Le sommeil est un vieil ennemi, mais un si proche ami... Il m'était si facile de vouloir y sombrer... Cela me ferait un bien fou d'ailleurs, après la soirée mouvementée que je venais de vivre. Mais il en était pas question. Je n'aurais droit à ce repos uniquement quand j'aurais rempli ma part de contrat envers elle... Tant que je n'aurais aucun signe de vie de sa part, ou que sa condition s'améliore, tu ne coucheras pas, Jasper Féamor ! Et rien à faire que tes paupières se fassent lourdes !

Mes yeux se rebellèrent carrément contre moi même, se fermant tout seuls, mais je l'ai tiendrais ouvert, coûte que coute, si cela doit me valoir une nouvelle nuit dans cette auberge demain, qu'importe. Ce soir, il était hors de question que je me laisse aller. Mais le poids se faisait si... Pesant. A chaque fois que mes yeux se fermés, ça piquait légèrement, ça faisait presque du bien... J'entendis un léger bruit en direction de mon plumard. Relevant les yeux en secouant la tête, cela avait marquer mon réveil total. J'étais un peu stupéfait pour dire vrai, après son K-O, je pensais qu'elle resterait un peu plus fatigué que ça... Et la suite ne faisait que encore plus me choquer par le mot qu'elle sortie en premier à son réveil.

"Merci."... Mais de quoi ? Je n'ai rien fais pour le mériter, je n'ai fais que ma part de devoir me reliant à toi... Et encore, j'ai failli faillir dans ma quête, si tu ne t'étais pas réveillée, j'aurais pas pu tenir. Comme un prémices de ce qui risque d'arriver ? Moi faisant feu de toute bonne cause et envie de bien faire, rattraper par ma faiblesse et ma grande sœur pour tout "réparer" derrière...?  Si c'est le cas, alors soit, je me dois de l'accepter... De toute façon, je ne souhaitais pas lui arracher plus de gentillesse. Ce n'est pas son caractère, et je n'ai aucune envie de la déranger plus que ça pour le moment. Je me contentais de rougir et sourire gêner.

- Il...Il n'y a pas de raison...

Soudain elle soupire, je pris peur l'espace d'une seconde, mais me ressaisissais avant de tomber dans le ridicule. D'autant qu'elle avait des choses à dire, et pas qu'un peu. Elle venait de s'ouvrir encore un peu plus... Je me sentais honoré, au final, je n'avais peut être pas tort de la considérer comme une grande sœur, elle semblait vraiment le prendre plutôt bien...

- Enya... Tu me poses encore une telle question ?  Je te suivrais les yeux fermés, je suis ici et j'ai tenu jusque là pour une raison, et tu l'as connais bien. Je refuse que tu places un pied devant l'autre sans que je sois là. Je souris très légèrement, mes dernières forces servant à me garder réveillé. Je vais me répéter, mais j'ai aucune intention de revenir sur mon serment... Et puis... Tu veux que je devienne un homme, non ? Si tu le souhaites vraiment, il faudra que tu m'expliques ce qu'est un homme à tes yeux... Non ? Bien que j'en ai déjà une petite idée du genre que je veux être...

Clignant fortement des yeux une ultime fois, j'atteignais ma limite, et maintenant que j'étais sur qu'elle était en "bonne" santé et sauve, je pense mériter mon repos... M'approchant lentement du lit, faisant le tour, je me laissa tomber dessus avec les yeux se fermant lentement avec un très léger sourire satisfait... Finalement, cette journée aura été l'une, si ce n'est la plus belle depuis longtemps...

- Je suis désolé Enya, mais je suis complétement fatigué, donc je vais m'endormir, pardonne moi mon laxisme... Au moins pour cette nuit...

M'endormant avec le sourire aux lèvres, je venais d'obtenir aujourd'hui plus que je n'aurais imaginé avec tout le temps que j'aurais pu passer à visiter ce continent... Merci Grande sœur.

Cette nuit était si douce... Mon sourire ne put s'enfuir de mon visage de toute la nuit. Elle était restée un léger moment avec moi, je la sentais près de moi, son regard sur moi. C'était sans doute égoïste, mais j'aimais ça. Quel dommage que cela ne dura pas. Je la sentis me ramener la couette. Je la sentais s'éloigner. J'aurais aimer pouvoir me réveiller pour la stopper, mais mon subconscient m'en empêcha. La fatigue et l'émotion de battait à plates coutures aujourd'hui... Quelle honte. Je voulais au moins lui dire au revoir. Au lieu de cela je devais me contenter sans pouvoir rien dire ni faire pour l'arrêter. C'était d'un frustrant... Mais il semblait qu'elle faisait le maximum pour ne pas me réveiller ou par peur que je la retienne ? Je vous avoue que les deux idées me plaisaient...

Le lendemain matin, je me réveillai avec difficulté, il devait bien être midi. Je venais de louper le petit déjeuner et le déjeuner. J'avais faim. Et puis elle était vraiment parti, ce n'était pas un cauchemar... Me levant et m'approchant de la fenêtre pour m'aérer un peu l'esprit, il fallait maintenant que je passe à autre chose. Allant récupérer ma veste sur la chaise du bureau face au lit, je remarquai un petit bout de papier qui trainait sur la table. Ce serait elle qui l'aurait écrit ? Le prenant dans mes mains, sa lecture provoqua chez moi une nouvelle sensation. Une espèce de bonheur accompagné par l'impatience des retrouvailles.

- Idiote... Comment tu comptes faire régner ta suprématie comme ça...

Je chialais encore. Décidément, niveau émotion, cette fille en provoquait plus que de raison chez moi... Mais dorénavant, j'étais confiant. Il y avait du bon en elle. Qu'importe ce qu'elle dirait à partir de maintenant, ce petit bout de papier en était la preuve. Il était le catalyseur de mon espoir la concernant. et concernant beaucoup de chose ici bas. Elle venait de donner naissance à son sauveur. Je ne tolérerais pas qu'elle meurt, je ne tolérerais pas qu'elle finisse pourrie. Je ne tolérerais uniquement qu'elle soit fier de moi. Je n'irais jamais à l'encontre de mes convictions, mais j'assumerais les conséquences de mes actes pour elle. Ce n'est pas ça être un homme ?

Plaçant le bout de papier dans ma poche, j'avais certainement pas l'intention de le perdre. Il me suivra partout à partir de maintenant. Il sera le témoin de la flamme qui venait de complétement se raviver en moi. Même Aria pouvait la ressentir, la marque à mon bras scintillant de milles feux. Mais il était temps de partir, et de rejoindre de nouveau ce monde qui s'ouvrait à moi. De toute façon, elle viendrait à moi une fois le moment venu. Ma confiance en elle était aussi aveugle que mes yeux tournés vers mon utopie de la "sauver" grand ouvert.