Sapresti… ça fait combien temps que je n’avais pas aussi bien dormis ?
Il était 12h et le soleil brillait sûrement haut. Mais ça, on ne pouvait pas le voir : Le ciel était encombré de nuages sombres. L’air était froid et sec, les lèvres se gerçaient presque aussi rapidement que la goute au nez réapparaissait. De tout ça, Caedes en était loin. Enveloppé dans le drap de son lit, il émergeait à peine. Ses yeux s’ouvraient à peine. Et en effet, l’hôte du Darkness réfléchit à quand remontait la dernière fois qu’il avait aussi paisiblement dormi. Certes, dormir profondément car il était fatigué, il l’avait fait il n’y a pas plus tard que deux jours, après son arrivé à Magnoria. Là aussi il avait dormi de fatigue car mine de rien, la discussion la veille avec Gwendal avait duré jusqu’à tard dans la soirée. C’est surtout qu’en plus de ça, Caedes n’a pas eu l’impression de faire de mauvais rêves. Sûrement car le Darkness restait affaibli du rayon de lumière de son désormais allié Lightsker. *On peut dire ça comme ça.*
-Et mince, j’aurais préféré que tu me laisses encore comater un peu…
*Ce n’est pas en comatant que tu vas me nourrir.*
L’humain manqua de dire « C’est pas en me faisant chier dès le réveil que je te nourrirai. » s’attendant malgré tout à ce que le Darkness eut lit cet embryon de pensée. Mais aucune réflexion ne vient. Comme si cette parole manquée n’avait pas eu d’existence. A moins que Caedes n'avait réussi, de quelques manières que ce soit à rendre hermétique une de ses pensées. Il ne put le dire, et le Darkness ne protesta pas plus. Il se leva et alla à la fenêtre. En regardant à travers, le jeune homme vit le ciel bien noir. La lumière était faible. Il scruta la ville, les habitants, les bâtiments, le ciel et l’horizon. Caedes leva son bras droit et le regarda fixement. Il se concentrait. Encore et encore. Et lentement, comme s’il saignait de tous ses porcs, la matière ténèbres coulait sur son bras et sa main. Par de fins filament tout d’abord. Et puis ses filaments se joignirent sans jamais goûter au sol. Le liquide étrange coulait encore et encore, pour enfin recouvrir complètement le bras droit et la main de Caedes. Intrigué, l’homme toucha et comme à chaque fois, la matière était étonnement dure par rapport à son poids. Levant son bras gauche, il ne fut que cette fois-ci une second de concentration pour que le bras gauche soit instantanément recouvert des ténèbres. Il bougea les bras et fut encore une fois surpris de la légèreté qu’il avait alors qu’ils étaient recouvert d’une matière dure. C’est comme si sa peau était à nu. Voulant tester les limites de cette matière, Caedes se dirigea vers la salle de bain et se saisit de son rasoir de ses doigts recouverts de ténèbres. Sans aucune hésitation, il chercha à se trancher les veines, en vain. L’objet coupant ne glisse qu’à peine sur le bras de Caedes, et les ténèbres n’eurent aucun dégât. Très vite, le côté mafieux refit surface. Déjà hier avec le combat contre Gwendal, cela l’avait titillait mais là, les faits sont là. Il pensait à mille et une façons d’utiliser ce nouveau pouvoir. Puis, il se souvint de la masse avec laquelle il avait éclaté la tête de son oncle et repris sa concentration en fermant les yeux. Il ne sentait rien. Selon lui, rien ne se passait. Et pourtant, en rouvrant ses yeux, il vit. Sa main droite n’était plus seulement recouverte de ténèbres, elle était une lame. Une lame grossière, quelconque, mais une lame malgré tout. Toujours aussi légère, Caedes fit quelques mouvements. Ce n’était pas évident : Il était habitué, sans prétention, à manier poignard et dague, et non une épée et encore moins une épée en tant qu’extension de bras. Car l’actuelle lame était bien ça : Une extension du bras droit de Caedes. Ce n’était pas très pratique, il avait peur de faire une bêtise. Il voulut la détacher de son bras et lui créer un pommeau. Il se concentra encore. Cherchant à prendre le contrôle de la matière comme un membre à part entier de son corps. Il n’y arriva pas. A la place, involontairement, il grossit l’épaisseur de l’armure. Il ne se rendit compte que quand ses bras faisaient maintenant un diamètre de 5cm et là pour le coup, cela commencer à peser un certain poids. Caedes voulut corriger cela mais n’arriva pas à contrôler le processus, se retrouvant nu comme un ver à nouveau, sans aucune trace de ténèbres. Comme pour exprimer sa joie, il fit quelques étirements avant de prendre sa douche.
