Par où commencer ? Là, le gars qui change le foin de la jument de la ferme, c'est moi. Putain que j'étais petit à l'époque ! Dire que ce jour-là tout était encore tranquille dans ma vie. Bah ouais quoi. Je vivais dans une maison fixe. Je ne veux pas dire que ma maison en ce moment elle a un mur qui a des pieds et qui se balade tous seul non. Mais plutôt un logement. Là, je ne bougeais pas. Alors que maintenant, je ne vis pas au même endroit tous les mois. J'aime bouge qu'est-que vous voulez ?

Fichtre... je devais bien avoir quatorze ans là non ? Voir quinze aller !
Je vivais seul avec ma mère dans une ferme d'un des pays voisins de Fiore. Oui, mon père avait disparu et nous n'avions pas d'autres membres de la famille par ici. Enfin, on avait pas d'autres membres de la famille tout court. Ma mère me racontait que lorsqu'elle s'était mariée avec mon père, ils étaient tous les deux partis de Fiore pour acheter ces terres et créer un endroit où il pourrait vivre tranquille et élever des animaux. Par élever des animaux, je parle de véritable animaux, pas d'enfants... Enfin, il parait que quand j'étais petit j'étais une véritable pile électrique. Ouais, je cassais tout, je courrais partout, et à chaque fois que je rentrais chez moi le soir à l'heure du dîner, il fallait que je rentre sans ma casquette, sans une paire de chaussure, ou même couvert de boue. Je me souviens d'un jour où je m'amusais à passer derrière une vache qui levait la queue... Vous voulez un conseil ? Ne passez jamais ! Mais alors jamais ! Derrière une vache qui lève la queue...
Ouais bon bref, j'en es fini de vous dégouter avec mes histoires de gamins. Bref, ce gamin, c'est moi. Je vivais comme je vous l'ai dit avec ma mère, une ancienne mage retraitée. Elle avait quittée sa guilde lorsqu'elle avait appris qu'elle était enceinte de moi. Elle, elle contrôlait les rêves. Eh ouais. Le soir, je me faisais pas chier, je lui demandais de me concocter un magnifique rêve pour la nuit et c'est parti jusqu'à midi du lendemain !

Quelques jours après, je lui avais demandé une bien belle chose. Enfin, belle chose pour moi à l'époque. Je lui avais demandé si elle pouvait gentiment m'apprendre la magie des rêves.
Et je me souviens encore de ce jour où elle lâcha le torchon de la vaisselle sur la table, posa l'assiette dans le bac, et posa son index sur ma poitrine. Avec le sourire, elle me regardait, elle m'indiquait que la magie était déjà dans mon cœur. Bien enfouie. Après une courte discussion, j'appris de ma mère que c'était sa mère elle-même qui lui avait enseignée cette magie et qu'il y avait de fortes chances pour que cela soit héréditaire. Ouais, à l'époque je croyais que c'était une bonne chose ce qu'elle venait de me dire.
Mais pourtant.. ça allait arrêter, non pas ma vie, mais la sienne...

