| Sujet: Plongeon suicidaire [Mission solo rang C] Dim 23 Fév - 23:07 | |
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Drake Fulgur
| Plongeon Suicidaire
Mission Solo
Revenant à la ville de mon extermination de bandits, les gens m’acclament un peu comme si j’étais leur sauveur. Exorcisés d’une peur fantôme allant au-delà de toute superstition, libérés, sauvés. Ce n’est pas comme d’habitude où j’ai droit à un simple sourire, là il y a des applaudissements, des pleurs et cris de joie, c’est bizarre car c’est différent mais ça reste tout autant de la gratitude, seulement cette fois-ci à un plus haut degré. On va dire qu’avant je ne faisais que sauver des chats, là est peut-être la différence entre rendre service et sauver des vies humaines. Je commence à croire en moi, en ma puissance, et j’aime ça puisque je ne me sens plus du tout faible et vulnérable comme je pouvais le faire avant. Je regarde alors cette foule qui m’acclame et sourit pour partager ma joie, leur joie. Une femme s’approche avec ces mêmes larmes, non, il s’agit de tristesse cette fois. Elle me demande un dernier service avant de me laisser partir.
Pouvez-vous me ramener mon mari ?
Et la femme, qui s’était concentrée à se retenir de pleurer pour dire cette phrase de manière la plus audible, tombe sur ses genoux en sanglots. Une perte qui lui semble fatale. Je lui prends la main pour l’aider à se relever et lui demande alors calmement.
Où est-il ? J’irai le chercher.
Elle s’essuie les larmes à l’aide d’un mouchoir puis renifle plusieurs fois avant de me répondre, encore perturbée par sa tristesse qui saccade chacun de ses mots.
Il est… parti à la rivière… pour pêcher.
Et la voilà repartie dans cet interminable cercle qui l’amène à pleurer. Que puis-je faire ? L’aider bien sûr, les bandits l’ont surement caché quelque part, assommé, volé puis emprisonné dans une cage. J’ai juste besoin de retourner à ce qu’il reste du repère pour le libérer.
Très bien madame, je vous le ramène dans la journée en un seul morceau. Y a-t-il encore d’autres portés disparus ?
Personne ne me répond, je fuse alors en direction de la forêt pour aller sauver ce pêcheur. Je trouve ça tout de même bizarre que je ne l’ai pas vu lorsque je me suis occupé de ces bandits, mais après tout j’étais tellement énervé et focalisé sur eux que j’aurai pu en effet ne pas le voir, et au pire le blesser avec ma magie. Après cette dernière réflexion je décide d’accélérer le rythme, si ça se trouve il aura besoin de soins d’urgence et je ne suis pas calé sur ça. J’utilise ma magie pour faire briller mes jambes et d’une part courir plus vite, et d’autre part courir sans avoir à me soucier des racines d’arbres qui traversent mes jambes devenues immatérielles. Arrivé au « repaire » je vérifie les lieux, mais rien. Il n’a donc pas été la cible de bandits mais bien d’autre chose, de monstres peut-être. Je cours alors vers la rivière à toute allure, mes jambes laissant une trainée de lumière blanche derrière moi qui se dissipe aussitôt.
Monsieur le pêcheur ? Est-ce que vous êtes là ?
Personne, je regarde alors dans l’eau de la rivière, rien. On ne sait jamais. Puis dans le reflet de l’eau je vois quelque chose voler au-dessus de moi à toute vitesse. Par pure réflexe, je lève la main et fait apparaître une chaine lumineuse qui s’attache à la patte d’un oiseau aussi grand qu’une maison. Ça c’est fait, la seconde d’après je me vois décoller du sol et foncer vers un arbre à toute allure.
Ça c’est pas bon…
Mon corps entier devient lumière pour laisser passer au travers le pin qui a failli m’ouvrir le crâne. Puis je reprends ma forme initiale pour grimper en haut de la chaîne et survoler la forêt en ne craignant plus de mourir fracassé contre un arbre. Maintenant la question est « où est-ce que ce piaf me ramène ? ». Aussitôt la question posée, aussitôt l’oiseau tournoie autour d’un pic de roche pour s’y poser au sommet où repose son nid. A l’intérieur il y fait bien chaud, je vois trois œufs baigner dans cette atmosphère maternelle ainsi qu’un homme possédant une casquette de pêcheur. J’écarquille les yeux en me rendant compte que c’est lui que je dois sauver. Je lui dis alors d'un air enthousiaste.
Bonjour, je suis venu vous sauver !
Il me regarde faiblement, le pauvre n’a pas pu manger depuis deux jours.
Merci, mais nous sommes tous deux coincés ici. Seuls les suicidaires oseraient sauter.
Je le regarde avec surprise et me souvient qu’il ne s’agit pas d’un mage. Je soupire alors avant de lui répondre d’un air un peu hautain.
Tu n’as jamais vu un mage de ta vie toi ?
Question rhétorique mais le pauvre n’a pas pu voir l’étendue des pouvoirs d’un mage. J’ai déjà eu affaire à cette situation autrefois alors autant s’en servir. Je lui dis alors d’un air excité en prenant sa main.
Bon t’es prêt, suis-moi on saute !
Cette fois c'est lui qui écarquille les yeux lorsque que je dévoile mon intention, il doit surement me prendre pour un fou. Mais bon tant pis, il comprendra. Décidé, je prends mon élan et saute dans le vide en l’emmenant avec moi, même si de tout son cœur c’est la dernière des choses qu’il souhaite faire. Oui, l’entraînant de force à sauter dans le vide, il me regarde avec ses yeux emplis de colère qui me disent «j’ai envie de te tuer », même si au fond il nous croit déjà mort. Je place une main en avant, une en arrière pour faire dessiner deux cercles magiques duquel sont invoquées deux chaînes lumineuses. Une allant s’encastrer dans la roche du pic pour me soutenir, l’autre s’enroulant autour du pêcheur juste avant qu’il ne touche le sol du bout de son nez. Une fois stabilisé avec mon poids me tirant vers le bas, je lâche les deux chaînes que j’ai saisies pour atterrir gracieusement pour ma part, grossièrement pour celle du pêcheur.
Je vous prie de me suivre, tout le village s’inquiète pour vous. Vous avez du succès auprès des filles il faut dire.
Après un court blanc, je reprends en souriant.
Je rigole, mais votre femme était vraiment triste lorsqu’elle m’a annoncé votre disparition alors dépêchons nous.
Il se relève et me regarde avec ses yeux noirs emplis de rancœur, haine dirigée vers ce jeune prétentieux que je suis. La seconde d’après il me prend dans ses bras pour me remercier. Je souris alors face à l’étrangeté de la situation puis le repousse délicatement pour le précipiter à sortir de cette forêt. Oui, l’oiseau peut toujours s’en prendre à nous et nous ramener à la case départ. Nous courons alors entre les arbres pour retourner au village et je dois me retenir de cette folle envie d’utiliser ma magie pour aller plus vite. Désir de vitesse réfuté en raison du pêcheur que je dois accompagner qui est beaucoup plus lent. Après quelques minutes, je lève les yeux et je vois le village se dessiner peu à peu, ça y est, nous y sommes.
©Codage By Aelita pour Morphan |
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