En sortant tout propret de la salle de bain, Caedes en serviette tomba nez à nez avec Abdul.
-Tu apprends vite dis-moi !
-Hey ! Tu pourrais au moins attendre que je sois habillé !
-T’inquiètes, mon pote ! J’ai vu des choses bien plus choquantes dans ta tête !
-Même sans parler de ça ! Arrêter d’apparaître et de disparaître de la sorte, tu peux ?
-Je pourrais ! Ecoute mon pote, je suis pas comme Baleine, le Colonel, Einstein ou Kurt Koben ! Moi je suis un Darkie bien particulier…
-Tu es Abdul, je sais.
-Nan nan ! Enfin si, je m’appelle Abdul mais je parlais pas de ça. Moi, je suis ton pote, mon pote. Je vais pas tout t’expliquer maintenant, tu comprendrais pas grand-chose. Alors vu que tu commences à maîtriser le Darkness, je vais te dire quoi faire. Il jubile que tu commences à le maîtriser. Seulement, c’est en l’utilisant qu’il prend peu à peu contrôle de toi. Toi, tout ce que tu peux faire, c’est apprendre à l’utiliser de biens bonnes manières. Et surtout, construit-toi un mental de métal. N’oublie pas que tu as les ténèbres en toi, rien que ça.
-Pourquoi tu me dis tout ça ? Tu arranges qui en disant ça ? Lui ou moi ?
-Un peu des deux j’imagine. Tu t’es assez posé de questions ces derniers jours, mon pote. J’ai vu que tu commences à maîtriser certains aspects du pouvoir. De ces aspects, tu en as une infinité. Tiens, rapporte le verre là-bas, sans te déplacer.
L’humain accepta le défi et Abdul prit place sur le lit, regardant la scène de l’homme face au verre. Caedes comprit bien évidemment que tout allait se jouer avec le pouvoir du Darkness. Il leva la main vers le verre et se concentra. Mentalement, il appelait les Ténèbres. Le Darkness ne disait mot, il « jubilait » comme l’avait si bien dit Abdul. Sentant une sorte d’ébullition en lui, il fit un petit mouvement de ses doigts. Le seul résultat était que les phalanges étaient recouvertes de ténèbres. Bien sûr, on était encore loin du verre. Caedes recommença à mobiliser les ténèbres. A chaque utilisation, cela était de plus en plus facile, elle devenait un membre à part entière du corps du jeune homme. Il chercha à déplacer cette sensation de ténèbres dans sa main droite. Il sentit quelques chose traverser son bras et arriva dans la paume de se main.
-Là !
-Hey ! C’est une épée ça, mon pote ! Concentre-toi le singe !
L’insulte glissa sur Caedes, fasciné par l’objet qu’il avait dans la main. C’était l’épée qu’il voulait créer tout à l’heure, détacher de son bras. Elle était comme Caedes l’avait imaginé : Basique, simple, sûrement à peine tranchante, sans aucune décoration. Il fit quelques moulinets et la laissa tomber. Le bruit de la collision était un bruit de ferraille. Cela aurait été normal pour une épée « normale », mais là on parlait d’une épée crée à partir des ténèbres. Ceci dit, l’hôte ne releva pas plus du bruit et se concentra à nouveau. Puisqu’il avait imaginé une épée, il n’avait cas imaginé une sorte de corde, de liane. C’est ce qu’il fit, en re-mobilisant les ténèbres et presque instantanément cette fois, une liane, fine, de ténèbres, partit de la paume de Caedes en ligne droite dans le verre et qui, le traversant, se ficha dans le mur.