A présent, les matins restaient comme ils étaient. Tranquille, à dormir tard. Je prenais mon petit-déjeuné et attendais tranquillement le passage de midi. Après ça, elle tenait sa promesse. Oui, elle m'aidait. Depuis peu, elle m'apprenait son pouvoir, ses capacités, son passé...
Elle m'indiquait les différentes guildes possible. Les légaux qui sauvaient tout le monde. Ils me faisaient penser à mes petits jouets que j'avais quand j'étais petit ! Nan mais c'est vrai. C'était des petits blocs que je construisais et après, je donnais un bon shoot dedans contre le mur. Je m'amusais
Oui, bon, bref. Après, il y avait les illégaux. Des tueurs, des assassins, des voleurs. Et le reste, des guildes neutres. Pour leurs buts, elles étaient prêtent à tuer, à voler, à aider. Elles respectaient la justice jusqu'à en déformer les lois. J'étais surpris qu'elle en faisait partie...
Après de multiples explications sur la vie de mage, elle me disait de fermer les yeux. Je m'en souviendrai encore et encore, même si aujourd'hui pour moi s'en était devenu commun.
Lorsque je ré-ouvrais les yeux quelques secondes après, le paysage avait changé. Forêt, plage, montagne, volcan, ville fantôme, parc... Le paysage changeait à chaque fois. De beau à sinistre, elle me montrait l'étendu de ses pouvoirs. C'était étonnant, les rêves... ils devenaient réalité alors que j'étais éveillé.
Je progressais à une vitesse phénoménal. Un jour, elle m'amena dans sa ville fantôme. Elle me conseilla de m'asseoir à terre, et réfléchir, réfléchir, réfléchir longtemps... Bientôt, mon esprit fut projeté dans un autre rêve éveillé. J'étais encore dans celui de ma mère mais j'avais créé le miens dans ma tête. Un rêve... blanc. Le vide. Et plus je restais à me concentrer, plus il s'animait. Des particules de poussières apparaissaient toutes seules. Des nuages de brume noire venaient m'entourer. Et bientôt, elles disparaissaient sous forme de bâtiment. Et là, je fus expulser du rêve de ma mère. Elle me regardait avec un grand sourire. Je venais de comprendre... elle m'avait permis de copier son rêve éveillé pour l'utiliser seul...
C'est comme ça que ce rêve se plaça dans mon esprit, dans ma conscience. Il était là-bas, bien enfoui. Et quand je libérais le pouvoir qui sommeillait en moi, il prenait toute la place jusqu'à attirer vers lui les personnes qui se trouvaient près de moi. C'était le principe de ce pouvoir. En échange de mon âme comme pilier, comme habitat, il me donnait la clé de la porte pour l'appeler. Ce pouvoir, c'était désormais le miens.

Après des semaines d'entraînements, j'appris à contrôler des choses de ces mêmes rêves. Le plus impressionnant, c'est que, dans mes rêves, la nuit, j'avais le contrôle parfait. Avant, je suivais mon corps, ne pouvant choisir la suite de ce rêve qui se déroulait en moi, et là, je choisissais tout ce qui arrivait. C'était magique. Je ne m'en laçais pas.

Mais ce que je ne voyais pas arriver arriva... Contrôler une telle magie psychique aussi vite que ça commençait à me détruire. Non me détruire directement. Mais plutôt indirectement. Me détruire... à l'aide de ma mère.

Un jour, lors d'un entraînement, ma mère me montre du doigts la maison du voisin.
Elle me regarda, posant la main sur une de mes épaules, et me dit tout bas.

« Regarde lui là-bas. Il paraît que c'est aussi un ancien mage. »
« Et lui il contrôle quoi ? »

Et en riant haut, elle me disait qu'elle n'en savait rien. Moi je regardais son sourire... Dire qu'à l'époque, je ne savais pas qu'elle allait perdre la vie à cause de ce sourire... C'était... triste.

Oui, un soir, l'entraînement dura plus longtemps. Elle me montrait une de ses techniques pour que j'essaye de la copier. Puis, au plein milieu du rêve éveillé, elle arrêta tout. Elle me regarda et me dit qu'elle avait senti quelqu'un à l'entrée du terrain. Acquiesçant de la tête je lui disais gentiment que pendant qu'elle allait voir qui était à l'entrée de la ferme, j'allais donner le foin à la jument.

Quelques minutes après, alors que j'avais la fourche à la main, j'entendais des bruits de pas qui rentraient dans l'étable.

