| Sujet: Oméa à l'école, ou comment se faire rhabiller par une bonne soeur Sam 4 Mai - 17:29 | |
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Oméa K. Shizuka
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Je ne retournerai pas à l’école parce qu’à l’école on m’apprend des choses que je ne sais pas ! PV Bélial ?
Mon poing heurta la porte. Je pris une inspiration avant de beugler.
« Oméa, mage de… mage indépendante ! Je viens pour la requête ! - Une seconde. »
Je jette un coup d’œil à ma mission. Je n’arrivais toujours pas à croire que j’allais faire ça … Animer une classe. Non franchement j’étais tombée bien bas. M’enfin. Il faut bien vivre non ? Je recule pour observer l’endroit où j’ai mis les pieds. Une ravissante abbaye de Minstrel. De son style architectural vieux et pudique à ses couleurs vives et récentes. Un truc moche en somme. Et pourtant, j’aimais ça les vieux trucs… J’aperçu la nonne qui me dévisageait. J’avais parlé à voix haute peut être ? Elle pointa du doigt ma tenue.
« Il va falloir que je vous habille décemment avant de vous conduire à la Mère supérieur mon enfant. »
Je baisse les yeux sur mon short et ma brassière qu’on entrapercevait sous mon blouson rouge, arquant un sourcil. Et bien qu’est-ce qu’elle avait ma tenue ? C’était mes chaussures en cuir qui ne lui revenait pas ? Elle m’attrapa par le bras et me tira dans l’édifice avant que j’ai pu poser la moindre question. Et la religieuse commença à débiter ses sornettes sur Dieu. Et puis elle me parla de la Grande Mère. Puis elle passa à tous les saints de son répertoire. Je dus me contenir pour ne pas lui répliquer qu’elle avait devant elle une véritable âme de damnée et un joli ramassis de démons pour l’assaisonner. Je me contentais d’imaginer sa tête de poisson lune si elle l’apprenait. Un véritable plaisir …
« … Nos jeunes pensionnaires sont toutes des demoiselles de bonne famille vous savez. Vous promenez dans une telle tenue devrait vous horrifiez mademoiselle. Après tout le corps est un domaine sacré qu’il faut ... »
Je me rendis compte qu’elle me tenait comme elle aurait tenu son futur époux à l’église. Oui oui, la main dans le creux du bras. J’oubliais aussitôt ce détail pour me concentrer sur l’endroit où je me trouvais. Un magnifique jardin, orné de toute sorte de beauté sculptée. Des jeunes femmes maniant des épées pour la plupart. Et dans des tenues longues. BEAUCOUP trop longue. La sœur me poussa dans une pièce avant que j’ai pu estimer la valeur de ses chefs d’œuvres qui n’avaient pas été souillé par les soins des bonnes nonnes qui vivaient là.
Je la regarde farfouiller dans une armoire et en extraire… Un corset noir de jais et une robe noire au-dessus du genou. Ouf. C’était plus court que sa tenue à elle et que ce que j’avais vu.
« C’est une des vieilles robes de sœur Arona, comme vous avez l’air de faire la même taille je vous la donne. - Merci beaucoup sœur … - Enma. »
Je hoche la tête et fais disparaitre mes vêtements d’un claquement de doigt - les joies du rééquipement – et enfilait ladite robe. Sœur Enma me serra le corset et s’assura que tout était en place avant de me mettre dehors. Les nonnes sont d’une bizarrerie ici … Elle me conduit à la fameuse Mère supérieur. Une femme débonnaire qui vous mettait vite en confiance. Elle commença à me parler de ses petites avant de se déporter sur Dieu, la Vierge … enfin bref on connaît tous la chanson et elle nous emmerde.
« Je vais vous montrer une classe de cadette. Elles sont remarquables et elles sont persuadées qu’elles apprendront beaucoup en parlant avec vous. - Vous m’en voyez ravie Madame l’Abbesse. - Je vous en prie, appelez-moi Sœur Lyra. Maintenant suivez-moi je vous prie ma fille. » Si on rajoute un c ça fait ….
