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Les voleurs de nuit redoutent les réverbères
 MessageSujet: Les voleurs de nuit redoutent les réverbères   Les voleurs de nuit redoutent les réverbères EmptyDim 8 Avr - 16:59

Anonymous
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Spoiler:
Le rythme des cliquetis du train changea progressivement, à mesure qu'il décélérait. Les passagers rassemblèrent leurs affaires en toute hâte et s'approchèrent de la sortie. Je parvins tant bien que mal à me glisser parmi eux, en prenant soin de garder Herbie près de moi.
Chaque rame de ce train était entourée de larges vitres, permettant à tout le monde d'observer l'intégralité du paysage qui défilait. Je restai bloqué plusieurs secondes sur la vitre avant, derrière laquelle se dessinait une grande maison. Nous nous dirigions droit dessus.
Lorsque nous ne fûmes plus qu'à quelques mètres, je vis un sceau magique apparaître au centre du mur, le forçant à s'entrouvrir pour nous laisser passer. Une fois la rame de l'autre côté, je me retournai et constatai que la maison était toujours intacte. C'était un moyen simple de ne pas détruire une partie de la ville pour y laisser passer le train, c'était une utilisation intelligente de la magie. Pourtant, je ne pus m'empêcher de me demander pourquoi l'on avait choisi cette solution, alors qu'ils eût été tellement plus simple de passer à côté.
Je passai les dernières minutes à contempler le paysage qui m'entourait. La ville était belle, incontestablement, et tout était à sa place. Les rues étaient agencées de manière à n'enfermer personne, et chaque bâtiment donnait sur un lieu de rassemblement.
Le trajet du train se termina sans encombre, coupant en deux une dizaine de bâtiments avant de les rassembler. La foule se dispersa lorsqu'il fut arrêté, et je fis mes premiers pas dans la ville qui allait être ma nouvelle demeure : Oak Town.

La gare donnait sur un parc parfaitement entretenu, où un groupe d'enfants s'amusaient à courir en prétendant utiliser toutes sortes de magies farfelues.
_ Tu ne peux plus m'atteindre ! lança le premier en bougeant ses bras de haut en bas. Mes ailes de lion me permettent de m'envoler si haut que tu ne peux même pas me voir !
_ Pff, répondis calmement le deuxième. Grâce à ma maîtrise de la gravité, tes ailes de lion resteront bloquées au sol par ma simple volonté.
J'observais attentivement la scène. Deux autres enfants ne tardèrent pas à intervenir, poussant l'histoire qu'ils construisaient dans le vice le plus total.
_ Ah ah ! fit le troisième. Quelles que soient vos magies, vous ne pourrez rien lorsque j'aurai invoqué ma super-arme ! Prenez garde au terrible dieu Zilla !
_ Ce n'est pas juste, intervint la seule fille du groupe en le coupant dans son élan, tu inventes toujours des pouvoirs surréalistes. Tu es censé être constellationniste, pas vrai ? Alors tu ne peux invoquer que des constellations !
_ Tu peux parler, tu te protèges toujours avec un casque en bois sorti de nulle part. Si tu restais logique, ton casque aurait été détruit depuis notre premier combat !
_ J'en ai tout un stock en rechange, répliqua la fillette.
Le troisième garçon se renfrogna. Il prit quelques secondes pour réfléchir, sans doute à la recherche du meilleur moyen d'enfreindre le règlement d'un jeu qui semblait pourtant sans limite.
_ Très bien ! lança-t-il brusquement. Si je ne peux invoquer que des constellations, alors il suffit que je décide de créer mes propres constellations pour pouvoir les invoquer. Revenez ce soir, je vous montrerai où se trouve la constellation du dieu Zilla... quand j'aurai moi-même décidé où elle se trouve.
Je me décidai à avancer, passant outre les moqueries des enfants à l'encontre du pauvre constellationiste. Herbie m'emboîta immédiatement le pas.
_ Sérieusement, la gravité ? me demanda-t-il ironiquement après quelques pas. Ces gosses n'ont rien trouvé de mieux que de prétendre maîtriser un pouvoir aussi complexe et hors de portée que la gravité.
_ Tu ne peux pas leur en vouloir, répondis-je en souriant devant son exaspération. J'aurais aimé pouvoir avoir des rêves comme les leurs.
_ Consternation ! Je m'en fiche, la magie ne devrait exister que pour améliorer le monde, ou alors elle devrait ne pas exister. Il n'est pas normal que... Quoi ?
Herbie cessa son explication à la vue de mon visage déconstruit. Il tourna la tête et regarda dans la même direction que moi, vers un snack à la devanture étrange, de l'autre côté du parc.
_ Je ne reconnais pas ce genre d'endroit, fis-je en espérant que cette discussion allait lui faire oublier le sujet précédent. Qu'est-ce tu penses que ça peut être ?
Herbie continua de marcher à mes côtés, observant le petit commerce avec attention. Je n'avais jamais posé de question à laquelle il n'avait pas su répondre, et la durée de son silence était généralement proportionnelle à celle de sa réponse. Espérant éviter ce que je redoutais, je tentai une proposition.
_ Il y avait un jeu auquel je jouais, à Aesir. On lançait un disque et l'autre devait le rattraper... Le dessin de cette boutique ressemble à ces disques.
_ Explication, il s'agit d'un met culinaire particulièrement apprécié des locaux, principalement conçu à partir de produits fermiers. J'estime qu'il existe environ soixante-deux recettes différentes permettant d'aboutir à un résultat similaire, dont les différentes variables sont les proportions, le temps de cuisson et, bien sûr, l'éternel fantasme de l'amour que porte le cuisinier à son plat.
Il poursuivit en pointant du doigt le plat sur la devanture du snack. J'aperçus au loin un panneau qui mentionnait le nom de ce plat : "omelette".
_ Hypothèse, l'analyse détaillée des caractéristiques de ce produit ne correspond à aucune des soixante-deux recettes connues. Ce qui m'amène à penser qu'il s'agit très probablement d'un leurre.
_ Un leurre ? répondis-je, étonné. De quel genre ?
_ Létal.
Il s'empressa d'ajouter, se forçant de n'oublier aucune possibilité :
_ Dans une optique moins pessimiste, l'ingestion de ce produit pourrait n'entraîner que des maux de ventre et quelques flatulences. Est-ce que vous souhaitez que l'on aille la goûter ?
Nous passâmes devant la boutique, le regard absorbé par les différents types d'omelettes présentées tout autour. Le chef nous fit un signe de la main, nous incitant à venir passer commande auprès de lui. Effrayé à l'idée de manger l'un de ces disques, je fis mine de ne pas le remarquer et me tournai en direction de la rue qui commençait.

