Un mouvement dégageant l'étreinte des draps rugueux. Une perle de sueur naissant sur la tempe, un mouvement alors que la silhouette s'agite sur le lit comme plongée dans un mauvais rêve. La sueur nait, bat et coule sur la peau caramélisée, et déjà son esprit plonge vers les ténèbres abyssales. La porte s'ouvre vers l'entre-deux séparant les mondes alors que les pupilles d'azur s'ouvrent pour apercevoir les quinze chemins s'ouvrant devant lui.Un cri strident qui retentit, un cri qu'il ne connait que trop bien alors qu'il s'élance tel un forcené sur l'un des chemins. Celui le plongeant dans un décor de pics acérés, répondant à l'appel sans chercher à le renier, l'excitation battant son pleins alors que lui revient en mémoire leur première et dernière entrevue, les questions laissées sans réponses, les insinuations, et le réveil brutal après la leçon tournant court à toute discussion. Alors il avait enfermé tout cela dans un coin de son esprit, il avait attendue sachant que cela prendrait peut-être des semaines, des mois, des années pour qu'il ne le rencontre à nouveau.Et la silhouette s'élance, bientôt le chemin entouré des falaises et pics acérés laisse voir la grotte se dessiner. La porte pour changer de plan, quitter l'entre-deux. Et c'est en retenant cette euphorie teinté d'appréhension qu'il s'y engouffre, se laissant engloutir par la noirceur et les ténèbres, il court. Court dans son impatience malgré le noir jusqu'à ce qu'au loin la faible lumière perce l'obscurité, il accélère, y plonge alors qu'il émerge sur la plateforme rocheuse suspendue dans les cieux, autour de lui le ciel et le vide où se dessine ci et là les pics acérés s'élevant pour transpercer les nuages. Souffle court, cœur battant la chamade il se fige alors que le cri retentit. Ses yeux d'azur se posent sur la silhouette émergeant des cieux, le rapace pourfend l'air dans sa direction, ses ailes se déploient alors que ses serres touchent terre et que son regard vient le transpercer. L'avatar du Faucon.Et la voix masculine retentit dans son esprit." Et oui déjà. "Le rapace le dévisage alors que le flot de question veut jaillir, mais que sa gorge se serre comme pour l'en empêcher avant que finalement ses lèvres ne s'ouvrent et que la question jaillisse. " La dernière fois je n'ai pas eut le temps, vous m'avez renvoyé avant. Jamais je ne me suis permis de poser des questions à aucun d'entre-vous, j'ai toujours écouté vos enseignements sans rien demander... Mais là j'ai besoin de savoir, ma mère..."La voix retentit, le coupant dans son élan." Je l'ai rencontré plusieurs fois. "Et c'est les prémices d'une larme qui naissent sur le coin de l'oeil d'azur." Elle savait n'est-ce pas ? "Et dans les lieux du faucon c'est une sorte d'incompréhension mêlé de surprise qui s'affiche. Et la réponse sort, indifférente, presque froide, comme si il s'agissait là d'une simple conversation de banalités." Qu'elle allait mourir ? "Sa gorge se serre alors que la réponse s'abat comme un couperet et que la larme coule le long de la peau basanée." Oui. "Et c'est plus fort que lui. Sa voix se brise en pleine tirade alors que c'est une nouvelle larme qui coule le long de sa joue." Je sais que je vous en demande beaucoup, que vous ne m'avez pas fait venir pour ça, mais s'il vous plait, je vous en pris parlez-moi d'elle... "Le rapace reste silencieux, ses yeux le toisant comme cherchant une réponse, surpris par la tournure que prenne les événements, avant d'enfin se décider." Elle était forte le sais-tu ? Tu lui ressemble beaucoup sous certains aspects, même si elle n'aurait osé nous montrer sa faiblesse. Elle n'était pas faible, elle haïssait la faiblesse.Ceux d'entre-nous l'ayant rencontré avons toujours sut qu'un jour c'est son fils qui se présenterait à nous. Comme toi quand il s'agissait de magie, elle avait ce talent, cette compréhension quasi innée de ce qui se présentait, de ces enseignements que nous lui avons donné. Comme toi elle n'était qu'une moitié, toujours entre deux mondes, comme toi elle croyait en ces dieux dont elle est devenue le messager. Moi et Talzeol sommes ceux qu'elle a rencontré le plus de fois. "Les yeux d'azur s'écarquillent alors que le rire du faucon retentit dans son esprit." Pensez-tu que nous n'avions pas de noms ? Talzeol, le puma. Mais je suppose que cela ne t'étonnes guère, il était sa forme