Un bâtiment noir, avec des barreaux aux fenêtres… Des cris s’en élève, et une tempête fait rage contre cette bâtisse qui donne l’impression qu’elle va s’écrouler à tout instant… Tout prêt à croire que ce lieu est un vieux château hanté, dont les esprits expriment leur mécontentement… Et pourtant, ce lieu est tout autre. On ne peut y monter que par une unique pente boueuse et glissante, aux aspects lugubre et abandonné…Seuls les plus courageux arrivent au portail de fer noir, sur lequel est écrit « prison des mages, ne pas approcher ». Au fur et à mesure que vous vous rapprochez de cet endroit, une aura malsaine vous encercle de toute part, vous donnant l’impression que la mort marche à vos côtés. C’est rapidement que le lieu d’où s’élève les cris se révèle. Lorsque vous entrez dans le bâtiment, vous vous vite compte que vous êtes observés de toute part. Tout autour de vous, des prisonniers vous observent, habillés de tenues grises et déchirées, un anneau lumineux à leur coup. Cet anneau sert dans les prisons de mages : il est utilisé pour absorber lentement l’énergie magique des prisonniers, et empêche tout attaque magique. Vous avancez, lentement. Vos pas résonnent dans l’allée, et vous avez peur de vous faire attaquer à chaque instant. Un disfonctionnement dans les anneaux et des centaines de mages, accusés de meurtres ou de révélations de secrets du conseil, se jettent sur vous avec toutes leurs magies. Au fond du couloir, vous apercevez finalement une porte entrouverte, dont un halo lumineux encadre la porte. C’est de là que s’élèvent les cris. Vous jetez un coup d’œil, et constatez avec effroi qu’un homme est étendu sur une table, attaché par des chaînes magiques. Vous ne bougez plus, vous avez bien trop peur de ce qui peut vous arriver. Un nouveau cri, de la lumière…La lumière verdâtre provient des chaînes qui absorbent la magie au fur et à mesure que leur victime s’agite. Un souffle saccadé, des yeux effrayés… L’homme étendu sur la table, avec sa longue barbe noire, vous le savez, rends son dernier souffle. Et pourtant, il ne s’adonne pas à la mort facilement, il combat autant qu’il peut. Lui qui a provoqué la mort à plusieurs personnes, pourquoi serait-ce à son tour à présent ?
Ses yeux sombres se ferment lentement. C’est un combat intérieur qui a commencé dans cet homme, il n’arrive pas à se résoudre à se laisser tomber dans un sommeil sans fin. Vous levez alors le regard, et voyez des écrans non loin de l’homme mourrant. Là se trouve sa fiche de présentation, avec toutes les indications utiles. Vous remarquez avec effroi que l’une des catégories montre qu’il a déjà tué plus de vingt personnes, et si même mourrant il en ajoutait une de plus à sa liste : vous ? Vous êtes sur vos gardes, prêt à toute éventualité. Et pourtant, l’homme est bel est bien attaché, aucun mouvement ne lui est permis. Un moment de silence, vous le voyez remuer les lèvres, et un sourire malsain s’échappe alors d sa bouche. Finalement, il ferme les yeux, et le silence reste. Brusquement, vous tombez vers l’arrière, effrayé par ce qui vient de vous passer tout juste à côté. Cet ombre noire, qu’est-ce que c’était ?Vous vous relevez alors, époussetant votre manteau, et vous entrez dans la pièce. La main tremblante, vous touchez le coup de l’homme, et constatez qu’il est bel et bien mort. Un dernier coup d’œil au tableau : vous vous rendez compte qu’il était spécialiste de la magie noire. Vous ne savez pas quel était le dernier sort qu’il avait utilisé, mais en tout cas, il a brisé les chaînes magiques. Un rictus effrayant surmonte le visage de l’homme : le rictus de son dernier sourire, froid et effrayant.
