Cette mission, je ne la sens pas du tout. Mais alors pas du tout. Déjà parce qu’elle est douteuse rien que par la formulation de l’annonce, et ensuite parce qu’il faut enquêter, donc réfléchir. Or, j’aime pas la réflexion pure et dure, surtout tout seul, c’est trop compliqué pour mon cerveau de blond. Encore, quand il faut jouer sur la carte de l’humanitaire, de la diplomatie, de la psychologie, je peux me débrouiller seul. Mais les enquêtes policières tout ça, c’est pas ma tasse de thé. Non, vraiment, j’ai pris cette affiche parce que y’avait vraiment rien d’autre de vraiment potable. En même temps, tout me porte à croire qu’aujourd’hui est une mauvaise journée. Déjà, j’ai été jarté du lit par un boucan pas possible, et dieu sait que j’ai horreur d’être réveillé le matin. Ensuite, y’avait plus mes cookies préférés pour le petit dèj, ça m’a bien contrarié, et pour boucler le tout, le facteur chargé d’apporter de nouvelles missions pour la guilde est malade et du coup, il nous manque un certain ravitaillement depuis quelques jours. Mine de rien, la guilde est devenue vraiment active et pleine de vie, le business marche bien, au grand bonheur de Laxus qui doit jubiler dans son bureau. Encore que je serais mauvaise langue de le traiter de bureaucrate, il est incapable de tenir en place, jamais à la guilde, toujours en vadrouille prêt à se bouger pour les grosses missions afin d’entretenir notre réputation. Un véritable esprit de groupe, une cohésion des anges qui se fait de plus en plus marquée, c’est vraiment appréciable.

Enfin bref, je me suis déplacé jusqu’à Shirotsume où j’ai commencé à me renseigner sur la fondation douteuse qui se voulait apparemment pour nantis bien lotis, l’entrée risque d’être difficile. Sur invitation, piston, deux choses qui me sont absolument inaccessible telles quelles, même avec ma magie trompeuse, cela prendrait un certain temps pour repérer le bon filon. Bon, sorti de l’hotêl aux oreilles indiscrètes, je me dirige vers un magasin de vêtements afin de trouver un costume, une tenue plus convenable pour la soirée qui s’annonce. Me fait penser à cette mission où j’ai dû me travestir, aucune idée de pourquoi ou du comment, mais faut que je me prépare. Se faire beau pour un rendez-vous galant, j’aime bien, mais pour une mission c’est juste chiant. C’est lourd, c’est embêtant, ça gêne les mouvements, c’est vraiment juste pour faire bonne impression quoi. Je m’amuse à essayer certaines tenues et débourse la somme demandée pour celui qui m’éclate le plus. Bon, ça fait mal au cul mais en même temps, qui n’a jamais claqué un bon dollar pour combler une dépression, hm ? Je file alors chez Takashi, le pêcheur, qui m’accueille bras grands ouverts. C’est vrai que ça fait un moment que je suis pas passé le voir. Je check le bambin de douze piges avec un humour pourri mais mignon, fait la bise à madame et dîne avec eux avant de leur emprunter leur salle d’eau pour faire ma séance pouffe. Préparation intense, tout nickel, je ressors tout complimenté par la famille, petit rire, je les remercie pour la soirée et je retourne au boulot.

J’admire la grande bâtisse d’un air neutre. C’est une imposante suite de bâtiment qui se dresse devant moi, avec deux gardes postés à l’entrée. Ils ont pas du tout l’air d’être là pour plaisanter. Un premier couple passe devant moi et présente un carton d’invitation qui leur autorise une entrée sans problème. Fuck. J’ai pas ça moi. Je scrute furtivement les alentours, pas de demoiselle à charmer pour entrer accompagné, va falloir faire autrement. J’avance d’un pas confiant vers le bâtiment, ma tenue ne fait pas tâche, c’est déjà ça, alors si j’ai l’air suffisamment sûr de moi je devrais passer crème. Nature, toujours avoir l’air naturel. Et puis un peu de triche n’est pas interdite.

« Ab…ute .ra...ing »

Je passe sans problème la porte d’entrée, sûrement plus grâce à la triche qu’à ma tenue, mais reste que grâce à elle je ne ferai pas tâche à l’intérieur. Et puis il parait que c’est sexy un mec en costard, perso j’ai toujours pensé que ça me donnait un air de pingouin autiste. A peine les portes d’entrées traversées, elles se referment derrière moi dans un silence de mort. La grande salle de réception a visiblement été aménagée pour impressionner, et il y a de quoi. Je me retiens de m’émerveiller comme un gamin devant la fontaine de chocolat géante qui se profile en plein milieu de la pièce. Hooow trop génial, plein de bonnes choses, j’en oublie presque l’ambiance mondaine qui traine ici. Je suppose que l’accueil vise à mettre en confiance les gens qui se vident ensuite petit à petit dans des pièces un peu partout. Hmm moi ce qui m’intrigue ce sont des escaliers. Qu’est-ce qu’il peut bien y avoir à l’étage ?

« Puis-je vous propose une coupe, sir ? »

Je me tourne vers l’élégante demoiselle qui me nargue avec son plateau à boissons. Elle dégage un charme surnaturel et quelque chose dans sa voix me turlupine. Je refuse poliment, mais elle insiste.

« Vraiment ? Nos cocktails sont excellents, en particulier celui-ci. »

Oh ça y est, j’ai trouvé, il y a là de la magie de charme de bas niveau. Pour un mage émotionnel comme moi, ce n’est pas trop complexe à détecter, ni même à dévier, pourtant je fais mine de tomber dans le panneau et soulève une coupe avant de m’éloigner afin d’éviter toute nouvelle confrontation et éveiller des soupçons. Je ne sais pas pourquoi, mais elle tenait vraiment à ce que je prenne un verre. Vaut mieux pas que j’y touche, c’est louche, plus qu’à trouver un moyen de m’en débarrasser. Saluant poliment les personnes que je croise, je monte les escaliers jusqu’à un long couloir éclairé de part et d’autres par de luxueux chandeliers pompeux. Tout pour plaire, vraiment, ne perds pas de vue ton objective Miku ou ça va mal finir. Aucun employé n’étant en vue, je me dis qu’il est temps de commencer à fouiner, j’ouvre une première porte et me faufile à l’intérieur de la pièce, tout pile pour entendre un bruit bizarre en refermant derrière moi. Quelque chose est tombé, pourtant je ne vois rien ni personne ici à moins que…

« Nom d’un diplodocus… »

Comment ce… Depuis quand… Un mec, blond, étalé sur le sol en tenue d’Adam, les fesses fièrement dressées vers le plafond sans aucune classe. Eh bien, un vrai blond, c’est sûr. Je le jauge du regard, est-ce un voleur ? Pas mon genre en tout cas, dommage, pas de drague au programme. C’est plutôt une autre aura qui s’approche qui me fait tiquer, ce blondinet n’est pas seul. Une aura que je reconnaitrai entre mille pour sa nature si différente des autres humains ordinaires, j’en oublie même le soumis qui s’offre devant moi.

« …Damaz ? »