt malheureusement blanc, mon coeur battait la chamade. J'étais sauve. Je n'allais pas mourir écrasée au fond du gouffre. Mais cet enthousiasme naissant disparut aussitôt que mon sauveur tombait. Son corps projeté vers le bas à une vitesse folle tira brusquement sur mon bras, et, après un claquement sec de mon épaule, ma main le lâchait. Ce fus alors le noir...
L'épaule d'un seul coup cassée, il n'en fallut pas plus pour plonger Orihime dans l'inconscience la plus totale, cette nouvelle blessure venant s'ajouter à ses précédentes. Son corps inerte fut alors remonté, tandis que de nouveaux festivaliers descendirent en rappel afin de sauver Alouarn, échoué sur une corniche. A en juger par l'énorme déplacement latéral qu'ils durent faire, ne facilitant pas leur voyage jusqu'en bas, Orihime avait sauvé Alouarn, son bras lui permettant de tomber obliquement, et donc de rencontrer cet avancement de la falaise.
Quand je me suis réveillée ? J'étais dans un lit. Bien que les draps n'étaient pas des plus neufs, bien que le matelas n'était pas des plus épais, c'était toujours bien mieux qu'une nuit à la belle étoile dans le froid. Car oui, il faisait chaud, agréablement chaud. Mes yeux s'ouvrirent, à ce moment, doucement, et mon premier réflexe fut de regarder autour de moi. C'était une chambre. Une chambre des plus chaleureuse. Trois armoires, un lit, des couleurs chaudes un peu partout, plein de lampes, qu'elles soient au plafond, ou sur les murs; sur la commode ou même par terre. Mon regard se dirigea vers la porte, fermée, puis enfin sur moi. Et je bougeai doucement, la douleur n'étant pas complètement partie, pour trouver, enroulé autour de mon ventre, sur mon entaille, un bandage. Ensuite, alors que je voulus me relever, mon bras droit se posa sur le lit et là, je criai.
- Des éponges ! Vite ! Dépêchez vous ! J'ai deux blessés ! MAIS DEPECHEZ VOUS !!! Linus Baxter, médecin accompli, était au sol, penché sur Alouarn et Orihime, désormais tout deux allongés, inconscients, sur des serviettes. Il fallait nettoyer les blessures, avant de songer à les porter à l'intérieur de la caravane remise sur pieds... euh... sur roues. - Damoiselle, bien qu'endormie, sachez que je vous suis reconnaissant d'avoir pu éviter à mon petit frère la chute la plus mortelle. Peut-être ne l'avez vous pas fait exprès, peut-être si. Dans chacun des cas, je vous en serais éternellement reconnaissant. Le jeune docteur était passait une éponge mouillée sur l'épaule d'Orihime, après lui avoir dénudé celle ci. Il devait se dépêcher, pour ne pas geler la belle. Il en profita pour nettoyer hâtivement la blessure au ventre, avant que deux volontaires ne l'emportent dans son "cabinet". Puis il passa à son frère.
Mon épaule me faisait un mal fou, et je n'avais même pas remarqué le plâtre. Mais une autres surprise m'attendait : Un jeune homme, celui aux cheveux argents déambula dans la pièce. Il me demanda ce qu'il se passait, avant de comprendre, sans doute à cause de ma position sur mon flanc droit, n'arrivant plus à me relever. Il me redressa alors, avant de rigoler. - Vous savez, généralement, mes patients et patientes ne prennent pas appui sur leur membre cassé pour sortir de leur lit. Je rougis, peinée. Je ne voulus pas lui dire que je n'avais pas vu le plâtre. Alors ma seule réponse fut en réalité une question. - Est-ce... vous qui m'avez... soignée ? Sa réponse fut positive, et il ajouta quelque chose, mais je ne me rappelle plus ses dires, ma conscience s'envolant de nouveau.
Après que les deux victimes aient été déplacées dans son cabinet, Linus était retourné à l'intérieur, et ils étaient partis. Le médecin avait travaillé durant une nuit, pour recoudre l'entaille profonde d'Orihime, lui plâtrer l'épaule, et lui bander le ventre. Puis il l'avait installé, avec l'aide d'un collègue, sur le lit de la première chambre d'amis, après lui avoir fait une transfusion sanguine. Par chance, il avait une poche de sang O négatif, justement le groupe sanguin d'Orihime. Il avait soufflé longuement de soulagement, constatant que s'il n'avait pas eu ce groupe sanguin en stock, elle n'aurait pas pu être réapprovisionnée.
Je me réveillai de nouveau, deux jours plus tard, dans cette même chambre. Le même réflexe, et je me retrouvais avec de nouveaux bandages, et...un écriteau sur la porte où l'on pouvait lire "Attention Damoiselle, ne vous appuyez pas sur votre bras droit."Je rougis de honte, avant de lentement me lever. J'étais en sous vêtements, et je n'aimais pas cette idée. Je me hâtai alors vers l'un des nombreux placards pour y trouver...une boîte à musique. Curieuse, je me souviens de l'avoir mise en route, et une délicieuse petite chansonnette en sortit. Je l'écoutai, mais ce n'était pas ce que je cherchais. Où étaient donc mes habits ? Ils étaient posés, pliés, lavés, sur la table de nuit. Mes yeux écarquillés, je me pris la tête dans ma main, me maudissant de ce manque d'attention, avant de m'habiller, et de, lentement, sortir de la chambre. Là, je découvrais l'intérieur du bâtiment, tout coloré de rouge, de jaune, de marron et d'orange. Ces couleurs chaudes me rappelèrent l'homme qui m'avait sauvé la vie, et c'est à ce moment là que l'angoisse me prit. La question que je posai silencieusement était alors :"Est-il en vie ?"
Alouarn avait été alité dans sa propre chambre, dans son propre lit, et eut une discussion avec son grand frère, à son réveil. Linus sourit à sa demande d'aller voir la jeune femme, et lui répondit en rigolant pour aider son petit frère à chasser l'ambiance morose qui pouvait s'installer. - Et comment veux tu aller la voir alors que tu es cloué au lit ? Ils discutèrent ensuite un peu. Le soir venu, le médecin entendit un cri, comme Alouarn, venant de la chambre d'amis. Ni une, ni deux, il courut dans sa chambre avant de trouver la belle couchée sur le flanc droit, appuyée contre son bras plâtré. Et après leur discussion, Linus la remercia d'avoir sauvé Alouarn, mais elle n'entendit rien, replongeant dans cette inconscience.
Je courus, malgré la douleur que cela causait à mon ventre, trouvant rapidement les escaliers, et arrivai dans le salon. Là, je vis un homme que je n'avais encore jamais vu, et lui demandai hâtivement si le garçon aux cheveux rouges était en vie, et où on pouvait le trouver. Celui ci sourit et me répondit. - Alouarn ? Il doit être dans sa chambre, par là. Alors, je me précipitai dans la direction indiquée, pour trouver une porte entrouverte. Alouarn, qui était donc mon sauveur, était au lit, le médecin à ses côtés. Alors je toquai, avant de recevoir l'invitation à entrer de la part du docteur.
Après deux jours, après qu'elle se soit réveillée et qu'elle soit descendue, Orihime trouva rapidement la chambre de l'homme aux cheveux rouges, et, dès qu'elle fut autorisée à entrer, pénétra dans la pièce. Elle était belle, avec plusieurs placard, quelques automates, et de vives couleurs. - Eh bien... Vous avez dormi deux jours d'affilés. Vous sentez vous mieux ? Voyant que Linus lui adressait la parole, elle se tourna vers lui, acquiesçant, avant de se courber vers le lit et vers Alouarn. - Je vous remercie de m'avoir sauvé la vie, Alouarn. Je me nomme Orihime. Linus enchaîna aussitôt. - Et moi, Demoiselle Orihime, je vous remercie d'avoir sauvé mon frère. A cet instant, il put voir le regard incrédule de la jeune femme.
Moi ? Moi j'avais sauvé cet Alouarn ? Je ne comprenais pas, mais sus ensuite que mon épaule cassée était la marque du sauvetage de cet homme à la chevelure flamboyante. J'avais apparemment réussi à le lancer sur une corniche. J'en étais sidérée. Cependant, je voulus écarter tout malentendu, n'ayant rien fait volontairement, mais au moment où j'ouvrai la bouche, je toussai du sang, et tombai à genoux. Mon ventre se plia, et il ne fallut pas attendre plus de deux secondes pour que Linus me rattrape, afin d'éviter que je ne tombe sur mon plâtre. Il souleva mon tee shirt rapidement, et le rouge teintait déjà sur mon bandage...
La jeune mage blessée saignait abondamment, la blessure s'étant rouverte. Linus Baxter cria, l'homme qui avait indiqué son chemin à Orihime arriva, et ils repartirent pour le cabinet. Là, Linus fouilla pour retrouver une de ses poches de sang O négatif, en vain. La dernière avait déjà été utilisée. Il fallait à tout prix en trouver une autre, ou trouver une personne du même groupe sanguin. Le médecin regarda Orihime, allongée sur la table d'opération. Elle était pâle, elle était de plus en plus faible. Il lui fallait ce sang O négatif. Mais à cet instant, une embuscade survint...
Ce moment là fut également l'un des pires de ce séjour. J'étais en train de m'affaiblir, je respirai de plus en plus faiblement, et crachait du sang. Et lorsque la roulotte s'arrêta brusquement, je redoutai le pire. Avais-je raison ? Oui... Car une dizaine de bandits nous attaquaient.
Ils étaient armés, et deux chevaux périrent sous les tirs ennemis. Tandis que les arbalétriers tiraient sans relâche sur les caravanes, les épéistes et les barbares fonçaient sur les roulotte, tentant d'y entrer, de piller, voire, s'il trouvaient femme ou homme à leur goût, de violer. Les habitants de la première caravanes furent jetés hors de leur propriété, et une petite fille fut prise en otage. Décidément, cette troupe n'était pas bénie des Dieux, et la peur commençait à s'engouffrer chez les festivaliers. Orihime tenta de se relever, voulant aider, voulant protéger, mais elle était trop faible, et Linus l'en empêcha... Avant de sortir avec un fusil, rejoignant les défenseurs du convoi.
Le rire de mon frère était particulier : il était composé de notes légères, tantôt graves, tantôt aigues, mélangeant parfois plusieurs gammes de sons différents pour former une mélodie des plus douces. J’aurais aimé que ces quelques instants de bonheur volés à des temps bien trop reculés où tout était plus faciles, durent une éternité. C’est ça ! Mon esprit ne voulait plus accepter, non, non, non, il ne pouvait plus signer d’autres compromis : mon frère était pour moi, pour moi tout seul. Pourquoi devrais-je le partager ? Lorsque nous pouvions partager des moments d’intimité, aussi simples et courts soient-ils, je ne pouvais me détacher de ses grands yeux bleus qui reflétaient des secrets bien trop douloureux encore pour les partager mais qui contenaient, sans mentir, un amour infini. Non, je désirais cette passion et cette affection que pour ma toute petite personne. Et ce visage, aussi doux et ferme que ses gestes, était une source de contemplation et d’admiration. J’aurais aimé pouvoir dire qu’un jour je serais comme lui mais plus les années passaient, et plus la maladie gagnait du terrain, me laissant alors totalement désemparé face à ce monde hostile et dangereux. Non, je ne serais jamais comme lui, je serais alors un autre ! Oui, cet autre qui sera moi, un moi qui oscille entre raison et folie, un moi qui part dans un nuage de fumée, un moi qui sera peut-être un jour abandonné.
« Et comment veux-tu aller la voir alors que tu es cloué au lit ? »
J’avais lu dans l’un des livres de Linus, alors que ce dernier vaquait à ses devoirs de médecin pendant l’une de nos haltes, que la schizophrénie avait fait l’objet de plusieurs études et que les cas recensés étaient répartis en trois parts égales : dans un tiers des cas, les patients atteints de cette maladie se rétablissent complètement dès les premières années ; dans un autre tiers des cas, le rétablissement se fait sur vingt voir vingt-cinq années ; et que le dernier tiers regroupait tous les cas qui s’aggravaient, et ne seront probablement jamais guéri. Ce soir-là, une larme avait roulé lentement sur ma joue avant de s’écraser sur le sol : j’avais atteint un stade où les hallucinations visuelles étaient récurrentes, et, dans plus de la moitié des évènements auxquels je participais, j’étais un véritable danger public. Personne ne comprenait vraiment le pourquoi du comment. Je devais avouer que je n’avais jamais vu quelqu’un s’intéressait d’aussi près à mon cas que Linus. Je ne sais pas ce qui me rendait le plus triste : le fait que je sois dépendant de mon grand frère jusqu’à ma mort ou le fait que je ne guérirais probablement jamais, restant cet hideux monstre qui entr’aperçoit ce monde de façon si différente ? J’avais compris cette nuit-là que, même en essayant de tout mon cœur, je n’arriverais jamais, ô grand jamais, à rentrer dans les cases normalisées données par cette société. Je n’avais jamais osé lui demander s’il comptait un jour fonder une famille, ou partir vers je ne sais quel autre horizon : à dire vrai, j’étais effrayé par la réponse qu’il pouvait me donner. Je ne voulais pas changer de grand frère. Linus était mon grand frère juste à moi, juste pour moi.
Perdu dans mes pensées, je n’écoutais qu’à moitié ce que me disait le médecin. Il se tut complètement lorsqu’il comprit, face à ma mine des plus sérieuses, que mon esprit était ailleurs. Je repris contact avec la réalité lorsque je sentis deux jambes entourer mon bassin et le poids de Linus se posant doucement sur moi. Inconsciemment, mes bras vinrent s’enrouler autour de sa taille : nous n’avions, pour le moment, jamais reparlé de ce qui c’était passé dans sa chambre d’hôtel le mois dernier. C’était aussi peut-être l’heure de lui avouer ce qui s’était passé à Hosenka, lors de notre visite aux sources thermales, mais aussi de tout ce qui c’était ensuivi, et notamment les rendez-vous avec Marcus. Ses mains se mirent à courir sur mon torse, puis sur mon visage : ses caresses m’enivraient. Alors que ses doigts allaient se retirer de ma joue, je les retins : « Non, s’il te plait, reste ! » Non, je ne voulais pas que ça s’arrête : je le voulais tout entier pour moi. Contre toutes attentes, il retira sa chemise et je sentis son corps basculait contre le mien : il vint loger sa tête sur mon épaule, laissant son front venir s’appuyer dans le creux de mon cou. Malgré les blessures, sentir son torse contre le mien, sa respiration aussi tranquille que rassurante soufflait au rythme des battements de son cœur, était un plaisir luxueux ces derniers temps, et je ne savais comment aborder le sujet, bien que je sache pertinemment bien que Linus n’avait aucun problème avec le sexe : enfin, c’est ce que je pensais. On ne peut pas révéler tous nos petits secrets dès le premier jour, n’est-ce pas ?
N’y tenant plus, je fis en sorte de me retrouver au-dessus de mon grand frère et je commençais à lui faire des avances plus que subjectives : était-ce un crime d’avoir deux hommes dans sa vie ? Marcus était un très bon professeur et partenaire sexuel, mais je savais aussi que, malgré tout l’amour que je lui portais, il n’hésiterait pas à me poignarder dans le dos si cela s’avérait l’ultime solution pour ses affaires et le royaume. Linus, lui, jusqu’à preuve du contraire, serait toujours là pour moi. Il vint doucement passer ses mains dans ma longue chevelure rouge, avant de murmurer : « Je ne suis pas sûr que ça soit une bonne idée, mon grand ! Surtout dans ton état actuel. » Je soupirais et me laissais retomber lourdement sur le lit : nous regardâmes silencieusement le plafond pendant quelques minutes avant que, contre toutes attentes, Linus revienne à la charge. Il vint me glisser à l’oreille : « J’ai bien compris ton message, et j’ai bien vu que tes sentiments à mon égard ont beaucoup évolué ces derniers temps. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas comment, et j’apprécies sincèrement toutes ces attentions que tu me portes. » Je passais tendrement un bras autour de sa taille et il se laissa guider jusqu’à se retrouver dans mes bras. Je sentais plus ou moins que ce moment était important, surtout pour lui qui cherchait ses mots pour exprimer quelque chose qui était enfoui si profondément, qu’il avait du mal à en parler. Je ne le pressais pas pour autant : pourquoi le ferais-je ? Il avait toujours fait attention à se caler sur mon rythme, je voulais lui montrer que j’étais aussi capable de me caler sur le sien : « Laisse-moi le temps de comprendre à quel point l’amour que tu me portes est infini et éternel. Je sais, mon grand, je sais que tu ferais tout et n’importe quoi pour moi mais… Non, je ne suis pas habitué à ce que cet amour soit sincère et soit pour toute une vie. »
Je le caressais avec des gestes doux et mesurés, tentant de calmer ses battements de cœur qui avaient accéléré lorsqu’il avait commencé à s’ouvrir à moi, à parler de choses qu’il ne pensait jamais sortir un jour devant moi. Lorsque je sentis ses muscles se détendre, je lui répondis : « Tu sais, on a le temps, grand frère. La vie est encore longue. Et puis, je ne t’en tiendrais pas rigueur si tu préfères continuer avec le train de vie sexuel que tu as aujourd’hui. Tu seras et resteras toujours la personne la plus importante de mon histoire. Alors, ne t’en fais pas trop de ce côté-ci. » Une larme roula sur l’une des joues de Linus : comment arriverait-il à m’expliquer qu’il s’interdisait toute relation avec moi car il ne voulait pas que je sois cet objet qui assouvi ses pulsions sexuelles, beaucoup trop nombreuses à son goût ? Lorsque nous avions nos jeux de mains, il savait pertinemment bien que nous n’irions jamais plus loin, mais, aujourd’hui, c’était différent. Saisirait-il que, par amour, j’étais prêt à faire n’importe quoi pour lui, même à répondre à ses nombreuses attentes, plusieurs fois par jour si cela s’avérait nécessaire ? Alors que Linus s’était endormi, l’esprit plus tranquille, contre moi, je le bordais confortablement avant de m’asseoir, non sans une grimace de douleur, sur le rebord de mon lit.