Je souris poliment et lui emboite le pas. Décidemment, elles ont des noms très … spéciaux. A part ladite Arona qui s’en sortait bien, les autres avaient des sacrées connotations dans les leur. J’ouvris de grands yeux en voyant les jardins où se trouvaient mes petites élèves d’une dizaine d’année si j’en avait bien écouté le laïus de mon employeur. Une belle ribambelle de gamine toute aussi coincées les unes que les autres. En voyant ça, je me suis même promise que, si un jour j’avais un gamin, que je l’élèverais moi-même et que, au grand jamais, je ne l’enverrais dans un truc pareil. Je remarque alors la demi-douzaine de pair d’yeux fixé sur moi et me rend compte que non seulement la Mère supérieur c’est déjà carapaté je ne sais où mais qu’en plus, je suis seule avec les petites. Elles m’attendent sagement, assise dans l’herbe, attentives à mes moindres faits et gestes. J’inspire un grand coup et m’assoit face à elles.
« Alors ? Que savez-vous concrètement de la magie ? - Qu’elle nous est donnée par Dieu pour chasser les démons et aider nos prochains. »
Je ne peux m’empêcher d’éclater de rire devant l’affirmation de la petite tête rousse la plus proche de moi. Chasser les démons et aider mon prochain … Un beau raté vous ne croyez pas ?
« Ce n’est pas exactement ça mais c’est une façon de voir les choses. »
Les petites ouvrirent de grands yeux en me voyant me relever pour saisir un d’elle et poser ma main sur son cœur.
« La magie, elle est ici, expliquais-je. Et vous la puiser dans tout ce qui vous entoure. Les plantes, les animaux, l’air ou même l’eau. Un mage, c’est quelqu’un qui sait comment utiliser l’énergie en lui pour se défendre ou bien rendre des services à la population. Cependant, chaque mage utilise une magie qui lui est propre. Un peu comme un don si vous voulez. - Elle consiste en quoi ta magie ? - J’y arrive petite sœur, j’y arrive… »
Mes traits s’étaient adoucis. Je me sentais apaisée en ses lieux. Libre de me montrer faible ou d’être tout simplement une jeune femme normale l’espace d’un court instant. Je fis tournoyer la petite vers ses camarades. Elle s’écroula en pouffant et se refocalisa sur moi.
Mon dieu… Je crois que j’aime les enfants… « Ma magie s’appelle Rééquipement mais on peut également la trouver sous le nom d’Arsenal. Cependant nous avons chacun nos spécialités. Moi, je demande des contrats aux démons pour pouvoir évoluer. »
Je soupire en voyant leurs têtes dégoutées. Que voulez-vous les enfants, c’est la vie.
« Ne faites pas cette tronche, ils sont très aimable et pas si méchant qu’on le dit. Enfin pour certains. Parce que d’autre sont des vraies pourritures. Mais j’ai tout de même la consolation de préserver les autres de leurs apparitions une fois le contrat passé. - Comment ça ? - Si je possède une arme, prenons l’exemple de Satan, il ne peut plus revenir sur terre. »
Pur mensonge puisqu’ils apparaissaient quand ils le souhaitaient et où ils le souhaitaient s’ils en avaient la force et l’envie mais ce sont des nonnes et elles ne sortiront jamais d’ici. Alors qu’importe. Et puis ça plait aux gamines, je le vois à leurs yeux qui pétillent. L’important, c’est qu’elle comprenne qu’un démon, même si c’est pas très sympas et souvent chiant à trouver en plus de puer comme un rat crevé, ça peut être bénéfique pour autrui si il est bien employé. Etant personnellement le mauvais exemple.
« Dis, t’as battu combien de démon ? - Ils sont fort ? - Est-ce qu’ils tuent des gens comme dans les textes savants ? - Excusez moiiiii ! Je suis en retard ! »
Je me retourne pour observer l’homme qui court vers nous quand je reconnais le blason de la maison princière de Bélial qui orne son épaule. Qu’est-ce qu’un démon pouvait bien foutre là ? Dans un des lieux qu’il aurait dû fuir à bride abattu ou gueuler qu’il aurait préféré se faire violer par un ange plutôt que de mettre ses pieds là-dedans. Décidément, y’avait quelque chose qui tournait pas rond dans cette histoire … Dos au fillette, je lui sers la main et lui murmure.