Quelques semaines encore étaient passées, monotones comme j’en avais l’habitude. J’avais gardé encore mon ancien rythme, recherches le jour, entraînement la nuit. Cependant, j’avais pris l’habitude de réduire légèrement les heures de recherches pour commencer l’entraînement plus tôt, et ainsi privilégier un peu plus mon repos, vital quant à ma santé. J’avais rencontré au fil de mes aventures des personnes formidables, aimables comme il se doit et prêtes à m’apporter leur aide en cas de besoin. Désormais, j’avais derrière moi des personnes qui m’encourageaient en toutes circonstances, c’est tellement bien d’avoir des connaissances que je ne pourrais exprimer par des mots ma satisfaction intérieure. Je suis heureuse de mon sort, au fond, je m’en sors plutôt bien de mon côté. Et pourtant, malgré toutes ces aides précieuses, je n’ai pas encore réussi à mener à bien ma mission. Demoiselle Asako est encore perdue, et je n’arrive pas à la retrouver. Va-t-elle bien, est-elle en danger en ce moment même, je ne saurais le dire, je n’ai pas réussi à obtenir une seule information concluante.
Le temps passe, je m’en sors de mieux en mieux quant au maniement de la magie de mes ancêtres. Je suis fière d’être la descendante de tant de mage du bien, de magie blanche. Mes ancêtres ont accompli de bonne action à travers le pays, mais cela fait si longtemps maintenant que tout le monde les a oubliés. Ce soir-là, je dormais paisiblement après mon entraînement quotidien. Il y avait de l’orage, cachée alors sous un rebord d’immeuble, je dormais avec mon sabre entre les mains. Iegara, on m’avait dit qu’avec de l’acharnement, tu montrais enfin ta véritable force. Une magie qui combinerait toutes celles de mes ancêtres ? Qui sait, je donnerais n’importe quoi pour obtenir cette force. Grâce à elle, je pourrais libérer Demoiselle Asako et remercier ainsi tous ceux qui m’ont aidé. Si seulement il y avait un moyen plus rapide que l’entraînement...
- Je peux t’aider, si tu veux…
J’ouvrais brusquement les yeux, lâchant Iegara en même temps à cause de cette peur soudaine… Cette voix froide de serpent, qu’est-ce que c’était ? Etait-ce simplement un rêve ? Mon subconscient me disait que c’était bien réel, ce n’était pas un simple effet de mon cerveau durant mon sommeil. Satanique, froide et cruelle… Tous ces adjectifs pouvaient désigner cette voix effrayante.
- Qui êtes-vous ? bredouillais-je, avec la peur de passer pour une idiote qui parle toute seule.
- Allons, tu ne reconnais pas les membres…de ta famille ?!
Avec horreur, je constatais que la voix était en moi, mais provenait de Iegara. Lorsque je parle avec mes ancêtres, les conversations se passent parfois de cette manière, on me l’avait expliqué. Tournant le regard lentement, je vis une aura noire entourait mon sabre, changeant son allure. Il n’avait plus l’air d’un sabre antique, il avait l’allure du sabre du diable. La main tremblante, je l’attrapais, avec la peur qu’il arrive quelque chose d’irréparable. Une étrange sensation m’envahit alors, et sans que j m’en rende compte, je fermai les yeux. En mon fort intérieur, j’ouvrais les yeux et voyais devant moi un homme à la longue chevelure et à la barbe noire. Qui il était, je n’aurais sût le dire, mais il n’y avait aucun doute sur le fait que la voix proviennent de lui. Un homme de ma famille, a-t-il dit ? Mais alors que fait-il en moi ? Je ne peux pas nier le fait qu’il y ait une ressemblance entre nous deux, les mêmes cheveux, le même visage fin, la même couleur d’yeux… Une conversation commença alors entre nous deux, conversation qui me parût bien longue.
- Un membre de ma famille, avez-vous dit ? lui demandais-je.
- Tsukiyo, si tu savais à quel point cela me fait de la peine que tu ne me reconnaisses pas… Moi qui jouais avec toi lorsque tu étais petite, avant d’aller en prison…
- En prison ? lui répondis-je alors.
Il me conta alors le jour où, pris d’un excès de folie, il avait usé de la magie en pleine rue et avait tué une vingtaine de personnes. La manière avec laquelle il parlait supposait le fait qu’il attendait que je le pardonne, que j’ai pitié de lui. Mais seul du dégoût survenait en moi. De la magie noire, voilà donc ce qui était dissimulé dans ma famille. Un jour, on m’avait parlé d’une magie utilisée par un seul membre de la famille, mais la conversation fût arrêtée rapidement par mon père. Alors comme ça, cette magie était de la magie noire ? Moi qui étais fière de ma famille, je suis bien déçue. Parce qu’il avait été emprisonné, ce n’était plus la peine de parler de mon oncle meurtrier ? Je n’aime pas les cachotteries…
- J’ai entendu dire que tu cherchais une demoiselle ? me souffla alors mon oncle.