Je me mis à travailler ma respiration pour que cette dernière se calme et se cale sur l’ambiance générale de la caravane : dehors, il y avait le calme écrasant des paysages meurtris par la neige ; l’ambiance générale était des plus moroses, mais il y avait cette chaleur, cette petite flamme qui brillait dans chacun de nos foyers : nous avions perdu des camarades, des frères, des amis, des maris, durant la traversée du col, mais nous ne pouvions nous apitoyer sur notre sort. L’un de nos seuls regrets ait le choix nécessaire que nous avions du faire pour la survie de tous : laisser leurs corps aux aléas de la nature et des carnivores qui rodaient dans les parages, à la recherche de viandes fraiches. Selon certaines croyances religieuses, il était dit que l’âme ne trouverait jamais le repos éternel si le corps n’avait pas une sépulture, même des plus humbles. De part ces mêmes écrits, les saltimbanques et les comédiens n’avaient pas le droit à ce repos de l’âme puisque nous allions à l’encontre de la parole des Dieux : les pratiques religieuses voulaient que tout ce qui déforme le visage était l’œuvre du démon en personne et que, de ce fait, les grimaces et autres singeries du même genre étaient à proscrire de notre vie de tous les jours. Si nous voulions que les dieux nous accordent le salut, il fallait nous repentir avant que la mort ne nous emporte.
Je tentais tant bien que mal de me lever, mais je laissais mon corps retombait lourdement sur le lit, serrant les poings et les dents pour ne pas laisser échapper un cri de douleur : il semblerait que la zone vers mes reins ait été touchée plus sérieusement que ce que je croyais. Je jetais un rapide coup d’œil vers Linus, espérant que ce mouvement brusque ne l’ait pas réveillé : pour sûr qu’il ne me raterait pas s’il voyait que je tentais de marcher dans mon état. Je repris le cours de ma respiration, tentant de me concentrer uniquement sur cette dernière. Durant mes années d’entrainement, Grand-Père ne cessait de me répéter : « La douleur fait partie intégrante de ta vie de comédien. Ne sois jamais passif fasse à celle-ci. Il arrivera bien trop souvent que ton corps soit malmené durant les longs voyages qui séparent les villes les unes des autres. Apprends à vivre avec, surtout durant les longs hivers. Il arrive bien trop souvent que l’on demandera à ton corps beaucoup plus qu’il ne peut supporter. Travaille avec la douleur, apprends à la contrôler, apprivoise-là car les hommes ne peuvent se reposer durant un convoi : c’est eux qui mènent la danse, c’est eux qui conduisent les familles en lieux sûrs, c’est eux qui défendent les plus faibles. Travaille sans relâche, même si cela t’est insupportable. Hurle autant que tu veux, mais cela ne fera qu’amoindrir tes forces. Ménages-les et avances, ta survie et celle des autres en dépende. » Grand-Père m’avait entrainé à ces moments-là : lorsque j’étais plus jeune, une jambe, un bras ou des côtes brisés, des bras ensanglantés ou des blessures profondes ou superficielles, rien ne l’avait arrêté, il avait continuer inlassablement à m’entrainer, même lorsque mon corps et mon âme lui demandaient grâce, et les demandes incessantes de Grand-Mère qui le suppliait de me laisser récupérer. J’étais trop souvent tombé, il m’avait trop souvent poussé à me relever : se battre, toujours se battre. Ah, demoiselle Douleur… Que de moments que nous avons passé ensemble, et il semble que nous ayons encore un bout de chemin à faire ensemble.
Je dus perdre connaissance plus d’une fois, et mon corps qui s’effondrait sans cesse sur le sol avait fini par réveiller Linus. Il ne comprenait pas ce que je cherchais désespérément à prouver en m’évertuant à combattre la douleur. Alors que je m’éveillais une énième fois, je fus surpris de rencontrer la douceur des draps et non la fermeté des planches de ma chambre. Linus avait quitté la pièce quelques instants pour vérifier l’état de son autre patiente : j’entendais ces pas à l’étage. Je ne savais pas exactement ce qu’il faisait, je retournais à mes exercices : je devais à tout prix maitriser la douleur. J’eus toutes les peines du monde à me mettre assis, mes pieds nus touchant avec avidité le plancher. Alors que j’allais de nouveau tenter le grand saut, la voix de Linus me figea dans mon geste : « Essaie seulement de te lever, et je me ferais un plaisir de t’arranger la figure. Est-ce que c’est assez clair dit comme ça ? » Je déglutis difficilement et levais les yeux vers mon aîné qui avait les bras chargés de livres. Je n’avais même pas remarqué qu’il était venu s’installer à mon bureau durant mon inconscience : « Tu ne changeras donc jamais ? » Le regard fuyant, je ne lui répondis pas : il savait que j’essayerais inlassablement jusqu’à ce que je tiennes debout et puisses marcher. Il posa ses colis sur le bureau et vint s’asseoir à côté de moi : « Alou’, regardes-moi quand je te parles. » Comme je n’obéissais pas, il m’attrapa fermement le menton et nos yeux se croisèrent : « Je veux que tu arrêtes de jouer avec le feu. Ta zone rénale a été soumise à de fortes pressions et ta colonne vertébrale ainsi que ton bassin ont pris de sacrés chocs : estime-toi heureux de pouvoir encore t’asseoir et marcher. » Je me dégageais nonchalamment : je savais qu’il avait raison, et que le repos était certainement le meilleur moyen pour que je me rétablisses au plus vite. Mais, ce temps-là, je ne l’avais pas. Il fallait que je sois sur pieds le plus rapidement possible. Contre toutes attentes, ses lèvres vinrent se poser sur les miennes : elles étaient sensuelles, pressantes, sucrées. Il me fit basculer sur mon lit et me couvrit d’un drap : « Repose-toi mon grand, tu rendras service à tout le monde ! »
Alors que j’allais ajouter quelque chose, un cri se fit entendre : il venait de la chambre d’amis où Linus avait installé la demoiselle du ravin. Mon grand frère se précipita vers l’origine du hurlement, me laissant seul. Une vie pour une vie, comme disait Grand-Père. Je dois avouer que j’aurais bien aimé qu’elle soit alitée autre part, car je n’aimais pas cette façon qu’elle avait de me voler mon grand frère. Si elle arrivait et qu’elle se mettait déjà à dicter les règles, pour sûr qu’on n’allait pas s’entendre elle et moi. Le temps que le médecin fasse le nécessaire pour la demoiselle, je m’étais assoupi, le conte de La Belle et la Bête en main.
***
Des doigts vinrent écorcher de leurs coups le bois rugueux de la porte. Linus, qui venait de finir de changer mes pansements, vint ouvrir la porte, déjà entrebâillée. La jeune femme pénétra dans ma chambre : je restais silencieux face à celle que je considérais comme une intruse, et que mon grand frère semblait déjà avoir adopté : « Et bien… Vous avez dormi deux jours d’affilés. Vous sentez-vous mieux ? » Je n’appréciais pas vraiment le son de sa voix lorsque, après avoir acquiescé face à la question de Linus, elle m’adressa la parole. Mais… Mais… Je ne lui avais rien demandé, moi ! Pourquoi est-ce qu’elle venait m’agresser, comme ça ? Linus ne me laissa même pas le temps de parler, qu’il enchaîna directement : « Et moi, demoiselle Orihime, je vous remercie d’avoir sauver mon frère. »
Quoi ? Elle m’avait sauvé la vie ? Cette jeune femme qui se permettait de débarquer dans notre vie comme un cheveu dans la soupe. Les évènements qui suivirent s’enchainèrent très vite que je n’eus même pas mon mot à dire dans toute cette histoire, aussi abracadabrante soit-elle. Elle se mit à tousser du sang, et je crus que j’allais devenir vert de jalousie lorsque je vis Linus soulever son tee-shirt : toute rationalité m’avait abandonné ! Je le savais pourtant, qu’elle était blessée. Mais non, je ne supportais plus de le voir regarder sous les hauts des autres, même pour vérifier l’état d’une blessure. Mon grand frère était à moi, juste à moi, juste pour moi. Non, je n’acceptais pas mais une vie restait une vie, et je ne pouvais à l’encontre de ce principe fondamental que toute vie était sacrée sur terre : ce qu’on pouvait en faire ne concernait que notre fort intérieur. Un des festivaliers se précipita dans ma chambre à la demande de Linus et, à eux deux, ils purent porter la demoiselle dans le cabinet où elle fut allongée sur la table d’opération.
Contre toutes demandes, j’avais continué à m’entrainer à dompter la douleur : observant depuis l’entrée de la chambre, je regardais mon grand frère s’affairait autour de sa patiente et, après lui avoir porter les soins nécessaires, il jura lorsqu’il constata qu’il n’y avait plus de poches de sang correspondant à celui de la jeune femme. Je sentis que Linus avait du mal à avoir les idées claires sur ce coup-là : à dire vrai, il ne devait pas s’attendre à ce que les coutures sautent et qu’elle perde une nouvelle fois autant de sang. Je l’entendis maugréer dans sa barbe quelque chose, et ne compris que le groupe sanguin d’Orihime. Et comme si nous n’avions pas assez de soucis, une embuscade vint nous tenir gentiment compagnie, histoire de nous foutre encore plus dans la merde. Oui, oui, oui, ça ne serait pas très drôle sinon. Je passais en revue le groupe sanguin de tous les membres de la troupe : un jour où je m’ennuyais, j’avais appris par cœur la liste que Linus tenait régulièrement à jour. Ainsi, pour moi, le carré équivalait au groupe sanguin A, le triangle au B, et le rond au O. De se fait, j’y avais ensuite ajouter des plus et des moins selon la polarité de ces derniers. Le groupe O négatif était assez rare, surtout dans les régions de Fiore. Mon visage s’illumina lorsque je me souvins que la femme de l’un des Anciens possédait le même groupe sanguin que la patiente.
Des coups de feu furent tirés et les chevaux encore vivants commencèrent à paniquer alors que deux d’entre eux étaient froidement abattus. Je descendis aussi rapidement que me le permettaient mes blessures et la douleur qu’elles généraient. Je jetais un rapide coup d’œil par la fenêtre : nous étions en terrain découvert ce qui n’allait pas arranger notre affaire. L’homme qui avait aidé Linus était sur le qui-vive et était prêt à sortir aider lorsque je le retins par la manche, et, après lui avoir murmuré quelques mots à l’oreille, il partit chercher la vieille femme. Pris d’une quinte de toux, je dus m’asseoir pour reprendre mon souffle, alors que Linus déboulait dans le séjour, arme au poing. Il se dirigea vers la sortie mais ne l’atteint jamais. Ma voix retentit dans le silence, le feu se fit plus petit, la lumière moins intense : « Ce serait vraiment stupide de ta part de sortir par un temps pareil ! » Je m’approchais de lui, lui offrant un visage fermé et impassible, seul signe de la douleur qui parcourait mes membres : « Un médecin mort est un médecin inutile. » Je lui enlevais le fusil des mains, avant de lancer sur un ton frôlant celui de l’ordre : « Retourne auprès de ta patiente. Homère revient avec la femme de l’Ancien. » Il me jeta un regard étonné, alors que d’autres coups de pistolets retentirent dans les airs : « Prépare tes instruments, si tu n’as plus de poche de sang, et bien, prenons-le à la source. Et ne me demande comment je le sais que leurs deux groupes sanguins sont similaires, je le sais, c’est tout ! » Je vérifiais le chargeur de mon arme, avant de lancer : « Dépêche-toi de remonter ! Tu seras plus utile auprès d’elle que dehors ! » J’espérais qu’Homère ne tarderait pas trop à revenir : Linus ne se le pardonnerait jamais de perdre une patiente… Et le cercle infernal de l’alcool se refermerait alors à nouveau sur lui : non, je ne voulais plus le voir avachi au milieu des bouteilles, transpirant cette immonde liqueur par tous les pores de sa peau. Il arrivait parfois qu’il se montre violent et insultant lorsqu’il n’était plus lucide : je lui avais souvent menti lorsque, de nouveau sobre, il me demandait ce qu’il avait fait. Il était déjà bien assez mal comme ça, je ne voulais pas le foutre encore plus mal à l’aise. C’est Asgeird qui s’était occupé de lui ouvrir les yeux lorsqu’un soir, alors que Linus avait plongé, une nouvelle fois, dans les méandres de ses eaux-de-vie, il l’avait trouvé en train de me tabasser parce que j’avais osé lui tenir tête et lui enlever ses bouteilles. Asgeird avait du demander l’aide de son frère, Béralde, pour qu’ils arrivent enfin à le maitriser, en évitant, dans la mesure du possible, de lui faire mal. Je n’avais pas dit un mot pendant plusieurs jours : ils avaient du faire appel au médecin de la troupe des Arthius pour venir panser mes plaies. Le trio n’avait jamais compris pourquoi, à ce moment-là, je n’avais pas riposté, laissant la colère insensée de mon frère me démolir. Résultat des courses : un bras cassé, plusieurs côtes brisées et de nombreux hématomes. Ce soir-là, quelque chose avait été anéantie, et nous avions du réapprendre à nous faire confiance, à rebâtir des fondations solides. Depuis ce jour, Linus n’avait plus jamais levé la main sur moi, et les rares paires de claques que je recevais, je les avais bien mérité. Etrangement, cette mésaventure n’avait en rien entaché mon amour, aussi fraternel que passionnel, pour Linus : bien au contraire, il n’avait fait que grandir, grandir, grandir…
La troupe avait réussi, par je ne sais quel miracle, a positionné les caravanes en cercle, laissant ainsi très peu d’ouvertures à nos adversaires. Une rumeur racontait que l’un de nos quatre Anciens avait été l’un des plus fins stratèges de tout le royaume de Fiore et que, en conséquent, il avait du prendre les reines du commandement. Des grands pieux très aiguisés en fer et en bois avaient été disposés tout autour de notre base de défense, et principalement entre les intervalles des caravanes pour éviter aux chevaux adverses de percer nos biens faibles protections. Les épieux résistèrent aux trois premières attaques, nous permettant ainsi de mettre en place tout notre système de défense. J’aidais comme je pouvais, n’essayant pas trop de penser à mes confrères pris en otage et à Orihime, dans ma roulotte, que Linus tentait de maintenir en vie. En plus de la petite fille, trois femmes, deux hommes et quatre adolescents (dont trois jeunes femmes) étaient entre les mains de notre ennemi. Plus les heures passaient, plus la tension était palpable. Nous savions tous que si une solution n’était pas trouvée rapidement, il n’y aurait bientôt plus personne à sauver des mains de ces brigands. Alors que la nuit commençait à tomber et que les feux brûlaient déjà depuis quelques heures pour éviter que nous nous retrouvions complètement aveugles le soir venu, des hurlements de femmes vinrent du campement des guerriers adverses. Des poings se serrèrent : on ne pouvait qu’imaginer ce qu’elles devaient subir en ces moments-là. Les truands, trop sûrs d’eux, pensaient, à tort, que les cris de terreur de leurs captifs seraient assez préventifs pour qu’aucun des festivaliers ne bougent de leur château de bois et de pieux durant le cycle de la lune. Pour sûr que quand ils en auront fini avec elles, ils brûleront absolument tout pour finir d’assouvir leurs pulsions sexuelles et repartir avec le plus de butin possible. Ces braillements de souffrance mêlés aux rires étaient devenus insupportables.
Messire Silence vint s’abattre sur notre bivouac de fortune : le temps de la riposte était proche. Nous fûmes divisés en plusieurs groupes, le mien étant chargé de récupérer une partie des prisonniers et à les défendre jusqu’à ce qu’ils soient à l’abri. Il s’avéra que nos adversaires étaient plus aguerris que ce que les Anciens avaient planifié mais, il n’en resta pas moins que le combat qui allait s’ensuivre tournerait, non sans un coup de main de la chance, en notre faveur. Mon grand-père disait souvent qu’il ne fallait jamais sous-estimer les forces d’un comédien. Alors que l’Ancien, qui avait pris la tête de notre division, donnait les derniers détails de notre plan d’action, les premières flèches enflammées furent tirées en direction de nos adversaires. Et les autres régiments passèrent à l’action. Bien que les premières minutes furent un peu chaotiques et déstabilisantes, il s’avéra que notre travail de groupe fut payant et que nos adversaires furent rapidement dépassés par notre nombre. Je reniflais : facile, c’était trop facile. Nous fouillâmes les tentes une par une et se fut un spectacle d’horreur qui s’offrit à nous. Les hommes avaient été décapités et leurs boyaux avaient été servis en pâture à la nature : les charognards, attirés par l’odeur de la viande fraiche, n’avaient pas attendu qu’on en leur donne plus pour s’avancer et se disputer les restes de nos camarades. La petite fille et les trois jeunes femmes étaient mortes, n’ayant supporté les viols très violents et répétés de ces malfrats. Et sur les trois mères de famille, deux moururent dans les bras de leurs bien-aimés, la troisième rendit son dernier souffle avant qu’on ait pu la ramener au campement pour plus de soins.
