J’étais à Acalypha, pour changer. Car si je restais trop souvent à Harujion, je finirais par connaître cette ville par cœur, mais ses habitants aussi me connaitraient – et ça n’entrait pas dans mes plans pour l’instant. La discrétion était un atout trop précieux pour le gâcher.
Cette ville avait aussi l’avantage d’être située dans la Web Valley, donc proche de la cachète où se trouvait Yutsuko Ami. Je venais de lui faire mon rapport et je repartais vers une nouvelle mission à Crocus et Era. Le passage par Acalypha permettait de rassembler les vivres et autres objets utiles avant une traversée difficile de la vallée désertique.
La ville était surtout composée de restaurants et d’hôtels mais il y avait aussi un certain nombre de boutiques pour compléter la panoplie du parfait aventurier. J’avais donc trouvé le marchand que je cherchais.
Couteau suisse multi options avec lachryma intégré, pioche deluxe pour creuser à travers les roches les plus dures, machette pour se frayer un chemin à travers les la brousse (pas très utile en milieu désertique à première vue), il y avait vraiment tous les objets relatifs à une expédition. Au fond du magasin, on trouvait aussi des armes conventionnelles : épées, haches…
Si j’étais venu ici, c’est qu’il me fallait une arme. Parce que je ne pourrais pas toujours compter sur mes pouvoirs, et il fallait de toute façon avoir une carte dans sa manche.
Je n’ai jamais été un guerrier, et je ne le serai sûrement jamais. Il était inutile que je m’intéresse à des armes lourdes ou difficilement maniables. Ce qui m’intéressait, c’était les couteaux, dagues et autres poignards permettant de surgir dans la surprise. Pas très honorable peut-être comme stratégie et alors ? Je ne prétends pas avoir l’âme d’un chevalier, loin de là.
Je préférais que le marchand ne soit pas au courant de l’usage que je voulais donner à mon arme. La plupart des gens qui achetaient des armes ici le faisaient pour se défendre contre les bêtes sauvages et les brigands – ce pour quoi une dague est moyennement utile.
Le vendeur m’accompagna pour me montrer les armes courtes. Je prétextai vouloir un couteau maniable et léger. C’était une manière dissimulée pour en choisir un discret…
Le choix tout de même assez large. Entre les dagues serties de bijoux, les couteaux à la lame effilée et tant d’autres.
Choisir était difficile. Ou en tout cas les étapes préalables à la décision l’étaient. Quand on veut une arme, on doit vérifier que son poids et sa forme corresponde à ses propres gestes. Ne faire qu’un avec son arme est un élément essentiel, et c’est impossible quand celle-ci est trop lourde, trop légère ou mal équilibrée. Et dans ce cas là, je pouvais difficilement mimer les gestes de mise à mort sans avoir l’air suspect (J’aurais pu tuer le vendeur, mais alors il aurait fallu en faire de même avec les clients présents à ce moments, avec les passants m’ayant vu entrer et avec tous les témoins – je manquais un peu de temps pour ça).
Alors j’inventais une excuse. Mon frère qui m’accompagnait pendant mon voyage était archer. Pour nous nourrir nous chassions et j’avais besoin d’un couteau pour achever certaines proies blessées. Je voulais aussi pouvoir m’en servir pour me défendre contre d’éventuels agresseurs ; cette vallée étant mal fréquentée d’après certaines rumeurs.
Le vendeur hocha la tête sans trop chercher à comprendre, et je pouvais essayer chaque arme comme il me plaisait.
J’achetai finalement un petit couteau assez simple avec la lame légèrement courbée et un manche en bois léger. Il n’y avait aucune espèce de décoration, d’où se dégageait une certaine froideur. Je n’espérais pas mieux d’un objet destiné à ôter des vies. Il était suffisamment petit et discret pour que je puisse le passer derrière ma ceinture sans qu’on le voie et sans que je risque de me blesser.
J’avais à présent une petite surprise pour mes futurs adversaires (futures victimes devrai-je dire)
Je quittai le magasin en payant son dû au vendeur et en continuant mes préparatifs de voyage.