Je me retournais vers son visage froid et cruel, sans même prendre la peine de lui répondre.
- Je peux t’aider, tu sais… Donne-moi ton corps, et en échange, je retrouverais ta demoiselle perdue… me susurra-t-il alors à l’oreille.
J’ouvrais les yeux en grand, le regard rivé au sol. Pour libérer Iegara, puisque mon oncle est bien plus fort que moi, je devrais laisser mon corps à un meurtrier ? Il prendrait le contrôle, ferait ce qu’il voudrait avec mon corps, mais demoiselle Asako serait sauvée… Quant à moi, je serais enfermé dans ma dimension intérieure, sans même pouvoir combattre l’âme meurtrière de mon oncle… Au fond, est-ce la bonne solution ?
Pendant que je réfléchissais, mon oncle s’était rapproché encore plus de moi, et avait posé ses mains sur mes fines épaules. De son ongle pointu, il me caressa la joue, la faisant légèrement saigner. Un sourire froid ornait son visage, je pense qu’il s’était préparé à toute éventualité pour empêcher toute chance de dire non. Et c’était sûrement le cas, car lorsque je voulu refuser sa proposition, aucun mot ne pouvait s’échapper de ma gorge. Encore l’un de ces sorts de magie noire… Le pacte commença alors, j’étais à genoux au sol, et mon oncle était debout devant moi, ses mains tenant mes fines joues délicatement. Une illumination, une subite douleur, et je me retrouvais seule dans le vide. Je voyais encore ce qu’il se passait autour de mon corps, mais ce n’était plus moi qui contrôlais. Dorénavant, mon oncle avait pris le pouvoir sur mon corps, il pouvait en faire ce qu’il voulait, en gardant en tête le fait que si je meure, il mourra aussi. Adieu, demoiselle Asako. Ce ne sera plus moi qui vous sauverai à présent.
Me voilà donc dans un nouveau corps. L’échange s’est bien passé, aucun disfonctionnement n’est survenu. Pendant que j’ouvrais et fermais les doigts, je souriais froidement. Désormais, je suis Tsukiyo, jeune demoiselle innocente et blanche de tous crimes. Je dois tenir ma parole et retrouver la demoiselle Asako, tel était l’échange indiqué dans le pacte. Si je ne le tiens pas, je vais mourir, alors je n’ai pas d’autre choix.
Le temps a passé. Je me suis habitué à mon nouveau corps, mais je n’ai pas encore réussi à imposer au sabre ma magie. La famille utilisant en majorité de la magie blanche, je ne suis pas vraiment à l’aise, mais la maîtrise du sabre qu’avais la petite est bel et bien restée. Vivant comme ma nièce, j’étais dans la guilde d’Eagle’s Claw, discutant avec le maître d’une manière innocente. Celui-ci me parlait de ma famille, relatant les exploits de mes ancêtres. Puis, alors que la conversation commençait à s’assombrir, il se mit à parler d’un Ogawa meurtrier. Je l’écoutais parler, et une panique monta en mon intérieur. Il en savait trop, il ne fallait pas le laisser en liberté. Si des personnes arrivent à faire le rapprochement entre la légende du sabre Iegara et moi, je serai dans un sal pétrin. Du sang, un petit gémissement, puis plus rien. Le sabre Iegara était à présent taché de sang, comme mon visage et mes vêtements, comme les murs et tout ce qui nous entourait.
Une enquête fut ouverte, mais personne ne réussi à trouver le coupable. Les membres en mission furent rappelés en urgence, et l’effroi et la peur étaient présents. Personne ne savait que la demoiselle Tsukiyo était coupable, qui aurait pût s’en douter ? Une membre calme et douce, proche du maître, frêle et innocente, une meurtrière ? Cette idée ne leur traversa même pas l’esprit. Jeunes gens si innocentes, ils ne voient pas le mal lorsqu’il est devant leurs yeux… Dans la catastrophe, il fallait nommer un nouveau maître le plus rapidement possible. A la grande majorité, Tsukiyo fût désigné, au grand plaisir de l’oncle contrôleur. Désormais, un meurtrier était à la tête de la guilde… Qu’est-ce que cela allait-il donner ?