Photo Shooting
Mission Solo rang B

Ahlala, si vous saviez le nombre de fois où je me suis retrouvé en forêt depuis que je suis mage… Il faut dire qu’avant je ne faisais que vivre dans ma banlieue à taper des racailles mais là tout a changé depuis que ma carrière s’est concrétisée. Au moins une fois par mois j’ai rendez-vous dans une forêt pour une quelconque affaire, une mission ou bien un rendez-vous. C’est comme si au final elles m’appelaient, et ce n’est pas mon saut temporel de six ans qui a fait quelque chose pour changer cette habitude non, au contraire, ça l’a amplifié, je me suis retrouvé de plus en plus au contact de la nature. Tout cela a commencé alors que je faisais mes entrainements au Mont Yakobe, je m’isolais en montagne pour augmenter ma force mentale ainsi que l’endurance de mon corps, puis j’ai rencontré ce vieil ermite, et là je réapparais six ans plus tard avec tantôt une chasse sylvestre, tantôt la semaine d’après lune demande d’un pervers qui souhaite une photo de nymphe. Et c'est pourquoi là, je me retrouve de nouveau dans cette forêt du nord, bordée par les pins en raison de son climat très frais : la forêt de LanthaKô. Mais bon, je vais d’abord demander des renseignements à ce photographe parce qu’apparemment il ne peut plus compter les échecs sur ses doigts, il devrait alors avoir un tas d’astuces à ne pas faire pour la prendre en photo. Après tout j’aurai qu’à faire l’inverse de ce qu’il me dit et ça devrait le faire. M’enfin, allons-y !



L'homme affiche sur son visage un sourire qui en devient presque indécent, j’ai l’impression qu’il va me violer sur place mais bon il n’est pas mal non plus. M’enfin, là n’est pas le sujet, il veut une nymphe, je vais lui en ramener une. Je me recule alors d’un pas en arquant un sourcil le temps d’installer une limite entre nous deux puis je racle légèrement ma gorge pour le défaire de ses envies et instaurer une ambiance sérieuse et professionnelle. Il se redresse alors comme pour répondre à cette intervention spirituelle, il a saisi le message.



En effet j’ai rencontré le chasseur de la zone et je peux confirmer que sa voix n’a pas l’air d’être celle d’une nymphe. Mais ceci n’est pas le sujet principal. Je devrai donc me fier premièrement à ce qu’entendent mes oreilles pour trouver cette créature. Je lève alors les yeux vers le photographe puis il me tend son appareil photo. Je le remercie puis repars aussitôt pour ne pas perdre de temps. Que la chasse commence !

Je sors de sa maison puis me dirige vers la forêt, à l’entrée j’incline légèrement ma tête pour saluer les esprits sylvestres et je me sens comme bien accueilli en réponse à ma salutation. Je sens dans l’air la fraîcheur de la région mêlée au parfum acidulé des conifères. Et soudain alors que je me laisse enivré par les senteurs qui m’entourent, je tends l’oreille et écoute le chant mélodieux de la nymphe, différent, facilement reconnaissable par son originalité et ses douceurs fantasques, c’est comme une multitude de caprices, légers délices, qui accompagnent le chant et nous fait succomber au charme. Je me souviens les paroles du photographe puis je me dis qu’il faut que je me fasse discret, rares sont ceux qui ont pu voir une nymphe de leurs yeux. Pour la discrétion, ce sera donc ça…



Mon corps devient invisible, ne reflétant plus aucune lumière, laissant seulement passer au travers la vue de ceux que je croisais. Et ce n’est pas à l’exception de la nymphe, elle ne me voit pas, elle continue de chanter tranquillement alors que je m’approche. Et soudain, c’est un torrent de flammes qui m’entoure, non brûlant mais très chaud, me faisant transpirer et haleter, en pleine forêt, c’est étrange. Je me rappelle alors les paroles du photographe qui me disait de l’écouter chanter. Je ferais l’inverse dans ce cas. Je plaque alors mes mains sur mes oreilles et soudain l’illusion se dissipe, voilà donc le secret de la nymphe, son chant qui nous attire est en fait celui qui nous repousse ! Elle ne m’a pas vu mais son chant m’a repéré bien que je ne sois pas visible, cela veut dire qu’elle ne sait toujours pas que je suis là. J’avance alors pour me rapprocher du bassin où est censée barboter la fille des eaux puis c’est un blizzard qui apparaît et me mord la peau de son froid extrême. Comment cela se fait ? Je n’entends pourtant pas son chant. Je suis prêt à parier que le photographe n’est jamais arrivé jusque-là, je n’ai donc plus de mauvais conseils à suivre… Néanmoins je dois me retenir de trembler ou de claquer des dents, cela pourrait me faire repérer.

