Un mouvement, le flottement léger d'un tissu porté par le vent. Le pas glisse sur le sol au rythme d'un clac régulier alors que la silhouette a pénétré l'entrée.Elle attire les regards de ses courbes sensuelles, de sa démarche quasi sexuelle. Le bar s'ouvre à elle, vient danser dans ses yeux et elle s'y arrête, comme à chaque fois depuis qu'elle y résidait là." Bonsoir Mlle Avidan. "Et elle sourit alors qu'elle commande comme à l'habituel. Un rhum sec. Er ses yeux d'ébènes à la lueur animal trahissent cette apparence faussement sophistiqué. De celle qui était désormais des habitués de cette auberge miteuse où elle résidait, de celle qui malgré ses robes élégantes et sensuelle de femme sophistiquée n'était pas autre chose qu'une paumée ajouté à la liste des clients d'une auberge ou personne ne questionnait. Tout le monde s'en moquait, tout le monde se connaissait.Il y'a là, au bout du bar ce jeune homme au regard triste, vide, tout les soirs il s'assoie là et commande vodka après vodka avant de s'écrouler sur le comptoir. Il y'a ce vieil homme qui ne semble jamais vous voir. Tout les matins il est là avant tout le monde, tout les soirs il est encore là après tout le monde, il commande toujours ce café corcé, l'espace d'un instant avant qu'il ne semble plus être là, comme plongé dans ses pensées a perpétuité, des fois on peut apercevoir cette larme couler, furtivement, l'espace d'un instant. Il y'a cette gamine d'à peine 18 ans, elle part tôt, elle rentre tard, jamais seule alors qu'elle joue de sa chevelure et de ses jambes, le corps intoxiqué d'alcool et de drogue. Parfois la nuit on peut l'entendre pleurer. Il y'a Fred, le directeur et barmaid, tout les jours il reste là, sert les habitués, inscrit de nouveaux noms sur son registre, la plus part ne font que passer, puis il y'a eux, ceux qui restent là sans qu'il ne comprenne vraiment pourquoi. Il est aimable, presque rassurant quand il vous parle, il les connait, il les voit tous dans leur pire pendants, dans cette déchéance qu'ils incarnent tour à tour au fil des journées, et pourtant il se fait un point d'honneur de ne pas s'en mêler, ce n'est pas par indifférence non... Juste par respect car il sait bien qu'aucun d'eux ne veut parler. Et puis il y'a cette femme jurant avec le décor du haut de ses talons et serrée dans ses robes de soirée, celle aux yeux d'ébène cerclé de valises noires. Chaque nuit elle s'en va sans même se retourner, tout les soirs elle rentre après la nuit tombé, son visage trahissant les ravages de l'excès. Il y'a cette femme à l'allure distingué et qui à chaque entré vient s’assoir au bar, elle commande un rhum sec comme si c'était du lait, elle l'avale puis elle disparait dans sa chambre, il la trouve belle, il la trouve belle parce qu'elle est ravagée malgré cette allure qu'elle aime à se donner. Le vieux est là depuis un an déjà, la gamine depuis six mois déjà, le jeune ivrogne depuis près d'un mois même si il est certain qu'il ne le sait même pas et la femme façade depuis deux semaines. Ils ont tous ce quelque chose de brisé dans le regard, ils payent tous en liquide, ils ont tous donné un nom qu'il sait ne pas être vrai, ils ne devaient tous rester qu'une nuit. L'alcool coule dans son gosier et la femme se lève du haut de ses jambes effilée, un sourire adressé à Fred et un petit geste habituel et elle fait comme d'habitude, ses pas claquent jusque dans les escaliers vers l'étage. Arrivé sur le pallier elle retire ses talons comme pour achever une souffrance qui a trop durée, elle sort la clef rouillé de la chambre numéro et l'enfonce dans la serrure avant de refermer la porte derrière elle. Puis après un moment elle rit, d'un rire presque dément.A peine entrée ses vêtements commencent à tomber, la robe glisse sur sa peau pour mourir sur le sol rongé par les années. Un mouvement pour dégrafer le soutif et le laisser glisser, un mouvement pour balancer les chaussures à l'autre bout de la pièce, un mouvement pour se débarrasser de cette culotte qui la gratte alors qu'elle pénètre dans la minuscule salle d'eau. Un mouvement de main pour que l'eau commence à couler des tuyaux rouillés, puis comme elle le fait chaque jour elle s'arrête devant le miroir. Et c'est toujours à ce moment là qu'elle rit. Et alors qu'elle rit elle s'affaisse en se tenant au lavabo, des gerbes de sang perlant sur son corps alors qu'il mute, que ses traits durcissent, que sa carrure grossisse, que sa musculature émerge et sa poitrine meurt, que sa crinière d'ébène disparait et qu'à l'entre-jambe c'est comme si on l'ouvrait pour la retourner alors que le sexe de la masculinité vient remplacer celui de la féminité. Quelques secondes seulement avant que ses yeux d'azur ne se replongent dans le miroir avec ce regard blasé et sans espoir. Puis la femme redevenue homme se détourne pour trouver son seul réconfort dans l'eau venant lécher son corps, il voudrait y rester des heures, mais l'eau devient froide au bout de dix minutes, alors à chaque il écourte se moment de bonheur. Mais ce soir le cycle est rompu. Comme d'habitude l'homme sort de la douche et se regarde à nouveau dans le miroir, comme d'habitude il est sur le point de rire, rire pour continuer la mascarade. Mais il n'en a pas le temps alors que le sommeil le happe. Son corps vacille contre le lavabo avant de chuter un bruit sourd alors qu'il percute le sol dans une diffusion de magie.Et alors que l'inconscience l'aspire, que