Apparemment, je suis avant tout affective, imaginative, réceptive et d'une intuition souvent impressionnante. J’adore la magie et le merveilleux. De mon côté, je pense sincèrement que je suis impulsive, capricieuse, colérique, impatiente et franche. Oui, j’ai plutôt l’impression d’être remplie de défauts, mais je le vis bien. Après tout, personne n’est parfait, n’est-ce pas ? En plus, je trouve que quelqu’un avec des défauts, c’est beaucoup plus marrant que d’avoir que des qualités. Alors je m’en contente bien !
En prenant de l'âge, on m’a dit que je pouvais être tyrannique. Je n’y crois pas… Moi, je suis gentille comme un ange, oui oui ! Autrement, je suis friande d'histoires, de contes et de légendes, ça me fascinent.
Aussi, je sais utiliser mes atouts majeurs pour parvenir à mes fins. Sadique ? Sans cœur ? Allumeuse ? Non, pas du tout. Mais vous savez, dans certaines circonstances, une position aguicheuse n’est pas du luxe… Je vous assure, ça marche ! J’aime coopérer avec les autres dans des activités de groupe comme les missions ou autres. Etrangement… On ne dirait pas comme ça, mais je suis aussi une vraie paresseuse ! Pourtant, beaucoup de choses me passionnent, mais je ne dis jamais non à une pause bien méritée, même quand je n’ai pas fais grand-chose. Je suis une gourmande, non pas indifférente aux bons petits plats... En plus, Maman disait toujours que je cuisine comme un vrai chef ! J’aime en faire profiter les autres, en tout cas. Un autre point peut-être contradictoire… Je suis pointilleuse et perfectionniste. Eh oui, j’aime quand le boulot est fait correctement et proprement ! En même temps, si je ne l’étais pas, je ferais une vraie boucherie…

La pistomancie, une bien étrange magie… C’est vrai, ce n’est pas très répandu. Mais c’est ce qui en fait sa particularité. Ce que c'est ? Eh bien, c'est simple. Le principe consiste à tirer des balles avec des particularités magiques, comme de feu, de glace, qu'importe. Ce sont donc des projectiles normaux, auxquels j'ajoute de la magie pour leur donner des propriétés différentes. Je peux donc tirer des balles normales, mais c'est bien le genre de truc que je n'ai jamais fais. Du moins, ça ne m'est jamais venu à l'esprit, bref. Voilà !
Surtout que je l’utilise d’une manière un peu spéciale… Oui ce sont toujours des armes magiques, mais la mienne… La pistolame. C’est une épée tout ce qu’il y a de plus banal aux premiers regards. En vérité, elle cache le canon d’un pistolet magique. Eh oui, arts martiaux combiné à la pistomancie. C’est trop cool je trouve ! Cadeau de mon professeur. Je ne la quitte plus, elle est toujours dans son étui accroché à ma jupe. Vous voulez peut-être plus de détails, non ? Oui, c’est normal, je n’ai pas donné beaucoup d’explications.
En fait, c’est tout simple hein, faut pas s’attendre à une arme révolutionnaire. Elle marche donc comme une épée tout ce qu’il y a de plus normal, mais par l’activation magique, celle- ci se rétracte pour faire place au canon du pistolet. Tout ça en quelques secondes. Bien-sûr, le temps pour les différentes techniques et tout ça, varient.