« Qu’est-ce que tu fous là ? - Moi aussi je suis ravi de te rencontrer Shizuka ... me répondit-il avant d’enchainer à l’intention des gamines, Je me présente, je suis Baliel DeKaren. Mage d’invisibilité pour vous servir. »
De mieux en mieux. Me voici officiellement avec le Prince des Enfers Bélial qui utilise une anagramme enfantine de son propre prénom. Le roi de la tromperie et de l’arnaque qui ne se fait jamais prendre. Avec un peu plus de six milles légions démoniaques sous sa garde il me semble de mémoire. Les fillettes commencèrent à lui poser pleins de questions, me laissant tout le loisir de réfléchir au pourquoi du comment il se trouvait là.
« Mademoiselle Oméa ? »
Je sursaute en le voyant si près de moi. Il me rattrape alors que je bascule en arrière, déséquilibrée par un caillou.
« Vous devriez faire attention à vous. Sinon ce serait ennuyeux que vous vous blessiez alors que nous allons croiser le fer non ? »
J’acquiesce sans rien ajouter et me dégage de son étreinte étrangement douce. Nous nous mettons face à face, en garde, sous le regard attentif des enfants. Il disparait de ma vue sous les hurlements stupéfaits des fillettes. Génial. Maintenant, faut que je le trouve. Je m’accroupis. Il maitrise la magie d’invisibilité. L’armure sera donc sans aucun effet contre lui. A moins que …
« Gift of Luxury. Sharp Trick. »
Ma tenue disparait dans les affres des cercles magiques pour bientôt se volatiliser au profit de mon armure. Les fillettes ouvrent des grands yeux et la bonne sœur qui passe me foudroie du regard. Oh merde hein. Je me défends, je ne suis pas une sainte nitouche moi. Baal se loge dans ma main, apparaissant furtivement dans l’espace avant de revêtir son voile caméléon. Je sens une présence dans mon dos.
« Range ça. Je ne te ferais aucun mal. Je veux juste te parler. »
Je fais une roulade et lui lance le stylet. Arme futile qu’il rattrape et jette à terre. Il apparait en même temps que la lame qui se plante dans l’herbe pour me tirer la langue. Pfeuh. Tricheur. Je me relève illico et décoche un coup de poing dans l’air. Bélial saisit doucement ma main à travers son manteau d’invisibilité et se rapproche.
« Je suis là pour ton prochain entrainement. Satan m’a envoyé avec un de mes petits disciples. Il veut que tu sois prête pour le Leviathan. - Trop d’honneur, murmurais-je en levant le genou. »
Un joli Strike ma foi. Le démon apparu, courbé en deux. Je pose mes deux mains sur son dos, apposant un double sceau made in Asmodée (ou le sceau que vous haïrez si vous êtes un homme pudique.). J’atterris de l’autre côté après ma parodie de saute-mouton et le pousse d’un coup de fesse. Bélial bascule dans l’herbe sous les rires des enfants alors que je me retourne pour lui faire un pied de nez.
« Ne baisse pas ta garde Baliel. - L’ais-je fais ? »
Je claque des doigts et fais disparaitre sa cape brodée.
« J’ai bien peur que oui. - Jusqu’à quel point ? »
Un nouveau claquement se fait entendre alors que la chemise du démon s’enroule autour de ses pieds. J’esquisse un sourire narquois.
« Un peu trop pour pouvoir m’échapper. »
Il arque un sourcil alors que je ramasse mon arme. Mon armure disparait aussitôt après et je me retourne face aux fillettes.
« Comme vous pouvez le voir, quelques soit la magie que vous maitriser, vous avez toujours des contraintes et des limites. - Dit, tu as montré toute tes armes ? - Non, j’en ai encore quelques une en réserve. - C’était quoi celle de toute à l’heure ? - Baal. Un sympathique petit gars plutôt pratique pour se sortir d’une agression. Pour le meurtre aussi … mais ça faut pas le dire - Et l’armure ? - Le péché de Luxure. Crosed Greed. »
Je saisis les deux poignées ouvragée qui émergent dans une déformation sombre de l’espace, les extrayant avec précaution de l’enfer. J’approche les petites et m’accroupit face à elle, tenant les lames effilée du bout des doigts.
