Before : Comment démonter un manoir.



Quartier général de Silve Fang – 6:03.

Les choses avaient radicalement changé depuis le récent retour du maître de la guilde, Clifford. Les loques se bougeaient un peu, histoire peut-être de faire une bonne impression. Ou de ne pas se faire tuer aussi. Les choses s’arrangeaient. Toi, qui venait tout juste de rentrer d’une mission, t avais décidé d’en reprendre une. Il fallait que tu te reprennes en main. Assassiner quelqu’un était une chose. Bien le faire en était une autre. Et ses deux derniers assassinats, dont l’un totalement pour le plaisir, n’avaient été que de simples amuse-bouche. Une façon de te remettre dans le bain en quelque sorte. Et ils n’avaient pas étés parfaits du tout, au contraire ! On parlait de ton retour dans les journaux mais il n’y avait pas de quoi. Tu es assez loin de tes réelles capacités suite à une année presque entière d’inactivité quasiment totale. Tu t’étires comme un chat et t’approches une nouvelle fois du panneau des missions. Maintenant que le chef était de retour, l’accès y était légèrement plus compliqué. De toute façon, tu n’avais pas besoin de prendre ton temps. Lors de ton précédent passage, une nouvelle mission d’assassinat t’avait tapé dans l’œil. Une mission de rang C, cependant. Mais tu avais maintenant le rang approprié, apparemment. Tu te glisses entre les mages, attrapes l’affiche avec agilité sous de nombreux grognement de mécontentement et t’en vas sans demander son reste.
La mission avait eu l’air d’être appréciée mais aucun de ces hommes n’avaient eu l’envie de la prendre. Pour éviter une bataille générale sans doute. Et les représailles de Clifford qui iraient surement avec. Tu sors donc de la guilde, l’avis de mission en main. Evidemment, tu n’avais encore lu que le titre mais ce fut pour t’assurer que ce soit la bonne. Tu t’arrêtes lorsque tu sors de la guilde pour lire en détail l’avis de mission. Malgré que tu l’ais fait la fois précédente, tout ne s’était pas gravé dans ton esprit.

« Un noble, blablabla, faire assassiner son frère. Protégé par deux mages à Clover. Ouais, encore une histoire d’argent et de pouvoir quoi... »

Tu plies l’affiche et la ranges dans une de tes poches arrière Tu te mets alors en marche jusqu’à la ville la plus proche munie d’une gare.


Gare d’Oak Town – Plus tard dans la matinée.

Tu avais récupéré un peu d’argent sur la route après une rencontre avec une jeune femme qui se baladait tranquillement et qui avait fini, pour une fois, non pas morte mais assommée sur le bas-côté de la route. Elle avait eu cette chance pour ne pas avoir vu ton visage. Pour son argent, c’était une autre paire de manche.
Heureusement qu’elle était passée par là... Sans ça, j’aurais pu dire adieu au train !
Tu t’avances près d’un guichet tenu par un homme d’une trentaine d’année. Il y avait une petite queue d’une demi-douzaine de personnes. Tu n’as pas d’autre choix que de patienter tranquillement. Enfin, avec une apparence tranquille du moins. Ton doux visage se pare d’un sourire faussement radieux lorsque c’est enfin ton tour. Tu prends donc un billet pour Clover dans le prochain train. C'est-à-dire celui qui entre en gare. Le temps que l’homme te tende ton billet, que tu paies et qu’il te rende la monnaie te parait assez long et tu as bien failli rater ton train ! Il fallait dire que voler jusqu’à l’autre bout de Fiore ne t’aurait pas plus et il t’aurait fallu plus d’une journée !
Tu t’assieds donc dans un compartiment. Une nouvelle fois tu te retrouvais dans un train rempli de monde.
Cette guilde était bien trop éloignée de la civilisation.
Pas que cela ne te dérange tant que ça, à vrai dire. C’était seulement plus simple pour les missions. Tu te mis à contempler le paysage défilant à grande vitesse derrière la fenêtre. Tu repensas à ce que tu t’étais dit durant ta précédente mission. Les guildes n’étaient pas faites pour toi. Ou c’était peut-être l’inverse aussi. Tu détestais les lieux de rassemblement et aussi les incapables qui ne se bougeaient pas. Le travail en groupe, ou pour d’autres qui ne faisaient pas grand-chose ne t’intéressait pas du tout. D’ailleurs, la sorte d’équipe que tu formes avec Bastian t’intrigues grandement. Tu déteste travailler avec quelqu’un. Pire, tu ne l’aimais pas spécialement ce jeune homme ! Et pourtant tu acceptais volontiers de faire des missions avec lui et de l’accompagner.
Tu secoues la tête faisant virevolter ta queue de cheval rouge. Tu soupires et t’accoudes contre la fenêtre en faisant la moue.
Si cet idiot ne s’était pas manifesté, quitter ces bouseux ne m’aurait pas effleuré l’esprit ! Enfin, pas si tôt que cela tout de même.
Tu étais à Silver Fang depuis à peine huit mois. Ton passage aurait été de trop courte durée et tu n’aurais pas pu marquer les esprits de ces gueux inutiles. Et c’était ce que tu voulais faire. Montrer à ces imbéciles souvent persuadés que les femmes assassins sont incompétentes qu’ils avaient tort. Oui, la mentalité est la même presque partout. Tu laisses passer sur tes lèvres délicates un petit sourire moqueur avant de reprendre ton expression habituelle. Tu continues de regarder le paysage avec cette absence d’émotion qui t’es si familière et à laquelle tu t’es habituée.