Avez-vous déjà entendu parler de cet art tant redouté ? Qui fait couler le sang et rend au ciel des milliers de vies ? Oui, sûrement. C'est ce qu'on appelle la guerre, ou l'art de la guerre, comme vous préférez. Et bien ici, dans le royaume de Bellum, nous vivons pour ça. Dès notre plus jeune âge, on nous apprend à nous battre avec les armes et la magie. C'est cette voie qu'on parcourut mes parents, c'est aussi celle que je prendrais plus tard. J'avais d'ailleurs toujours pensé que c'était quelque chose d'utopique et que toutes les personnes qui entraient dans l'armée n'étaient pas n'importe qui. Cela est bien vrai dans un sens. Les autres se retournent sur votre passage en voyant votre uniforme, les chuchotements fusent « Oh ! Il fait parti de l'armée ! » ou bien encore « Wouah ! Un soldat est ici ! » C'était aussi mon comportement à cette époque. Mais bien-sûr, j'ai vite découvert l'envers du décor et je ne m'en réjouis guère. Mais tout d'abord, laissez-moi vous conter mon histoire. Sachez avant toute chose que plus jamais vous ne verrez la chose de la même manière... Parce que vous venez de mettre un pied en Enfer.

La petite fille observe sa mère les yeux pleins d'étoiles. Elle s'entraînait sérieusement. Bientôt ce serait le tour d'Eden d'être ici à sa place. L'enfant attendait ce jour avec impatience. Déjà, elle avait été bercée par des rêves, des images et histoires sur la guerre. Déjà, elle avait été bercée de paroles illusoires. Tout ça était bien loin de la réalité, mais bien-sûr la petite vivait dans l'inconscience. Eden était prédestinée à devenir une machine de guerre, un soldat de l'armée de Bellum.

-Maman ! Tu fais quoiiii?
-Je m’entraîne, comme d'habitude. Ce sera bientôt ton tour d'ailleurs!
-J'ai haaaate ! Je suis vraiment pressée!
-Oui je sais ma chérie. Tu verras... Ce sera bientôt là, beaucoup plus vite que tu ne le penses...

Un beau sourire s'afficha sur le minois d'Eden et déjà celle-ci retourna jouer à l'intérieur. Sa mère la regarda avec fierté, une fierté qui cachait une once de peine... Oui, elle était heureuse car sa fille était déjà prête du haut de ses dix ans. Oui, elle avait aussi énormément peur de perdre son trésor sur le champ de bataille. La contradiction rythmait ses pensées. Mais que pouvait-t-elle y changer ? A Bellum, il en était de tel sorte à ce que personne ou presque n'y échappait. Tout le monde devait faire face à son destin. Le sort en était jeté.

* * *

Quatre ans. Quatre année venaient de s'écouler dans le sablier interminable du temps. Eden était prête. Elle faisait face à son professeur, enfin elle allait pouvoir commencer son entraînement tant attendu. Petite fille allait apprendre à se battre. Petite fille devenait femme trop tôt. Le sourire toujours figée sur les lèvres, elle attendait que cela commence. L'homme s'avança vers elle, les épreuves de la vie avaient creusés des sillons sur ses joues creuses. Il souriait à la jeune fille qui restait immobile devant lui, aucunement impressionnée pourtant.

-Je suis Alaric, ton professeur jusqu'à tes dix sept ans, comme tu t'en doutes.
-Vous me connaissez déjà je présume, mais la politesse veut que je me présente. Je suis Eden Jaylis !

La jeune fille se tenait droite, alors que déjà, Alaric lui expliquait les positions de bases ainsi que les premières techniques martiales. Son entraînement commencerait par là, les arts martiaux, les techniques d'épéiste, tout y passerait. La magie, ce qu'Eden attendait le plus, arriverait tout à la fin, c'était le maniement le plus compliqué comme lui avait répété ses parents. Elle s'entraînera jusqu'à ses seize ans sur les techniques d'armement et pendant un an, jusqu'à ses dix-sept ans donc, elle apprendra la magie. L'adolescente ne savait pas encore quelle type de magie allait-t-elle avoir l'enseignement, elle en brûlait d'impatience de savoir. Mais comme on dit, chaque chose en son temps.

