Clover... Tu es renvoyé en mission là-bas. Tu te souviens de la dernière fois où tu y es allé. Tu avais du former les gardes au combat. Rien de compliqué. Rien de difficile. Et pourtant, tu en avais mis du temps, pour leur apprendre à manier les armes correctement. Tu espères qu'il auront appris à s'organiser au moins... Enfin, tu ne fais qu'espérer. Apparemment, tu n'as pas été appelé pour rien. Ils ont besoin de ton aide, donc tu ne peux pas les ignorer. Tu relis le papier qu'on t'a envoyé. La copie de la menace qu'ils ont reçu récemment. Un groupe de voleur voulant les narguer. Ils leur ont même annoncé la date et l'heure de leur assaut sur la ville. C'est ridicule qu'ils aient besoin de toi en fait... Mais tu vas y aller quand même. Les pauvres, ils n'étaient pas extrêmement dégourdis la dernière fois que tu les as laissés, alors tu te demandes ce que ça donne maintenant... Tu finis par replier le papier, fermant les yeux, pour finalement quitter la salle principale de la guilde. Tu vas prendre la pierre de téléportation pour cette fois... Après tout, tu auras surement besoin de ta magie pour cette mission. En plus, le terrain ne sera pas forcément à votre avantage. Clover est une ville assez isolée, dans un zone montagneuse et avec pas mal de forêts... Il faudra donc que tu ouvres l'oeil, et le bon. Oui, même si tu n'en as plus qu'un. Tu descends dans la salle de téléportation, posant ta main sur la pierre magique. Tu sens la magie t'envelopper, puis tout bascule. Tu vois tout tournoyer, comme si tu venais d'être pris dans une machine à laver en plein essorage.

Tu clignes des yeux. Shirotsume, à quelques pas de la gare. Ce genre de téléportations te retourne toujours autant l'estomac. Mais tu vas devoir faire avec. Tu avances alors en direction des quais. Toujours le même bazar, la même foule, les même retards... Tu soupires. Bah, dans quelques heures, tu seras arrivé. Ils ont annoncé leur attaque pour la tombée du jour, et tu devrais arriver en début de soirée, ça te laissera un peu de temps pour organiser la défense de la ville... Tu patientes alors, tout en réfléchissant, avant d'enfin pouvoir grimper dans ton wagon, t'installant lascivement dans un compartiment. Tu t'allonges sur une des banquettes, un bras pendant mollement sur ton côté, alors que tu places l'autre sur ton visage, couvrant ton front et tes yeux. Tu vas en profiter pour te reposer un peu, ces téléportations te mettent toujours aussi mal... Tu fermes alors les yeux, te laissant porter par le sommeil, occupant la moitié du compartiment à toi seul. Sans gène ? Absolument. Mais il le faut bien. Tu n'es pas un gentilhomme. Tout au plus un mercenaire qui tente de se racheter. Oui, tu ne fais que mettre tes talents au service d'autres personnes. Pour un peu d'argent. Pour avoir l'impression d'avoir bien agi. Pour tenter d'effacer petit à petit ton crime. Ce crime qui te hante chaque jour. Que tu ne peux faire disparaître de ta mémoire. C'est effrayant de voir que tu n'arrives pas à oublier cet incident, et que tu y repenses chaque jour, même après tant d'années...

Tu rouvres les yeux en entendant le coup de sifflet. Tu t'es endormi sans t'en rendre compte. Mais te voilà enfin arrivé. Tu regardes à l'extérieur. Il fait nuit noire. Tu sens comme un poids tomber en toi. Comme si une masse venait de s'abattre dans ta poitrine. Tu aurais du arriver bien avant. Tu vois les gens paniqués sortir du train, et tu ne peux que suivre le mouvement, arrivant sur des quais bondés et agités, entourés par les gardes qui s'efforcent de calmer les voyageurs. Des panaches de fumée et des flammes s'élèvent dans les airs un peu partout aux alentours. Tu te précipites, ne prenant pas soin d'éviter les civils, les bousculant même pour passer plus vite. Le train a pris du retard, et voilà où tu en es. Tu es arrivé en retard, et l'attaque a déjà débuté. Tu aurais du prévoir et partir avant. Le train du matin t'aurait permis d'arriver à temps. Mais non, tu n'y as pas pensé. Quel idiot tu fais. Mais il est trop tard pour te faire des reproches. Tu ne peux que te lancer dans la bataille, et arrêter ces malfrats. Tu attrapes un garde pour lui demander ce qui se passe, reconnaissant sur le coup un de tes « élèves d'un jour ». Il te demande d'abord de rester calme, en t'expliquant qu'un mage va bientôt arriver pour les aider. Bien sur, il ne peut pas te reconnaître. Tu as bien trop changé...

Tu secoues la tête, avant de t'envoler, juste devant son regard ébahi. Tu entends vaguement un cri de joie quelques secondes plus tard, alors que tu fonces vers le centre ville. Tu entends des bruits de combat un peu partout. Bien sur, ils ne sont pas idiots, il se sont éparpillés. C'aurait été trop simple sinon. Tu accélères, te dirigeant vers le combat qui te semble le plus proche. Tu te poses en urgence, voyant des carreaux d'arbalète fuser vers toi. Tu vois alors deux hommes partir en courant, alors que trois gardes gisent étendus sur le sol. Ils ne sont pas morts, mais assommés et blessés. Pas trop gravement. Tant mieux. Tu les laisses là, pour partir à la poursuite des brigands, évitant de justesse un nouveau carreau qui jaillit de l'ombre. Tu répliques immédiatement par une sphère de vent, projetée à toute vitesse. Tu entends un cri de douleur faisant écho à l'explosion. Tu retrouves alors un des bandits, se tenant l'estomac en crachant du sang, plus ou moins assis contre le mur d'une maison. Apparemment, ton attaque l'a projeté jusque là, et l'a amoché en plus. Tu l'attrapes par le col, le soulevant de force, tout en faisant apparaître une lame de vent que tu lui places sous la gorge. Tu t'apprêtes à le menacer pour qu'il t'explique ce qui se passe, lorsque tu vois un mouvement dans l'ombre.

Tu recules au dernier instant, évitant une flèche. Tirée d'un arc cette fois. Tu le lâches, pour t'envoler à nouveau, de plus en plus haut, évitant les flèches et carreaux. Ils t'ont tendu un piège. Ils viennent de se regrouper. Tu as remarqué ce détail : chacun porte un empennage différent au bout de ses flèches. Et tu en as dénombré six. Tu les vois alors se regrouper autour de leur camarade blessé, le relevant avant de s'enfuit. Mais tu ne vas pas les laisser faire. Tu tends la main en direction des cieux, fixant tes cibles qui tentent de s'éloigner. Tu lâches alors ta formule, regardant ta colonne de vent s'abattre sur les fuyard. Tu les vois se faire écraser, clouer au sol. Tu redescend alors, les regardant alors qu'il tentent de se relever. Tu les assommes un par d'un coup de talon. Tu ne pensais pas que ce serait aussi simple. Mais ils ont fait du grabuge dans la ville... Tu vas devoir faire ton mea culpa pour être arrivé aussi en retard... Mais voilà une affaire réglée... Tu retires les ceintures des malfrats, pour les ligoter temporairement. Ce sera amplement suffisant... Tu vas aller chercher le chef des gardes, lui passer un savon, et s'il le faut, leur redonner une petite leçon d'autodéfense... Ca t'évitera au moins de devoir te déplacer ainsi en urgence à l'avenir... Mais cela reste malgré tout une bonne chose de faite.