-C’est bien mais je t’ai dit de le rapporter. Coup de chance pour toi que je ne l’ai pas demandé intacte.
Alors sans plus attendre, Caedes voulut bouger son bras mais il était coincé par la liane planté dans le mur. Focalisant son attention sur la liane, il lui ordonna de bouger, comme il aurait fait pour son bras. Elle frissonna on aurait dit. Caedes répéta l’ordre et la liane se mit à faire des mouvements de vagues. Mentalement, l’hôte visualisa un mouvement pour que la liane se libère et aille vers Abdul. A peine la pensée finit, la liane fit physiquement le mouvement, se détachant du mur avec force, causant quelques dégâts au passage, voltigeant quelques instants en l’air et se dirigea vers Abdul, qui attrapa le verre avant de se jeter au sol.
-C’est bien, c’est bien, maintenant remballe ça avant qu’elle ne fasse plus de dégâts. Habille-toi et trouve un job ! Tu l’as dit toi-même ! Tu es un mage maintenant, et un mage, ça travaille. Bonne journée, mon pote !
Abdul disparut en fondant dans le sol, mais ne laissa aucune trace, juste le verre qui tomba de sa petite taille de gobelin.
En descendant dans le hall, Caedes trouva une petite annonce accrochée.
- Citation :
L’école du quartier cherche un mage libre pour donner une démonstration de ses pouvoirs aux mages en herbe. Venez quand vous pouvez. Rémunération immédiate.
Une heure plus tard…
Tenant le papier dans sa main, Caedes se tenait devant l’école du coin. Il pénétra et se présenta à l’accueil comme un mage de passage, intéressé par un petit salaire. Il montra alors l’affiche. L’hôtesse n’était pas très rassurée. Caedes était quand même un homme aux cheveux longs et bruns, d'une carrure relativement imposante et habillé d’un grand manteau noir. Ceci dit, comme un créneau était disponible dans l’heure, l’hôtesse ne sut dire « non » et le conduit à la classe d’enfants. Bien sûr, on pouvait s’en douter, Caedes n’était pas spécialement à l’aise avec des gosses. Et eux non plus, face à un type intimidant comme lui. Mais plus que l’argent, l’hôte du Darkness était motivé par une maîtrise en public de son pouvoir. Il se sentait prêt. Et peut-être était-ce des restes du laser de Gwendal, mais le Darkness n’était pas trop perturbateur. Une fois dans la classe, le jeune homme se fit présenter par l’hôtesse au professeur. Avant même de regarder la professeur, Caedes regarda les mômes. Ils ne chuchotaient pas tant ils étaient impression par le nouveau venu. Ce dernier fit un sourire nerveux, sans arriver à faire un simple « coucou » de la main. Quand on l’interpella, il se dirigea vers la professeure tout en remerciant l’hôtesse qui partait.
-La maîtresse: Vous êtes donc Monsieur?
-Appelez-moi Caedes s’il vous plaît.
-Très bien. Vous maîtrisez quelle magie ?
-Je… je crée des objets.
-Oh ! Une magie de création ! Très bien ça ! Et à partir de quel élément ? Glace ? Terre ? Bois ?
-De… ahem… c’est un secret, je préfère le garder pour moi.
-Rien de dangereux, j’espère ?
-Hésitant une légère seconde. S’il y a un danger, il est pour moi. Je vous rassure, il n’y a pas de soucis. Je ne serais pas là sinon.
-Bon très bien ! Laissez-moi vous présenter aux enfants.