L'entraînement était dur, mais elle y mettait tout son cœur, toute son énergie. Elle n'avait qu'une hâte tout le temps, le désir de s'améliorer. S'améliorer pour être la meilleure, pour être celle qui recevrait les encouragements et les félicitations de son professeur. Elle le voulait fier d'elle. Elle voulait que ses parents le soient aussi. Et surtout, elle avait toujours ce rêve bien ancré, rêve de gamine qu'elle espère réaliser. Entrer dans l'armée de Bellum. Cette armée tant redoutée, cette armée tant admirée. Chaque jour passait et elle répétait les mêmes mouvements, mouvements qui devenaient une danse, sa danse. Enchaînement de par cœur, enchaînement maîtrisé à la perfection. Mais chaque nouveau jour, la brune apprenait quelque chose de nouveau, quelque chose qu'elle devrait maîtriser pour le jour suivant et ainsi de suite.

-Crois-tu que c'est en faisant de tels erreurs que tu vas progresser ?!

Les mots tournaient en boucle dans sa tête. Juste pour une petite erreur, un coup qu'elle n'a su parer. Elle n'était pas infaillible, elle ne le serait jamais. Et elle a beau garder son sourire d'enfant, arrivé à ses 16 ans, elle ne voyait déjà plus les choses de la même manière. Eden avait pourtant encore cette rage de maîtriser ce qu'on lui enseignait, elle devenait une vraie machine de guerre sans qu'elle s'en rende forcément compte. Et la magie... Elle avait l'âge pour cette fameuse magie qu'elle attendait depuis si longtemps, cet art qui savait l'envoûter, elle ne s'en lassait jamais. Alaric s'avance vers elle, tenant un étui en cuir marron, neuf.

-Je n'ai pas toujours été très tendre avec toi. C'est pour cet entraînement acharné que tu as suivis que je tiens à t'offrir ce cadeau. Je pense que ça va te plaire...
-Ow, merci ! Vous savez, vous êtes un très bon professeur !

Elle lui sourit et attrape le bel étui qu'il tient entre ses mains. Délicatement, doucement, elle tire le manche qui dépasse pour se retrouver face à une belle lame argentée. Elle resplendit, comme sertie de milliers de diamants. Eden s'extasie devant cet objet, cet arme, arme qui lui appartient, arme que déjà elle ne quittera plus. Mais, comme si son professeur lit dans ses pensées, il la regarde et commence à lui expliquer le fonctionnement de cette magnifique épée.

-C'est une pistolame ! Tu en as déjà entendu parler ?
-Non ! Mais je sais bien que dans quelques secondes vous allez m'expliquer ce que c'est !
-Bien entendu ! Quel mauvais professeur je ferais autrement ! Tu te rends compte déjà que la lame est particulière. Si tu la replies, elle laisse découvrir le canon d'une arme à feu. Celui-ci à des particuliers magiques.

Elle s'exécute, laisse découvrir ce fameux canon neuf, regorgeant de magie. Et c'était comme si des étoiles dansaient dans ses yeux, elle n'en revenait pas, c'est tellement beau ! Mais elle qui ne connaissait rien à la magie, cet entité bien trop mystérieuse, qu'allait-elle faire d'une telle épée ? Rien, bien-sûr. Abîme inutile. Et pourtant, l'once de doute dans son regard s'est vu, il l'a vu. Il se joue d'elle, il s'amuse. Mais ce n'est plus un gamin !

-Tu peux t'en douter, à partir de maintenant, nous allons commencer l'apprentissage de la magie. Un art bien mystérieux n'est-ce pas ? Eh bien, laisse-moi te faire découvrir la pistomancie !
-Entendu ! J'ai déjà hâte de commencer ! Depuis le temps que j'attends !
-Commençons de ce pas alors.

Il tire plusieurs balles vers elle, sans qu'elle ne puisse réagir, elle se les prends en pleine figure, la faisant tomber à terre. Il lui faisait découvrir les différents états de balles, mais elle ne pouvait rien faire. Le sourire avait vite regagné son visage d'adolescente, prête à tout. Elle commençait à comprendre. Comprendre un mécanisme qui la dépassait pourtant, inconnu. Comprenant l'utilité de certaines de ses balles, elle réussissait à les esquiver. Mais pourquoi ne lui apprenait-il pas comment s'en servir ? Elle se plante en plein milieu, attendant, ayant rangé son arme. Les bras croisés sur la poitrine, le regard de flamme posés sur Alaric, elle attend et énonce.

