Kôta reposa le journal sur le rebord de son lit. L'affaire n'avait pas fait grand bruit, même si Bob s'était indigné qu'une personne aussi vile s'en prenne à une branche de la mode aussi honorable qu'est le mannequinat. Hanzo avait été derrière les empoisonnements depuis le début. Mage novice, il a été recalé à Blue Pegasus dans sa jeunesse car son comportement était trop agressif. Il a prit sur lui pendant des années pour développer sa magie de métamorphose et ainsi modeler son corps à la perfection. Mais ses pouvoirs ont des limites, et avec l'âge, il a du prendre sa retraite après une assez bonne carrière de top-modèle. Mais, sa cupidité étant sans limites, il a fallu qu'il continue sa vengeance. Pas assez fier d'être passé au statut d'"ancien", il s'est mit en tête d'organiser des concours de beauté pour décimer la nouvelle génération de mannequin. Il a même voulu faire passer le chapeau à Bob. Mais sa première tentative fut soldée par un échec, même si elle a faillit aboutir : d'après l'article, un mage de Blue Pegasus l'a magnifiquement arrêté sous les yeux du public. En ressortant de la salle, les spectateurs disaient avoir vu le spectacle le plus trépidant et inattendu de l'année. L'affaire était close et désormais oubliée.

Kôta tourna la tête. Damaz était allongé sur un lit, plus loin. Ils s'étaient retrouvés dans la même chambre d’hôpital, Kôta s'était réveillé le lendemain et avait demandé, en trombe, les nouvelles. On lui avait expliqué sagement ce qui s'était passé, mais quand il avait apprit que Damaz avait été empoisonné et surtout qu'il ne s'était toujours pas réveillé, il s'était levé pour partir le chercher dans le couloir de l'hopital, ouvrant toutes les portes à la volée, sans pudeur. Des médecins ont du lui injecter un calmant pour lui faire comprendre que Damaz était simplement derrière le rideau de la même chambre... Totalement shooté, Kôta avait repensé à la mission et avait relativisé sur les chances de survies de Damaz (son réveil n'était plus qu'une question d'heure, la quantité de poison a été grande mais les médecins ont tout lavé).

Damaz était un drôle de personnage, mais Kôta l'aimait bien. Ils s'étaient presque combattu mais c'était de l'histoire ancienne, ils n'en reparleraient sans doute pas, il n'avait pas l'air du type qui parle du passé à tout va. Quand ils se croiseront désormais, ils se contenteront de rire ensemble, bons copains. Du moins, Kôta l'espérait. Il avait vraiment prit plaisir à travailler avec lui.

Dans la chambre, autour de Damaz endormi, il y avait pas mal de fleurs des membres de Blue Pegasus mais aussi d'admirateurs secrets (Damaz s'était tout de même intégralement exhibé devant le public). Même pour une journée de pseudo-coma, les gens s'inquiétaient pour lui. Le présentateur leur avait adressé une lettre, comme quoi même si le concours avait été annulé, il les déclarait gagnant du concours, pour leur charisme. Kôta avait rigolé, pensant que Damaz faisait sans doute tout dans la beauté du duo.

Alors qu'il était allongé sur son lit à attendre, la porte de la chambre s'ouvrit à la volée et Joshua, fraichement rétabli, entra à l'intérieur. Il regarda à peine Kôta et s'avança vers le corps endormi.

« Il fait moins le malin celui-là, hein ! »

Sans hésiter, il sauta à califourchon sur le corps de Damaz et le gifla. Damaz ne se réveilla pas alors que Kôta se levait en s'approchant, encore tout groggy.

« Laisse-le tranquille, s'il te plait... On a gagné le concours, vous avez perdu, rentrez chez vous. Ah non c'est vrai, vous n'avez pas de maison.
_ On est déjà inscrit à un autre concours, Caïn et moi. Celui d'Hosenka, qui sera demain soir. Vous y serez, histoire qu'on sache qui mérite vraiment la victoire ?
_ Non, on va retourner à la guilde, pour nous, le concours de beauté, c'est déjà de l'histoire ancienne. Enfin pour moi, j'espère que Damaz ne va pas se mettre en tête de se mettre à poil à chaque fois qu'il montera sur scène.
_ Attend, il l'a fait ?
_ Oui, pour le spectacle final.
_ Tch. A la prochaine alors, sale gosse. »

Il quitta la chambre, et Kôta se posa contre la fenêtre. Il faisait beau. Il avait envie d'attendre Damaz, mais peut-être que Damaz n'apprécierait pas qu'il l'ait vu dans un tel état. Celà ne l'étonnerait même pas. De toute façon, il savait qu'il ne lui en tiendrait pas vigueur, donc Kôta rassembla ses affaires et sortit une feuille et un crayon de son sac. Il laissa le papier sur le chevet du mage, puis ouvrit alors la fenêtre, et d'un battement d'aile s'envola au loin.