Il s'agissait de l'une des artères principales de la ville que j'avais pu apercevoir depuis le train. Elle était inondée de crieurs, marchands et charlatans en tous genres.
Je n'avais jamais vraiment connu de ville à proprement parler, la Cité d'Aesir n'était qu'une vaste plaine où s'étendaient des dizaines de propriétés individuelles, mais il y avait très peu d'édifices ou d'endroits qui faisaient se retrouver les habitants. Les marchands ne parvenaient à s'entendre que par conglomérats, de sorte que deux concurrents ne pouvaient cohabiter pacifiquement si ils étaient trop proches l'un de l'autre.
La rue que j'arpentais me donnait d'Oak Town l'image rigoureusement opposée. Les badauds se bousculaient dans un tumulte qui rendait le lieu vivant, et les marchands, bien heureux d'être à ce point demandés par leur clientèle, n'osaient pour rien au monde critiquer les concurrents qui fleurissaient tout autour d'eux.
Je vis le pas d'Herbie ralentir et son regard balancer un nombre incalculable de fois de droite à gauche.
_ Herbie ?
_ Tout va bien, me répondit-il précipitamment, continuons.
Les gens eux-mêmes étaient étranges. Mon attention se focalisa sur leur style vestimentaire que je trouvais particulièrement désordonné, jusqu'à ce que je réalise qu'un certain nombre de passants attardaient exagérément leur regard sur moi. A en juger par l'attitude de plus en plus inquiète d'Herbie, il avait très certainement la même impression désagréable.
L'un des marchands quitta son étalage et se dressa sur mon chemin, m'interpellant d'une voix rauque.
_ Oï, gamin ! Est-ce que cette créature est à toi ?
J'ignorais où allait m'amener cette conversation, mais je sentais déjà une forme de pression s'accumuler sur mes épaules, tandis que des murmures s'étendaient parmi la foule.
_ Tu n'aurais jamais dû revenir ici ! s'exclama l'un des marchands en s'approchant de moi.
Rapidement, une dizaine d'entre eux s'étaient rassemblés autour de moi, je vis dans leur regard qu'ils s'apprêtaient à m'attaquer, sans même que je ne comprenne pourquoi.
_ Il y a erreur, tentai-je vainement, c'est la première fois que je viens dans cette ville, je...
_ Interruption, coupa sèchement Herbie. Ils n'en ont pas après vous, Maître.
L’un des hommes tendit le bras d’un geste brusque. Herbie se réfugia derrière moi, s’exposant du même coup à un autre groupe qui s’approchait aussi. Sans réfléchir, je le pris dans mes bras et je fonçai tête la première en direction du plus petit du groupe. Surpris par ma réaction soudaine, il ne parvint pas à m'empêcher de le bousculer. Je pris mes jambes à mon cou sans même réfléchir à l'endroit où j'allais.
Les murmures laissèrent place aux cris, plusieurs passants pressèrent le groupe d’hommes de partir à ma poursuite. Rapidement, le volume des cris diminua, mes jambes semblaient fonctionner sans que je n’ai besoin de les contrôler, mais je n’osai pas me retourner pour évaluer l'avance que j'avais réussi à prendre.
_ Incompréhension ! hurla soudainement Herbie. J’ai beau chercher, je n’ai pas la moindre idée de ce qu’ils peuvent me reprocher !
Il parlait avec la voix cassée de quelqu’un qui crie pour cacher ses larmes. Je ne l’avais jamais vu pleurer, ni même manifester une émotion qui aurait pu s’apparenter à de la tristesse. Vraisemblablement, ne pas comprendre quelque chose était l’idée qui lui était la plus insupportable.
Je tournai dans une ruelle transversale, espérant y trouver un quelconque moyen d’échapper à mes poursuivants. Quelques secondes plus tard, ceux-ci firent de même et s’arrêtèrent brusquement.
_ U… Une impasse ! fit l’un des hommes en bégayant.
_ C’est impossible ! continua un autre. Comment a-t-il pu s’échapper ?
_ Il ne doit pas être bien loin ! Cherchez-le partout, 100.000 jewels à celui qui me l’apportera !
Ma cachette était loin d'être parfaite, j'avais moi aussi été piégé par cette impasse. J’ignorais s’ils étaient motivés par la récompense ou l’idée de capturer Herbie, mais rien ne semblait plus pouvoir les empêcher de nous atteindre. Ma respiration s’arrêta lorsque j'entendis l'un des hommes s'approcher du container dans lequel je m'étais engouffré. Si par chance ils n'avaient pas l'idée de rechercher à l'intérieur, le moindre son me trahirait de toute façon.
Mon eldorado était devenu une ville où ma tête était mise à prix, quelques minutes seulement après mon arrivée. Je ne pouvais pas supporter l'idée que mes rêves puissent se transformer en cauchemars. Heureusement, je n'avais pas de rêves.
Le temps se figea.