-Je ne veux pas apprendre à esquiver de misérables balles magiques. Je veux apprendre à les contrôler.

Un rire rauque s'élève dans la salle d'entraînement, ricoche sur les murs et le parquet. Il plante ses yeux dans les prunelles bleus d'Eden, faisant tourner son arme.

-La patience, Eden, la patience. Mais je te connais bien, viens avec moi.

Une main tendue vers la sortie, sortie qui mène dans un grand jardin floral. Mouvement de tête par le professeur, la voilà déjà en train de sortir, rejoindre l'air frais, pur. Ses cheveux ondulent dans la brise, formant des vagues rosées. Elle suit Alaric qui l'emmène sous un grand arbre, à l'ombre. Il s'assied, lui intimant de faire de même.

-Écoute le merveilleux chant de la nature, celui qui rythme ton cœur. Les oiseaux, les esprits de la forêt qui entoure ta maison. Concentre-toi, ferme les yeux, écoute. Écoute simplement. Laisse-toi aller. Entends le vent dans les feuillages des arbres centenaires, dans les fourrés. Les feuilles qui crissent sous les cavalcades des petits animaux. La nature est ta force.

Elle exécute, ferme les yeux et respire doucement. Son cœur ralentit, se cale au tempo du chant de cette si belle nature, envoûtante, magique. L'âme de ce paysage, d'une autre vie, la pénètre au plus profond de son être. Elle oublie tout ce qu'il entoure, écoute seulement ce magnifique son que produit le bruissement des feuilles, le cri des animaux cachés dans les bosquets. Elle est sereine, reposée, apaisée. Quelque chose grandit en elle. Quelque chose de fort, de puissant. Quelque chose d'étrange... Sa magie. Elle enfle, s'immisce dans ses membres. Parcourue de frissons, remontant le long de son échine. Fourmillement dans le bout de ses doigts, muscles détendus. L'impression de ne faire qu'un avec cette énergie qui la parcourt. Cette sensation qui la prend au vent, indescriptible, merveilleuse. L'entendez-vous, le sentez-vous, vous aussi ? Ce long cri silencieux qui glisse sur votre chair, comme une caresse ? Dressant vos poils, vous faisant frissonner, rêver. Fermez les yeux, vous aussi laissez-vous emporter par cette danse lente, envoûtante. Il n'y a que sérénité. Elle ouvre les yeux, totalement changée intérieurement. Quelque chose boue en elle, n'attendant que le moment propice pour s'extérioriser.

-Laisse-la sortir et t'envelopper.

Juste un murmure, presque irréel. Restant concentrée, Eden s'exécute, laisse ce flux l'envahir, parcourir ses membres, remonter le long de sa colonne vertébrale. Aura rouge qui se développe autour d'elle, provenant de son cœur. La magie l'enserre de ses frêles bras. Elle sent ce flux qui fait à présent partie d'elle. Elle a développée cette magie. Paupières relevées, elle se contente d'observer cette lumière rouge. Fixant ensuite Alaric qui lui sourit. Lui aussi la voit. Il matérialise la sienne, bleu métallique, électrique. Émerveillée, l'apprentie mage à cette sensation d'être dans un rêve. Rêve éveillé.

* * *

Larmes qui coulent, bruit assourdissant des obus, hurlement de terreur, de douleur. Grondement des armes à feu, lumière aveuglante de la magie. Véritable calvaire. Bienvenue sur un champ de bataille. Bienvenue en Enfer.

