C'était quoi son fichu problème à cette gamine? Nah mais elle essayait vraiment de faire sa propre loi et elle m'a menacée. Elle se croit vraiment plus forte que moi, hein? Eh bah elle va frapper un mur, on ne provoque pas Senji Kiyomasa sans en subir les conséquences. Elle m'avait regardé froidement, craquait ses jointures, et prenait son petit air supérieur. C'est quoi cette gamine qui invoque des cabots? C'est même pas elle qui se bat mais ces animaux bavards. En tout cas, je m'en étais mis plein les poches cette fois. Seulement, j'avais l'impression que ces soldats du Conseil avaient finalement mis un visage à mon nom. Je crois qu'à ce moment-là, ma tête était mise à prix pour de bon. Tant pis s'ils n'aimaient pas ma façon de faire les choses, le Conseil est mon ennemi, alors je n'en avais rien à foutre! Tiens, un panneau de missions. Je prends une feuille et ça parle de raccompagner une gamine à l'autre bout du désert pour la protéger d'un danger quelconque pour un ingrédient manquant. Pourquoi pas?
Voyons voir si toutes les gamines sont aussi frustrantes que cette garce de Misto. Je prends le premier train en direction de leur demeure dans le but d'accomplir leur mission. Je frappe à la porte, une dame obèse m'ouvre, les yeux plissés par son sourire inégal. Elle me fait entrer. J'entrai les mains dans les poches, je regardais rapidement les lieux. Elle me demandais si j'étais venu pour la requête. Et si je répondais que non? Elle réagirait comment la vieille? Maussade, je ne savais pas ce qui se passait chez moi ces temps-ci, mais je ne me sentais pas comme à l'habitude. Était-ce ces rêves qui me faisaient flipper? Je n'avais pas peur, je ne savais pas à quoi m'attendre, pourquoi cette sorcière me parlait comme ça et pourquoi les autres en avaient entendu parlé aussi. Je pris place dans un siège en attendant que le maître de la maison se présente, je soupirais et essayais de penser à autre chose. Une jeune fille fit son entrée et chuchota quelque chose dans l'oreille de la mère. Elle paraissait troublée quelques secondes, mais se reprit rapidement et me parla maintenant sans mystère:
Désirez-vous une tasse de thé... Monsieur?
Bière... je prendrais bien une bière.
Très bien, Coralie chérie? Peux-tu amener une bière au Monsieur s'il te plaît? Je me nomme Madame Taudia et elle, c'est ma fille Coralie. Mon mari a un empêchement et ne pourra pas être là, alors je vais vous expliquer ce qui doit être fait et la récompense qui vous attendra.
Alors la grosse m'expliqua que je devais accompagner leur fille à passer à travers un p*tain de désert aride. C'était quoi leur foutu problème? Ils peuvent pas envoyer le jardinier? Il me semble que ce serait moins risqué! Ma bière arriva enfin et j'en bus la moitié d'une traite tellement que j'avais soif. Elle m'expliqua aussi qu'à son retour, j'allais être bien récompensé... Nah, ça c'était ce que j'avais saisi, mais en fait, je devais récolter mes biens sur place là où la petite m'amènerait parce que je devais faire en sorte qu'elle soit capable d'y aller d'elle-même en tout temps et ce, sans danger... C'est quoi ce bordel?! Je faisais qu'acquiescer de la tête sans parler. Je terminai ma bière et me tins prêt à partir. La fillette vint me rejoindre dans le hall, habillée d'une mince robe et de sandales d'été. Ouais, je veux bien croire que c'est chaud, mais là, c'est n'importe quoi. Mettez-lui au moins un casque de vélo, histoire que je me sente un peu plus à l'aise...
Nous quittâmes le manoir. La gamine avait un panier en osier comme le petit chaperon rouge. Et moi j'étais qui? Le gros méchant loup qui veut bouffer la grand-mère?! Ah non, le chasseur. Ouais, le chasseur ça me va bien. Je me souris à moi-même, la petite me regardais bizarre, j'en avais rien à foutre. Elle marchait soudainement plus rapidement en direction du train. On se calme, comment je suis sensé la protéger si elle m'évite comme la peste?! Ses cheveux étaient ce qui avait de plus près. Je les agrippe pour la faire ralentir, elle pousse un cri de douleurs.
C'est quoi votre problème?!
Non... c'est quoi TON problème?
Ça vous arrive souvent de tirer les cheveux des fillettes?
Juste si elles s'éloignent trop quand je dois les protéger. Alors au pied, la petite.
Je vais le dire à ma mère!
Bah ouais c'est ça, dis-lui et elle t'enverra chercher l'ingrédient toute seule. Je sais pas, mais je trouve ça plutôt étrange comme situation...