« Voici Mammon. Le péché d’Avarice. Je vous conseille de ne pas trop l’approcher de vos objets de valeur. »
Je les laisse profiter de la beauté des armes jumelles en surveillant leur sécurité et vais aider Bélial à se relever.
« Désolé, j’ai frappé plus fort que prévu. - Pas de problème. J’ai déjà eu bien pire que ça. - Laisse-moi t’inviter à l’auberge que je me fasse pardonner pour ce coup bas, fis-je avant de murmurer, qu’on discute plus en détail. - Oui pour le coup il était bas. Trop bas …, répliqua-t-il en me désignant les élèves. »
Je souris et fais disparaitre les armes avant que les fillettes n’aient eu le temps de finir leur espèce de psaume dessus. J’en connais un qui va m’attraper à la sortie …
« Les filles, l’une d’entre vous a-t-elle une pomme ? - Il y en a dans l’arbre là. - Baliel, tu m’en attrapes une et tu la pose sur ta tête s’il te plait ? - Ok. - Fatal Sloth. »
J’attrape l’arc et me met en position face à lui. J’attends qu’il se soit positionné pour viser, ramenant la corde à mon visage en me mettant en place pour le tir. Les petites me dévisagent et je me mets à expliquer.
« Je tiens dans les mains un arc. Celui de Belphégor pour être exact. Oui, je sais que vous ne le voyez pas et la raison, c’est parce que celui-ci est bien trop fainéant pour se matérialiser totalement. Il est également fainéant dans le sens où je dois mettre en moyenne une demi-minute pour avoir une flèche. »
Je vois le projectile apparaitre lentement. Très lentement. Voire même encore plus lentement que d’habitude. A croire qu’il m’avait entendu. Fichu roi de la Paresse. Je renforce ma concentration et augmente le flux de magie pour la flèche sans bouger. Les fillettes m’observent très attentivement, à l’affut du moindre changement de ma part. Le trait noir se matérialise un peu plus vite mais pas plus pressé que ça. Bélial me regarde, curieux de voir ce que je fabrique. Visiblement, il n’a jamais vu Belphégor ou alors ce dernier est vraiment suffisamment flemmard pour faire en sorte que je sois la seule à savoir qu’il est là. J’aperçois enfin l’empennage de plume de corbeau. Je souris faiblement et ouvre les doigts. Le trait file, porteur de mort, et se plante au ras de la tête de Bélial. Oups, j’avais oublié que les flèches se rapprochent systématiquement de toute présence humaine. Le démon me fixe, les yeux légèrement étrécis alors que la pomme se coupe en deux. Il a compris qu’il avait failli finir avec une flèche dans le front. Et il n’a pas apprécié. Logique. La cloche retentit et les petites religieuses se lèvent dans un ensemble parfait et s’incline devant nous.
« Merci beaucoup pour cette leçon Madame Oméa et Monsieur Baliel. »
Elles filèrent toutes je ne sais où, me laissant avec Bélial. Ce dernier pose sa main sur mon épaule.
« Allons voir la Mère Supérieur et cassons-nous d’ici, je commence à avoir des démangeaisons. »
Nous ne trainâmes pas. La religieuse fut même plutôt généreuse sur la récompense et m’offrit la robe en disant qu’ainsi je n’aurais plus à déshonorer Dieu en me montrant. Non mais… qu’est-ce que ça pouvait bien faire bordel ? Enfin bref. J’ai pris sur moi et je suis sortie du monastère avec Bélial.
Enfin sortie … C’est un bien doux mot comparé à la réalité.
Je pousse le Prince des enfers dehors, et, dans un ultime sursaut, invoque de nouveau mes dagues. La porte claque alors que je lui crochète les pieds pour finalement m’assoir sur lui, mes armes sous sa gorge.
« Je ne fais pas confiance au démon. Dis-moi tout de suite ce que tu veux ou prépares toi à mourir. »
Il me sourit narquoisement et commence à me raconter. Putain de merde. Mon prochain entrainement va me paraitre un long, mais alors trèèèèès long calvaire.
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