le décor change autour de lui, que le rêve prend le pas sur la réalité les quinze chemins s'ouvrent devant lui. Et comme à chaque fois c'est un sourire que provoque cette vision, un sourire d'excitation teinté d'appréhension. Et comme d'habitude il se laisse guider par l'instinct, par cet appel sourd envahissant ses tripes. Il s'engouffre dans l'un des chemins.Et le décor boisé s'ouvre devant lui, la forêt s'épaissit au rythme de sa progression, le temps semble comme suspendu, durer des heures alors que la lumière disparait peu à peu, jusqu'à ce que dans la forêt elle-même le chemin cesse d'exister. Pourtant il continue d'avancer, d'avancer toujours en se laissant guider par cet appel le saisissant au plus profond des tripes. Et c'est finalement sur une grotte qui s'ouvre à lui à même le sol de la forêt. Il n’hésite pas, il n’hésite plus depuis longtemps, il s'y engouffre machinalement alors qu'il change de plan, qu'il franchit le voire entre les rêves et le monde astral dans l'obscurité la plus totale. Puis l'obscurité se voit brisée par une faible lumière, grossissant au fur et à mesure qu'il avance, la sortie alors que sa silhouette émerge dans une clairière bercée par la nuit, une clairière que seule la lune pleine éclair de sa douce lueur. Il se fige, attends alors qu'il peut le sentir autour de lui, le mouvement. Les mouvements de l'hôte l'ayant conduit ici. Le temps semble ne plus vouloir avancer, puis finalement la silhouette émerge d'entre les arbres, et dans sa suite d'autres entrent en scène. Son corps puissant et pourtant svelte s’imposant à sa vue alors que ses yeux jaunes le transperce. Le loup avance jusqu'à lui avant de se figer à un mètre, le reste de la meute resté en arrière comme pour témoigner. " Bienvenue humain. "Il se fige alors que la voix retentit dans son esprit, une et pourtant comme une multitude. " Je t'ai entendu quand tu nous appelé. Alors j'ai décidé que l'heure était arrivé pour nous de se rencontrer. "Il le sent dans sa voix, comme flottant derrière ses mots, ce test qu'il lui impose, il peut le sentir dans sa peau et ses os cette ultime question n'ayant pas besoin d'être posé. Est-il prêt ?" Tu as compris le loup, tu t'es unis à lui. Et pourtant tu as trahis ta meute sans hésiter. Je dois avouer que je me demande comment cela peut-il être possible ? "Sa gorge se serre. Trahis. Oui il avait trahis, et c'est comme une déferlante de flamme venant broyer son coeur et ses veines à cette simple pensé. Une longue inspiration avant qu'il ne réponde, acceptant la vérité sans cherchant à se disculper." Ils ne comprendront certainement jamais. Ils doivent certainement me détester et je l'ai amplement mérité. Mais cela ne change pas ce qu'ils représentent et ont représenté, ca ne change pas la place qu'ils tiennent dans mon coeur. Comme une famille, je suis le traitre de cette famille et pourtant je tuerai pour eux, que si quelqu'un, peut importe qui tente de s'en prendre à eux je le lacérerai. Je le pourchasserai jusqu'à ce que son sang coule entre mes lèvres, même si ils ne le sauront jamais. "C'est un silence de mort qui suit la tirade. Un silence infernal dans son éternité, puis c'est finalement un rire qui résonne dans son esprit alors que le loup semble sourire." Une meute de coeur en vers et contre tout. "Et le loup s'approche alors d'avantage, comme pour le tester, continuer ce test déjà enclenché. " Tu le sens au fond de toi, que malgré la solitude ils seront toujours cette meute que tu as choisis. Cette meute qui en vers et contre tout ne pourra jamais cesser d'exister. A l'image du loup. Révéré et crains par l'humanité, ambivalent, la force et la solitude dans l'errance, la puissance et la sociabilité dans la meute qu'il est capable de constituer. La liberté et le devoir, la connexion et la puissance des instincts. Une menace puissante, la menace par excellence quand la meute se révèle. Tu peux la sentir en toi n'est-ce pas ? Tu peux sentir la puissance du loup couler dans tes veines ? Tu peux la sentir, cette meute capable de tout ravager, la multiplicité d'individus réunis pour se protéger, pour faire face à l'adversité ? Fouilles-en toi, regarde ce qui coule en toi, tu le sens n'est-ce pas ? Cette solitude et pourtant ce nombre. Tu peux les sentir toutes ces âmes qui dansent, uniques et pourtant unis par toi. L'un devenue la multitude. Peux-tu le sentir ce danger qui menace cette multitude loin de toi dont pourtant le lien ne disparaîtra jamais ? Fouilles en toi et laisses la meute s'échapper."Et sur ses mots les yeux de l'homme se ferment comme pour ressentir cette connexion. L'un alors que l'âme du loup s'empare de lui, la multitude alors que pourtant ils sont tous là, en lui, prêt à échanger leur place à n'importe quel moment. Connectés tout en étant séparés. Il peut les sentir, sentir ses âmes liées et l'un devient multitude alors que succombant à ses instincts le hurlement du loup retentit entre ses lèvres, que les âmes s'unissent pour former la meute alors qu'autour de lui leurs âmes se révèlent. Ses âmes se révèlent, prennent chaire sous la forme de pure énergie reliées à la sienne. Il est eux, ils sont lui, uniques et multiples, une meute. Et le loup fasse à lui semble sourire alors que le néant l'emporte, une leçon acquise alors que dans la salle de bain miteuse le corps se relève brusquement de son sommeil troublé. Et dans le miroir il peut voir ses yeux jaunes scintiller.