Pendant que la professeure faisait son pitch d’introduction, Caedes se préparait déjà mentalement. Il avait voulu se montrer convaincant pour se convaincre lui-même. Il était hors de question de blesser qui que ce soit. Dos au mur, il allait devoir maîtriser au mieux le pouvoir du Darkness. C’était sûrement de la folie de faire ça avec le peu de maîtrise qu’avait Caedes mais parfois, c’est dans le feu qu’on se bat le mieux. La professeure fit un signe au jeune homme et il s’avança vers la classe, les enfants à peine plus rassurés. Panique. Caedes fut pris de panique quand il se retrouva face à cette classe d’enfant. Qu’est-ce que diable il était en train de faire ? Il voulait faire quoi ? Attraper des verres avec une liane dangereuse ? Se recouvrir les mains d’une matière effrayante ? Créer une épée ? Une goutte de sueur perla sur chacune des tempes de Caedes, ses yeux s’affolaient. Et s’il n’y arrivait pas ? Qu’il tuait toute la classe ? Il est déjà assez recherché du côté de la mafia pour être en plus recherché par les forces de l’ordre. Il commença à tourner ses pieds pour partir.
-Et coucou les nenfants !! Vous allez bien aujourd’hui ?
-Nous sommes des petites créations du monsieur que vous voyez là ! Il est fort ce monsieur, n’est-ce pas ?
Non, ce n’était pas un rêve. Peut-être un cauchemar à la rigueur. Voilà aux pieds de Caedes, sortit du sol de la pièce, Abdul et Baleine, fringués comme des clowns. Un petit blanc plana, mais les enfants commencèrent à afficher des sourires. Il faut dire que les Darkies étaient particulièrement bien déguisés.
*Tu nous remercieras plus tard patron.*
-Dis-donc, mon pote, et si tu faisais des nounours pour les petites filles ?
Les clowns se mirent au milieu des rangs de bureaux et encouragèrent les enfants à taper dans leurs mains pour encourager Caedes. Au plus près, certains enfants trouvaient finalement les Darkies moches et presque repoussants. Mais ils étaient drôles, et cela l’emportait plus qu’autre chose. Enfin, l’hôte du Darkness se ressaisit. Il étendit les bras et dirigea ses paumes vers le plafond. Tout en affichant un sourire, il imaginait, plus que de simples nounours, les enfantes contentes d’avoir des peluches. Avec l’adrénaline, la mobilisation des ténèbres se fit rapide. Les ténèbres émanaient des paumes de Caedes et prirent rapidement la forme de petits oursons bruns, avec un museau plus clair que le reste de la fourrure. Assis sur leurs postérieurs, ils étendaient grands les bras, comme pour demander un câlin. En allant les donner aux premières gamines, Caedes aperçut que les griffes des oursons étaient bien trop acérées.
*Il faut bien que je signe mon œuvre moi aussi. *
Ne se laissant pas impressionner et l’air de rien, Caedes réussit à enlever les griffes. Deux premières filles attrapèrent les oursons et caressèrent leurs têtes. Il comprit bien vite à la réaction des fillettes que les oursons, bien que visiblement aux goûts des deux petites, étaient trop durs pour des câlins tendres et moelleux. Caedes se rappela la douceur de certaines pâtisseries qu’il avait mangées au cours de ses voyages et créa ensuite deux nouveaux oursons qu’il s’empressa de donner. Là, les gamines étaient pleinement convaincues et firent des câlins. Encore deux autres oursons et toutes les filles de la classe avait maintenant le leur.
-Vous voyez les enfants ! La magie de… création ! La magie de création permet de créer ce qu’on le veut. Toi mon petit, qu’est-ce qui te ferait plaisir ?