Et c’est alors que l’improbable se produit : avant d’être des guerriers, nous étions des comédiens aguerris, des gens du peuple qui voyageaient de villes en villes, et nous n’étions pas vraiment des personnages aguerris dans le domaine de la guerre et des attaques surprises. Personne ne prit la peine de s’assurer que nous les avions tous bien eus, trop effarés par les scènes d’horreur qu’ils venaient de découvrir. Et puis, le nombre de corps de nos assaillants qui jonchaient le sol était approximativement le même que le nombre d’adversaires qui nous avaient pris pour cible. C’est cette imprécision qui allait nous coûter d’autres vies. Alors que nous pénétrâmes dans l’enceinte de notre forteresse, nous fûmes étonnés de voir aussi peu de mouvements. Plusieurs enfants s’étant cachés sous les roulottes et nous ayant vu rentrer, coururent vers nous non sans un cri de soulagement. Leur récit fut un peu décousu mais on finit par savoir ce qui s’était passé : le chef de la troupe adversaire et plusieurs de ses généraux avaient réussi à s’extraire de notre plan d’action et ils avaient investi les lieux durant notre absence. Il s’avéra qu’un grand nombre avait réussi à se cacher et c’est, non sans une pointe d’inquiétude, que je me précipitais vers ma caravane. Alors que je pénétrais à l’intérieur de ma roulotte en hurlant le prénom de mes camarades que je fus accueilli par un comité qui n’était pas des plus charmants.
Je fus propulsé avec violence contre le mur et l’haleine fétide d’un barbare vint me souffler à l’oreille, après m’avoir immobilisé : « Les femmes ? Où sont les deux femmes ? » Je sentis les os de mon bras droit se briser sous la pression et je ne pus réprimander un hurlement de douleur. Je reçus un violent coup à la tête avant de m’effondrer sur le sol : « Silence, homme ! Tu vas nous faire repérer ! » Ma vue se troubla momentanément mais je pus apercevoir Linus et Homère, agenouillés au milieu du salon, les mains sur la tête. Je fus trainé de force à leurs côtés et on me força à me tenir dans la même position qu’eux : « Les femmes ? Où sont-elles ? » Alors que je levais la tête pour leur répondre, l’un de nos tortionnaires prit un malin plaisir à me mettre un coup de genoux dans les côtes : celles qui avaient déjà été affaiblies par mon précédent accident, ne résistèrent pas et, sous l’impact, je me mis à cracher du sang. Linus me rattrapa alors que je m’effondrais sur le sol. Le chef, tout en pointant son épée sous le menton de mon frère : « Toi, reprends ta place ! »
Linus, ne se démontant pas pour si peu, lança : « Si je n’apporte par des soins à cet homme, vous ne trouverez jamais le lieu où sont enfermées celles que vous cherchez ! » Je ne savais pas que le médecin pouvait faire preuve d’un tel aplomb : « Et puis, si vous le tuez, vos chances de quitter ce campement vivants seront réduits de plus de la moitié. » Il ordonna à Linus de m’aider à me relever. Je gémissais, supportant très mal la douleur orchestrait par mes anciennes et nouvelles blessures. Je tenais à peine à genoux : le temps que les Anciens comprennent que c’est ici que ça se passait, nous avions dix fois le temps de mourir. Mon frère tentait, du mieux qu’il pouvait, de me soulager : il ne fallait surtout pas qu’ils apprennent le lien qui nous unissait, ils pourraient alors s’en servir contre nous. Mais il semblerait que c’était perdu d’avance pour les petites cachotteries.
Je murmurais à l’oreille de Linus : « S’il te plait, laisse-moi m’allonger, je n’en peux plus. » J’avais beau être de bonne constitution, il s’avérait que ma cage thoracique et mes bras (le droit surtout) étaient très faibles du aux os plusieurs fois brisés et aux nombreuses lacérations qui avaient endommagé une grande partie de mes muscles : « S’il te plait, grand frère, s’il te plait… »
Nos adversaires jubilaient face à ma souffrance, et c’est une nouvelle fois le chef qui prit la parole, en s’adressant, toutes dents dehors, à Linus : « Accède à sa demande, et je me ferais un plaisir de faire agoniser ton petit frère si lentement que même le monde des enfers pourra être considéré comme le paradis. » Je sentis les poings du médecin se serraient de rage. Il vint déposer un baiser sur mon front : il ne fut pas surpris de voir que j’avais de la fièvre. Un filet de sang se mit à couler de ma bouche : le fait d’avoir été autant brusqué, j’avais du me mordre inconsciemment la langue ou la joue.
Les Anciens trouvèrent plus rapidement que ce que j’avais pensé jusque là la source du problème : ayant eu assez de morts aujourd’hui, ils allaient tenter une approche plus pacifique. Mais il s’avéra que les négociations allaient être bien plus compliquées que prévu : nous étions donc seuls, à l’intérieur de la caravane, en compagnie de quatre barbares et leur chef, qui voulaient absolument trouver les deux femmes qui étaient abritées sous notre toit. Linus tenta de nouveau une approche : « Vous voyez bien qu’il n’y a aucune femme dans cette roulotte. Laissez-moi au moins aller chercher de quoi soigner mon frère : vous voyez bien qu’il ne vous sera d’aucune utilité dans cet état. »
Le chef hurla de rire avant de clamer : « Va, mon petit, va… ! » Et avec un sourire sadique, il continua : « Mais dépêche-toi de revenir car chaque seconde qui passera sans ta présence dans cette pièce, ça sera ton cher petit frère qui dégustera. Il ne tient à peine debout, ça serait dommage qu’on soit obligé de lui briser d’autres membres… Ou pire, nous pourrions être dans l’obligation de l’opérer pour différentes raisons et lui enlever un ou plusieurs membres. Qu’est ce que vous en pensez, les gars ? Ce programme n’est-il pas magnifique ? » Homère se proposa alors d’aller les chercher mais la réponse de ce mécréant fut la même.
Les négociations… Les négociations… Elles étaient sans doute notre seule et unique chance de tous sortir en vie de cette situation : si nous accédions à leur demande de leur livrer Orihime et la femme de l’Ancien, nous serions alors leurs prochaines victimes. J’avais du mal, tellement du mal à rester éveillé. Linus me murmura à l’oreille : « Hey, mon grand, il faut que tu tiennes ! Il ne faut pas que tu t’endormes ! »
L’un des barbares m’agrippa alors par le cou pour venir me coller une nouvelle fois contre le mur : « Mais si tu veux qu’on t’aide à rester éveiller, il fallait le dire tout de suite. » L’un d’entre eux attrapa un pieu en bois miniature bien aiguisé qu’il me planta dans l’épaule droite, tandis qu’un autre s’amusa à m’en planter un dans l’épaule gauche : « Alors, comme ça ? Ça va mieux ? » Je perdis connaissance alors que j’entendis mon frère hurlait. C’est alors qu’une pierre brisa la fenêtre : un parchemin y avait été attaché. Ainsi commencèrent de pénibles et longues négociations…
Informations Complémentaires:
--> Lorsqu'il y a des plans d'attaque comme ça et que certaines personnes restent au campement, l'une des solutions de secours, comme ici, c'est que pour éviter de se faire attraper par d'éventuels adversaires survivants, chaque roulotte est équipée de cachettes secrètes dont, si on ne connait pas leur présence, on ne peut pas les trouver. C'est ce qu'à fait Linus lorsque le signal d'alerte a été donné : il a fait en sorte de cacher Orihime et la femme de l'Ancien dans l'une de ces cachettes pour éviter que les barbares s'en prennent à elles. Après, tu peux très bien ouvrir la cachette de l'intérieur.
--> S'il y a quelque chose qui ne va pas ou que je dois changer, tu sais où me trouver.
--> J'ai essayé de faire une ouverture avec les négociations et tout, et tout, mais je ne sais pas si ça va te convenir. De même, n'hésite pas si ça ne va pas : je sais que j'ai encore beaucoup de travail à faire sur les ouvertures ! ^^'
Sujet: Re: La route de tous les dangers (PV Orihime) Dim 31 Aoû - 0:56
Orihime Katsura
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Titre : Attaque bébéfaceporte ! Crédit : Yuukiël Feuille de personnage Maîtrise Magique: (4400/35000) Mérite: (150/160)
Le sexe... C'est, pour la plupart, une manière d'éteindre le feu brûlant du corps des Hommes, et pour d'autres, c'est la partie la plus profonde, et la plus inaccessible du corps. Une preuve de passion. Pour les jeunes filles, la première fois est même, quelque fois, la preuve d'un Amour plus puissant que tout et n'importe quoi... Et violer cette intimité, c'est non seulement faire le mal, mais aussi souiller, salir, détruire la vie de la victime... C'est malheureusement pour ces jeunes filles attrapées par les bandits, la fin qui leur fut destinée...
♦
Orihime était allongée sur la table d'opérations, toussant de plus en plus, encore plus faible, à mesure que les minutes passaient. Linus, qui était descendu avec un fusil n'avait finalement pas tardé à remonter, pour revenir au chevet de la jeune fille. Ses yeux étaient fermés, mais elle l'entendit entrer. Elle plissa les yeux, afin de s'assurer que c'était bien le médecin, avant de lâcher doucement sa question. - Qu...Qu'est ce qu'il se passe ? J... Laisse moi aider... Linus... Le docteur la regarda, se demandant d'un seul coup pourquoi son petit frère et Orihime, les deux seuls blessés, voulaient à tout prix combattre la douleur pour aider, alors que leur meilleure façon de le faire était de se reposer. - Linus... Je suis mage... Cette révélation étonna le grand frère d'Alouarn, qui se demanda alors quelle était la magie de sa patiente, et pourquoi elle ne l'avait pas utilisée lors de l'attaque des loups. Il se demanda également si elle bluffait, vu l'urgence de la situation, et sa détermination à quitter la table d'opération, même dans son état - Linus... Je... Je veux aid... Une nouvelle quinte de toux l'interrompit, en plus de lui faire perdre encore plus de sang. Linus, encore plus paniqué, ne savait plus quoi faire. Il fallait à tout prix que la femme de l'Ancien arrive, et qu'elle accepte la transfusion. Orihime n'allait plus tenir. Elle se vidait lentement de ses forces, à défaut de ne plus se vider de sang. Mais, bien que le docteur avait recousu la plaie, et avait stoppé l'hémorragie externe, l'interne continuait de s'étendre. Car oui, Linus avait décelé une seconde hémorragie, provoquant les pertes de sang désastreuses de la jeune femme, sans doute due à la profondeur de l'entaille. Et depuis, il se maudissait de ne pas l'avoir vue plus tôt. Il mit un oreiller sous la tête d'Orihime, et lui donna de l'eau, qu'elle finit par recracher, toussant de plus en plus. Alors il choisit une solution bien moins scientifique et médicinale : il alla dans la cuisine, et attrapa un bol de miel, avant de remonter dans le cabinet, et de donner à sa patiente plusieurs cuillerées, comptant sur les propriétés bien connues du miel, adoucissant la gorge. Enfin, il prit la parole. - Orihime, tu souffres d'une hémorragie externe et interne. Tu ne peux pas aider... C'est impossible... Pas dans ton état. Que tu sois mage ou non, que tu le veuilles ou non... - Mais... - Nous sommes encerclés, Orihime. Une embuscade... Cette nouvelle la bouleversa. - Alors laisse moi... - C'EST IMPOSSIBLE !! Il était à bout, les larmes perlant dans ses yeux. Orihime aussi. Elle était étonnée et vexée. Linus s'en aperçut et rajusta son ton de voix. - Orihime, tu n'es pas en état... Et... Je suis désolé... Alouarn est parti là-bas. Je... Je suis à crans... - E...Excuse moi...
Voilà, j'étais totalement impuissante, vulnérable, faible... j'étais un fardeau à Linus, j'étais un fardeau... Je ne pouvais rien faire, hormis rester là. Et j'énervais Linus. Etais-je donc détestée ?
Pendant qu'Alouarn et les autres suivaient le plan de l'Ancien, Orihime, elle, restait couchée. Et son état s'aggravait continuellement. Finalement, Homère arriva avec la femme du même groupe sanguin que la jeune fille. Isa. Bien qu'âgée, lorsqu'elle avait entendu qu'on avait besoin de son sang, et qu'on avait besoin d'elle, elle n'avait pas hésité une seule seconde, et avait suivi l'homme. Elle s'était alors précipitée au premier étage, jusque dans le cabinet de Linus, et, après les préparatifs, le sang de la vieille femme s'échappa de sa veine, et, par le tuyau transparent, passa jusque dans celle d'Orihime. Celle ci était presque inconsciente désormais. La transfusion devait durer quelques minutes, pour transférer une petite quantité de sang, mais l'alarme d'alerte retentit. La panique s'empara de Linus, qui crut au début qu'un malheur était arrivé aux groupes d'attaques, et à son frère. Homère, qui s'en rendit compte, attrapa le médecin et ami par les épaules, et le regarda droit dans les yeux. - Reste ici. Veille sur la transfusion. Je vais voir ce qu'il se passe. - Non, je ne peux pas... Homère, c'est Alouarn... Je ne peux pas... Homère haussa le ton, pour se faire entendre par dessus la voix du docteur. - LINUS ! Tu es médecin. Elle a besoin d'un médecin, pas d'un guitariste. Alors tu restes, et je vais voir. D'accord ? - D'accord... D'accord... Et Homère quitta la pièce.
Des cris. Des paroles angoissées. C'est tout ce dont je me rappelle... Ainsi qu'une aiguille dans le bras. Le reste se passa très vite. Celui qui s'appelait Homère cria, Linus paniqua, mais sembla comprendre que le signal d'alerte n'était pas pour l'échec de la mission... Mais pour l'attaque de ceux étant restés derrière. Ses mains se posèrent sur moi, et il me porta, tandis que la transfusion s'arrêta momentanément. J'étais presque inconsciente. Je me souviens à peine. Une porte dérobée s'ouvrit, derrière l'une des armoire du cabinet, et il m'y glissa, moi, ainsi que l'Ancienne, avant de refermer. La vieille femme essaya de l'y faire entrer également mais il refusa. - Premièrement, humble Isa, cette cache ne peut contenir que deux personnes. Deuxièmement, Homère et les autres ne participant pas à l'attaque ont besoin de moi. Maintenant, je suis désolé, mais je suis plus le membre de la troupe que le médecin. Orihime tiendra normalement assez longtemps pour sauver tout le monde. N'ayez crainte. Il referma et partit en bas, avant de crier à son tour.
Les deux femmes étant désormais cachées, en sécurité, quelques cris fusèrent en bas, les inquiétant horriblement. - Que... Je cause beaucoup de soucis... Je suis... Je suis désolée... Isa posa sa main sur la tête d'Orihime. - Allons, mon enfant... Comment pourriez vous être la cause d'une embuscade ? Vous êtes blessée, vous avez besoin de soins. Ce n'est pas votre faute... Cela arrive. Cependant, l'inquiétude la rongeait. Les bandits étaient à l'étage d'en dessous, et Linus et Homère devenaient otages. Soudain, du bruit se fit entendre. Les brigands inspectaient l'étage, de fond en comble, cherchant les deux femmes. Celles ci se turent. Puis, dès lors que l'étage fut dépouillé des hors-la-loi, Isa prit la parole. - Ne vous inquiétez pas... Cette cachette est invisible, ils ne nous trouveront pas. - Mais... pas eux...
C'est alors que de nouveaux cris se firent entendre, avec la voix d'Alouarn qui s'ajoutait au lot. Les deux femmes écarquillèrent les yeux, et Isa ouvrit la porte, afin d'entendre ce qu'il se disait. Et à ce moment, je compris qu'à cause de nous, ils allaient mourir. Les brigands nous voulaient nous... Nous devions, où nous rendre, où les battre... Mais comment les battre ? Et Alouarn semblait être torturé. Je ne pouvais pas rester là sans rien faire. Alors je sortis de la cache, tombant au sol par manque de force, mais je me relevai, et faisais face. Puis je me retournai, et regardai Isa. - Je vais me rendre... Et je dirais que vous vous êtes enfuie. Alors je serais la seule à souffrir. - Non, Orihime. Vous ne pouvez pas. Ils vont vous violer. Ils vont vous torturer, et vous laisser mourir. Pourquoi feriez vous cela ? - Car vous m'avez sauvée. Vous tous... Il est hors de question que je vous laisse tous mourir. S'il faut que je donne ma vie, alors je le ferais.
Orihime s'appuya contre le mur, et descendit lentement les marches, pour arriver derrière les bandits. Elle porta ses mains à sa bouche en voyant Alouarn ainsi blessé et malmené. Le fait d'avoir lâché le mur la fit s'écrouler à terre. Elle était tellement faible que sans cet appui, elle ne pouvait pas tenir debout. Le bruit qu'elle causa fit retourner tout le monde, tant les brigands que les otages. Linus écarquilla les yeux, Homère ferma les yeux, à la fois de colère et de tristesse. Les brigands rigolèrent. - En voici une... Maintenant, où est l'autre ? Orihime les regarda avec fureur. - Enfuie. Linus, en la voyant, comprit qu'elle mentait. Il comprit ce qu'elle cherchait à faire, un sacrifice. Et Orihime ferma les yeux. Mais elle était trop faible pour utiliser la magie. - Alors je viens avec vous, mais vous les relâchez. Deux des quatre brigands s'approchèrent d'Orihime, et l'un d'eux l'attrapa à la gorge, la collant au mur. - Bien... Tu te livres toi même... Et, pendant qu'elle se faisait étrangler, un autre plaquait Alouarn au sol, et les deux derniers sortirent, afin d'aller inspecter les environs, pour retrouver Isa, la pensant en fuite.