Manoir des Da Costa, Clover – 15:00.

C’est un manoir... Comme un autre.
Pensée ironique puisque le dit manoir était gigantesque. Tu n’en as d’ailleurs jamais vu de tel et, pour une fois, tu en restas bouche bée une dizaine de seconde. Tu te reprends lorsqu’arrive celui qui doit être le commanditaire. Un jeune homme blond d’assez haute stature. Et qui te fixait hautainement en plus !
Sans sa petite tête d’aristocrate il ne serait plus grand-chose !

« Êtes-vous le... mage que j’ai quémandé ?

- Evidemment ! Qui veux-tu que je sois ? »

Ton tutoiement semble le choquer et le dégoûter. Il te demanda tout de même l’avis de mission que tu lui tendis nonchalamment. L’idée que ce soit effectivement toi, une jeune femme d’apparence frêle, qui vienne assassiner son frère n’eut pas l’air de lui plaire énormément. Mais il devrait pourtant s’en contenter.

« Mon frère passe son temps à la périphérie du village. Vous le trouverez facilement. Il est toujours accompagné de deux mages pour parer à l’éventualité d’un assassinat. »

Vous vous quittez sur un dernier salut glacial. Tu jettes un dernier regard vers le noble qui rentrait paresseusement dans son manoir et te mis en marche. Il avait dit que son frère n’était pas dur à trouver. Cependant, deux mages stationnaient à ses côtés et ce ne devait pas être une bonne chose... Tu traverses donc rapidement la cité et en sors. Tu n’as pas eu besoin de chercher ledit jeune frère : celui-ci rentrait au bercail. Avec l’un de ses habituels sourires carnassiers sur ton visage, tu t’approches de lui et des deux personnes qui l’accompagnaient. Les deux mages, puisque ce ne pouvait qu’être eux, avaient l’air aussi jeune que toi. Voire peut-être un peu plus, mais ce n’était qu’un détail et il n’était pas important. L’âge ne comptait pas. Tu t’arrêtes face au trio les forçant ainsi à s’arrêter.

« Qui êtes-vous ?

- Une assassin engagée par ton frère. »

Tu montres l’affichette que le noble prend à peine le temps de lire tant la peur lui serre les entrailles. Les deux jeunes hommes, voyant de quoi il s’agissait, se placèrent immédiatement en garde devant leur employeur et activèrent leur magie. Tu te reculas de plusieurs pas et laissas tomber l’affiche sur le sol. Déjà, une dizaine de flèches d’eau filèrent vers toi. Tu t’écartas juste à temps. Le mage d’eau, qui était le jeune homme à lunettes, les fit revenir vers toi et tu fis un bond sur la gauche avant d’être projetée au sol. Ta tête cogna durement le sol et tu clignas des yeux, sonnée. Tu t’appuyas sur ton bras droit, constatant que le gauche était gravement blessé au niveau de l’épaule. Un grognement sourd te fit tourner la tête et tu aperçus un gros ours noir. Tu te relèves tout en prenant garde à ton bras meurtri et traçes des lettres dans l’air. Se faisant, tu recules de trois pas en prononçant le nom de ta technique, histoire de raccourcir le temps d’invocation de la porte.

