Une brise, les branches virevoltent sous les forces qui les dépassent, un chant d'oiseau s'élevant sous le soleil levant, chant euphorique et lyrique, l'oiseau se pause sur une branche, continue sa mélopée sylvestre alors que le vent agite les feuillages dans un frottement sans âge.
Un oeil qui s'ouvre dans l'obscurité, parcourt la clairière inanimée, nature retrouvée, sanctuaire oublié, ci et là gisent pourtant les restes de l'humanité, une pierre s'effondrant dans un bruit cassant, une stèle se dressant encore fièrement, abandonné des hommes qui l'avaient jadis habités, sanctuaire du repos de l'éternité. Un second oeil qui s'ouvre alors que la peau brune se mouve dans l'écorce, s'en extirpe dans un crissement sadique, craquement artistique.
Corps féminin émergeant du tronc millénaire, esprit centenaire, nulle rire et nulle joie malgré cette nature sublime qui se donne à ses yeux couleur de bois. Seul la solitude et l'oublie, la folie d'un esprit banni. Elle finit de s'extirper alors que son regard balaye les arbres du bosquet, que son corps se met en mouvement avec une langueur qui ne lui avait jamais sied, la main rugueuse vient caresser la pierre abandonnée, le souvenir d'un rire résonnant, brisant ce silence oppressant. Une larme qui veut jaillir des paupière asséchés, veut sans pouvoir exister, incapable de pleurer.
Solitude l'ayant rendue folle à lier alors qu'elle veut jouer, que le souvenir de ces jeux tordus se rappel à son esprit malade du temps et des années. Elle ignore l'appel proféré, pour la première fois depuis longtemps elle se perd dans ce passé, ne veut pas qu'il brise cette intimité, ne veut pas qu'il pénètre en elle pour jouer... Pour le simple fait que la vérité elle doit taire à jamais, taire ce qu'elle est, ce qu'elle était, ses yeux la brûlent sans qu'ils ne puissent pleurer alors que ses souvenirs plongent dans les temps passés...
***
Un rire qui résonne alors que l'enfant sauvageonne bondit d'un fourré avec une expression enjouée, le garçon cri devant la surprise, trouvé ! A lui de chercher. Elle rit et court dans la forêt, court pour mieux se cacher dans ce terrain de jeu vénéré, préféré, endroit où ils se retrouvaient loin des préoccupation des anciens, loin de la peur des dragons omniprésents, ici ils étaient les enfants innocents.
Elle court pour se cacher, sauvageonne en guenilles déchiquetées dont les rires font écho aux chants du bosquet. Elle s'arrête soudainement, yeux se perdant sur les totems d'ossements dressés... La limite à ne pas dépasser, endroit sacré que seul les processions funéraires étaient autorisées à dépasser... Elle n'a jamais osé y aller, jamais oser braver cet interdit muet. Une voix qui résonne derrière elle, elle doit se cacher, elle franchit la limite sans sourciller, s'enfonce dans les profondeurs du bosquet, la lumière s'y faire rare, les chants sylvestres plus nombreux malgré la pression régnant en ces lieux.
Elle court longtemps, déboule comme une furie dans la clairière avant de brutalement tomber, face contre terre, douleur qui la saisit alors qu'elle rit, elle se relève du haut de ses douze années, se relève pour se faire frapper par le silence régnant en ces lieux, son air jovial disparait alors que choquée, essoufflée, son regard se perd sur les stèles dressés au centre de la clairière sacré...
Elle n'avait jamais eut le droit de pénétrer ici, seul les anciens accompagnés les morts dans ce sanctuaire... Enfant turbulente ayant brisée les règles imposées... Restant interdite devant tant de pierres dressés comme un monument fragment du passé, de tout ces morts qui avaient vue leur vie brisée par les dragons et leur sauvagerie... Dieux crains des hommes incapables de lutter...
Tout... ça...Le sentiment oppressant qui l'envahit, elle doit fuir cet endroit, elle ne veut pas voir ça, elle recule chancelante, pantelante, elle doit retrouver les autres, elle recule pour se retourner et entamer une nouvelle course effrénée dans cette forêt qu'elle connaissait et adulait. Un faux mouvement, elle trébuche, tombe en arrière, un bruit mat et sourd alors que son visage se retrouve figé, que l'écarlate commence doucement à suinté sur la terre asséchée par la chaleur de l'été, crâne enfoncé dans une pierre aiguisé alors qu'elle se voit incapable de bouger, paralysée en train de se vider alors que la vie la quitte lentement par ce trou dans son crâne ou la pierre est incrustée...
Des râles plaintifs... Complaintes étouffées alors que les heures achèvent la gamine qui ne savait respecter les règles imposées, gamine morte par un bête accident dans un lieu jugé sacré... Son esprit s'envole sur la pensée des cadavres gisant en ces lieux... Essence se mêlant aux arbres millénaires qui les encerclaient alors que l'appel se voyait donner, que la nature avait décidé...
Enfant pleine de vie et de gaieté, turbulente et impatiente damnée à jamais, à l'éternité au cœur de l'écorce lui étant attribué, ironie du sort de la courte vie l'ayant portée...
La nature incarnée dans toute sa sublime cruauté...