Le lapin blanc : #009900 Le lièvre de Mars : #0000ff Le Chat de Cheshire : #ff3300
Le temps. Où était-il donc passé ? Parti, envolé… Ah, que chaque instant est bien éphémère et que le fil de la vie, que les Dieux ont confié aux trois Parques, est si mince. Tout n’était que le fruit d’un conte qui a mal tourné, n’est ce pas ? Non, je ne veux pas mourir comme ça, entre les mains de bandits de grand chemin. Oh toi, Atropos, troisième sœur, épargne ma vie, pour cette fois encore. Je n’ai pas fini mon œuvre en ce bas-monde : l’histoire humaine est déjà bien assez courte en soi. Dans un état de semi-inconscience, je laissais la douleur se propageait dans chacun de mes membres alors que ces brigands me précipitaient sur le sol. Non, j’avais déjà survécu aux coups répétés de Linus il y a des années, je ne succomberais pas à ceux de ces imbéciles : j’étais, sans aucun doute, un dominé, mais personne ne m’ôtait la vie sans, qu’au préalable, j’ai accepté la mort comme éternelle compagne.
Personne ne prit garde à ce pauvre petit cailloux envoyé par l’extérieur : et la descente d’Orihime aux enfers n’arrangeait personne. Nous n’avions plus aucun moyen de pression, bien qu’Isa reste introuvable, pour le moment. Nous avions beau être supérieur en nombre, nous n’étions pas entraînés à survivre face à des personnages aussi monstrueux, tant par leur moralité, que par leur personnalité et leurs actions. Bercé par les doux chants de mes hallucinations, je n’avais plus aucune notion de ce qui m’entourait. Alors que deux mercenaires, armes aux poings, sortaient pour explorer les environs, les défenses de la caravane se mirent alors en marche, donnant ainsi ce fameux signal : l’heure de la contre-attaque avait sonné. Est-ce que tu entends ce tic ? Est-ce que tu danses sur ce tac ?
Isa, après avoir fait de nombreux signes à la fenêtre pour communiquer avec les festivaliers se trouvant dehors, elle prit rapidement connaissance de ce qui se trouvait dans ma caravane : il n’était pas difficile pour celui (ou celle) qui avait compris comment fonctionner mon cerveau et ma façon de pensée, de trouver toutes les caches secrètes que contenaient ma caravane. Je devais bien admettre que, bien souvent, l’utilité de ce qui était alors introuvable de premiers abords, était considéré, par beaucoup de mes comparses, comme étant fortement discutable. Dans le feu de l’action, personne ne s’arrêtait sur les idées que j’aurais pu avoir sur tel ou tel bibelot : il leur fallait, à tous, des objets communs, qui permettaient de frapper, taper, blesser. J’estimais que la violence était alors trop répandue dans ce monde, et qu’en aucun cas je ne la cautionnerais : si je devais me battre, autant le faire sans une bouillonnante frénésie de haine et fureur.
Et Isa, bien que me connaissant suffisamment, ne fit pourtant pas exception à la règle : elle trouva l’une des arbalètes qui servaient à nos automates pendant les spectacles et, d’une manière experte, le chargea. Cette dernière, comme toutes les armes utilisées durant les représentations, avait été fabriquée par un artisan de renom, et nous bénéficions donc des dernières innovations en matière d’équipements qui répandaient la mort sur nos terres. Ainsi, cette arbalète avait une spécialité de taille : sa légèreté, bien qu’assez flagrante et qui permettait à une femme de la manipuler facilement, n’était rien comparée aux trois flèches qu’elle pouvait accueillir. La première danseuse vint se planter dans le cou de celui qui tenait notre demoiselle en détresse. Homère en profita, grâce à des habiles tours d’acrobate, pour faire tomber le second au sol, alors que Linus tirait d’un geste brusque le tapis sur lequel se trouvait le troisième qui se retrouva pris à parti par les flammes de l’âtre. Bien qu’il ait une épaisse cuirasse, beaucoup de son attirail était fait de peaux de bêtes : ces dernières prirent alors rapidement feu et il se transforma alors en torche vivante. La seule idée géniale qu’il eut fut de briser la fenêtre en sautant à travers pour se réfugier dans la fraîcheur de la neige. Il fut accueilli par des festivaliers en colère qui, il fallait le dire, n’avaient pas lésiné sur les efforts fournis pour arrêter les deux autres mécréants qui étaient partis à la recherche d’Isa.
La femme de l’Ancien s’approcha lentement mais sûrement alors que son adversaire la regardait, d’un air absent. Il lâcha Orihime et son bras tomba lourdement contre son corps. Il voulut articuler quelques mots mais seul le sang gicla, colorant avec avidité ses dents jaunâtres. Il fit un pas, puis deux, et le troisième lui fut fatal : il s’écroula au sol, laissant une trainée rougeâtre sur le sol. Devais-je donc vous supplier à genoux pour que le sang ne soit pas versé dans cette caravane ? Soupir. Il était déjà trop tard : le mien s’était empressé de donner une nouvelle teinte à la pièce de vie principale. Même laver, il allait mettre des années voir plusieurs décennies avant de disparaître ou d’incorporer pleinement notre maison. Plusieurs hommes pénétrèrent, armes au poing, dans notre demeure : le chef des barbares se retrouva alors seul, face à une foule de festivaliers qui réclamait que justice leur soit donnée, et que nul ne pourra empêcher leur main vengeresse de s’abattre sur cet hideux mécréant, pas même la faucheuse qui, le sourire aux lèvres, s’empressaient de souffler des atroces idées de violence et de haine à l’oreille de mes amis. En cet instant, qui serait les différencier ? Ils étaient tous pareils, tous les mêmes… Non, laissez-moi en paix, je ne veux plus chercher querelle à cette violence ! Sortez ! Sortez tous de chez moi.
Alors que le chef adverse était emmené au centre de la place, je sentis deux puissants bras me soulever. La voix de Linus se faisait lointaine, si lointaine. Chaque caresse n’était que des illusions de douceur : mon corps criait à l’injustice, hurlait face à ces coups que j’avais reçu. Avais-je vraiment le choix ? Dis, Grand-Père, toi qui voyages de part le monde, est-ce que tu ne pourrais pas revenir sur tes pas pour conseiller ton ignoble et monstrueux petit-fils ? Homère tenta de m’enlever de ses bras, mais s’était inutile : il me tenait fermement contre lui, refusant que quiconque me touche ou même m’approche. Isa, après avoir rapidement vérifier qu’Orihime ne courrait plus aucun danger, elle demanda à Homère de la raccompagner dans le cabinet et de veiller sur elle, jusqu’à ce qu’elle est pu me libérer de l’emprise de mon grand frère. Il s’avéra que Linus était incapable de faire quoi que se soit : ses émotions l’avaient gagné, s’étaient emparées de lui et l’avaient dévoré tout entier. Il fut impossible de le raisonner, et Isa du lui administrer de force un tranquillisant pour qu’elle puisse accéder à mes blessures : certaines étaient profondes, surtout celles aux épaules, et comme les pieux n’étaient pas des plus récents et qu’ils avaient trainé elle ne savait où, la femme de l’Ancien craignait que les plaies ne s’infectent. Pourquoi t’évertues donc à recoudre ce corps, Isa, ce pauvre corps que tu as déjà recousu tant de fois ?
***
Quelque part, dans le monde hallucinatoire du Quatuor de Wonderland, alors que, dans la réalité, quelqu’un essayait de me maintenir en vie.
Je m’avançais d’un pas rapide, ne prenant pas garde au paysage qui m’entourait : je le connaissais. Enfin, c’est ce que je croyais lorsque je me rendis compte que je tournais en rond : par un curieux tour de passe-passe de mon esprit, alors que la droite du gros chêne devait m’offrir la route qui menait à la grande table où je devais rejoindre mes compagnons pour la cérémonie du thé, elle ne m’offrait alors qu’une vieille porte toute rabougrie qui, une fois ouverte, ne cachait que le début de mon aventure.
Alors que j’ouvrais pour une énième fois la porte, je pris conscience que l’aspect des champignons et autres herbes géantes, les papillons et les chenilles, les volatiles et les insectes, même la route que je foulais depuis si longtemps déjà, avait quelque chose d’étrange. Non pas qu’en temps normal cette bizarrerie n’était pas là, mais tout avait pris une apparence terne, grisâtre. Je m’approchais doucement d’une fougère et, lorsque je voulus la caresser, elle ne fut plus que cendres entre mes doigts. Je fronçais les sourcils, et tentais l’expérience plusieurs fois avant de me rendre compte que tout ce que je voyais n’avait plus qu’une existence éphémère…
Un rire se fit entendre, un rire que je connaissais bien : « Ephémère, éphémère, nous ne sommes pas plus éphémère que ta misérable vie humaine. » Perché sur une haute branche, le Chat de Cheshire me faisait face, sa queue pendant dans le vide, et son sourire narquois toujours affiché sur ce visage. Il se gratta la narine gauche avant de reprendre : « Même moi je ne suis plus qu’un amas de souvenirs. Si tu meurs, qui se souviendra de moi ? »
Je vins m’asseoir sur une grosse pierre qui se trouvait en dessous de son perchoir. Elle n’était ni chaude ni froide, elle n’avait plus d’étincelle. Je pris appuie sur le tronc : son écorce n’était ni dur ni douce, elle n’était plus qu’une vague ombre dans ma pensée. Une secousse se fit sentir, tel un tremblement de terre : elle fit parler d’elle pendant une courte durée, laissant des longs sillons sur son passage, délogeant ainsi petites bêtes et mauvaises herbes, ne touchant point aux précaires vies des seigneurs végétaux de ce monde en péril. Une douce mélodie s’échappa alors des entrailles de notre mère nature : c’était une longue plainte d’agonie. Elle était froide. Elle était dure. Elle était profonde. Puis elle s’évapora dans les airs aussi soudainement qu’elle était venue : « Quoi qu’il arrive, tu seras toujours dans les contes. On se souviendra toujours du chat de Cheshire. » Il s’étira nonchalamment avant de sauter sur une autre branche. Il se rallongea et se mit à se lécher la patte : « C’est vraiment pathétique de te voir agir de la sorte. »
Il se remit à rire, avant de s’allonger sur le dos, laissant pendre ses griffes dans le vide. Une lueur malsaine brillait dans son regard, brûlait d’une flamme qui se voulait éternelle : « Oui, tout ceci est pathétique ! Aussi apitoyant que de savoir que tu es prêt à te laisser mourir. Que l’on me voue un culte perpétuel dans les mythes et les légendes, c’est le problème de leurs lecteurs, pas le mien. Je serais toujours le même chat de Cheshire, je répèterais inlassablement les mêmes gestes et paroles, quelque soit le nombre de fois où ces hommes, ces femmes, et ces enfants liront ces niaiseries dans leurs livres aussi stupides qu’absurdes. Ici, je suis une hallucination, mais une hallucination libre ! » Lorsqu’il prononça le dernier mot, un filet de bave l’accompagna : « Oui, mon ami, je suis libre ! Libre d’indiquer ce chemin-ci et ce chemin-là, celui-ci ou un autre, tout ceci n’a que peu d’importance puisque toutes ces routes mènent nulle part. Laisses-nous donc encore un peu de répit ! N’est ce pas toi qui priais les Parques de te laisser la vie sauve encore cette fois-là ? Cette prière a-t-elle était faite en vain ? Que tu peux être ennuyeux à te poser toujours ces mêmes questions… Ne voudrais-tu pas changer un petit peu ? » Et son rire transperça à nouveau l’air.
Intrigué par ces paroles osées, je me contentais de demander : « Et pourquoi une telle rage contre les histoires ? »
Il s’arrêta net dans son rire. Il me regarda d’un air… Je ne sais pas trop… D’un air de guignol incompris : « Et il est content ! » Il se mit à courir après sa queue, laissant ses boules tirer une de ces tronches à la gueule de la branche qui lui avait accordé le droit d’asile. Il prit cet air outragé dont il était pourtant si fier : « Encore, et encore ! Je suis le professeur, le dictateur de la connaissance. Ah, que tous ces débats vont me manquer lorsque nous serons tous enterrés six pieds sous terre… Enfin, pour nous, ça sera éparpillé aux quatre coins du monde. Tu as vu comment j’intègre rapidement ta culture vagabonde, comédien ? Essaie d’en faire autant avec la notre, mais surtout avec la tienne puisque nous ne sommes qu’une extension de ton esprit, pauvre imbécile que tu es dans ces moments d’égarements ! »
Il fit quelques pas de danse avant de sauter dans le vide et de se laisser porter par les tornades légères du vent : il atterrit en douceur sur le sol et vint se caler en ronronnent sur mes genoux. Je le grattais derrière la tête et ses gémissements de plaisir redoublèrent d’intensité : « Si je suis si ignorant, allume donc ces lanternes qui m’éclaireront ! »
Il s’arrêta net dans ces geignements, et débuta alors la longue lamentation de Wonderland : « Il chante, il chante le petit comédien. Il chante, chante, ne chantera peut-être jamais plus. Il chante, chante le petit comédien de Wonderland. Il n’a jamais pris le temps d’écouter, voilà quelque chose de fort amusant : un illusionniste par le son qui ne sait pas utiliser ses oreilles. Ici, tout n’est que comble, mais ce que je vois là est une insulte à tous ces combles ! Ne crois-tu pas que tu as poussé le bouchon un peu loin ? Oui, oui, oui. Il a chanté, il chante, et il chantera… Il chante, chante le petit comédien, celui que l’on nomme le contretemps de son époque. Il ne vit que pour ses idées. Il ne vit que pour son monde. Il ne vit que pour sa famille… Enfin, ça dépend laquelle. Et que dirait Marcus s’il te voyait dans un état aussi lamentable ? Je ris de voir tout ce monde s’effondrer sur lui-même. Ah, que cela me manquera de sortir des sentiers battus… Ne veux-tu pas tenir un tout petit peu plus, comédien ? Je dois t’avouer que ta pensée était déjà sacrément mal fichue dans sa structure… Là, c’est encore pire ! Allez, réveille-toi ! Oh, mon dieu, que ce discours n’a ni queue ni tête. » J’haussais les sourcils : les mots, lorsqu’ils étaient assemblés en ce monde, n’avaient jamais grand sens… « Allez, ne fais pas cette tête-là ! A tout à l’heure… »
Je me sentis happé par derrière, et je me mis à tomber dans un trou sans fond.
***
Cabinet de Linus, réalité.
Que mes paupières étaient lourdes. Je ne pus réprimander un haut le cœur lorsque je sentis le gout du sang dans ma bouche : ne pouvant bouger, je commençais à m’étouffer avec mon propre vomi. Je sentis Isa (oui, oui, avec le temps et vu le nombre d’heures qu’elle avait passé à me rafistoler, je pouvais deviner… enfin, deviner, c’est un bien grand mot, mais bon, disons que j’étais capable de dire si c’était elle ou non) m’agripper et me tourner sur le côté pour que je puisse libérer ma trachée. La douleur était telle que je ne pensais qu’à elle : il y avait juste elle et moi. Tout n’était que bruits immondes autour de nous.
Je perdis de nouveau connaissance, alors que la vieille femme tentait de m’expliquer quelque chose. De toute façon, c’était trop tard…
***
Monde hallucinatoire de Wonderland.