Je n'en peux plus. Déjà un an que je suis ici. Vous vous souvenez de moi ? Oui, c'est ça, la petite fille qui ne rêvait que d'une chose, rentrer dans les rang de l'armée de Bellum. Je ne comprenais pas pourquoi l'année dernière, le jour de mon départ, de l'appel, mes parents pleuraient à chaudes larmes, criant que jamais je n'allais revenir. Alaric les poussant en arrière, pour qu'ils ne me retiennent pas. Moi qui pensais que c'était seulement parce qu'ils étaient triste de me voir partir. Ils m'ont fait pleurer aussi, j'ai promis que je reviendrais pourtant. Je comprends mieux aujourd'hui, pourquoi est-ce qu'ils étaient effondrés et ne voulaient pas me laisser partir. Ce n'était qu'un leurre, tous ces contes, ces histoires qu'on me lisait quand j'étais enfant. Du pipeau ! Il n'en était que de l'envers du décor. Tous les jours je vois des hommes et des femmes tomber sous les coups meurtriers, tous les jours je perds des camarades d'escadrons. J'ai encore des séquelles, et pourtant je garde le sourire. Là encore, en ce moment-même, je suis repliée dans les tranchées, attendant le signal du départ. Départ vers la mort. A chaque fois je me demande quand est-ce que ce sera mon tour, pensant « Sûrement que cette fois-ci est la dernière » Et pourtant non. Et j'en suis d'ailleurs bien heureuse. Le service obligatoire est finalement qu'une vraie torture. Un an que je suis ici, comment est-ce que j'ai pu resté en vie alors que des soldats plus expérimentés que moi, magiquement, physiquement, mentalement, meurent en premier ? Je ne peux pas croire que c'est la fameuse chance du débutant. Je m’efforce de garder le sourire, de rester de bonne humeur. Je sais que ça mets du baume au cœur à mes compagnons. Je fais tout pour rester forte, j'essaye de ne pas m'effondrer. Est-ce mon caractère naïf ou optimiste qui veut ça ? Je ne sais pas. Le signal.

Réticente une fois de plus, et pourtant je m'élance, arme en mains, tirant sur tout ce qui bouge, essayant de ne pas trébucher sur les personnes qui cèdent, les balles fusent, entourées de cette aura magique rouge. Un autre bruit sourd. Projetée plusieurs mètres plus loin, souffle coupé, la douleur me lacérant. Je n'arrive plus à bouger, encore sous le choc brutal de la bombe magique. Je les vois courir, courir droit vers une mort certaine. J'ai envie d'hurler, leur hurler de s'arrêter, de repartir en arrière. Mais à quoi bon ? C'est inutile, bien-sûr. Le sol est imprégné de l'odeur du sang, de la mort, de la magie. Je n'en peux plus. Un autre coup, une autre douleur qui m'envoie valser encore plus loin. Je ne peux plus. Stop. Les yeux fermés jusqu'à en voir des lucioles de couleur, essayant à tout prix d'oublier la douleur. Le sang qui coulent de mes plaies ouvertes. J'ai mal. Ma tête tourne, je n'arrive plus à penser. Le goût métallique du liquide rouge emplit ma bouche, fendant mon visage en une grimace. Les bruits s'affaiblissent, à mesure que je commence à ne plus rien reconnaître autour de moi. Était-ce là ma fin ? Le bout du tunnel ? Je n'entends plus, je ne vois plus. Trou noir.

Mes paupières battent doucement, tentent de s'ouvrir. Elles se plissent, aveuglée par une lumière blanche orientée pile sur moi. Un mal de tête horrible me tient, me fait grimacer. Je suis encore en vie... ? Je regarde autour de moi. Du blanc. Que du blanc. La pièce est entièrement blanche. Un hôpital. Je me redresse, tant bien que mal au moment où une dame en blouse entre dans la salle.