Je réfléchis et je commence à avoir si froid que je n’arrive plus à avancer, et soudain je la vois, moqueuse, riante et affichant un rictus sadique sur son visage pourtant si innocent, elle m’envoie un baiser volant puis disparaît, le froid ne me permettant pas de sortir mon appareil photo, je grimace à l’idée de l’avoir ratée de si peu. Son visage, si doux, ses cheveux blonds et ondulés qui me rappellent ceux des anges, et sa poitrine, mon dieu quelle poitrine ! Tout avait disparu en une seconde, et soudain le froid lui aussi s'en va avec le rire de la nymphe.Je me retrouve finalement dans cette forêt où j’étais premièrement, la neige et les torrents de flamme ayant disparu. Je pense que c’était une illusion de zone, elle est partie et l’illusion avec. C’est pourquoi, même en me bouchant les oreilles, je me suis retrouvé victime du sort. Mais maintenant je suis repéré, elle me connaît, elle cherchera à me faire souffrir davantage je suis sûr, elle ne fera que se jouer de moi. Je tente alors de la suivre, elle qui est déjà partie depuis un bon moment je pense, avec l’espoir que la prochaine fois j’aurais le temps de réagir avant de me retrouver frigorifié.

C'est finalement une clairière qui se présente à moi et je décide de me coucher dans l’herbe pour réfléchir, appareil photo en main, je me dis que je n’aurai qu’à rester à distance pour la prendre en photo. D’ailleurs, est-ce qu’il y a un zoom ? Je vérifie la présence du bouton sur la machine et je suis plutôt satisfait, ça fera l’affaire. Je tourne l’appareil vers moi, enlève le zoom puis me prends en photo. Je trouve ça drôle alors j’en refais une deuxième et je la trouve plutôt bien, je dispose alors l’appareil au loin et mets quelques secondes sur le minuteur pour me laisser le temps de reculer puis je souris lorsque le flash apparait. Et alors que je me faisais une séance de shooting, j’entends de nouveau cette voix gracieuse et enjôleuse. Elle est là, elle va me torturer encore une fois, me faire croire que je vais y arriver alors qu’elle disparaîtra aussitôt. Non, je vais réussir à la prendre en photo cette fois ! Je me bouche les oreilles puis réfléchis à une cachette. J’ai une bonne visibilité dans cette clairière où que je sois mais je ne connais pas la portée de son illusion. Elle arrive ! Sa voix est de plus en plus forte. Je cours dans une direction aléatoire tout en prenant l’appareil photo puis soudain je la vois devant moi. J’écarquille les yeux puis je ne sais pas trop quoi faire, ce n’est pas possible, c’est une illusion ! Vite Drake, cours !

Je détale vers la direction opposée puis je me retrouve de nouveau face à la soi-disant nymphe. Elle approche son visage du mien en essayant de m’embrasser sur les lèvres puis soudain mon corps luit et laisse passer au travers le visage de la femme des bois. Tu ne m’auras pas ! Je suis sûr que cela fait partie de ton plan sale sorcière ! J’ai déjà été pris au piège par une sirène ou quelque chose du genre, pas deux fois ma belle !



Mes mains reprennent leur forme physique puis je prends en photo la nymphe qui disparait après que le flash soit sorti. Elle rit et je ne comprends pas, je regarde la galerie de l’appareil puis vois un arbre, un simple arbre. Elle m'a de nouveau trompé avec sa magie...



Je bondis dans les airs à l’aide de la légèreté et de la vitesse procurée par ma magie, sautant impulsivement, le visage empli de colère pour la faire croire que c’est la folie qui décide de mes actes, mais c’est un bon point de vue que j’obtiens une fois en l’air. Sorti de l’illusion je pointe l’appareil sur la femme à la peau bleutée par l’eau, barbotant dans son bain autrefois dissimulé dans la clairière puis je zoome avant de prendre la photo et retomber au sol, et succomber à nouveau à l’illusion. Photo prise, maintenant je dois faire en sorte de partir d’ici sain et sauf, et avec l’appareil photo. Je la regarde alors et elle se met de nouveau à chanter, je place l’appareil entre mes jambes puis je me bouche les oreilles.



Elle continue de chanter et délicatement elle s’approche pour prendre le gadget dans ses mains.



Soudain elle rit, tellement fort que cela semble relever du fou rire plutôt que de la moquerie dont elle avait fait usage plus tôt. J’arque alors un sourcil et retire mes mains de mes oreilles pour les tendre vers la nymphe.



EElle est bel et bien en train de regarder les photos de mon shooting et fait les commentaires de chacune. Bon okay je suis mauvais en tant que photographe mais je suis prêt à parier que je peux être un bon modèle, je fais partie de Blue Pegasus après tout.



Je prends l’appareil photo qu’elle me tend puis je vérifie si la photo de la nymphe y est toujours, c’est bon, elle ne l’a pas vu. Ma diversion improvisée fut plus qu’efficace et c’est avec une estime de moi un peu rabaissée que je retourne chez le photographe pour lui présenter mes chefs d’œuvres, en bonus de la photo de la créature aquatique. Et je cours parmis les arbres en vérifiant que la nymphe ne me suit pas, une petite pointe de paranoïa puis j'arrive enfin au chalet à l'orée du bois.



Il me sourit, puis je souris en retour. Je lui conseille de supprimer les photos mais il préfère les garder, ça lui fera un bon souvenir, j’arque alors un sourcil en me demandant s’il s’agit d’avances mais je préfère ne pas savoir. Je saisis la bourse de Jewels puis pars en le remerciant de sa récompense. Note à moi-même : fuir chaque rencontre avec une créature semblable à une sirène. Mes lèvres risquent d'en souffrir à chaque fois, cette fois j'y ai échappé mais je risque pas toujours d'y penser...
(c) Never-Utopia