Le gamin répondit timidement une voiture. Alors, l’homme posa un genou à terre et appuya ses bras sur le bureau du gamin. Tous les élèves se rapprochent. Mêmes les deux Darkies se frayèrent un chemin entre les jambes de leur patron. Mettant ses paumes face à face, Caedes fit circuler des ténèbres d’une main à l’autre. Des filaments traversaient l’espace qu’encadraient les deux mains, avec à chaque fois un petit sifflement de l’air, tant les filaments étaient rapides. Au fur et à mesure que les ténèbres circulaient, un rectangle prenait forme. Petit à petit, ce rectangle s'affinait et se faisait tailler en forme de voiture. A terme, une maquette d’un véritable véhicule se tenait sur le bureau. Le gamin s’empressa de jouer avec. L’excitation gagna la salle et chaque gamin voulu un jouet. Quand tout le monde l’avait, Caedes proposa un petit spectacle avec les deux clowns. Il remit ses paumes face à face, de manière verticale, en ouvrant grand les bras et créa un grand cercle. L’hôte s’étonnait lui-même de la facilité qu’il avait à créer. Il ordonna à Baleine de sauter à travers le cercle et malgré la taille de ce dernier, se prit les pieds dans le bas du cerceau et se mangea le sol, sous les rires des enfants. Caedes donna le signal à Abdul. Ce dernier, bien plus agile, sauta et attrapa le bras haut de Caedes, tout en traversant le cerceau, pour se balancer et ainsi atterrir sur la tête de son créateur. Une fois dessus, il tapa la pose d’un grand « TADAM ! », sous les applaudissements et cris des petits.
L’après-midi passa comme ça, entre numéros burlesques de Baleine, d’agilités d’Abdul et d’ingéniosité de Caedes. Le clou du spectacle fut la balançoire que Caedes créa. Il prit le risque de recréer une liane mais emporté par l’énergie de la salle, il ne se rappelait plus de l’épisode du verre de ce matin. Il en créa une dans chaque main qu’il alla planter dans le plafond. Il les épaissit un peu et arriva même, en se concentrant quelques secondes, à renforcer les points d’ancrages dans le plafond, pour s’assurer que l’objet ne cédera pas. Il joignit les deux lianes et créa une petite passerelle qui pouvait accueillir un enfant. Un gamin l’essaya et ce fut le succès. Devant l’amusement général, Abdul et Baleine se tapèrent la main. Caedes, lui, regardait les enfants jouaient. Il n'aimait pas plus les gosses, mais il était ravi d'arriver à se faire aimer. Se faire aimer qui plus est, en se servant des ténèbres.
La fin du cours approchant, la maîtresse demanda à tout le monde de reprendre sa place. L’hôte ne voulut pas attendre que les objets crées disparaissent dans l’espèce flaque de ténèbres qu’il avait vu jusque-là. Ça serait sûrement trop glauque pour des gosses. Alors, complètement par hasard, il tenta quelque chose. Se plaçant face à la classe et à tous les objets placés, il tendit la main. Il visualisa mentalement tous les objets et se rappela leurs états avant leurs créations. Et à cette pensée, chacun des jours se firent comme aspirés par la main de Caedes. Satisfait de sa manœuvre, il se contenta de toucher la balançoire et l’aspira de la sorte. L’hôte regarda tout de même le plafond ; fort heureusement, les trous faits n’étaient pas très gros et d’un clin d’œil, la maîtresse fit comprendre que ce n’était pas grave.
Une fois la classe vide, la professeure alla voir Caedes pour le remercier. Mais avant…
-Bon ben à plus patron, on en reparle ! On doit y aller là !
-Ouais mon pote, faut qu’on reparle des âneries que tu m’as fait faire ! A pluch madame !
-C’était très bien. Merci beaucoup.
-De rien, je me suis bien amusé moi aussi.
-Mais dites-moi si je me trompe : Vous ne maîtrisiez pas pleinement ce que vous faisiez?
-Voyons ! Bien sûr que si. Pourquoi vous dites ça ?
-Je suis dans la profession depuis un petit moment, et j’en ai vu passé des mages ici. Notamment une gamine délicieuse qui avait bien mieux expliqué sa magie que vous. Vous n’avez que fait une démonstration. Et vos deux bébêtes vous ont bien sauvé la mise. Elles étaient vraiment de vous ?
-De qui d’autres voulez-vous qu’elles soient ?