favorite, sa première. Il était pour elle ce qu'est pour toi le chat, d'ailleurs cela m'étonne que Baltiane ne se soit toujours pas représentée à toi. Je suppose qu'elle attend quelque chose que tu ne lui as toujours pas montré, ou tout simplement le bon moment. Enfin passons. Oui ta mère savait, puisqu'elle avait prédit sa propre mort. Je suppose qu'elle ne pensait pas qu'elle viendrait si vite. A ton avis pourquoi était-elle si pressente sur la fin de ton enseignement ? Pourquoi as-t-elle du jour au lendemain accéléré la leçon pour que tu puisses lui succéder ? Je suppose qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'en même temps qu'elle ce soit votre tribu entière qui se fasse massacrée. "Et le visage se durcit, la larme meurt et aucune ne lui succède malgré l'envie de les laisser jaillir, malgré cette colère bouillonnante. Une simple question, presque craché." Pourquoi ? "" Pour la même chose qu'à chaque fois. Le pouvoir. Ils étaient persuadé que ta tribu gardait ce qu'ils convoitaient, et il leur a suffit d'une rencontre pour savoir que jamais elle ne leur aurait donné ce qu'ils voulaient. "" Et elle l'avait ? "" Je ne sais pas. Mais ils n'ont rien trouvé. Soit elle ne l'avait pas, soit elle l'avait caché. "" Et que cherchaient-ils ? "" Un artefact. "Et la voix l'interrompt avant qu'il ne puisse poser une nouvelle question, sans appel malgré son apparente neutralité. " Je pense que nous avons assez discuté. Te souviens tu de ce dont nous avons parlé la dernière fois ? "Il ravale sa salive, il voulait parler, continuer cet échange, mais un regard du rapace lui suffit pour comprendre qu'il ne répondrait plus, alors c'est en essayant de reprendre le contrôle de ses émotions qu'il répond." Du messager. Du messager et des dieux. Que le messager reçoit, qu'il peut implorer, mais les dieux seuls choisissent de répondre. "Et c'est comme si le rapace souriait." En effet, mais ce n'est pas tout à fait vrai. "Les yeux d'azur s'écarquillent alors qu'il ne comprend plus. " Laisses moi te raconter une histoire. On dit qu'aux origines du monde tout n'était que néant. Que le monde est né d'un congloméras de puissances s'entrechoquant, émergeant un jour de nul part et se mettant en mouvement, animé de leur propre volonté. Shou, le vent, Nout, le ciel, Noun, les eaux et Geb la terre. Évidemment en fonction des croyances leur noms et éléments peuvent légèrement différer. Néanmoins tel sont les noms que tu leur connais n'est-ce pas ? Les puissances primaires et brute, divines, aux fondements de tout chose, des mers et des déserts, des forêts et des montagnes. Les premiers dieux ayant engendré le monde. Étant eux-même le monde. Là entre le messager. Le messager est celui capable de se connecter à eux, pour des réponses qu'ils choisissent ou non de donner. Mais plus encore le messager est celui digne de les implorer, de demander leur aide dans les moments les plus difficiles, comme une rétribution que lui permet son statut, un honneur issue d'un accord tacite, en temps qu'il libère le message. Comme un prête se dédiant à eux tout au long de sa vie. Et puisque tu as été capable de prouver que tu étais l'un de leur messager, alors tu es du même coup digne de pouvoir implorer leur aide quand tu revêts l'avatar du messager. Tu le sens n'est-ce pas ? Cette connexion au monde quand tu le deviens ? Aux forces primordiales, divines."Et alors que le faucon continue son réçit les yeux d'azur deviennent aquilin avant de se teinter d'or, que sa peau prend la teinte de l'argent, que ses bras deviennent les ailes majestueuses, que de ses omoplates émergent les deux ailes argentées, tel un ange incarné. Qu'il ressent la connexion, qu'il ressent le monde l'entourant, les forces primordiales l'entourant, le divin tout autour, dans la terre et dans l'air. " Il suffit alors d'un cri. ... Mais prends gardes, comme tout honneur, comme tout cadeau, ce dernier ce mérite et ne s'utilise qu'en dernier recourt. Si tu venais à en abuser, alors ces derniers pourraient décider de ne plus répondre. Et tu ne pourrais t'en prendre qu'à toi même. "Les ailes disparaissent alors que la peau reprend sa teinte caramel et les yeux leur couleur d'azur. Une simple question avant le tourbillon." Et toi quel est ton nom ? "Le faucon semble sourire, sa voix retentissant avant le néant l'aspirant, l'éjectant du plan." Horus. "