Les yeux de Lund se posent sur la falaise. Le paysage est terriblement accidenté et les végétaux qui y poussent semblent être de la même matière que leur support. De la pierre. Les Montagnes de Jura sont austère à qui veut y accéder. Nous sommes dans la guilde d’Eagle’s Claw. Le quartier général des aigles est l’une des rares créations de l’homme à s’être adapté à la montagne. Le résultat est tombé. La guilde est toujours en « vie » alors que toutes bâtisses luttant contre le relief des Jura se sont effondrées. Le Saleight écoutait le bruit de ses pas sur le bois du plancher.

Eagle’s Claw possède en son sein, de nombreuses salles à vocations diverses. Souvent peu utilisé, car la guilde ne compte pas grand nombre de membre. Certains disparaissent au terme de mission. D’autres désertent. Pour ceux-là, leurs aventures s’arrêtent souvent brutalement. Tsukiyo ne fait pas de cadeau aux déserteurs. L’actuelle dirigeante des aigles ne fait jamais de cadeau en général. Lund sourit à l’évocation de la redoutable épéiste. Dans un combat à l’épée, elle le battrait à coup sûr. Lorsque le jeune mage l’avait rencontré pour la première fois, celle-ci avait essayé de le fendre en deux, afin de « tester » ces capacités. Peut-être l’Ogawa était-elle l’une des raisons du manque d’effectif de la guilde… Sa réputation faisait peur et les recrues n’osaient venir… C’était une possibilité. Bref, dans tous les cas, la guilde était vide, ce qui laissait à Lund tous le loisir de se choisir une salle pour s’entrainer. Car oui, l’entrainement était son objectif du jour. Il voulait devenir meilleur afin de pouvoir mieux servir sa guilde. Et surtout pour retrouver Emily. Pour l’instant, ses recherchent n’avaient rien donné. Mais Lund n’abandonnait pas pour autant. Il la trouverait. C’était un fait acquis.

Sa préférence se porta finalement pour une grande salle ouverte à la falaise, qui permettait d’admirer le Soleil se coucher le soir. Pour le moment, on était l’aube, et le Soleil commençait à pointer par-dessus les imposantes Montagnes qui protégeaient et cachait la guilde. Il y avait peu de vent, et Lund apprécia le redoux dû au Printemps. Lui qui détestait l’Hiver, le Printemps était pour lui une délivrance. Enfin, cette ouverture vers le vide permettrait au Saleight d’envoyer des attaques sans craindre de blesser une personne et de détruire la guilde. Il avança de façon à être au centre de la pièce et se concentra.

Lund se parlait seul et il en avait conscience. Ce genre de comportement conduisait en général à l’asile. Mais le Saleight se parlait afin de se concentrer. Une façon d’introduire sa nouvelle technique. Il lui fallait se laisser guider par son imagination et faire confiance à son inconscience. Etrange paradoxe. Il décida de passer en revue tous les sorts qu’il possédait pour commencer.

Son corps commença à muer en feuille de papier mais en gardant tous de même une consistance humaine. Les feuilles volaient autour de lui, l’entourant d’une sorte d’aura blanc. Il stoppa le sort, car il ne fallait pas oublier que cela lui coûtait beaucoup d’énergie.

Il créa un oiseau de taille moyenne, pour illustrer son propos.

Il ne prononça pas ses deux sorts restant, qui n’avaient pas de vocations offensives. Il lui restait maintenant à chercher. Une idée germa dans son esprit lorsqu’il se rappela son premier combat. Son adversaire, Timoty, un mage de vent, possédait un sort intéressant : Il envoyait une sphère d’’air comprimée vers son adversaire. Cette sphère explosait au contact d’un corps étranger. Lund pouvait-il imiter ce sort ? L’oiseau de papier, toujours dans sa main, le regardait. Il se mit à frémir et soudain se comprima en une minuscule sphère. Lund pointa ses deux mains vers la falaise et envoya la sphère. Celle-ci explosa au contact de la pierre. L’explosion était minime et ne ferais pas mal. Mais quand serait-il si Lund mettait d’avantage de papier dans le sort ? Le buveur de thé se leva et plaçant ses mains l’une sur l’autre, invoqua le pouvoir du papier. Il sentait l’énergie le quitter lentement mais résista, curieux de voir le résultat.

Une sphère de la taille d’un ballon de foot s’était formée entre les mains de Lund. Elle partit tel un boulet de canon vers le vide et percuta avec violence la falaise. Qui explosa, provoquant une avalanche de petite taille. Lund tomba à terre, le souffle court. Cela avait réussi mais le coup en énergie était énorme. Il lui serait probablement possible de réguler ce coup en variant les tailles de la sphère. Pour l’instant, il ne pensait qu’à une unique chose : Dormir.