Une voix me sortit de ma torpeur : « Et bien, se fut plus que rapide ! Tu es sûr que tu ne veux pas rester avec eux, en bas ? Ils ont l’air de pourtant bien s’amuser ! » Je m’étais recroquevillé sur moi-même et le Chat de Cheshire, de plus en plus translucide, me regardait d’un air faussement joyeux : « Allez, s’il te plait, sois sympathique, pour une fois ! Les copains et moi serions vraiment déçus si tu faisais tes adieux au monde dans de telles circonstances ! C’est moche de mourir comme ça ! Surtout quand on sait qu’on meurt à cause de cette violence… Oh oui, on dirait qu’elle a pris le pas sur ta terre ! A dire vrai, je suis bien heureux qu’elle ne soit pas que dans les contes, histoire que vous aussi, lecteurs, vous soyez au courant des ravages et des plaies que cette garce peut faire ! Que c’est ennuyeux de savoir que même les plus grands philosophes de votre monde, ceux qui pensent et réfléchissent, ne nous prennent que pour des vulgaires mots sur du papier défraichi ! Ils ne voient que ces ridicules petites lettres noires, parfois les grandes lettrines rouges en début de chapitre : savais-tu que même avec une bonne paire de lunettes, même les plus grands érudits du monde, ne peuvent expliquer certaines maladies, même en ayant l’essentiel sous les yeux ; ne comprennent pas les mécanismes et les engrenages de marionnettes et autres plans de maisons ou manoirs, plus diaboliques les uns que les autres ; n’arrivent pas à transgresser les lois qui régissent le monde des livres. Ta réalité est si désastreuse… Et dire que tu les as laissé gagner. C’est… pitoyable ! »
Je me sentais quelque peu découragé face à ce tableau des plus noirs. Qu’est ce que je pouvais y faire ? Je n’étais qu’une toute petite voix parmi une foule de voix, j’étais un homme parmi une multitude d’individus, personne ne faisait attention à un comédien sans domicile fixe, dont les idées étaient plus aberrantes les unes que les autres : « Il est encore en train de délibérer sur le même sujet ? »
Le Chat de Cheshire soupira avant de répondre au Lièvre de Mars : « Encore et toujours. Ça en devient presque lassant… Aaaaah, la question du regard que porte l’autre sur nous ! Nous pourrions débattre des heures durant dessus ! Néanmoins, c’est un débat pour le coin du feu, ça ! Tu es dans un état critique, et la seule chose à laquelle tu penses c’est de savoir ce que les autres penseront de toi si tu survis ! Ce qui est assez frustrant c’est que tu vas t’imaginer qu’ils vont rire de toi, de toi et de tes choix ! Pourquoi est-ce que tu ne les emmerderais pas une bonne fois pour toute ? Tu te sentirais tellement mieux… »
Le Lièvre de Mars compléta : « … Et nous aussi ! Si nous pouvions boucler cette grotesque histoire définitivement et passer à autre chose, je t’assure que nos débats n’en seront que plus larges et plus intéressants ! » Il se gratta nonchalamment le nez avant de reprendre : « Pfiou, de toute façon, nous n’avons plus grand chose à faire, maintenant ! Je ne te donne même pas deux heures à vivre si nous continuons dans cette optique-là ! Entre nous, qu’est-ce que tu en as à carrer de ne pas pouvoir être fort tout le temps ? »
Je soupirais avant de répondre : « Ce n’est pas vraiment ça le problème… »
Mes deux comparses se regardèrent d’un air étonné, qui se transforma bientôt en une complicité maligne. Le Chat de Cheshire rétorqua : « Si ce n’est pas la difficulté première, dans quoi t’es-tu encore fourré ? Je ne me rappelle pas que l’une de tes idées loufoques nous ait mis dans la merde ces derniers temps. Pour une fois que je trouvais qu’on gérait plutôt bien la fougère ! » D’un air soucieux et absent, je ne répondis rien : « Et bien, et bien ! N’oublie pas que nous sommes déjà dans ta conscience ! Plonger dans des eaux inconnues n’est pas une si bonne chose que ça : personne ne reviens jamais de l’au-delà de la conscience ! Ne tente pas le diable ! »
Le Lièvre de Mars voulu m’envoyer une pierre à la figure, mais cette dernière se désintégra bien avant qu’il ne la lance dans les airs : « Au fond, qu’est ce qui rend l’homme heureux ? Quel est son but ? » Ils restèrent sans voix : ce qui semblait être acquis pour nous trois ne semblait pas être une évidence pour tous. Je toussais : mon poing, qui était venu protéger ma bouche, se tinta rapidement de rouge. Mes poumons me lançaient douloureusement. Etrange… Même si ce mot était coutume dans ce monde, dans la réalité, il était généralement porteur de mauvaises nouvelles : il ne me semblait pourtant pas avoir été touché à ce niveau-là. « Est-ce un crime, pour un homme, de ne pas vouloir fonder une famille avec le sexe opposé, mais de vouloir quand même des enfants ? La nature a fait les choses bien compliquées, vous ne trouvez pas ? »
Le lapin blanc s’étant approché, fort contrarié, nous lança : « La montre ne fait plus tic, le tac est alors parti ! Lorsque l’un reviendra, l’autre suivra. Ainsi vont le tic et le tac, main dans la main, n’ayant pour seule ligne d’horizon que le sillon du temps qu’ils tracent, tracent, tracent inlassablement. Ainsi va le monde, ainsi va la vie. Aujourd’hui nous n’aurons pas de tic. Aujourd’hui nous n’aurons pas de tac. Et puisque le temps n’est plus, jouons-nous de lui au lieu de pleurer sa mort, aussi incertaine qu’inexistante. Ceci ne veut rien dire. Cela n’a aucun sens. Mais n’est ce pas le propre de Wonderland de chercher une raison à ce qui ne semble pas en avoir ? Nous acceptons tellement plus facilement ce que nous pouvons pointer du doigt, expliquer en mettant des mots sur les phénomènes. » Il secoua une dernière fois son gousset avant de le plonger dans le noir complet de sa poche : « Et toi, Chapelier Fou, n’es-tu pas fatigué de courir après une vie qui n’est pas tienne ? Toi qui tiens tous les éléments dans tes mains, pourquoi ne pas ouvrir tes yeux sur l’évidence même ? Personne n’a jamais eu le beurre et l’argent du beurre. »
Pensif, je lui répondis : « Avons-nous vraiment le temps de parler de tout ceci ? »
Le Lièvre de Mars haussa les épaules avant de me jeter à la figure un : « Si nous devons attendre la mort, autant occuper notre temps libre par des débats. Oh non, ne partons pas sur des divergentes de discussions tout à fait plaisantes ! Ne me regardez pas comme ça ! Toi, le Chat de Cheshire, tu prendrais volontiers un cocktail de sexe, en espérant que les dernières escapades nocturnes du Chapelier Fou puissent délecter tes habiles babines. Quand à toi, le lapin blanc, tu n’attends qu’un seul faux pas de notre part pour lancer quelques unes de tes pensées philosophiquement pressées. Et le loir, le loir qui ne prend jamais part à un oui, à un non, à un peut-être. Il court, il court, le furet, le furet du bois joli ! Oh, et puis moi, moi le terrible, le vilain Lièvre de Mars, tout aussi rabat-joie qu’aux premiers jours. Même au bord du précipice, nous sommes les mêmes, toujours les mêmes, inlassablement les mêmes. Et le monde tourne toujours. Ah, Chapelier Fou, pourquoi se plier aux règles de cette terre qui avance… avance… avance sans nous ! Que l’on pense ainsi ou autrement, elle ne nous attendra jamais, elle ne cherchera jamais à nous comprendre. Soit tu es la société, soit tu es les relents des bas-fonds. Hier nous étions les rats qui déchiquetaient les poubelles pour quémander un peu de nourriture. Aujourd’hui, nous sommes au-dessus du gouffre, attendant vainement une faucheuse qui ne viendra pas. Demain, nous serons ces mendiants qui lècheront les pieds de ces bourges qui n’allègeront par leurs couilles en or pour si peu. Et toi, Chapelier Fou, n’es-tu pas fatigué de courir après une vie qui n’est pas la tienne ? Que cherches-tu à atteindre ? »
Je regardais mes pieds, ces minables pieds qui devenaient, eux aussi, translucides. Ils ont raison de se poser la question. Pourquoi ne m’étais-je pas entretenu avec elle plus tôt ? A vouloir une vie qui ressemble à celle des autres, j’avais perdu ce qui était essentiel à mes yeux… Mais qu’est ce que l’essentiel ? Serais-je donc le trouver ? Devais-je seulement le trouver ?
Et les contours de Wonderland disparurent à nouveau…
***
Lorsque j’ouvris les yeux, j’avais été alité dans ma chambre. La porte était entrouverte, et le feu, qui brûlait alors tranquillement dans l’âtre, reprit de plus belle lorsqu’il comprit que le maitre était de retour parmi les vivants. La douleur était encore très présente, mais tout à fait supportable : Isa avait encore du utiliser quelques unes de ces potions magiques. Je n’aimais pas particulièrement quand elle les utilisait : certes, elles pouvaient réparer les blessures et les plaies rapidement, mais, comme tout objet magique, elles avaient leurs propres malus. A dire vrai, les os étaient ressoudés, les plaies ouvertes se refermaient, mais le corps n’en devenait que plus fragile. De ce fait, la vieille femme les utilisait que très rarement. Un jour, par inadvertance, alors que je m’ennuyais dans sa caravane, attendant avec impatience que Linus ait fini de décuver, je m’étais amuser à lire les notices de ces potions : j’avais donc ainsi appris que beaucoup d’entres elles, mal dosées, étaient mortelles. Cela m’enchantait de savoir que celles-ci se trouvaient entre de bonnes mains. Si Isa avait jugé bon de les utiliser, je lui faisais confiance… Mais, arriverait un jour où mon corps sera alors bien trop fragile pour voyager : je redoutais ce moment-là. Je priais les dieux pour que ma carcasse soit assez robuste le plus longtemps possible. Je devais admettre que j’aurais du mal à supporter encore un traitement comme celui que le chef des barbares et ses complices m’avaient infligé.
Alors que je prenais appui sur mes coudes pour me mettre en position assise, je fus pris de vertige : à croire que j’avais encore besoin d’énormément de repos, malgré les soins apportés par Isa. Une odeur familière de thé vert flottait dans les airs. Je souris : Linus ne devait pas être loin. Grand frère avait toujours cette habitude de laisser trainer derrière lui ce léger et doux arôme de plantes infusées. Je tournais la tête vers mon bureau : il y régnait un désordre monstre, signe que, malgré la théière remplie et la fumée qui s’échappait de la tasse, le médecin n’était pas tranquille. J’espérais de tout cœur qu’il ne s’était pas remis à boire : une boule d’angoisse vint se loger dans mon estomac et je déglutis difficilement. Non, non, non, il fallait que je sois rationnel… Des pas se firent entendre dans le salon : je tournais la tête en direction de mes visiteurs qui s’arrêtèrent sur le pas de porte de ma chambre. Je reconnus Linus, qui se tenait alors dos à moi, et Isa, qui affichait une mine sévère. Ils parlaient à voix basse, ce qui ne m’empêcha pas pour autant d’écouter. Vu le ton de la conversation, je compris qu’il avait, lui aussi, fait une descente aux enfers : « Que cela soit clair entre nous, Linus. Tu gardes, pour le moment, la garde d’Alouarn. Mais encore un seul faux pas avec l’alcool jusqu’à la fin de ce voyage, et tu perds tout, absolument tout. Nous aurons une petite discussion lorsque nous arriverons à Harujion mas, d’ici là, prends bien soin de ton petit protégé. Je viendrais prendre des nouvelles, matin et soir. A partir de maintenant, je ne te laisse malheureusement plus le choix, Linus. Soit, avec mon aide, tu suis des séances de sevrage pour arrêter de boire, soit je m’arrange pour qu’Alouarn soit confié à un autre médecin. » Il hocha la tête, silencieusement, ne sachant pas vraiment où se mettre, car il savait pertinemment bien qu’il était en tort. Isa baissa encore le son de sa voix, mais cela n’était pas suffisant pour m’arrêter : alors qu’elle débitait sa première tirade, je m’étais levé le plus silencieusement possible, et j’étais venu m’asseoir contre le mur, le dos appuyé contre ce dernier. La tête légèrement penché, mes bras entourant mon torse, j’écoutais les mots des grandes personnes : « J’aimerais que tu comprennes, Linus, que tu es le seul lien entre son avant, son maintenant, et son futur. Lorsque tu es arrivé ici, j’ai cru bon d’accorder la confiance nécessaire aux choix de mon époux, mais je ne te cache pas que j’émettais alors beaucoup de réserves à ton égard. Et puis, malgré tes déboires avec l’alcool et le sexe, Alouarn s’est accroché à toi. Il avait tellement peur de te voir partir, qu’il a tout supporté… Pour toi, juste pour toi. Nous savions tous, lorsque tu es arrivé, que tu as accepté ce poste pour échapper à ta famille, pour contredire tes parents. Et puis, des liens ont commencé à se tisser, et, inconsciemment d’abord, tu t’es mis à aimer cet homme aux idées assez excentriques. Alors, s’il te plait, je t’en conjure, ne bois pas cette bouteille de trop, cette eau de vie fatale. Tu sais très bien qu’Alouarn n’acceptera jamais personne d’autre, même si c’était le meilleur des hommes. Ce qu’il veut, c’est toi, uniquement toi, avec tes hauts et des bas, tes forces et tes faiblesses. Vous avez déjà fait beaucoup de route ensemble, et vous avez encore un bout de chemin, et pas des moindres, à faire ensemble. Accepte-toi comme tu es, accepte-le comme il est. Arrête de te borner sur les idées préconçues du monde et apprenez à vivre sainement ensemble. »
Linus fronça les sourcils, perturbé et vexé par le discours de la vieille femme. Il demanda alors : « Tu tiens de tels propos comme si tu savais des choses que j’ignorais. J’ai quand même passé les sept dernières années avec Alouarn. »
Isa sourit faiblement avant de rétorquer : « Oui, tu as seulement passé les sept dernières années de ta vie avec Alouarn, dont deux à tabasser celui que tu considères maintenant comme ton petit frère. Lorsque sa mère l’a mis au monde, j’étais déjà là. Je l’ai vu grandir, je fais parti du décors et, j’ai beau être une personne âgée, je possède toujours une très bonne vue. Et je n’invente certainement pas ce que j’ai vu. Ne commence pas à vouloir comparer ce que nous savons sur ce jeune homme. Tu ne gagneras jamais contre moi puisque tu ne le connais pas. »
Linus rétorqua : « J’aurais vraiment tout entendu venant de ta part. J’estime que, de par ma présence à ses côtés durant plus d’une décennie, je suis assez compétent pour ce qui est l’acquisition des savoirs sur la vie d’Alouarn. »
Isa le fusilla du regard : « Alors, c’est donc ça ! Tu estimes… Tu considères que ta seule compagnie te permet d’avoir tous les droits sur la vie de ton compagnon. Tu es ridicule. Tant que tu seras persuadé qu’Alouarn est autre chose qu’une personne comme toi et moi, tu n’apprendras jamais rien de lui. »
Linus enchérit : « Mais, Isa, Alouarn n’est pas comme tout le monde, et ne sera jamais, tu m’entends, il ne sera jamais, comme tout le monde. Toi qui penses tout savoir, tu devrais l’avoir remarqué. Il est malade : il est instable psychologiquement, et, si, je dis bien si, sa schizophrénie guérit un jour, il aura encore à apprendre à s’occuper de lui-même. D’ici là, sa vie sera finie ! »
La main d’Isa s’abattit sur la joue de Linus : « Il n’y a qu’un seul monstre dans cette caravane, Linus, et il se tient en ce moment en face de moi. Tu me dégouttes. Comment peux-tu parler de ton frère comme si ce n’était qu’un vulgaire objet d’étude, un monstre hideux qui n’a pas le droit à sa part d’humanité ? Grandis un peu dans ta tête, Linus. Rien n’est jamais acquis d’avance. Qu’est ce qui est le plus dur à accepter ? Te faire remonter les bretelles par une vieille femme ou admettre que tu as tort sur plusieurs points et que tu ne sais pas comment rattraper toutes les conneries que tu as pu faire avec Alouarn ? Comme quoi, tu as beau avoir appris tous les métiers du monde, la théorie a toujours été très loin de la réalité… »
Le médecin serra les poings : j’avais promis que je ne pleurerais pas, Grand-Père, j’ai menti. Une larme vint rouler sur ma joue, se jouant bien de tous mes principes : « J’ai beau ne pas être le meilleur grand frère du monde, j’ai certainement plus de bas que de haut, mais je ne veux pas qu’on m’enlève Alou’. » Et avant même qu’Isa ait pu avancer quoi que se soit, il enchaîna : « Je sais que j’ai encore énormément de travail à effectuer sur mon comportement, sur moi, mais non, personne ne me l’enlèvera. Il est à moi… Non, je n’accepte pas que mon orgueil s’en prenne plein la gueule, bien que je sache pertinemment que tu as raison. Du temps, laisse-moi juste du temps… »
Isa répliqua : « Du temps, comme tu l’as si bien dit, tu en as eu pendant sept ans. Je te laisse jusqu’à la fin des festivités de Magnoria pour réfléchir à ce que tu souhaites faire de ta vie : soit tu restes mais tu te reprends rapidement en mains, soit tu fais tes valises. »
Linus la regarda bouche bée avant de protester : « Mais, qui s’occupera d’Alouarn si je ne suis plus là ? »
Isa, impassible, affirma : « Si Alouarn n’est qu’un objet pour toi, un moyen qui te permet d’atteindre tes objectifs, pourquoi te soucier de l’humain qui est en lui ? » Linus ne trouva rien à répondre à cela. Isa, avant de partir rejoindre les caravanes se trouvant en tête de convoi, lança : « Nous en rediscuterons… Plus tard. En attendant, tâche d’être un peu plus digne et respectueux du titre et du rang que l’on t’a accordé. Et, si par le plus heureux des hasards, tu as besoin de parler, tu sais où me trouver, bien que je doute de tes capacités à venir me demander de l’aide si cela s’avère nécessaire. » Puis, elle partit, alors que les dernières roulottes étaient en train de s’immobiliser : l’heure de changer de conducteurs était arrivée. Nous n’en avions plus beaucoup de valide, mais il était encore possible de faire tourner les postes. A bien y réfléchir, je ne savais pas qui conduisait la mienne à l’heure actuelle.
Linus attendit quelques minutes avant de pénétrer dans ma chambre : son premier regard fut porté sur mon lit. Qu’elle ne fut sa surprise lorsqu’il découvrit que je n’y étais plus. Il ne lui fallut qu’une poignée de secondes pour trouver le lieu où je m’étais réfugié… Si nous pouvions appeler ça un refuge. Il comprit rapidement que j’avais tout entendu, et il ne sut où se mettre. Le silence plana dans les airs, avant de retomber lorsque je pris la parole : « Dis, Linus, tu vas vraiment t’en aller ? » J’avais pris cette mine sombre des mauvaises nouvelles. Je me levais, mais se fut fait beaucoup trop rapide pour mon corps encore meurtri et je fus pris de vertiges. Le monde se mit à tanguer devant mes yeux, et je fus heureux de sentir les solides bras du médecin : il me soutint le temps que ma vue reprenne le dessus sur les images troubles. J’avais mal à la tête. Alors qu’il voulut me reconduire à mon lit, je refusais tout bonnement de bouger : « Attends, je n’ai pas fini ! » Linus se mordit les lèvres : Isa avait raison, il me connaissait sans vraiment me connaître. Il devait avouer qu’il était bien incapable de prévoir mes trois prochains coups, un comble pour quelqu’un qui a étudié pendant si longtemps la médecine, mais surtout les maladies mentales. Je vins doucement entourer sa taille de mes bras, et mon front vint se coller au sien. Ses mains vinrent caresser mon torse, et l’atmosphère se détendit légèrement : « Tu sais, grand frère, ce n’est pas grave ! Sept ans, dans une vie, ce n’est rien du tout ! On a encore plein d’années devant nous. » Je m’arrêtais, réfléchis un instant, avant de reprendre : « Et plein d’années, ça fait encore plus de jours pour apprendre à mieux se connaître. En tout cas, ça fait plus de mille fois tous mes doigts réunis… » Et j’ajoutais, mort de rire : « C’est pareil que compter des grains de riz avec ses doigts de pieds ! C’est tellement long, qu’on n’en voit jamais, jamais, jamais le bout ! » Je déposais un baiser sur son front, et, après avoir fait trois fois le tour sur moi-même, je m’avançais d’un pas serein vers mon lit, où je me laissais tombé comme une pierre qui se détachait de la montagne.