-Oh ! Tu es réveillée depuis longtemps ?
-Non... Je ne crois pas. Où suis-je ? Et depuis combien de temps je suis là ?
-Oula, doucement ! Tu es à l'hôpital depuis trois jours il me semble. Tu n'était pas en bon état en arrivant, nombre des tes muscles étaient déchirés et tu avais des côtes fêlées. Heureusement, grâce à la magie et à ta prise en charge rapide, ils ont pu tout te remettre comme à neuf. Si tu as besoin de prendre une douche, la salle de bain est derrière cette porte.
-D'accord, merci...

Elle me sourit et repart en fermant soigneusement la porte derrière elle. Trois jours... Rien que l'idée d'imaginer toutes les blessures que j'avais, ça me fout des frissons. Je me lève, chancelante à cause de la fatigue et attrape mes vêtements qui avaient été remplacés et qui sentaient le propre puis me dirige en me tenant aux murs jusqu'à la salle d'eau. La lampe grésille puis décide enfin à s'allumer. Je pose mes vêtements sur une sorte de caisse et ose jeter un regard au miroir qui renvoyait mon reflet. Je porte une main à ma bouche en voyant mon triste visage, pâle et tout frêle. Je faisais peur, j'avais un air cadavérique, horrible. J'ôte la robe blanche de l'hôpital puis va pour me glisser dans la douche, avant d'apercevoir des marques étranges sur mon corps. Je me replace devant le miroir et observe en biais mon dos. Couvert de grandes traces rouges et bleus. Je passe mes doigts avant de les retirer rapidement. C'est douloureux en plus ! Je ferme les paupières, sentant les larmes me monter aux yeux. J'allais garder des marques à vie de cette maudite guerre ! Non... Je ne voulais pas ! Je ne veux plus y retourner ! J'entre furieusement dans la douche et me lave le corps ainsi que les cheveux. La peur m'oppresse, me fait mal aux entrailles. Je ne veux plus y aller, je veux partir loin d'ici...

Ils m'ont laissé sortir de ma chambre, aujourd'hui. Je suis tranquillement assise dans un fauteuil dans une salle de divertissement. Sauf que bien-sûr, à cette heure-là il n'y a aucuns spectacles et ma seule compagnie est la lacrima-vision qui diffusent des infos. Les renseignements d'aujourd'hui était sur les autres royaumes du pays. Étonnement, rien qui concerne Bellum. Et tant mieux, je ne veux plus rien entendre sur ce maudit royaume. Mon occasion se focalise entièrement sur l'écran quand un dossier sur le Conseil de la Magie qui règne à Fiore à commencé. Je n'en ratais rien, totalement plongée dedans. Eux au moins, ils n'avaient pas l'air d'avoir des pratiques aussi barbares qu'à Bellum. Le Siège du Conseil a l'air magnifique d'ailleurs. Une bande défila en dessous des images pour indiquer que le fameux Conseil recrutait. Un sourire s'étira sur mon visage et je me leva rapidement pour aller chercher mes affaires. Sans attendre plus longtemps, je sortis de l'hôpital pour me rendre vers la gare la plus proche. Au revoir Bellum, bonjour Fiore.

* * *

Cela ne faisait que quelques temps que j'étais arrivée à Fiore, quelques semaines je dirais. Les jours suivant mon arrivée, je m'étais directement rendue à Era, me présenter au Conseil. Ils m'avaient fait passer des tests d'aptitude et j'avais finalement pu rejoindre les rangs du Conseil. Ça n'avait rien à voir avec Bellum, en tout cas. Fiore avait l'air d'être un pays beaucoup plus calme. Depuis mon départ, j'avais envoyé quelques lettres à mes parents et mon professeur, histoire de les tenir au courant de mon périple et de mon départ de l'armée. Je crois qu'ils préfèrent cette situation, même si je ne les verrais plus. Je ne préfère pas retourner à Bellum pour le moment, je serais sûrement jugée, motif étant qu'ils auraient pris ça comme si j'étais une déserteuse. Oui, j'avais abandonné l'armée, mais est-ce un pêché que de vouloir aspirer à une meilleure vie ? Je vous le demande, mes chers, je vous le demande...