Spoiler:
 MessageSujet: Re: Les voleurs de nuit redoutent les réverbères   Les voleurs de nuit redoutent les réverbères EmptyLun 9 Avr - 17:49

Anonymous
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Le temps se figea.
Ces hommes en avaient après Herbie, après moi, et je pouvais distinctement entendre l'un d'eux s'approcher de notre cachette, jusqu'à poser ses mains sur le container dans lequel nous nous trouvions.
Je sentis un frisson de chaleur parcourir mon corps, réveillant sur son passage le moindre de mes muscles, jusqu'à venir se loger dans le creux de mes mains. L'essence d'une magie longtemps disparue, le pouvoir de changer les choses, d'imposer une volonté à tout un chacun. Le pouvoir de vaincre.
Ce n'était pas mon pouvoir. Ce n'était pas ma volonté. Je n'étais qu'un enfant effrayé devant la puissance d'une magie que le Temps m'avait imposé. Je vis, impuissant, la lumière arriver jusqu'à moi, à mesure que la porte du container s'ouvrait.
L'homme qui nous avait découvert scruta longuement le container, fuyant mon regard apeuré.
_ Il n'y a rien ici ! dit-il finalement à ses compagnons, résigné.
_ Vous pensez qu'il a pu escalader ce mur en si peu de temps ?
Pourquoi...
_ C'est impossible, il n'avait que quelques mètres d'avance sur nous.
_ On en aurait ne coeur net si vous aviez réussi à rattraper ce morveux !
Pourquoi !
_ Eh, murmura l'un des hommes à un deuxième, tu penses qu'on peut quand même demander une partie des 100.000 jewels ?
_ Qu'est-ce que tu racontes !? On n'a même pas attrapé un seul de ses cheveux, pourquoi penses-tu qu'on nous donnerait la prime ?
Pourquoi font-ils comme si je n'étais pas là !?

J'étais stupéfait et tétanisé. Cette impasse aurait dû sonner ma fin, mon seul espoir avait été de me cacher dans l'un des deux containers accolés contre un mur de plusieurs mètres de haut, avec l'espoir fou que personne ne viendrait y mettre son nez.
Les six hommes qui m'avaient pris en chasse partirent l'un après l'autre, mais je restai calfeutré dans ma cachette pendant quelques minutes, de peur qu'ils ne réalisent leur erreur. Dès qu'ils furent suffisamment éloignés, Herbie sortit le premier.
_ Hypothèse, commença-t-il, il est possible que l'homme qui a regardé dans notre cachette nous ait protégé.
_ Pourquoi aurait-il fait ça ? répliquai-je sèchement. Il avait l'air aussi déterminé que les autres, et il ne nous a pas directement regardé ni adressé le moindre geste. C'est comme s'il avait regardé à travers nous...
_ Approbation... Il ne reste qu'une possibilité.
Il n'avait pas besoin de me l'exposer, je ne la connaissais que trop bien.
_ La Source des Temps, murmurai-je.