Linus vint s’asseoir à côté de mon corps avachi sur mon matelas. Sa question me surprit, mais ma réponse allait le laisser, une fois de plus, sans voix : « Pourquoi Alou’ ? »
Je plantais mon regard dans le sien. Avec un grand sourire, je l’attrapais par la taille, et l’entrainais avec moi sous les draps. Une fois que nous fûmes bien installés, lui, la tête sur les coussins, et moi, assis sur son ventre, une jambe de chaque côté de ce dernier, je lui répondis, avec toute la naïveté dont je pouvais faire preuve : « Mais, parce que je t’aime, grand frère ! Et ça, c’est plus important que tout le reste. » J’entrepris alors de déboutonner sa chemise, tout en continuant à suivre le fil de mes pensées qui, soit dit en passant, était tout à étrange puisque ce fil ne filait jamais en ligne droite dans ma tête, je passais donc très facilement du coq à l’âne, de l’âne au poulet, du poulet au coq, du coq à la fourmi, de la fourmi à l’âne, et bien entendu, avec une facilité déconcertante : « Tu sais, ce n’est pas très grave. Nous avons tous des petits et des gros problèmes. Je crois que le plus dur est d’accepter le fait qu’on n’est jamais tout seul pour combattre nos propres démons. J’ai dormi longtemps ? Où est-ce qu’on en est dans le voyage ? Dis, si je suis sage, est-ce que je pourrais aller à l’atelier ? Et puis, tu sais, je n’ai pas très envie qu’un autre vienne prendre ta place. Je suis bien avec toi : j’ai fait une bêtise pour qu’Isa ne veuille plus que tu t’occupes de moi ? Tu sais, on ne s’est pas toujours bien entendu, mais je ne veux pas que tu t’en ailles. Tu es à moi, juste à moi, rien que pour moi. Je dois t’avouer que tu me fais tellement peur quand tu laisses les démons de l’alcool prendre le dessus sur ta raison ; et je ne me fais pas vraiment d’illusion sur ce qui t’a poussé à venir ici, mais on s’en est pas trop mal sorti jusqu’à présent. La dame qu’on a sauvée dans la montagne, elle est encore en vie ? Elle est toujours dans la maison ? Est-ce que tu crois qu’elle est venue te voler ? » Tout en parlant, j’avais fini ma besogne et avait entrepris de caresser ce qui avait été caché jusqu’à maintenant par la chemise de mon frère. Je devais avouer que j’aimais particulièrement ce que je touchais : « Dans une famille, c’est normal qu’on se dispute, que parfois on en vienne aux poings pour s’expliquer. Mais, ça ne change rien au fait que je t’aime. Tu es vraiment obligé de choisir la solution où tu dois partir ? Je pourrais venir avec toi, dis ? Tu ne me laisses pas tout seul ici, hein ? » Linus comprit alors certaines paroles de la vieille femme : il commençait à prendre conscience de ce qu’il avait gagné en venant s’occuper de moi. A trop vouloir faire du mal autour de soi, on en oublie trop facilement qu’il y a aussi des gens qui vous aimez pour ce que vous étiez, avec vos démons et vos anges. Personne ne peut vraiment comprendre les sentiments, et en particulier l’amour, qui se décline alors de bien des manières.
C’est à partir de ce moment que le processus de guérison de Linus s’enclencha. Et pour la première fois en sept ans de vie commune, il fit véritablement le choix d’être ce qu’il devait être pour moi : un médecin, un ami, un grand frère, et bientôt un amant. Je vous l’accorde, cette relation était plus qu’ambiguë, mais c’est comme ça que nous nous aimions. Lui le dominant. Moi le dominé. Et ainsi continuait la vie. Alors que je ne m’y attendais pas vraiment, Linus renversa la situation et se fus moi qui me retrouvai alors en dessous. Il vint alors me murmurer à l’oreille : « Promis, je ne te laisserais plus jamais tout seul ! » Nos lèvres s’effleurèrent d’abord, puis, l’attirant contre moi, après l’avoir attrapé par la taille, Linus répondit à mes baisers. J’aimais le contact de son corps contre le mien, et, alors que je voulais aller plus loin, le médecin mit fin rapidement à mes avances : « Hey, mon grand, tout doux ! Tu vas un peu vite en besogne. » Je poussais un soupir de mécontentement avant de partir bouder dans mon coin. Je m’assis en tailleur contre le mur, et laissais mon esprit vagabonder ailleurs. Je ne comprenais pas : pourquoi est-ce qu’il avait besoin de plus de temps avec moi, alors que ses conquêtes défilaient dans son lit, prenant même parfois plusieurs partenaires en même temps ? Linus vint alors s’asseoir à côté de moi, mit sa tête sur mon épaule et glissa sa main dans la mienne : « Il me semble qu’il est grand temps que nous ayons une petite discussion à propos du sexe, tu ne crois pas ? » Je détournais le regard, un peu vexé, et blessé dans mon orgueil : « Hé, arrête de faire ta tête de mule ! Je commence, si tu veux ! Vas y ! Pose-moi toutes les questions que tu veux ! » Je regardais mes pieds, le regard dans le vide, et je devins aussi rouge qu’une tomate trop mûre : il avait réussi à me prendre au dépourvu. Et je ne savais pas vraiment s’il m’avait dit ça pour rigoler, pour me tester, ou s’il était vraiment sérieux dans ses propos. Il répondit, sans même que j’ai à lui demander, à mes interrogations silencieuses : « Non, non, mon grand, ce n’est ni une plaisanterie, ni un canular. De toute façon, il faut bien qu’on en parle un jour ou l’autre car, te connaissant, je suis sûr que tu es en train de te dire que tu n’es pas assez bien pour moi. Alors, vas-y, déballe donc tout ce que tu as sur le cœur, histoire qu’on puisse passer à autre chose et avancer ! » Devant mon silence, Linus ne savait pas comment il pouvait me pousser à parler : il avait raison, j’étais en train de me persuader que je n’étais qu’un monstre à ses yeux, juste un petit bout de rien du tout, qui ne méritait ni son attention, ni ses caresses, ni ses baisers. Je ne pourrais dire qui était le plus mal à l’aise des deux en ces instants : à cette époque, je ne me doutais pas encore de toute la complexité du personnage qu’était mon grand frère, mais, comme on dit, il faut un début à tout.
Alors qu’il était en train de se lever, je le retins par le bras : « Non, attends, ne pars pas ! S’il te plait. » Nous nous regardâmes pendant un instant, un moment qui semblait s’étirer dans une éternité inébranlable. Puis, je brisais le silence : « On n’a qu’à jouer au jeu des questions. Mais on fait chacun son tour, d’accord ? » Ça y est, enfin, le contact était établi. Se fut long. Se fut laborieux. La révolution était en marche.
Linus se leva, et me tendit la main pour m’aider à me mettre debout : « D’accord. A la condition qu’on prépare le repas en même temps. Et puis, Orihime ne devrait pas tarder à arriver pour déjeuner. » Avant même que le médecin me demande de troquer mon pyjama contre des vêtements plus appropriés, je me précipitais vers mes armoires pour me changer. Il ne me fallut pas plus de deux minutes pour m’habiller : bon, je devais avouer que mon choix vestimentaire laissait à désirer aujourd’hui mais, non n’étions pas parti pour faire un défilé de mode, ou un truc du genre. Lorsque je compris que Linus ne me laisserait pas passer, je me retournais pour jeter un coup d’œil dans ma chambre : pour sûr que j’avais oublié de faire quelque chose. Je sautais sur mon pyjama que j’avais, une fois de plus, mis en boule sous mon lit, et le mis dans le panier à linge sale. Le médecin attrapa sa tasse et sa théière, toutes deux remplies d’un thé encore chaud, et nous nous dirigeâmes sans plus tarder vers la cuisine. Au menu du jour : des patates ! Je fus chargé de les éplucher, mais Linus dut rapidement venir à ma rescousse car, au bout de dix minutes, je n’étais qu’à la moitié de ma première pomme de terre. A ce rythme-là, on aurait été encore là deux jours plus tard : « Alors ? Ta question ? »
Je fixais ma patate, avant de lui lancer : « Pourquoi ? » Linus haussa les sourcils avant de me demander de préciser ma pensée, voyant que je ne comptais pas vraiment continuer ma question : « Qu’est ce que les autres ont de plus que moi ? Ce que je veux dire, c’est que tu vois défiler tellement d’hommes et de femmes dans ton lit, que, même après avoir tourné et retourné le problème dans mon esprit, je ne vois pas ce qu’on a de si différents. Ou alors Isa avait vraiment raison, et je ne suis rien d’autre qu’un objet pour toi, un truc qui n’est là que pour te faire atteindre certains de tes objectifs… Après tout, c’est pour ça que je me faisais fracasser la gueule à chaque fois que tu recevais des lettres de ta famille : elle n’a jamais approuvé que tu viennes ici t’occuper de moi. Je suis finalement là que pour la contredire dans ces faits, ces dires et ces gestes. » Et bien, on dirait que les évènements de ces derniers jours faisaient remonter certains autres qu’on aurait préférés oublier, enterrer à tout jamais. Nous savions, l’un comme l’autre, que nous étions fautifs, que nous avions laissé passer des actions, des pensées, qui n’auraient jamais du naître en ces lieux, et nous ne nous étions jamais des explications, et pourtant. Notre relation était déjà bien assez compliquée, si en plus nous n’étions pas capable de nous dire les choses en face. Linus posa ce qu’il avait dans les mains sur la table et vint mettre sa chaise de telle façon que, lorsqu’il fut assis dessus, il se trouvait face à moi, oui, ce même moi qui était en train de conquérir le monde avec mademoiselle patate. Comme je ne l’écoutais pas vraiment, et qu’il voulait avoir toute mon attention, il m’enleva de force ce que j’avais dans les mains, objets source de ma distraction, et me força à le regarder droit dans les yeux. Alors qu’il voulait me caresser le visage pour se donner de l’assurance, je bondis sur mes pieds, et m’éloignais de quelques pas de ce bras. Le médecin fut surpris de ce geste, qui se rapprochait plus d’une action de défense et de fuite, plus qu’autre chose : « Non, non, non, j’ai été sage aujourd’hui. » Je me pris la tête entre les mains avant de commencer à parler avec moi-même : « Oui, oui, oui, Alouarn a été très sage aujourd’hui. Pas taper. » De ça aussi il allait falloir en parler, mais un autre jour, puisque nous avions d’autres chats à fouetter, pour le moment.
Linus vint s’asseoir à côté de moi, alors que j’étais venu me cacher derrière le canapé. Après avoir réussi tant bien que mal à calmer mes angoisses, il me proposa de s’installer sur le sofa, étant donné que le sol de la caravane était un peu dur. Et, entre nous, Linus n’osait avouer que, lors de conversations importantes, il préférait être bien installé dans un bon fauteuil plutôt que sur un plancher aussi sévère que le roc, et qui, selon lui, était bien trop sévère avec ses propres fautes. Alors qu’il s’asseyait, je vins m’allonger, posant ma tête sur ses jambes. Il me caressa alors doucement les cheveux, et, après avoir pris une grande inspiration, il commença alors à répondre à ma question. Je l’écoutais avec attention, sa voix tremblant parfois, laissant percevoir ce qui le rongeait depuis si longtemps : c’était le début d’une réponse que je cherchais depuis si longtemps, mais je ne pouvais pas le forcer à parler de ses démons s’il n’était pas prêt à ce que je l’aide derrière. A dire vrai, il n’avait jamais vraiment songé à ce que je sois la solution à son problème : « J’ai commencé très jeune à fréquenter les bordels et les bars à putes. Au départ, c’était pour aller à l’encontre des idées préconçues et vieillissantes de mes parents et puis, un jour, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus m’en passer. Je me suis laisser entrainer dans le cercle vicieux du sexe. Etant assez doué dans l’apprentissage, je pris médecine par pur traditionalisme. Les querelles incessantes avec ma famille, les milieux insalubres du sexe et les cours donnés par des professeurs intransigeants et fermes, le tout a fait que, même si je réussissais mes études, je me suis mis à boire, d’abord occasionnellement, puis se fut pour oublier les mauvais aléas de la vie. Et puis, il y a eu cette annonce qui circulait un peu dans toutes les villes : je suis tombé dessus alors que je déambulais dans les rues, une énième bouteille à la main. Je venais alors de me disputer violemment, encore une fois, avec mes géniteurs, qui me menaçaient de couper les vivres si je ne rentrais pas dans le droit chemin. Et dieu sait qu’ils ont une sainte horreur des saltimbanques. » Il prit une grande inspiration, avant de continuer : « Et Isa avait raison : j’ai fait mes études par principes, et le titre que j’avais obtenu me permettait d’accéder au poste demandé. Je dois t’avouer, qu’au départ, je te voyais plus comme la théorie appliquée de mes cours. Je pensais que ça aurait été facile, comme tout ce qui s’est passé dans ma vie : j’avais accès à tout d’un claquement de doigt. Le monde se prosternait à mes pieds : j’avais accès à tout ce qu’il y avait de plus cher, j’étais l’invité qu’il fallait avoir dans toutes les soirées branchées, les femmes et les hommes se prosternaient à mes pieds et auraient tué père et mère pour se retrouver dans mon lit. Je pensais que je pouvais continuer ainsi toute ma vie, même en ayant un schizophrène a mes côtés. Je n’ai jamais pensé aux conséquences de mes actes, estimant que le monde m’était redevable de ma présence. Et puis, peu à peu, les portes se sont fermées devant moi : être médecin et un haut de la société oui, trainer et s’occuper de saltimbanques, itinérants qui plus est, hors de question que les grands accueillent quelqu’un qui s’occupe des pouilleux. Je me suis alors de plus en plus enfoncé dans l’alcool, et, je pense que le plus à plaindre de nous deux, à cette époque, c’était toi. » Il déglutit difficilement. Sentant que c’était difficile pour lui de continuer, je lui pris la main et déposais un baiser sur cette dernière. Je lui adressais un de mes plus beaux sourires, l’encourageant ainsi à continuer : « Et puis, plus j’avançais, plus je me rendais compte que tu t’accrochais désespérément à moi, comme moi je tenais de plus en plus à toi. Tu étais gentil comme tout, cherchant à tout prix à ce que je te remarque : tu ne me demandais une chose, qu’une seule chose, et je suis passé à côté depuis mon arrivé. J’ai cherché à tout prix à te faire payer ce que je considérais à l’époque comme une descente aux enfers. Je n’admettais pas, non, je ne pouvais pas envisager de passer du jour au lendemain du haut au bas. J’ai pris une claque magistral lorsque j’ai compris, avec l’aide d’Isa, et beaucoup de temps, que je ne pouvais plus me passer de toi. Bien que, je dois l’admettre, je bois encore énormément, j’ai réduit ma consommation de moitié et tout ça, grâce à toi : toi qui voulait absolument un grand frère qui t’aime. Je dois t’avouer que je n’ai jamais compris pourquoi tu m’avais adopté, malgré tous mes défauts. D’ailleurs, personne n’a jamais saisi pourquoi tu tenais tant à ce que ça soit moi et pas un autre. Les Anciens, à la mort de ton grand-père, ont bien essayé de te soustraire à mon autorité, mais, de ce que j’ai entendu, tu leur piquais de ces crises monstrueuses dés qu’il était question de me faire partir. Bien que je t’ais fait souffrir à cause de tous mes maux, tu t’es toujours débrouillé pour me faire savoir que tu m’aimais, quoi qu’il arrive, quoi que je fasses, et quoi que je pense. »
Je me grattais le nez, avant de rétorquer : « D’accord, mais ça, je le savais déjà. » Pour moi et ma délicatesse légendaire. C’est alors qu’une crotte de nez vint se loger sur mon doigt, et je restais un peu perplexe devant cette dernière. Linus, ne sachant trop s’il devait rire ou se sentir vexé par cette situation des plus cocasses, me tendit un mouchoir. J’essuyais mon doigt dessus et le lançais en l’air, pour le regarder nonchalamment sur le sol : « Bah dis donc, c’est moins beau qu’un oiseau un mouchoir qui s’envole, vole, vole, et tombe comme une merde sur le sol. C’est vraiment dommage. » Puis, reprenant le fil de la conversation précédente, je lançais : « Ça ne répond pas vraiment à ma question. Pourquoi eux et pas moi ? »
Linus me mit un doigt sur la bouche : « Si tu veux savoir, tais-toi et écoute-moi ! » Je voulus protester mais se fut peine perdue. Il prit une grande bouffée d’air avant de reprendre : « Ce que j’essaie de te dire c’est que, si je ne veux pas, ça n’a rien à voir avec toi. C’est juste que… » Il chercha ses mots, laissant ainsi planer le silence dans le salon pendant quelques secondes : « C’est juste que, me connaissant, je ne veux pas faire de toi l’objet de mes désirs et fantasmes sexuels. J’ai passé ma vie à prendre les autres pour des esclaves de mes moindres ambitions. Tu es bien le seul à avoir cru en moi du début à la fin, et je ne veux pas mettre en péril cet amour que tu me portes. Cela ne change rien néanmoins à ce que je ressens pour toi. Au début, tu n’étais aussi qu’un moyen pour moi. Aujourd’hui, tu es une personne à part entière, que j’ai encore énormément de mal à cerner certes, mais une personne tout de même. La seule et l’unique que je ne veux pas perdre. Et puis, ça ne m’étonnerait pas d’avoir choppé une saloperie avec toutes les conneries que j’ai, et que je continues malheureusement de faire. »
Je m’assis alors sur lui, passant une jambe de chaque côté de son corps. J’affirmais alors le plus sérieusement du monde : « En fait, ton problème avec le sexe, ce n’est pas tant ton appétit démesuré, c’est d’avoir un partenaire régulier qui arrive à suivre ton rythme, non ? Parce que, de ce que j’ai pu voir, entendre et comprendre, tout ce qui bouge t’excite. Tu t’es mis tout seul des barrières pour ne pas coucher avec les membres de la troupe, bien que cela ne t’ait pas vraiment gêné de baiser avec Astrid mais elle, c’est un cas à part. »
Linus me regarda bouche bée, avant de me répondre, un demi-sourire s’affichant sur son visage : « Et bien, en voilà des mots ! Mais là, c’est à mon tour de poser une question : si je réponds à celle-ci, tu m’en auras alors posé deux. On avait dit chacun son tour. » Il posa ses mains sur mes hanches, alors que je posais mon fessier sur ses jambes, les miennes alors repliées sous mon corps. L’atmosphère se détendait quelque peu avant que Linus ne reprenne : « Comment s’est passé ton dépucelage ? » N’en ayant jamais parlé, je l’interrogeais du regard : « On n’apprend pas au vieux singe à faire des grimaces, mon grand ! Tu ne croyais quand même pas que je n’allais rien remarquer ? Je veux tout savoir. »
Je vins caresser son visage, me rappelant de chacun de Marcus, de ce que nous avions fait plus ou moins sous les draps : « Tu te rappelles de nos vacances à Hosenka, aux sources thermales ? » Il fit un signe silencieux et affirmatif de la tête, et je pus ainsi continuer : « Et bien… » Je devins aussi rouge qu’une tomate ayant trop muri au soleil : « Et bien, il se trouve que, après notre dispute, je suis monté au salon de massage et que je m’y suis assoupi. A mon réveil, je me suis retrouvé nez à nez avec Marcus. Et voilà. Qu’est ce que tu veux que je te dises de plus ? On s’est revu, plusieurs fois, et je t’avoue que ça me plait bien. » Je me tus, avant de demander : « Tu crois que c’est possible d’aimer deux hommes en même temps ? »
Linus, amusé, rétorqua : « Tu es sérieux ? Tu as été dépucelé par le président du haut-conseil de la magie ? »
Face à ma mine sérieuse, il effaça à moitié ce sourire qui s’affichait sur son visage : « Et je dois t’avouer que c’est un très bon partenaire. Mais, promis, tu ne le dis à personne, hein ? Je dois t’avouer que je ne m’intéresse pas vraiment à son poste ni à ce qu’il fait. Ce n’est pas rigolo comme métier, et je lui demande, à chaque fois que nous nous voyons, que ce qui concerne le conseil reste au conseil. » Puis, changeant plus ou moins de sujet : « Bon, pour en revenir à nous. Est-ce que tu as peur d’avoir un partenaire plus régulier ? »
Je sentis Linus se crisper légèrement à ma question, comprenant plus ou moins où je voulais l’emmener. Il objecta : « Mon grand, quelque soit tes avances, je ne céderais pas. » Je le fusillais du regard, ce qui le poussa à répondre à ma question : « Disons que je ne suis pas vraiment prêt à entamer une relation longue durée. A dire vrai, ces liaisons ont été ma bête noire durant toutes ces années. Et le train de vie que je menais jusqu’à maintenant ne me fait pas dire que j’arriverais à être fidèle à mon partenaire. Mais non, tu ne m’auras pas comme ça, mon grand. »
Je vins lui glisser à l’oreille : « Tu sais, tu n’es pas obligé d’être sage tout de suite. Ça viendra avec le temps. » Nos lèvres se rencontrèrent et nous basculâmes tous les deux dans le canapé : « J’ai envie de toi, Linus. Je m’en fous que tu ne sois pas entièrement à moi tout de suite. Si tu dois prendre plus de temps, ce n’est pas grave. Je t’attendrais toujours à la maison, quoi qu’il arrive. Même si j’aime autant Marcus que toi, je sais très bien qu’il ne sera pas éternellement là pour moi, et qu’il n’hésitera pas à me sacrifier au profit de son boulot. » Le sentant encore réticent à mes appels, je lui demandais : « Qu’est ce qui se passe ? » Quelques gestes bien placés firent sauter ces dernières angoisses et nous nous retrouvâmes bientôt torse nu. Linus pris rapidement la position de dominant, et se mit à diriger notre acte.