-Dites la vérité ; vous ne connaissez rien à la magie ?
-Ecoutez. Vous avez demandé une présentation d’une magie, vous en avez eu une. Personne n’a été blessé et les gamins ont été contents et cultivés d’une nouvelle forme de magie. Certes, j’ai manqué d’explications, mais fallait me préciser que c’était nécessaire.
-Ne vous en faites pas, vous aurez votre argent si c’est ça qui vous préoccupe. Vous pouvez au moins me dire de quel élément il s’agissait ?
-Des ténèbres.
L'hôte se surprit à avoir prononcé ces deux mots avec une voix différente, beaucoup plus grave que d'habitude, à la limite du monstrueux. La professeure écarquilla grand ses yeux et ne dit plus un mot. Elle fit signe à Caedes de la suivre. Une fois à l’accueil, on procéda au paiement. Sans politesse excessive, on montra la sortie à l’hôte des ténèbres.
Vers 21H...
Caedes avait fait le compte : Il avait de quoi tenir encore une semaine avec ce qu’il venait de toucher. Assis dans le cadre de la fenêtre, fumant une cigarette, il admirait le ciel encore plus noir que noire, suite à la nuit qui arrivait. Il repensa à son après-midi. S’il s’était fait taper sur les doigts par la nana, lui était satisfait. Les bases de sa maîtrise étaient posées : Il pouvait appliquer ses ténèbres à lui-même, créer des objets et projeter des ténèbres. Il n’en doutait pas, beaucoup était encore à apprendre, mais il était content. C’était une certaine stabilité et garantit de puissance qu’il venait de retrouver. Néanmoins, il se posait encore une question.
*Pourquoi tu ne m’as plus déranger tout à l’heure, avec les gamins ?*
*J’aurais pu te faire assassiner toute la classe. Mais oui, je ne l’ai pas fait. Tu me demandes « pourquoi ? » ? Je te l’aurais fait faire, tu aurais eu des ennuis, poursuivis plus que tu ne l’es sûrement déjà, obligé de vivre comme un fugitif, de te cacher. Je ne veux pas d’un hôte qui vit dans la boue, Caedes ! Je veux d’un hôte puissant. Ta place est au sommet, tu dois avoir tout ce que tu désires, je me nourris de toi, et un état médiocre ne me nourrira qu’à peine. Tu l’as déjà senti aujourd’hui, tout est de plus en plus facile. Tu ne pourras plus t’arrêter. Et c’est au bord du gouffre, que je te dévorerais.*
*C’est inutile, je sais me maîtriser. Tu oublies le milieu d’où je viens.*
*rIdIcuLE ! Tous tes ancêtres ont voulu me résister, et mêmes ceux qui ont réussi avec le plus de brio, j’ai pu les briser et en prendre pleinement le contrôle. Ton esprit et moi-même cohabitons dans ce corps. Ce n’est qu’une question de temps avant que je te foute dehors. Ce n’est pas une collocation Caedes ; c’est une expulsion.*
Le jeune homme marqua un petit rire. Il tourna la tête vers son sac. Son regard pétillait. De sa main libre, il créa une liane, un peu plus épaisse que les autres d’aujourd’hui mais surtout, qui était pourvue d’une main au bout. Il l’envoya droit dans le sac entrouvert. Un petit bruit de verre satisfit Caedes. Il rappela la liane qui se rembobinait dans son propre bras. Quand la main des ténèbres arriva, elle épousa naturellement la main de Caedes et disparut de la sorte. L’hôte du Darkness tenait dans sa main une bouteille de bourbon dé-bouchonnée, et son bouchon dans la main. Il but sec deux gorgées.
C’est ce qu’on verra.
D’un claquement de doigt, Caedes fit voltiger sa clope qui plana quelques secondes en l’air à cause d’un vent qui venait de se lever. Un vent chaud. Au moment où la clope tomba par terre, un premier éclair flasha. Le premier, d’une longue série. [Emprise du Darkness: 5%.]
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