Herbie m'avait parfaitement compris, mais il ne semblait pas trouver les mots pour me rassurer.
_ Sortez immédiatement de là ! hurla soudainement quelqu'un, nous faisant sursauter.
Herbie commença par se réfugier derrière mes jambes, comme il le faisait chaque fois que quelque chose l'effrayait. L'assurance qu'il était capable de montrer lorsqu'il avait un différend intellectuel avec quelqu'un n'était plus qu'un souvenir dès lors qu'il s'agissait de se battre ou de faire face à l'inconnu. A ma grande surprise, il fit marche arrière et s'approcha du nouvel arrivant.
_ Qui es-tu ? demanda-t-il simplement en le pointant du doigt.
Je compris alors ce qui le motivait. Les deux côte à côte étaient pratiquement indissociables, on aurait pu les prendre pour deux frères. Je savais qu'Herbie n'avait pas de famille, et je le soupçonnais d'ailleurs de ne jamais montrer de sentiments pour cette raison. Mais l'apparition soudaine d'un être qui lui ressemblait tant, si loin de chez lui, devait le troubler au plus profond de lui-même. Etrangement, le petit être semblable à Herbie recula à mesure qu'il s'approchait de lui. Lorsqu'il fut suffisamment éloigné, quelqu'un apparut derrière lui.
C'était un adolescent semblable à ceux que j'avais pu apercevoir depuis mon arrivée, à ceci près que celui-là semblait bien plus frivole que les autres. Les mains dans les poches, il s'arrêta à hauteur de son compagnon et m'adressa un large sourire. Je voulus m'avancer à mon tour vers lui, mais je réalisai que je n'avais pas encore quitté le container qui nous avait protégé.
_ Je suis désolé, lança-t-il en riant, il est parfois un peu maladroit lorsqu'il s'agit de communiquer. Je m'appelle Giskard, et voici mon partenaire Robbie.
_ Robbie ? fit Herbie en écarquillant les yeux.
_ Giskard-sama s'est présenté à vous, et vous ne lui répondez pas !?
_ Désolé, désolé ! répondis-je précipitamment.
_ Ne vous inquiétez pas, il finira par se calmer. Robbie, pourquoi n'irais-tu pas monter la garde un peu plus loin ?
_ Oui, Giskard-sama.
Je vis Robbie s'éloigner, jetant de temps à autres quelques coups d'oeil derrière lui pour vérifier que nous ne nous en prenions pas à Giskard. Lorsqu'il eut disparu, le soulagement d'Herbie fut perceptible.
_ Je vais vous expliquer, commença-t-il. Robbie a peur que mon pouvoir ne suffise pas à me protéger. Je suis un mage.
_ Un mage ?
_ Oui.
Il s'avança, passa entre Herbie et moi puis ouvrit à son tour le container dans lequel nous nous étions cachés un peu plus tôt.
_ D'ailleurs, je crois savoir que vous avez déjà eu un aperçu de mes capacités.
_ La poubelle, bafouillai-je sans comprendre, c'est toi qui nous a protégés quand ces hommes nous recherchaient ?
C'était impossible. J'avais clairement ressenti l'influence de la Source, tout comme j'avais senti son essence monter en moi, c'était un pouvoir incontrôlable. Je ne pouvais pas m'être trompé à ce point. Peut-être que la Source avait détecté la présence d'une autre forme de magie et qu'elle avait stoppé d'elle-même son activation. Il n'y avait qu'une seule manière d'en avoir le coeur net.
_ Quelle sorte de magie pratiques-tu ? Quel est ton pouvoir !?
Herbie se retourna vers moi, ne comprenant pas pourquoi je m'étais soudainement énervé. Giskard se mit à sourire.
_ Je vais te répondre, pas de problème. Dites, monsieur Herbie, voudriez-vous grimper dans ce container de nouveau ?
Je fis signe à Herbie d'accepter sa requête et le vis escalader un container deux fois plus grand que lui, tant bien que mal.
_ Interruption, fit-il soudainement. Avant de commencer, ne m'appelle plus jamais "Monsieur Herbie".
Il se jeta à l'intérieur du container. Giskard me fit signe de m'approcher. Je m'exécutai, et lorsque j'arrivai à hauteur du grand container, je ne vis rien d'autre à l'intérieur qu'une pile de sacs poubelle maladroitement empilés les uns sur les autres.
_ Comment...
Hiding Magic - Fukkou

Lentement, les contours du container se déformèrent sous mes yeux. Une sorte de voile invisible s'envola, révélant Herbie qui attendait patiemment la fin de la démonstration.
_ C'est incroyable, fis-je machinalement en sortant Herbie du container. Tes illusions sont très réalistes, je comprends pourquoi les hommes qui nous cherchaient se sont laissés prendre. Mais pourquoi utilises-tu tes pouvoirs sur ce genre d'objets, tu pourrais rejoindre une guilde et gagner de l'argent !
_ Je le pensais également, lorsque j'ai découvert que je possédais ce pouvoir, je me suis installé sur la place d'Oak Town et j'ai mis en place un certain nombre de tours de passe-passe spectaculaires en utilisant Robbie. Les gens n'arrivaient pas à comprendre comment je réuissais à le faire disparaître, mais tout ce que j'avais à faire, c'était de trouver des décors et des mises en scène qui rendaient le tout plus impressionnants. La partie la plus complexe pour eux était en réalité un vrai jeu d'enfant pour moi.
Giskard baissa les yeux, je vis Robbie revenir à petits pas.
_ Giskard-sama, fit Robbie, vous n'êtes pas obligé de tout leur raconter.
_ Non ! répliqua sèchement Giskard. Je dois le faire, ils sont comme nous...
Robbie monta sur son épaule tremblotante. Le lien qui les unissait était le même que celui qui nous unissaient, Herbie et moi. Non, c'était autre chose, ils étaient plus proches encore.
_ Nous étions acclamés d'un bout à l'autre de la ville, il n'existait pas une personne qui n'avait jamais assisté à l'un de nos tours. Malheureusement, ce succès fut éphémère. Les gens se lassèrent, petit à petit, et commencèrent à nous délaisser pour découvrir de nouveaux phénomènes de foire. Au fil du temps, il est devenu indispensable pour nous d'utiliser cette capacité à d'autres fins.
_ Supposition, vous avez volé ces marchands ?
Giskard ne répondit pas, mais je savais qu'Herbie avait vu juste.
_ Dis, Oron. Est-ce que je peux te demander un service ?
_ O... Oui, fis-je en hésitant.
_ Nous cherchons à quitter la ville, Robbie et moi, mais il nous reste une dernière chose à faire. Il y a trois jours, nous avons été pris en train de voler des fruits, et l'un des marchands qui nous a poursuivi est parvenu à me rattraper. Il m'a dérobé le seul souvenir qu'il me reste de mon père, un bracelet. Il l'expose maintenant avec le reste de son étalage... J'aimerais que tu ailles le récupérer pour moi.
Le larcin n'était pas vraiment la méthode que j'avais envisagé pour m'intégrer à la cité, mais une partie de moi comprenait Giskard, et j'étais persuadé qu'Herbie ressentait la même chose vis-à-vis de Robbie.
_ C'est d'accord, répondis-je calmement.
Giskard se retourna et me remercia d'un large sourire, Robbie fit de même avec Herbie.
_ Lorsque tu auras réussi, tu n'auras qu'à revenir ici, j'utiliserai ma magie pour te permettre de te cacher, comme la première fois. Tout se passera bien.