Alors que j’étais en train de déboutonner son pantalon, une porte claqua, ce qui me fit sursauter. Linus se leva prestement, s’habillant rapidement. Dégouté par cette intervention, je m’assis sur le canapé en poussant un soupir. Il vint me chuchoter à l’oreille : « Désolé mon grand, ça sera pour une autre fois, peut-être. Mais je dois t’accorder que tu te débrouilles bien et que tu as réussi à surprendre le vieux singe que je suis. » Il me tendit ma chemise et partit dans la cuisine finir de préparer les patates pour le repas de midi. J’attendis quelques instants avant de le rejoindre, tout en reboutonnant mon haut. Le temps qu’il finisse d’éplucher et de couper toutes les patates nécessaire à notre repas, j’eus à peine le temps de finir la mienne : il faut dire que j’ai passé beaucoup de temps à discuter avec elle, et à raconter à mon frère l’histoire de mademoiselle patate qui se faisait découper en petits morceaux. Une fois notre besogne terminée, Linus prépara du thé : « Vert ou noir ? » Alors que j’attrapais le nécessaire pour mettre la table, je sentis des bras venir s’enrouler autour de ma taille et le médecin vint me murmurer joyeusement à l’oreille : « Et ne crois surtout pas que je vais en rester là… » Je posais ce que j’avais sur le plan de travail, me retournais et lui lançais un regard malicieux : il y répondit par un long et tendre baiser. Il n’y avait plus que lui et moi, moi et lui, juste nous, jusqu’à ce qu’un bruit nous fasse lever la tête et que nos yeux se posèrent sur les pieds d’une personne se trouvant dans l’embrassure. Je reculais précipitamment, pris de panique : je me cognais alors brutalement la tête contre un placard. Non, non, non, je ne voulais pas que ça se sache. Je ne voulais pas que la troupe sache que j’étais gai : ça allait encore parler sur ma gueule, et j’allais encore souffrir des médisances de ce monde un peu trop renfermé sur lui-même.
Sujet: Re: La route de tous les dangers (PV Orihime) Mer 20 Mai - 21:05
Orihime Katsura
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Titre : Attaque bébéfaceporte ! Crédit : Yuukiël Feuille de personnage Maîtrise Magique: (4400/35000) Mérite: (150/160)
(poste effacé par ma connerie. je le réécrirai)
Sujet: Re: La route de tous les dangers (PV Orihime) Sam 13 Juin - 14:35
Alouarn Grimgorson
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Titre : Incestuous People. Hmm pchhh :perv: Crédit : Yuukiel Feuille de personnage Maîtrise Magique: (5345/35000) Mérite: (216/400)
Résumé • Hiver 791, quelque part entre Harujion et Magnoria. La troupe itinérante d’Alouarn a du mal à supporter le froid et les tempêtes de neige. Beaucoup tombent malades, ne pouvant alors plus assurer leur service au sein même de la compagnie. L’attaque des loups, puis celle de brigands assoiffés de sang et de sexe, prennent des proportions démesurées. Orihime et Alouarn sont grièvement blessés. Alors que le calme semble revenu, Isa est porteuse de biens mauvaises nouvelles : les bandits se sont libérés et sont en train de coopérer avec les soldats du conseil. Les mensonges qui coulent à flot de leurs bouches mettent le groupe en danger. Orihime, mage dans l’âme, veut à tout prix rendre justice, faux à la main.
La route de tous les dangers
Elle était prête à partir au combat. Malgré toutes ses blessures, elle tenait fièrement son arme, ses vêtements noirs trahissant son envie de sortir vainqueur de ce conflit. Je me bouchais les oreilles, laissant les grandes personnes discutaient entre elles. Je n’avais aucune idée quant à notre survie dans ce nouvel affrontement. Je n’en pouvais plus de cette violence, de cette rage, de cette haine. Il y avait bien trop de douleurs en ce bas monde pour que nous ayons le droit d’en rajouter bien inutilement. Peut-être que nous pourrions discuter, tout simplement. Je toussais dans ma manche : elle se tâcha de rouge. Je gardais pourtant ce sourire naïf sur mon visage, essuyant ma bouche avec l’un des torchons qui se trouvaient non loin de là. Je le déposais délicatement sur le comptoir près de l’évier. Mon reflet renvoya l’image d’un homme aussi blanc qu’un linge lavé au savon d’Harujion. Et oui, la ville portuaire était aussi connue pour ses savons, du moins, c’est là que nous achetions le nécessaire pour notre toilette et notre lessive. Des perles de sueur se formèrent sur mon front, alors que Linus prenait la parole :
❝ ▬ Orihime. Ton impatience et ta naïveté te joueront des tours si tu ne prends pas garde à tes actes. Regardes-toi, tu as beau être une mage, il n’en reste pas moins, que tu restes humaine. Les coutures ne supporteront pas un combat frontal. Je sais que tu veux absolument te rendre utile, essentiellement pour remercier la troupe, mais une femme morte est un membre inutile. ❞
Je m’approchais lentement de la théière : le goût amer du sang avait envahi ma bouche, et les dieux savaient ô combien je détestais particulièrement ce fumet. Je déglutis difficilement. Les blessures à mes épaules m’élançaient : je n’avais pas pris garde à mon corps, comme à chaque fois. Il ne suivait plus, malgré le peu d’efforts que j’avais fait. Je ne supportais plus cette tension, oui, cette boursoufflure qui se nourrissait de la haine des hommes, de la méchanceté de ces mécréants, du mal que pouvaient dispenser ces infidèles à leurs propres compatriotes. Je soulevais le récipient et le conduisis au-dessus de l’évier. Alors que je prenais l’un des pots remplis d’eau fraiche, Isa affirma :
❝ ▬ Nous sommes beaucoup trop faibles pour utiliser la force brute. Nous allons devoir faire preuve d’un peu de jugeote pour nous sortir de ce bien mauvais pas. Chacun est pour le moment confiné dans sa caravane : il suffirait pourtant que les esprits s’échauffent pour que les étincelles partent dans tous les sens. ❞
J’écoutais d’une oreille distraite ce qui se disait dans la cuisine : pourquoi fallait-il que nous sauvions encore la situation ? N’avions-nous pas déjà assez souffert comme cela ? Je ne savais pas si j’avais encore le courage de me battre pour ma liberté. Etait-ce vraiment nécessaire ? Les muscles de mes épaules ayant été touchés, j’avais du mal à soulever les objets : je tremblais donc énormément alors que je tentais de garder en l’air la théière et le récipient. Et puis, sans crier gare, je lâchais tout dans l’évier. Le pot se brisa alors que je tentais de le rattraper : l’un des morceaux de verre se planta profondément dans ma main. Je ne pus réprimer un murmure de douleur. Une larme vint s’écraser sur ma joue : j’étais fatigué de cette vie-là. Tout ce que je voulais, c’était être un comédien et un fabricant d’automates. Je désirais jouer des spectacles pour faire rire les petits comme grands. Je n’avais pas signé pour combattre des brigands, des loups et des menteurs. Oh Eric, pourquoi es-tu parti ? Je sursautais alors qu’un bras venait m’enlacer au niveau de la taille.
❝ ▬ Chuuuut. Ce n’est que moi, Alou’ ! Reste calme. ❞
Il me prit délicatement la main. Il regarda d’un œil expert la blessure. Il sentait que j’avais du mal à me laisser faire. J’étais plutôt agité, et cela l’inquiétait. Je reniflais bruyamment alors que d’une voix douce, il me dit :
❝ ▬ Viens t’asseoir, que je puisses te soigner correctement mon grand. ❞
Je tirais ma patte vers mon buste, et l’enfouis dans mon tee-shirt. Ce dernier prit rapidement une couleur rougeâtre. Linus jeta un regard en biais à Isa : il voulait tout dire. Je n’étais pas en état d’en supporter plus. Je devais me reposer mais le moment était bien mal choisi.
❝ ▬ Alou’ ne veut pas être puni, non, non, non. Alou’ n’a pas fait exprès, promis, juré… et même craché ! ❞
❝ ▬ Je sais, mon grand, je sais. Ce n’est pas grave, ça arrive à tout le monde.❞
Le médecin me fit m’asseoir, difficilement, sur ma chaise préférée. Il dut s’y prendre à plusieurs fois car je voulais absolument ramasser ce que j’avais cassé. Il finit par me prendre dans ses bras, m’enlaçant au niveau de la taille. Il m’appela plusieurs fois par mon prénom, laissant le silence planer entre chaque appel. Lorsqu’il eut mon attention, il me lança :
❝ ▬ Petit frère, il va falloir que tu acceptes que nous t’aidions. Ces derniers jours ont été assez éprouvants, surtout pour Orihime et toi. Le corps et l’esprit ne peuvent pas guérir comme par magie, ils ont tous deux besoin de temps… et de beaucoup d’amour. ❞
❝ ▬ Alou’ est un grand garçon, maintenant ! Alou’ veut faire comme les adultes. ❞
Mon grand frère vint déposer un baiser sur mes lèvres. Je devins aussi rouge qu’une tomate trop mûre. Isa sourit face à tant de tendresse : elle était, néanmoins, loin d’être dupe. Elle se rappelait très bien des mots qu’elle avait eus avec Linus. Et elle restait sur ses positions. Bien que le jeune homme n’avait aucune idée perverse derrière la tête, la vieille femme ne put s’empêcher de penser qu’il utilisait mon amour inconditionné pour lui prouver qu’il était capable de s’occuper de moi.
❝ ▬ Tu sais, mon grand, même les adultes ont besoin des autres pour continuer à avancer. Je sais que j’ai été dur avec toi et que je n’ai pas ouvert les yeux aussi rapidement qu’il aurait fallu. Mais, pas pitié, ne fais pas les mêmes erreurs que moi. Nous sommes une famille, Alou’ : j’ai autant besoin de toi, que toi tu as besoin de moi. ❞
❝ ▬ Tu n’es pas fâché ? C’était pourtant l’un de tes pots en verre préféré ! Je l’avais fait pour ton anniversaire, et tu l’as toujours gardé pour mettre des trucs dedans. ❞
❝ ▬ Tu es doué de tes mains. Je ne m’inquièterais pas pour cela. Et puis, des cadeaux, j’en ai encore plein dans une grande malle dans ma chambre. ❞
Devant mon air tristounet, il crut bon d’ajouter :
❝ ▬ Nous referons des petits pots en verre tous les deux, Alou’ ! Comme ça, tu pourras me refaire celui que tu as cassé. Qu’est ce que tu en penses ? ❞
Un grand sourire vint illuminer mon visage. Je demandais, alors que des étoiles brillaient dans mon regard :
❝ ▬ Est ce que je pourrais faire de la peinture ? Je mettrais plein de couleurs ! Et puis, tu sais, des trucs jolis qui sentent bon ! Ils ont presque la même odeur que ton parfum, même si, entre nous, je trouve que ton parfum, il cocote un peu trop.❞
Isa mit sa main devant sa bouche, mais ne réussit pas à cacher un sourire moqueur. Elle devint à nouveau sérieuse quelques instants plus tard, alors que Linus me bandait la main. Il en profita pour remarquer une légère marque de sang sur ma joue. Il vint me l’essuyer doucement avec un chiffon humide. Il me fit ensuite ouvrir la bouche, et remarqua immédiatement la plaie béante qui s’y trouvait. Alors qu’il allait chercher un verre d’eau pour que je me rince la bouche, la vieille femme prit la parole :
❝ ▬ Je sais que le moment est mal choisi. Le destin nous a été défavorable ces derniers temps, mais nous ne pouvons pas baisser les bras, et encore moins ignorer ce qui se passe dehors. Les soldats vont mener leur enquête et interroger tous les festivaliers, sans exception. Le capitaine qui les mène à l’air d’être très jeune pour le poste qu’il occupe. Je ne sais pas quelle est son expérience en tant que tel, c’est pour cela que nous devons rester sur nos gardes, et trouver une solution pacifique pour régler ce conflit. ❞
❝ ▬ Moi, je propose qu’on les invite à manger des patates. Tout le monde aime les patates. Vous croyez qu’une pomme de terre de l’amitié, ça calmerait les esprits ? J’espère que c’est des patates magiques, parce que, entre nous, une seule patate par personne, ça risque d’être léger, même avec un peu de moutarde ! En revanche, la table de la cuisine risque de ne pas être assez grande pour accueillir tout le monde. Hum… Ils n’auront qu’à se mettre deux par chaise : quoi que, avoir le bord du siège dans la raie des fesses, ça ne fait pas forcément du bien. Ou alors, on leur prête un demi-coussin, histoire que leurs demi-fessier se sentent à leurs aises parmi nous. ❞
❝ ▬ Alou’, ils ne sont pas là pour partager une patate de l’amitié. Et, même si je suis sûr que tu n’as aucune arrière pensée malsaine, ils pourraient très mal le prendre. Il y a de grandes chances qu’ils pensent que nous voudrions les corrompre. ❞
❝ ▬ Mais, Linus, ce n’est pas nous les méchants dans l’histoire. Pourquoi est ce que nous pourrions pas être juste nous pour régler cette affaire ? ❞
❝ ▬ J’ai bien peur qu’ils n’apprécient pas la différence, petit frère. Essaie de comprendre : les maladies mentales sont très mal perçues par la population. Il va de soi que souvent, les croyances populaires prennent le dessus sur la médecine. Et il suffit que des gens mal intentionnés, comme ces vils brigands, prennent momentanément le dessus, pour que tu sois plus en danger que les autres. Ne fais pas cette moue, mon grand. Je sais que tu es un grand. ❞
Voyant qu’il ne tirerait rien de réaliste de ma part, il décida de m’occuper l’esprit et le corps, pour éviter que je me mettes à faire n’importe quoi.