« Metamorphosis Gate : Lightning Wings. »

Lorsque tu as terminé tes trois pas, la porte s’ouvrit, te dotant ainsi d’une grande paire d’ailes de foudre. Celles-ci battirent l’air et firent s’envoler ton corps à quelques pas au dessus des hommes. Tu pensas utiliser ton fusil mais ton bras t’empêcherait de viser comme il faut. Tu pestas mais n’eus pas le temps d’envisager une attaque : des disques d’eau, qui semblaient aussi coupant que des rasoirs, apparurent dans ton dos. Sans réfléchir, tu plongeas vers le sol... Et te rendis compte bien trop tard de ton erreur. L’ours, debout sur ses pattes postérieures, te cueilli au niveau du ventre pour t’envoyer valser contre un arbre proche. Tu crachas du sang et te relevas une nouvelle fois. L’animal galopait vers toi à une allure souple et, l’esprit embrumé, ton instinct pris le dessus : tu dégainas l’une de tes dagues pour la planter dans une patte noire. Ce geste te sauva surement et tu remercias tes réflexes. Dans un rugissement l’animal se recula mais continua à te faire face. Ton sang coulait des traces de griffures sur ton abdomen et ta main, les ayant touchées, en était couverte. Tu respirais déjà avec peine mais tu n’étais pas prête d’abandonner. Le mage rappela sa bête et tu compris rapidement pourquoi : deux loups de petite taille prirent place face à ton corps meurtri. Adossée à l’arbre, le souffle court, tu écris une phrase derrière le tronc et en prononces une autre à voix basse.

« Metamorphosis Gate : Lightning Wings, disappear. »

Metamorphosis Gate : Maned Wolf.

Et tu attends patiemment une quinzaine de secondes. Ce fut pile le temps qu’ils t’accordèrent avant de lancer une nouvelle attaque coordonnée. Tu ouvris la porte du Loup pour entrer rapidement à l’intérieur et tes ailes de foudre disparurent dans ton dos. Tu comptas cinq secondes et en sortis, cachée par l’arbre épais. Tu es maintenant une belle louve rousse aux pattes fines et puissantes. Les deux semblants de loups du mage, courts sur pattes, épais, ne pourront t’atteindre facilement. Cependant, tu boites... Et tu espères que ça ne te gêneras pas trop. Tu quittes l’ombre de l’arbre et te montre aux deux bêtes et aux mages. Aussitôt les loups se jettent vers toi dans des aboiements furieux. Tu en évites un avec agilité et tu attrapes le second à la patte pour le mordre avec violence. Tu l’entends gémir et tes oreilles aiguisées captent un autre bruit : un grognement de douleur venant du mage. Sous la surprise tu lâches loup mais te reprends bien vite, ayant trouvé le point faible de l’invocateur. Tues ses bêtes et il mourra, c’est bien simple. Alors tu évites de nouvelles morsures pour en donner d’autres. Le mage d’eau ne sembla pas vouloir attaquer, ou ne pas pouvoir. Vous tournez et bougez tellement vite qu’il aura plus de chance de toucher l’une des bêtes que toi. Alors, évidemment, tu en profites, restant un maximum au cœur de la mêlée et blessant le plus possibles les deux esprits.
Vint le moment où il rappela ses deux bêtes. Tu n’as pas été beaucoup blessée et ce même avec ton épaule blessée. Le mage, par contre, était griffé et mordu des pieds à la tête, cumulant les blessures faites sur ses deux esprits. Tu le vois tituber et chuter en position assise. Ses loups disparaissent et il halète. Tu en as déjà mis un hors de course pour un petit bout de temps. Tu fais disparaître la porte du Loup et reprends ta forme originelle. Tu reprends ton souffle et t’aperçoit que la nuit commence à tomber. Nous sommes en hiver. A cette heure si, le soleil commence à se coucher et la lumière décline. Tu en profites avant que le mage d’eau ne se décide à attaquer.