...
Deux heures plus tard, Herbie fut le premier à revenir dans l'impasse où nous nous étions donnés rendez-vous. Il y trouva Robbie, seul à attendre devant les containers enchantés.
_ Herbie ? Je pensais que vous reviendriez en étant poursuivis, comment avez-vous pu...
_ Déclaration ! fit Herbie. Votre activité illégale s'arrête ici, nous savons que vous avez cherché à vous débarrasser de nous en nous faisant repérer à votre place. Particulièrement toi, Robbie, tu comptais sur notre ressemblance pour que les marchands nous confondent et que je me fasse prendre à ta place. Dès notre arrivée ici, Giskard aurait désactivé la protection magique des containers et nous aurions été contraints de nous rendre. Oron sera là dans quelques secondes, et tout un tas d'hommes impatients de connaître les véritables auteurs des larcins de ces dernières semaines.
Robbie se mit à rire aux éclats, puis répondit.
_ Je suis désolé de te décevoir, demi-moi, mais ton plan a échoué. Nous savions que vous ne tiendriez pas parole et que vous finiriez par vous retourner contre nous. C'est pourquoi Giskard-sama n'est pas ici, il est déjà en train de mettre en oeuvre notre prochaine opération.
_ C'est rassurant, dit Herbie, car je t'ai menti. Je suis le seul à être revenu, Oron est déjà aux trousses de ton maître Giskard.
_ Quoi !?
_ Satisfaction, ma victoire intellectuelle ne fait plus aucun doute.

Au milieu du parc, Giskard se retourna et m'adressa un sourire plein de haine. Je le regardai fixemment, attendant de voir qui de nous deux aurait à porter le premier coup.


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 MessageSujet: Re: Les voleurs de nuit redoutent les réverbères   Les voleurs de nuit redoutent les réverbères EmptyVen 13 Avr - 19:24

Anonymous
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Herbie et Robbie se faisaient face. Chacun avait imaginé un plan permettant à son partenaire de prendre l'ascendant sur l'autre, mais il était maintenant évident qu'Herbie et moi avions gagné la première bataille.
_ Ta victoire intellectuelle ? reprit ironiquement Robbie. Nous espérions que vous seriez assez naifs pour suivre nos indications à la lettre et revenir ici après vous être fait prendre. Cependant, ça n'a jamais été notre première hypothèse. Il était évident que notre ressemblance et le type de pouvoir de Giskard-sama vous amènerait à conclure que nous étions les auteurs des vols qui vous avaient valus d'être pourchassés. Si nous n'avions pas agi, vous auriez inévitablement fini par nous dénoncer, alors nous avons préféré vous pousser à découvrir notre véritable identité.
"En jouant de cette manière, poursuivit Robbie, vous n'aviez plus que deux options qui s'offraient à vous : nous accorder une confiance aveugle et vous faire attrapper à notre place, ou vous méfier de nous et mettre au point un plan destiné à nous arrêter. Dans les deux cas, nous étions préparés à vous affronter.
_ Rectification, répondit calmement Herbie, tu te trompes sur un point. Nous avons toujours le choix de suivre notre propre route.
_ Que veux-tu dire, demi-moi ?
_ C'est simple. Giskard ne vole pas les marchands lui-même. En fait, je ne suis même pas certain qu'il soit capable de commettre un quelconque méfait de lui-même, il te pousse à le faire. C'est pour cela que j'ai été pris en chasse dès mon arrivée dans la ville, tous les marchands te connaissent et se méfient de toi, mais ils ignorent que tu travailles pour quelqu'un d'autre.
"Giskard utilise sa magie de dissimulation sur les objets environnants comme les containers pour que tu puisses te cacher et semer tes poursuivants. Tout était fait pour que ce soit toi qui l'utilise, Giskard n'a jamais eu la moindre intention de nous protéger. Mais lorsque j'ai été pris en chasse, nous nous sommes cachés à l'intérieur sans savoir que le container était soumis à ce pouvoir... en tout cas pas consciemment.
_ Tu sous-entends que ton Maître pourrait avoir inconsciemment détecté la présence d'une forme de magie, et qu'il se serait laissé guider jusqu'à elle ?
_ Précisément, nous n'avons pas immédiatement compris quelle était la nature de la force qui nous avait sauvé, et c'est pourquoi nous vous avons accordé une confiance aveugle. Comme tu l'as dit, il vous est rapidement venu à l'esprit que notre arrivée pouvait vous être utile, et ce pour une simple raison: si nous nous faisions prendre à votre place, tu aurais définitivement pu arrêter cette activité. Si les marchands nous avaient arrêté, tu aurais à nouveau pu circuler librement dans la ville, et avoir des relations normales avec les gens.
_ Ridicule ! Giskard-sama n'a jamais eu envie d'arrêter, il a toujours utilisé ses pouvoirs pour...
_ Interruption, tu ne m'as pas bien écouté. Je ne parle pas de ce que ton partenaire veut ou ne veut pas faire de sa vie, je ne te parle que de tes propres ambitions.
_ C'est absurde, reprit Robbie, je réalise tous mes actes dans l'intérêt de Giskard-sama.
_ Je l'admets, mais ce n'est pas parce que tes intérêts et les siens vont dans le même sens que vous êtes obligés de partager le même objectif. Là où il voulait se débarrasser de nous pour éviter les ennuis, tu voulais simplement que je prenne ta place pour te permettre de t'échapper. Pourquoi crois-tu qu'il t'a laissé en arrière, à l'endroit où nous risquions de ramener ceux qui ont mis ta tête à prix ? Qu'aurais-tu fait si nous avions marché et que j'avais réellement été suivi en venant ici ?
_ Il serait revenu m'aider.
_ Non ! Tu l'as dis toi-même, Giskard est parti mettre un autre de ses plans en place, probablement pour contrer mon propre partenaire. Tu ne lui es plus d'aucune utilité, alors il t'a laissé derrière pour leurrer ses ennemis, quels qu'ils soient.
_ Ça suffit, j'en ai assez entendu !
Robbie se mit à courir en direction d'Herbie, le bras droit vers l'arrière et le poing serré.