Elle me fit une grimace, croisa les bras et fit la moue. Elle attendait que je m'excuse? Pfff jamais... Elle allait probablement se fatiguer de jouer la comédie. Elle était bien mignonne la petite, mais elle me faisait penser à Misto et elle avait le profil de la parfaite imbécile. Nous prîmes le train en silence, arrivâmes en silence et lorsque le désert était à notre portée, elle râlait déjà à cause de la chaleur. Et moi? J'avais un grand manteau de cuir et je ne disais absolument rien sur la température! Lorsqu'elle ralentissait, je lui donnais une poussée dans le dos... jusqu'à ce qu'elle tombe. Je me mis à paniquer et c'est là qu'elle se mit à rire en me disant qu'elle m'avait eu sur sa blague. Bien sûr, c'est très drôle sachant que je n'avais pas d'eau pour l'occasion. Le voyage se passait plutôt bien étant donné l'achalandage régulièrement nul du désert. Lorsque nous allions passer une frontière, deux sauvages jaillirent de derrière des cactus, lance à la main. Je levai les bras pour faire mon innocent et d'autres primates sortirent de leur cachette pour nous encercler. Ils étaient une vingtaine à nous menacer. C'était bien beau de vouloir les tuer en masse, mais je pouvais pas risquer la vie de la fille.
Du calme les gars! On peut certainement s'arranger, non?
Donnez-nous la fille! On manque de femelles!
Hm...
Je me tournais vers elle, comme si j'avais dans l'idée de leur donner et elle accumula un raz-de-marée de larmes dans ses yeux pour me convaincre du contraire. Je blaguais quand même, j'étais pas SI méchant que ça... Je me tournais vers le type plumé qui me paraissait leur Chef et répondis:
Non.
Alors faudra nous payer... beaucoup nous payer! À chaque passage!
Ça vous sert à quoi de l'argent dans le désert, sauvages?
Je crois qu'on s'est mal compris. Je parlais... de nous payer... en plaisirs!
EUH... Pas sûr de bien saisir là...
Je veux dire... Se payer ta tête! Si tu veux passer, il faut que tout le village rit!
... Je suis vraiment pas certain que...
Allez! Si tu réussis notre grand défi, on vous laisse passer toi et ta copine jusqu'à la mort! Vous n'aurez plus besoin de refaire ce rituel!
J'ai pas l'impression que ça serait super drôle pour moi ça...
L'homme d'âge avancé se frottait les mains ensemble comme s'il avait un plan machiavélique en tête et je n'aimais vraiment pas ça. Je suivis donc la troupe de sauvages un peu plus loin. Je ne savais pas où nous allions, mais plus nous avancions, plus il y avait de végétations. C'était étrange. Puis, nous arrivâmes près d'une oasis. C'était quoi cette rigolade pas drôle? Il me pointa le lac d'eau presque pure et me dit que je devais monter la grenouille. Je fis un pas de recul, encore plus mal à l'aise, mais il m'expliqua que je devais tenir le plus longtemps possible sur son dos, mais que d'abord, je devais la faire sortir de l'eau. J'espérais que l'amphibien soit plus gros que la paume de ma main... Je retirai mon manteau, mes bottes et mes bas et me jetai à l'eau pour trouver cet animal difforme. J'étais surpris de voir la profondeur de ce trou, mais je trouvais avec succès la grosse chose verte. Elle essaya d'abord de me dévorer, mais c'était en tranchant sa langue de mon Crow Claws qu'elle comprit qu'elle n'était pas un prédateur, mais une proie dans cette histoire. Elle nagea d'une vitesse incroyable, répandant son sang partout dans l'eau et moi j'essayais de la suivre de ma vitesse médiocre. Je fis en sorte de barrer de mon corps les issues possibles pour se rendre plus creux dans l'eau et elle sortit d'un saut spectaculaire. Je la suivis, quelques secondes plus tard. Je l'entendais se lamenter à l'infini. Je me mis à courir à sa poursuite, mais ses bonds lui donnaient un énorme avantage. Je fis donc allonger mon Crow Claw pour atteindre le haut de son dos, plantai ma lame et me donnai un élan pour que la lame m'amène sur son dos avec succès en la rétractant.
Je restais accroché solidement, même si elle se débattait comme un taureau. Ma lame déchira sa chaire, la rendant encore plus folle. La musique de fond était constitué des rires moqueurs et cruels de ces sauvages rieurs et moi, je commençais à avoir un de ces maux de cou*lles atroces à force de rebondir sur son dos. Je tenais bon en serrant fermement mes jambes autour de son corps et elle se calma, à bout de souffle et d'énergie. Je me laissai glisser tout en bas du gros animal et marchai les jambes écartées. J'ignorais leurs rires pendant que je me rhabillais péniblement. La tribus avait bien ri, mais maintenant, je devais amener la gamine à son poste de cueillettes. Pendant qu'ils riaient encore, je pris la petite par la main et la traîna plus loin. Nous arrivâmes à son truc et elle sortit ma récompense de son panier de chaperon. C'était elle qui avait me magot tout au long? Bordel... et je n'avais même pas pensé à fouiller dedans... Elle me remercia d'une grimace et je repartis en direction de la gare. Où partir? Je n'en avais aucune idée, mais chose certaine c'était que le destin ne faisait pas les choses aléatoirement. Justement, alors que je passais le tourniquet, un type de bonne carrure et aux tatouages me bloqua le chemin.
Yoo Senji, ça roule?
Mes yeux s'écarquillèrent d'eux-mêmes en voyant ce rassemblement de gens. Tous ces gens... ils étaient-là. Je laissai retomber mes bras mous de chaque côté de mon corps, j'étais sans voix... C'était trop... irréel...
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