« Maman ? »

Les pas se rapprochaient de plus en plus et je n'avais aucune réponse. Je sortais du box de l'animal et je regardais autour de moi. Je voyais au fond du couloir de bois une ombre armée d'une lame... Putain maintenant que j'y pense je ne savais pas que ça pouvait être ça.. C'était.. ma mère.
Elle s'avança près de moi, et là, je me rappelle que je ne savais plus quoi faire. Qu'est-ce qu'elle faisait avec un katana à la main ?
Ses bras se levèrent, terrorisé, je savais qu'elle allait me trancher. Mais pourquoi ? Pourquoi elle ?
Je voyais son visage qui hésitait. Il forçait. Les plies de son visage montrait quelque chose d'étrange. On dirait qu'elle ne voulait pas porter ce coup. Et là, lorsqu'elle sentait qu'elle n'arrivait plus à laisser ses bras en l'air pour porter ce coup, elle lâcha une larme, s'excusa... et sans le remarquer, j'étais couvert de sang.
Ce n'était pas le miens... c'était le siens... un suicide.
Voir sa mère mourir devant-soi. Ce jour-là j'avais seize ans. Je sortais du terrain, en larme, prenant le katana que ma mère avait dans les mains. C'était celui qu'elle gardait accroché au mur du salon. Elle disait qu'il était à mon père... En larmes, j'allais sonner chez le voisin. Il ne répondait pas... Je me souviens encore aujourd'hui que j'avais défoncé la porte à coup de pied. Rentrant, je le regardais, sur son canapé. Me regardant, avec un léger sourire. Il avança sa main près de moi et un cercle magique en sorti.

« Bah alors petit. Ta mère c'est une bagarreuse dis-donc. Elle a réussi à se tuer elle-même au lieu de te tuer toi... Elle se fait pas contrôler facilement la conne.»

Et puis là les larmes coulaient de plus en plus. Contrôlée ? Je voyais défiler dans ma tête tous les rêves éveillés qu'elle m'avait montrée. Et là, des fils bleurs sortirent des doigts de ce pourri.

« Contrôlée... contrôlée... c'est vous ?»

Et là, sans rien dire, je me souvenais d'une seule chose. Avoir coupé sa main avec le katana. Elle tombait devant moi à terre. Je le regardais, perdant son sourire.

« Maintenant c'est au tour de la tête... Tu viendras plus faire chier grand monde après...»

Et comme je l'avais dit, la lame du katana se posa tranquillement sur le coup, et partie. La tête roulait à terre. J'avais envie de vomir... Mais la vengeance m'en empêchait. Je donnais un gros coup dedans et elle se fracassa contre le mur.
Toujours en larme, je sortis aux alentours de la ville, je rentrais dans la mairie et demandai d'enterrer le corps de ma mère tout au fond du jardin. Près de celui de mon père... Je n'avais rien expliqué. Les autorités ont dit avoir à faire à des meurtres en séries.
Aujourd'hui, je retourne souvent au plus profond du jardin. La propriété est toujours au nom de la famille, même si elle n'est plus utilisée par personne. Moi, je sillonne le monde... J'avais gardé ce katana en souvenir de tout ce passé médiocre. Dire que je ne sais toujours pas pourquoi ce bouffon à tuer ma mère...

Et puis un jour j'ai rencontré un homme. Ou une femme. Je ne saurai pas du tout le dire. C'était un humain déjà. Enveloppé d'une cape noire complètement dévastée par les mythes. Elle était moche et toute abîmée. En mauvaise état... Ce rigolo a voulu me demander de l'argent pour pouvoir aller acheter de l'alcool. En refusant, il a voulu essayer de me tuer avec son petit canif de cinq centimètres. Croyant que ce petit bouffon rigolait je me suis laissé faire. Et l'erreur fût qu'il me trancha la peau de l'épaule. J'ai essayé de le remercier. Je lui est tranché l'épaule. Mais complètement.
Ce soir là ce que je n'avais pas remarqué c'est qu'une autre personne portant une grande et magnifique cape mauve se trouvait dans une des ruelles sombres voisines et avait savouré la scène de tout son long. Quelque semaine après, je reçu un étrange papier sous le pallier de ma porte. Cette personne m'avait suivi. J'en étais sûr. Il n'y avait aucune présentation. Juste un "Veux-tu nous rejoindre ?" et une jolie demande de meurtre...