Dans le même temps, le poing droit de Giskard fondit sur moi et m'envoya au sol, quelques mètres plus loin.
_ Tu es ridicule, me lança Giskard. Je n'ai même pas besoin d'utiliser de magie pour t'envoyer au tapis. Essaye au moins de résister, ou notre petite entrevue risque de connaître une fin prématurée.
Je me relevai sans répondre et me lançai brutalement à l'assaut. Dire que ses capacités de mage dépassaient les miennes était déjà un euphémisme, la force brute était une solution alternative. Toutefois, je regrettai d'être moitié moins doué en combat à mains nues qu'en magie, particulièrement lorsqu'il bloqua d'une main un coup dans lequel j'avais placé toute ma force. Mon bras droit entravé, je tentai dans un dernier assaut de le surprendre d'un coup de la main gauche. A nouveau, ma tentative fut un échec.
_ Ne me fais pas rire ! lança Giskard en m'envoyant au sol.
Je me relevai une fois encore, sas prêter attention aux blessures qui commençaient à envahir une partie de mon corps, la seule chose d'importance était de trouver un moyen de riposter.
Machinalement, je fermai les yeux.
_ Qu'est-ce que tu as ? me demanda Giskard, surpris par ma décontraction soudaine. Tu ne cherches plus à m'atteindre ?
Comme prévu, l'orgueil de Giskard fut touché par l'absence de réponse et il se précipita sur moi. Son coup allait être celui de quelqu'un dont la volonté profonde était de faire mal, d'aller chercher l'arrogance de son adversaire. Sachant cela, il allait très certainement viser un point symbolique, un point qui m'empêcherait définitivement de me moquer de lui si tôt qu'il l'aurait touché.
Les yeux toujours fermés et guidé par le son de ses pas qui approchaient, je parvins à parer sans difficulté le coup qu'il porta à hauteur de ma tête.
_ C... Comment ? bégaya-t-il.
_ Le maître des magiciens, pris en défaut par un simple tour de passe-passe.
Je profitai de ce moment de flottement pour porter ma première attaque directe, envoyant mon poing s'écraser contre son visage étonné. Saisissant ma chance, je tentai de porter immédiatement une nouvelle attaque.