❝ ▬ Je propose que nous allions ranger tous les deux les placards de l’atelier. Pas devant, je te rejoins. ❞
Tout content, je fis quelques pas de danse et, alors que je me dirigeais vers la manufacture, des coups violents furent donnés sur notre porte. Le temps sembla se suspendre quelques instants. Nous nous regardâmes les uns les autres, avant que je ne me dirige vers la porte : j’étais le seul à être heureux d’avoir des invités. Je ne me rendais pas bien compte de la situation. Ils n’eurent pas le temps de réagir, que déjà je me retrouvais face au capitaine de la garde, accompagné d’un brigand (de mémoire, c’était le chef, celui-là même qui nous torturait quelques heures plus tôt) et de quelques soldats. L’un d’eux me poussa violemment sur le côté : mon dos rencontra brusquement l’un des murs de la caravane. Je ne pus retenir un gémissement de douleur. L’une des étagères, un peu bancale et fixée à même le mur (c’était une planche soutenue par deux morceaux de bois), ne résista pas au choc, et déversa tout son contenu sur le sol. L’automate qui s’y trouvait, et d’autres babioles quelques peu fragiles, se fracassèrent sur le sol dans un bruit des plus affligeants. Je voulus me précipiter vers mes précieux objets, mais des soldats se mirent entre eux et moi :
❝ ▬ Ne bouge plus, mécréant. Nous sommes là pour vérifier les dires de cet homme. Il semblerait que tu sois l’instigateur de leurs captivités. Le capitaine va t’interroger : ne parle que lorsque l’on t’y autorise. Au moindre geste suspect, nous t’embrocherons sur nos lances aiguisées. Est-ce bien clair ? ❞
Je fis « oui » de la tête, alors que mon esprit n’était habité que par une seule pensée : ma marionnette. De là où je me trouvais, je ne pouvais que constater les premiers dégâts causés par la chute. Je murmurais :
❝ ▬ Tout cassé, cassé, cassé ! Ce n’est pas bien du tout ! Va falloir tout réparer ! Coup de marteau ! Visser, visser, et encore visser. Ce n’est pas très gentil tout ça, non, pas gentil du tout même. Je vais tout dire à Linus. ❞
Le capitaine s’approcha de moi et demanda :
❝ ▬ Que dis-tu ? Parles plus fort, je ne t’entends pas ! Je ne vais pas te manger, tu sais ! ❞
❝ ▬ Me manger ? Vous êtes cannibale ? Moi, je n’aime pas trop la viande. Je préfère le poisson et les patates. Nous allions justement passer à table, vous voulez vous joindre à nous ? ❞
C’est à ce moment-là que le brigand prit la parole :
❝ ▬ Faites attention, capitaine ! Surtout à celui-ci ! Il est des plus coriaces. C’est un bon menteur, et un comédien itinérant. On n’en tirera rien de bon. ❞
❝ ▬ Laisse-moi le juger. Depuis que nous arpentons cette caravane, j’ai cette impression étrange qui me taraude, comme s’il y avait anguille sous roche. Vois-tu ce que je veux dire, homme ? Pas un seul ne semble savoir tenir une arme correctement. ❞
❝ ▬ Il n’y a pas besoin de savoir tenir une arme, messire, pour détrousser les honnêtes gens tels que vous et moi. De part leur métier, ils sont naturellement habiles de leurs mains. Vous n’avez qu’à voir la confection de cette caravane. Il y en a partout. Comment un homme seul peut avoir autant d’objets ? C’est forcément un voleur et un menteur ! ❞
❝ ▬ Tes hommes ont une carrure qui dépasse, de loin, toutes celles rencontrées jusqu’à maintenant. Il y a quelque chose dans leur prestance qui fait penser à un passé militaire, ou à un entrainement physique très poussé, contrairement à ces pauvres bougres de comédiens. Habites-tu seul dans cette caravane ? ❞
❝ ▬ Non, il ne vit pas seul. ❞
Linus se tenait droit comme un « i » dans l’encadrement qui menait à la cuisine. Il jeta un regard noir au chef de cette bande de mécréants, et reporta son attention sur le capitaine de la garde.
❝ ▬ Je suis son grand frère, mais aussi son médecin. Auriez-vous l’amabilité de le relâcher ? ❞
❝ ▬ Mais, je vous reconnais ! Vous êtes Linus, Linus Baxter. Vous avez fait accouché ma femme il y a une dizaine d’années. Rappelez-vous : c’était durant l’un des plus froids hivers que nous avions connu jusque là. Si vous n’étiez pas intervenu, mon fils serait mort, étouffé par le cordon. ❞
❝ ▬ J’ai aidé beaucoup de femmes à mettre au monde leur enfant. Je suis heureux d’avoir pu vous aider à un moment donné de votre vie. Aujourd’hui, je m’occupe de ce jeune homme. ❞
Le capitaine prit la parole en désignant de la tête le bandit :
❝ ▬ Ce type affirme que vous l’avez retenu prisonnier, lui et ses hommes, dans d’affreuses conditions. De plus, vous auriez pour projet de vandaliser la prochaine ville. ❞
❝ ▬ Je reconnais que nous avons retenu en captivité ces hommes. Néanmoins, je ne vois qu’un seul fanfaron dans cette caravane, et j’ai bien peur que cela soit vous, messire le brigand. D’après mes informations, vous seriez recherché, vous et vos infâmes camarades, pour différents faits survenus auprès de caravanes comme la notre. ❞
❝ ▬ Cette vieille femme délire. Nous n’avons jamais fait de mal à personne. Nous sommes de simples voyageurs, des marchands en quête de nouveaux marchés à conquérir. ❞
❝ ▬ Marchands, vous dites ? Où sont donc tes articles, ta camelote de commerçant ? Nous avons fouillé de fond en comble chaque caravane, et tout ce que nous avons trouvé n’était pas de la première fraicheur. ❞
❝ ▬ Ces roulottes sont de grandes demeures. Je suis sûr qu’elles contiennent toutes des caches secrètes. Nos fournitures, aussi humbles soient-elles, doivent bien se trouver quelque part. Ecoutez, capitaine, ce n’est pas possible que je reparte les mains vides. Je demande réparation. ❞
❝ ▬ Cette vieille femme peut aussi avoir tout à fait raison. Tu t’es présenté à moi comme si tu étais une victime. Rien ne m’a prouvé, jusqu’à maintenant, que tu étais bien négociant. De plus, tu n’as pas la carrure de l’un de ces marchands de babiole. Es-tu sûr de m’avoir dit la vérité ? ❞
❝ ▬ Bien sûr, messire. Je n’oserais point mentir à un représentant de la loi. ❞
❝ ▬ Prends garde à toi. Si je découvre que tu mens, je me ferais un plaisir de t’emmener sur la place publique pour t’y faire juger et décapiter. Bien. Fouillez moi cette roulotte de fond en comble. Que vends-tu comme articles ? ❞
❝ ▬ Beaucoup de choses, messire. Surtout des… des… instruments de musiques et des tissus. ❞
❝ ▬ Comme c’est embêtant (ton ironique) ! Il se trouve justement que nous sommes des comédiens itinérants et que nous utilisons, légitimement, des instruments de musique pour nos représentations, et des tissus pour la confections de nos costumes. Vous n’auriez pas pu tombé mieux. Faut-il que nous vous présentions toutes nos preuves d’achats ? ❞
❝ ▬ Si vous y tenez, je peux vous faire visiter. Je suis un très bon guide. ❞
❝ ▬ Alou’, je ne pense pas que le capitaine ait envie d’explorer notre maison. Il a beaucoup mieux à faire ici, en nous interrogeant, par exemple.❞
❝ ▬ Je vous trouve bien à cran, messire Baxter. Auriez-vous quelque chose à vous reprocher ? ❞
❝ ▬ Veuillez excuser ma nervosité. Il se trouve néanmoins que vos soldats pointent toujours des armes en direction de mon frère. Je le sentirais plus en sécurité lorsqu’il sera avec moi. ❞
❝ ▬ C’est pourtant la procédure lorsqu’il y a de telles accusations qui planent sur des personnes tel que votre ami. ❞
❝ ▬ N’est ce pas discriminatoire ? Nous avons, nous aussi, une histoire à raconter. Est-ce parce que ces hommes sont venus vous raconter la leur que la notre doit passer aux oubliettes ? Est-ce parce que les autorités ne portent pas les comédiens itinérants dans leur cœur que nous devons subir de telles pressions ? Je dois admettre que je suis soucieux de la sécurité de mes partenaires. ❞
❝ ▬ Capitaine, capitaine ! Il y a une femme avec une faux, ici ! Qu’est ce qu’on en fait ? ❞
❝ ▬ Qu’on l’amène ici. ❞
❝ ▬ Non, ne la touchez pas. Je refuse que vous m’étiez vos sales pattes sur… sur… Orihime ! ❞
❝ ▬ Alou’, calme-toi ! Ils vont juste l’interroger, comme nous. Ils ne lui feront aucun mal. ❞
❝ ▬ Je ne me calmerais pas ! Qu’est ce qui me prouve que ces goujats ne violeront pas… ne violeront pas ma femme une fois que nous aurons le dos tourné. Après tout, ce meurtrier (en désignant le brigand) était prêt à tout pour lui mettre la main dessus il y a quelques heures de ça. Je ne les laisserais pas faire. ❞
Je bondis sur mes pieds, et tentais de me dégager de l’étreinte des gardes. Ces derniers furent assez surpris de ma réaction, et reculèrent dans un premier temps. Le capitaine, sentant que ça allait dégénérer rapidement, ordonna :
❝ ▬ Que personne ne bouge ! Ne le blessez pas ! Nous allons régler ça tranquillement ! ❞
Un sourire mauvais apparut sur le visage du brigand, ce qui n’échappa au capitaine, qui ne releva pas pour le moment. Quant à moi, agité comme je l’étais, je faisais tout pour tenter de rejoindre ma jeune protégée. Le gredin hurla :
❝ ▬ Attention, il a une arme !❞
Un mouvement trop brusque de ma part, et une lance vint se planter dans mon épaule déjà blessée par nos précédentes péripéties. Les coutures sautèrent à cause du tranchant de la lame, laissant ainsi la blessure à la vue de tous. Linus hurla mon prénom alors que je m’effondrais sur le sol. Isa, en colère, s’adressa au capitaine et au menteur :
❝ ▬ Félicitations ! Vous venez d’allumer les mèches. Il ne vous reste que quelques minutes avant que cela soit la poudre qui prenne feu. Votre haine des comédiens vient de causer la perte de nombreuses vies. Nous ne sommes peut-être pas des combattants hors pairs, mais nous savons nous défendre… Surtout lorsqu’une telle injustice guide les pas de scélérats tel que vous, n’est ce pas ? Prendre à parti le conseil pour faire valoir ses droits, c’est bien beau. Il faut toujours un bouc émissaire. Il semblerait que vous l’ayez trouvé. Laissez-moi sortir pour calmer les esprits. Il serait grand temps de tirer cette histoire au clair avant qu’il n’y ait d’autres victimes. Les esprits s’échauffent et, capitaine, vous comme moi, nous aimerions éviter un bain de sang. Je propose que vous régliez ça avec les meneurs de cette troupe ! ❞
❝ ▬ Tu nous prends pour des imbéciles, vieille femme ! Tu en profiterais pour faire disparaître cette engeance du diable. Tu crois nous avoir avec tes sortilèges noires, sorcières. Mais nous avons vu clair dans ton ridicule petit jeu !❞
❝ ▬ Gardes, arrêtez cet homme ! Toi, prends deux de tes compagnons, et reste dans cette caravane pour surveiller les faits et les gestes du médecin. Quant à vous, grand-mère, vous allez venir avec nous. Vous allez réunir tous les membres de votre troupe qui sont en âge de porter une arme, et les regrouper à l’avant de la caravane. Et pas d’entourloupes ! Que l’on mette la jeune femme à la faux sous haute surveillance. Elle ne doit pas nous échapper. ❞
Sujet: Re: La route de tous les dangers (PV Orihime) Lun 26 Oct - 23:27
Orihime Katsura
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Titre : Attaque bébéfaceporte ! Crédit : Yuukiël Feuille de personnage Maîtrise Magique: (4400/35000) Mérite: (150/160)
« Finally »
... we have a conclusion ~
Tout se passa beaucoup, beaucoup trop vite. A peine te tenais tu prête à intervenir, que tu te retrouvais à terre. Tu avais la tête qui tournait, tu ne savais pas ce qu’il se passait. Tu mis trop de temps à émerger, et en fait, il s’avérait, d’après Linus, qui profita d’ un petit moment pour te poser sur le canapé, que tu avais subi beaucoup trop de chocs. Mais un peu de repos ne pouvait que te faire du bien. Les gardes entrèrent alors, et il te fallut un certain temps avant de comprendre ce qu’il se passait. Mais lorsque tu émargeas finalement, tu étais seule, au milieu des gardes et des brigands. De l’autre côté du capitaine se tenait toute la troupe. Le capitaine te tenait en particulier loin d’Alouarn, qui, blessé, était en train de se faire soigner dehors, dans le froid. Heureusement, quelques lacrymas de feu se tenaient près de lui pour éviter qu’il subisse en plus de tout cela, plus de blessures.
Quel merdier… Franchement. Toi, tu étais menottée, et entourée de plusieurs gardes. Dead Scythe, ta faux, était en train d’être étudiée. Il fallait dire que c’était une arme de grande beauté, tant par la forme et les reliefs de la lame, que par la qualité du bâton, ou par les chaines de mithril et d’acier qui étaient encastrées dans l’arme. Une arme multi usage. C’était assez beau, une merveille de la forge, une merveille de ton père.
Le capitaine, quant à lui, surveillait, interrogeait, et attendait les rapports d’enquêtes. La plupart des enquêteurs, des inspecteurs, des lieutenants, fouillaient de fond en comble les roulottes, les caravanes. Ils faisaient attention à ne rien casser surtout. Les automates furent écartés avec soin, et les caches furent trouvées avec courage et fierté. Les armes des comédiens furent dénichées, ainsi que celles que les bandits avaient utilisées lors de l’attaque.
Lorsqu’enfin tout fut trouvé, et toutes les roulottes furent fouillées, le capitaine s’attarda vers toi.
- Bonjour Orihime.
- Qui êtes vous ?
Oui, tu étais tout juste en train d’émerger, en fait. Tu avais toujours quelques vertiges.
- Je me nomme Arthius. Je suis le capitaine de la garde, et , accessoirement, je vais vous interroger sur le fait que vous ayez, ou non, retenu en otage ces gens là.
Il l’avait dit en désignant les criminels. Bien sûr, tu nias. Lorsqu’il passa à tes antécédents, cependant, pour éviter qu’Alouarn et les festivaliers se fassent avoir par la justice, tu dis la vérité… Enfin, une partie. Tu camouflas le reste. Le capitaine, qui avait eu connaissance de tes actes n’était en rien choqué de les entendre de ta bouche, et il nota ta franchise. Alors il passa aux habituelles questions : « Pourquoi vous baladez vous avec une faux de deux fois votre taille ? », « Quels liens entretenez vous avec les festivaliers ? » etc. Bref, ce ne fut pas un moment de plaisir, mais il fallait bien passer par là. Ensuite, le capitaine interrogea les autres.
Au terme de ceci, il continua de mener l’enquête, il compléta celle ci d’hypothèses, et ajouta quelques preuves. C’était un homme de bien, un homme qui n’avait pas peur de la vérité et qui était féru de justice. Il insista même pour qu’une partie de ses gardes retracent les routes empruntées par le convoi. Finalement, le verdict fut rendu : Les brigands mentaient. Ils furent aussitôt arrêtés et emprisonnées, tandis que le capitaine s’excusait des désagréments. Il insista pour payer les frais médicaux d’Alouarn, et proposa même de l’emmener à l’hôpital. Au final, tout fut bien, tout se termina bien. Tu profitas de cela, et tu dis au revoir au convoi. Tu devais bien aller chercher ta sœur, et tu avais pour but de parcourir Fiore.
Alors tu pris Alouarn dans tes bras, et lui chuchotas un au revoir tendre, avant de faire de même avec tout le reste des festivaliers. Tu leur promis à tous que vous vous révèreriez bientôt. Tu pus ensuite reprendre ta route, après avoir été totalement soignée par l’hôpital…