« Hidden Gate : Secret Door. »

Et tu fais apparaître cette belle porte d’ébène. Tu l’ouvres libérant ainsi un flot de ténèbres sur l’espace vous entourant. Oh, bien sûr, tu ne vises pas le mage d’eau. Il te serait trop difficile de l’atteindre. Cependant, tandis que les fumerolles noires se dispersent, tu cherches du regard le noble. Cette obscurité ne te dérange pas le moins du monde et tu le repères bien vite. Avec cette vitesse et cette agilité silencieuses qui te sont propres tu l’atteins sans problème. Tu dois te dépêcher : tu n’as plus que quelques secondes avant que la porte ne se referme. Tu couvres la bouche du nobliau et tu le poignardes en plein cœur, par derrière. Tu accompagnes sa chute au sol pour qu’il ne fasse pas trop de bruit et tu retourne à ton point de départ, au côté de la porte noire. Déjà les fumées retournent vers elle et s’y engouffrent sagement, tels des enfants rentrant à la maison. La faible lumière d’hiver revient et le mage d’eau t’attaque directement. Il n’a pas remarqué ta dague couverte du sang de son employeur. Tu évites malgré ton mal ses attaques rapides. Tu n’arrives pas à l’approcher, quoi qu’il se passe, et tu commences à perdre patience. Mais il ne faut pas. Un sourire narquois naît sur les lèvres du mage d’eau et il te transperce une nouvelle fois de ses flèches. Deux passent au travers de ton ventre, une troisième se loge dans l’une de tes cuisses et il la retire aggravant ainsi la blessure et une quatrième effleure ton visage laissant une marque profonde dans ta joue et coupant quelques mèches de ta belle chevelure rouge.
Tu tombes à genoux, haletante. Tu relèves seulement tes yeux mordorés vers cet homme. Il se moque de toi. Mais toi, tu ne perds pas ton sang froid. Alors qu’il s’approche pour te donner le coup de grâce, tu regardes derrière lui avec un sourire qui glacerait le sang de n’importe qui. Il se tourne immédiatement et tu lui fais un croche-pied de ta jambe saine. Il tombe sur le dos et, aussitôt, tu places un genou sur son ventre. Avec un léger sourire ironique tu places le métal froid de ta dague sur sa gorge et tu commences d’appuyer. Tu vois sa peur et sa douleur dans ses yeux et tu t’en régales comme d’un délicieux festin. Tu continues de presser la lame et le sang se met à couler. Plus elle s’enfonce plus il souffre et il commence à manquer d’air. Tu ris devant sa douleur et son impuissance. Puis tu termine le travail et l’égorge proprement. Tu te relèves ensuite et boites jusqu’au second mage. Il est allongé sur le dos, inconscient. Tu l’égorges aussi, plus rapidement cela dit et retourne vers le noble.
Ta signature n’a pas encore été apposée sur son corps. Tu ouvres donc sa poitrine, sectionne les artères et récupère le cœur que tu balanceras quelque part où on le ne trouvera pas. Tes mains couvertes de sang, tu places ton as de cœur là où se trouvait l’organe et te lève. Tu pars en quête d’un petit ruisseau, ce qui dut te prendre une dizaine de minutes. Arrivée là, tu enterres le cœur près d’un buisson et tu te nettoies. Tu serres les dents lorsque tu passes de l’eau sur son épaule, ton ventre et tes autres blessures profondes à cause des picotements. Tu t’en retournes ensuite près des corps, coupes une des mèches brunes du jeune homme, et fais le tour de la ville pour retrouver le grand manoir. Passer en ville avec tes blessures, qui recommencent à saigner, n’est peut-être pas une bonne idée. Tu te fais présenter au noble qui t’accueilles dans son manoir. Tu lui montres la mèche de cheveux pour lui prouver la mort de son frère. Il te paie grassement puis te jette presque dehors. N’ayant pas le choix, tu traverses la ville en quête de quelqu’un qui pourrait t’héberger. Ayant vu tes blessures et ton air las, une jeune dame se propose de t’accueillir le temps que tu te reposes et que tu te soignes un peu. Pour une fois, tu ne fais pas semblant et tu la remercies chaleureusement pour son acte.




After : Un nouveau compagnon.