Hiding Magic, Shissou

Il disparut devant moi, aucun de mes sens ne me permettait de le retrouver, pas le moindre indice sur la direction à prendre. Soudain, Giskard poussa un cri et réapparut dans mon dos. Je me retournai maladroitement, esquissant un geste pour me défendre du mieux que je le pouvais. Un instant plus tard, il avait de nouveau disparu, puis se retrouva sur ma gauche. Emporté par mon élan, mon bras tournoya dans le vide, jusqu'au moment où Giskard me frappa et m'envoya au sol pour la troisième fois.
Ouvrant les yeux après quelques instants d'absence, je vis un nombre anormal de personnes tout autour du parc.
_ Tu vois ! me lança Giskard en se tournant vers la foule. Les gens sont les mêmes, peu importe le pays. Tous se passionnent pour les combats en plein air, c'est un spectacle qui ne saurait lasser aucun d'entre eux. Notre sang n'est pour eux qu'une touche de couleur apportée au tableau qu'ils regardent. Beaucoup d'entre eux sont surement en train de verser quelques larmes en te voyant ainsi, gisant au sol et espérant que quelqu'un viendra t'aider.
La foule fut soudain prise d'un "Oh" largement audible, coupant Giskard dans son discours. Il se retourna à plusieurs reprises, sans parvenir à me localiser.
_ Tu es moins doué que tu ne le crois, Giskard. Un bon acteur ne commente pas les réactions du public alors qu'il est encore sur scène, particulièrement lorsque la fin de la pièce n'a pas encore été décidée.
_ Ah! fit-il. Je ne me laisserai pas avoir par ce genre de fourberie !
Giskard donna un grand coup à l'endroit où il s'était lui-même rendu invisible, quelques secondes auparavant. A sa grande surprise, aucune résistance ne vint s'opposer à son bras.
_ Qu'est-ce que...
J'apparus à mon tour derrière lui, profitant de sa naïveté pour le frapper de tout mon poids. Lorsqu'il se releva, j'avais déjà disparu.
_ J'avais vu juste. Tu n'es pas capable de voir ce qui est dissimulé à l'aide de ta propre magie. Tu as cru que je m'étais caché au même endroit que toi parce que c'est le seul que tu m'avais montré. Mais comme je le pensais, tu as préparé le terrain avant mon arrivée et soumis la plupart des objets qui nous entourent à ton sortilège de dissimulation.
Giskard se redressa et tapota maladroitement contre sa veste pour en faire tomber la poussière qui s'y était accumulée lors de sa chute. Il se mit alors à faire les cent pas tout autour de la zone où nous venions de nous affronter, jetant parfois un coup d’œil en direction d'un rocher, d'une poubelle ou d'un banc.
L'avantage que j'avais pris en utilisant son pouvoir contre lui était éphémère, je savais que je le perdrai si tôt qu'il déciderait de changer les règles. Je restai donc camouflé, à l'abri de l'autre côté de la fontaine au centre du parc.
_ Il y a une question que je veux te poser, annonça-t-il sans savoir par où allait venir la réponse. Ton partenaire et le mien se ressemblent, j'imagine que cela ne t'a pas échappé.
Je ne répondis pas, le moindre bruit lui indiquerait ma position et accélérerait le moment où il reprendrait l'avantage.
_ Leur ressemblance ne s'arrête pas au physique, ils partagent également leurs capacités et même leurs objectifs. Il y a une raison pour laquelle j'ai utilisé Robbie pour arriver à mes fins: c'est son rôle le plus absolu. Pour être plus précis, c'est la raison pour laquelle il a été créé. A l'heure où je parle, il est probablement en train de se battre pour moi, de la même manière que ton propre partenaire tente de défendre ton honneur. Ils n'ont aucune volonté propre, sinon celle de suivre à la lettre tout ce que nous leur ordonnons de faire, de croire tout ce en quoi nous voulons qu'ils croient. De quel genre de coïncidence penses-tu qu'il puisse s'agir ?
_ Je sais parfaitement qui est Herbie.
_ Vraiment ? me demanda-t-il, plein d'ironie.
_ C'est mon partenaire ! Nous traçons notre route ensemble, quoi qu'il arrive. Nous partageons nos joies, nos peines et tout ce qui rythme nos vies. Tu peux toujours essayer de nous battre, mais aucun de tes mots ne sera jamais assez puissant pour briser le lien qui nous unit ! Le pire, dans tout ça, c'est que tu en es parfaitement conscient, parce qu'au fond de toi-même, tu ressens exactement la même chose envers Robbie !
_ Hmm, soupira-t-il...

