"Penses tu réellement que, parce que tu es au bord de la mort, je vais te révéler ceci ?" Son ton était froid, détaché. Il se fichait, finalement, de la vie. Il ne souhaitait que la mort.
Mes yeux plongés dans les siens, mes pupilles brillantes et tremblotantes ... Était-ce réellement la fin pour moi ? Allais-je mourir ici, seule et en position de soumission ?
"Tu n'auras pas mon nom... tu sais déjà que je suis La Mort Noire. Je tue, car je pense que la Mort est libération, et que la Vie est Entrave. Tu dis que la mort ne libère pas ? Tu penses que seuls les faibles la choisissent ? Je pense, moi, le contraire. La vie fait que tous les Hommes, toutes l'humanité, mérite de périr. Alors, Alice Claria Féamor, je te retiendrais comme une n-ième de mes victimes, et non comme celle qui choisit de vivre..." Il me voyait donc comme sa victime.
Mes traits se durcirent, tandis que j'imaginais dans ma tête une nouvelle offensive pour, cette fois-ci, le terrasser.
Je n'étais pas sa victime, il n'était pas mon bourreau. J'étais sa rebelle, il était mon adversaire.
Je pris appuie sur mes deux jambes, et tentai de me lever, alors qu'il m'envoya valser plus loin d'un coup de pied dans le ventre où il sembla allier toute sa force. Sans réussir à prévenir quoi que ce soit, mon corps tomba dans le vide. Assaillie par la douleur, je réussis cependant à reprendre contrôle des événements peu avant que mon corps ne touche le sol brut et froid, prenant possession de mes vêtements, m'évitant une rencontre mortelle entre deux murs.
Étendue à terre, sur le sol froid et aussi dur que le cœur de mon adversaire, j'attendis quelques instants, savourant le fait d'être encore en vie. Il avait fallu de peu.
Je tournai la tête pour regarder vers le haut, entendant quelques crépitements anormales.
Le toit du bâtiment était en feu. C'est alors que ce dernier explosa en milliers de débris, dont je me couvris par la force de ma magie. Quelques-uns passèrent, entaillant derechef ma peau, la maculant de gouttelettes de sang.
Un peu plus, un peu moins, pensais-je subitement en regardant le coulis chaud et opaque.
Mais je dus vite me rendre à l'évidence qu'il me fallait quitter l'attention que je portais à mes plaies ainsi que ce lieu ... Le bâtiment commença à s'effondre. M'envolant le plus vite et le plus haut possible, je contemplai l'immense mare de fumée plus bas, remerciant je-ne-savais-quoi de m'avoir laissé la vie sauve. Durant plusieurs minutes, je ne détachai pas mon regard de la zone où je me tenais quelques minutes plus tôt, comprenant enfin à quel point la vie des mages était parfois dangereuses, me promettant de faire attention à mes prochaines rencontres, surtout celles qui paraîtraient douteuses telle que celle de ce soir.
Finalement, je décidai qu'une nuit à la belle étoile, seule sous les lucioles maculant le ciel, serait plus convenable, et économe.
Je me rendis alors compte que j'avais perdu ma nouvelle acquisition durant cette altercation. La cherchant mentalement, les alentours apparaissant dans mon esprit, je me rendis compte que je l'avais perdue dans la pièce où je m'étais retrouvée seule avec lui. Heureusement, la fenêtre d'où je m'étais échappée n'était pas bloquée par les débris, et aussi, je la fis venir à moi.
Heureuse de retrouver ma nouvelle arme, légère et bien portante, je partis à pied, scrutant le noir, les ombres, vers ma jument.
Cette nuit-là, les brins d'herbe me chatouillèrent le nez, et me firent office de couvertures.
FIN