Le bateau venait de heurter le sable du Royaume de Fiore dans un craquement sinistre. Cette aventure était désormais terminée. Malgré les douleurs et le sang versé, seule notre action restera dans les mémoires : nous avions arrêté un dangereux équipage de pirates qui étaient en possession d'informations secrètes et précieuses au Conseil. Nous avions réussi à protéger des parchemins de l'eau alors que nous combattions dans un océan infiniment lointain. Cet océan plein de vie et d'une beauté extrême... Cet océan qui rêve de nous attirer dans ses ténébreuses profondeurs pour s'emparer de notre vie en une simple caresse... Cet océan d'une puissance extraordinaire.
Et pourtant, malgré le rêve de ce royaume aquatique, malgré l'élégance des courbes des vagues, malgré la grâce des habitants de ces eaux, notre nature inférieure nous oblige à remettre pied à terre alors que la beauté nous tend les bras. Emprisonnés de cette enveloppe charnelle si faible, nous ne pouvons atteindre cet état suprême.
Avec un regard nostalgique, j'observais, une fois à terre, le soleil se reflétait dans les eaux d'un bleu élégant et profond. Je laissais la brise marine caresser mon visage tandis que j'oubliais mon corps douloureux pour laisser s'aventurer mon esprit au loin. Virevoltant à travers les nuages et les mers, je me laissais vivre au rythme des vagues et du vent. Je n'entendais même plus le brouhaha environnant des pirates attachés et des soldats du conseil arrivants, de la foule regroupée autour du bateau pour voir ce qui se passait et des marins mettant pied à terre. Ce monde terrestre me semblait éloigné, inexistant.
Brusquement, une voix proche et familière atteignit mes oreilles, me faisant frémir tandis que je me sentais revenir dans un lieu que je n’appréciais guère. Mes jambes se remirent à trembler de douleur et de fatigues, et je me sentais ensanglanté de toute part. Je détournait le visage d'un air las vers la voix que je venais d'entendre, ayant à peine compris les mots que la demoiselle m'adressait. Je la retrouvait penchée en avant, souriant en sentant son sentiment de gêne alors qu'elle était coincée par la douleur. La laissant prendre le temps de se relever, je créais avec le peu de magie qu'il me restait des Aquarafales minuscules que je lançais sur les pirates hilares. Elles n'eurent d'autre effet que de les étouffer légèrement tandis que j'avais visé leurs bouches avec précision. Ces petites boules aquatiques furent totalement innocentes, mais eurent tout de même l'effet désiré de les faire taire.
Ne faisant même pas attention à la garde qui nous félicitait, je retournai voir Sybilia, qui m'avait été, je dois bien l'avouer, d'un grand secours tout au long de cette mission. Elle avait été d'une force remarquable, et les honneurs lui revenaient en grande majorité. Peu m'importait, de toute façon, la récompense de cette mission, celle-ci n'étant qu'à but protocolaire pour effacer les anciennes tensions entre nos deux guildes.
- Ne me remercie pas. Ne cherche simplement pas à te battre dans le seul but d'accorder une plus grande réputation à ta guilde, un mage pense à lui-même avant tout, dis-je d'un ton solennel.
Sur ces mots, je la saluais en une légère courbette et lui annonçait que j'espérais que nous nous reverrions une autre fois pour accomplir une autre mission. Mon sac sur le dos, je m'éloignais, retournant à la guilde de Fairy Tail.
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Après mon voyage en train où je m'étais reposé des heures durant, je foulais de nouveau les terres des rues de la ville de Magnolia, ville agitée où régnait un brouhaha et un chaos permanents, ville que je trouvais bien trop éloignée de l'océan et qui pourtant était mon lieu de « résidence ». Arrivé face au grand bâtiment de la guilde des fées, j'entrais sans adresser un mot à qui que ce soit. Passant à côté de Maître Makarov assis en tailleur sur le bar, je lui annonçait, avec un léger sourire :
- Mission accomplie.