Hiding Magic, Fukkou

Son regard tourna à trente degrés, venant se fixer droit sur le mien.
_ Nous voilà revenus au point de départ, dis-je calmement en soutenant son regard.
_ C'est notre dernière limite... Je ne retiendrai pas mes coups.
Ensemble, nous nous dirigeâmes l'un sur l'autre. Les coups que nous échangeâmes furent d'une violence extrême, mais aucun de nous ne recula, encaissant tant bien que mal pour mieux repartir à l'assaut.
Les secondes passèrent sans trouver de vainqueur, puis elles se transformèrent en minutes.
Je savais que j'étais en difficulté. Le combat entre mages n'avait jamais été ma spécialité, et c'était encore plus vrai lorsque les mages en question étaient contraints de ne pas utiliser leurs pouvoirs. J'aurais dû me désespérer, me morfondre sur ma propre incapacité. Pourtant, je sentais au plus profond de moi-même une source inépuisable d'envie et de courage, une source bien plus puissante et absolue que le pouvoir démoniaque qui m'animait.
Il fallut ainsi de longues minutes à Giskard pour, finalement, m'envoyer au tapis. Il se mit à rire aux éclats, soulagé de voir que je ne me relevai pas. Quant à moi, j'étais semi-conscient. Le bruit de ma respiration haletante masquait les clameurs de la foule. Je ne me rappelai plus comment ce combat avait commencé ni quels en avaient été les enjeux. En regardant autour de moi, je vis que je m'étais effondré à quelques mètres de la petite boutique que j'avais vu à mon arrivée.
_ C'est terminé ! proclama Giskard d'un cri de joie. Mesdames et messieurs, j'espère que vous avez su apprécier le spectacle !
Giskard salua la foule. Parmi elle, quelques badauds s'approchèrent précautionneusement de moi et m'observèrent sous tous les angles. Étais-je réellement couvert de bleus ou n'était-ce qu'un subterfuge de bon comédien ?
_ Cher ami ! lança brusquement un homme en s'approchant de Giskard.
C'était le chef de la boutique près de laquelle notre combat venait de s'achever, celui qui m'avait effrayé lorsqu'il avait voulu me forcer à consommer dans son snack. Plusieurs passants étaient déjà installés sur les nombreuses tables de la terrasse.
_ J'ignore si vous avez fait exprès d'organiser le clou de ce spectacle devant mon établissement, mais vu l'affluence de clientèle, je vous en suis grandement redevable !
_ Ce n'est rien, répondit Giskard, je...
_ Non, non, non ! insista le chef en prenant Giskard par l'épaule pour le guider jusqu'à une table.
Quelques instants plus tard, il posa délicatement un plat devant lui, attendant impatiemment sa réaction. Giskard profita de l'occasion.
_ Je vous dédie cette omelette, public, vous qui m'avez soutenu tout au long de ce spectacle !
Un sourire triomphant au bout des lèvres, il avala l'omelette d'une traite, sous les acclamations des dizaines de personnes qui étaient encore présentes. Rapidement, ces clameurs laissèrent place à des chuchotements à peine discrets. Je sentis le regard plein de haine de Giskard se poser de nouveau sur moi.
J'étais toujours au sol, incapable de bouger, et pourtant je souriais sans retenue.
_ Qu'est-ce que tu as fait !? Tu as eu ta chance mais tu n'as pas été capable de la saisir, pourquoi t'obstines-tu à ruiner mon heure de gloire ?
Je ne répondis pas, continuant de sourire alors que Giskard avait de plus en plus de mal à tenir debout. Le silence qui accompagnait l'incompréhension de la foule cessa lorsque Giskard émit malgré lui un son continu d'au moins cinq secondes. Heureusement pour lui, l'idée la plus pessimiste d'Herbie ne s'était pas réalisée, mais mon fidèle partenaire avait encore une fois vu juste dans sa seconde hypothèse.
_ Chef, murmurai-je en observant la scène, merci.
Je vis le chef m'adresser un large sourire avant de suivre à son tour le mouvement de la foule qui riait déjà aux éclats.
Giskard s'effondra à quelques mètres de moi, couvert de honte à l'idée que des dizaines de personnes étaient en train de rire ouvertement à ses dépends. Je ne pus m'empêcher de pouffer à mon tour, faisant ressortir par la même occasion quelques blessures que je pensais avoir déjà oublié.
_ Regardez ! Fit soudainement quelqu'un, bientôt suivi par plusieurs de ses compères.
Mes dernières forces étaient accaparées pour me garder conscient, je ne pouvais pas voir ce qui avait brusquement attiré l'attention des gens. Rapidement, je tournai les yeux en direction de Giskard, son visage affichait une expression choquée. Je fus certain de comprendre lorsqu'une voix que je connaissais retentit.
_ Giskard !
Robbie était revenu et hurlait d'une voix tremblotante. J'attendis quelques instants, avec l'espoir que la voix d'Herbie arriverait jusqu'à moi, mais rien ne se produit. Je savais qu'Herbie et Robbie s'étaient affrontés à leur manière pendant que je me battais contre Giskard. Si leur combat s'était achevé comme le nôtre, si Herbie avait connu le même sort que moi... Je me fis rouler de quelques centimètres sur le côté, de sorte à pouvoir distinguer clairement l'endroit où était réapparu Robbie.
La tête posée contre le sol, je vis de côté la petite silhouette de Robbie. Il était couvert de blessures et semblait avoir du mal à respirer. Je fus particulièrement frappé par le regard défiant qu'il lancait à Giskard. Son attitude était radicalement différente de celle qu'il avait eu un peu plus tôt, comme si quelque chose l'avait changé, comme si quelqu'un avait changé sa manière de penser.
Robbie fit quelques pas en avant, révélant un petit bras qui s'appuyait maladroitement sur son épaule.
_ Herbie ! Criai-je à mon tour en le voyant apparaître, les yeux fermés.
_ Aidez-le, demanda Robbie à la foule qui l'entourait.
Personne ne bougea. Je vis certains d'entre eux jeter un regard discret dans ma direction, demandant presque mon approbation, commençant à comprendre la réalité de la situation qu'ils observaient depuis de longues minutes.
_ Oï ! cria Giskard en interpellant tout le monde. Est-ce que vous avez tous décidé de rester plantés devant nous, à nous regarder nous effondrer les uns après les autres sans intervenir ? Aidez-le !
Poussés par le petit discours de Giskard, plusieurs personnes se ruèrent vers nos deux partenaires, l'un apportant de l'eau, l'autre les restes du plat qu'il n'avait pas pu terminer dans le calme.
Un homme s'accoupit devant Herbie, prenant la petite main de mon partenaire dans la sienne.
Je fus pris par un intense soulagement qui me fit abandonner mes dernières forces. Je savais qu'Herbie s'en sortirait, et j'étais sûr d'avoir échappé à ma propre fin. Mes paupières se fermèrent lentement, me laissant le temps d'aperçevoir la marque que l'homme portait à sa main droite... Phantom Lord.
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