| Sujet: Solitude [Mission Rang D] Dim 11 Mar - 18:25 | |
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Jiro Yu
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Solitude [ ... Précédemment ... ] Jiro est arrivé à Fiore et a effectué sa première mission. Un sauvetage qui s'est terminé en assassinat. Il a également commencé à se battre contre un mage de Silver Fang, mais le combat a été stoppé prématurément...
Depuis son arrivée au Royaume de Fiore, Jiro se sentait dans un état second. Si l'engouement ressenti à ses débuts dans le pays de la magie était intense et l'avait conduit à une violente effusion de passion incontrôlable, il n'avait, depuis ce fâcheux épisode, vécu que des situations anodines. Sa première mission effectuée à son entrée dans le Royaume l'avait fait rencontrer un étrange assassin anonyme de la guilde Silver Fang. Ensemble, ils avaient du sauver une jeune fille prise en otage, mais pour la première fois depuis le meurtre de sa famille, Jiro avait littéralement perdu le contrôle et s'était laissé allé dans ce que les journaux avaient qualifiés de « meurtre aussi discret que violent ». Ce fut en quelques sortes l'assouvissement de sa colère, de sa rage qu'il gardait au fond de lui pour ne pas avoir pu sauver sa famille. En retour, une fois sa colère, son désir de meurtre assouvi, il s'était retrouvé dans un état de contrecoup docile et serein. Il ne ressentait plus l'envie, au-delà de son désir normal, de tuer, et par conséquent, ses recherches de contrat d'assassinat étaient inexistantes.
Il avait accumulé un bon petit pactole lors de sa seule mission dans le Royaume et logeait ainsi dans une auberge choisie au hasard. Il était indifférent au bruit produit par les habitués du bar, au rez-de-chaussé, qui restaient jusqu'à une bonne heure nocturne, préférant la solitude de sa chambre malgré l'ambiance chaude du dessous. Posté sur une chaise, le visage immobile et stoïque, neutre et dénué de toute expression, il fixait le mur face à lui et réfléchissait assidûment à ce qui l'attendait dans le futur.
Il avait quitté son pays natal suite à la disparition de sa famille. Il pouvait aujourd'hui expliquer ce sentiment de rejet comme un désir de fuir la réalité, le sentiment de solitude qui s’immisçait obligatoirement en lui maintenant que toute relation lui avait été ôtée. Il ne connaissait personne en dehors de son frère, de ses parents, de sa belle-sœur et de ses grands-parents. Il s''était enfuit comme pour justifier le fait que, loin de son pays, sa solitude était évidente. Mais qu'il soit là ou ailleurs, il resterait dans la même situation. Seul.
Il n'aurait jamais pu penser que la solitude, le fait d'avancer seul, puisse le freiner à ce point. Auparavant, quand il était en compagnie des membres de sa famille, il ressentait souvent le désir de s'isoler, d'éviter ses confrères qui l'énervaient souvent, qui lui faisaient ressentir la frustration d'être plus faible qu'eux. Mais aujourd'hui, leur absence était troublante. Il était livré à lui-même pour la première fois de sa vie. Il pouvait continuer à faire ce qu'il avait toujours fait : tuer pour gagner sa vie. Mais quel était l'intérêt quand ses parents avaient disparus ? S'il le faisait, bien sûr, c'était pour calmer ses ardeurs internes, son désir troublant que son père lui avait donné en lui transmettant son goût du meurtre, du travail sanglant. Mais aussi pour acquérir la reconnaissance de son frère, de son grand-père ; avec l'ambition de devenir aussi puissant qu'eux, d'être digne de porter le nom de leur famille. Tuer lui était primordial dans le sens où cela lui avait été présenté, depuis son plus jeune âge, comme quelque chose d'aussi important que se nourrir. Mais comme parfois l'absence d'ambition conduit à l'oubli de nutrition, l'absence de sa famille et l'inutilité de rechercher la reconnaissance conduisait à l'état léthargique dans lequel il était.
Il n'était tout de même pas au point de se laisser mourir ; il avait juste perdu la notion du temps tellement il se posait des questions sur ce qui pourrait l'obliger à avancer. Il avait donc, un soir, été arraché à ses pensées quand sa faim inassouvie s'était brutalement manifestée. On approchait minuit, mais l'auberge offrait toujours ses services. Descendant au rez-de-chaussé, Jiro s'approcha du comptoir en passant à travers quelques ivrognes qui s'acclamaient entre eux autour des quelques tables disposées ici et là. Il commanda un repas rapide, et attendit qu'on le serve. Accoudés au bar, non-loin de lui, deux personnes assez vieilles mais plus lucides que les autres discutaient, le visage sombre. Si au début Jiro ne s’intéressa pas à ce qu'ils pouvaient raconter, il fut surpris en entendant le récit de ses exploits. Apparemment, la mort du bourgeois qu'il avait sauvagement assassiné en ravissait plus d'un.
Vieil Homme : « Tu savais qu'il usait de son pouvoir et de son autorité pour collecter des fonds sur quelques appartements du coin ? Tous les mois, une cotisation devait lui être versée, auquel cas il envoyait ses hommes s'en prendre à la famille. Et c'est pas le seul, aujourd'hui encore, plein de familles roulent dans la misère à cause de ces hommes. Si je pouvais, j'irai leur botter le cul moi-même. Mais ils sont trop puissant contre un vieil homme comme moi. Et j'ai pas envie de croupir en prison. Tu sais qu'ils ont baissé les rentes d'alcool pour les détenus, apparemment ? La misère... » |
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Jiro fut servi, et il termina bien rapidement son repas, les paroles de l'homme toujours en tête. Il se dit qu'il pouvait peut-être tenter quelque chose. Il pourrait tuer à nouveau et voir si cela l’éclairerait quant à son avenir incertain. Il attendit alors que l'homme quitta le bar et sortit à ses traces. Alors que le vieil homme traversait une ruelle, Jiro l'immobilisa par l'arrière, l'empêchant de crier.
| Jiro Yu : « Belle nuit, n'est-ce pas, pour commettre un meurtre ? Ne vous inquiétez-pas, je ne vais rien vous faire. Je suis un mage en quête d'argent. Je peux tout faire pour m'en procurer. Et je peux lire dans les pensées des personnes. J'ai vu en vous qu'un désir inaccessible règne. Vous voulez stopper l'injustice que subissent les misérables. Je peux facilement tuer l'homme responsable de leurs malheurs. Je demanderai juste une petite somme en échange. Réfléchissez. » |
Il relâcha l'homme qui resta immobile, lui tournant le dos, analysant sans doute la proposition faite. Après quelques minutes de cogitation, l'homme parla, sans se retourner, comme pour ne pas s'impliquer directement avec l'assassin.
Vieil Homme : « Je suis d'accord. J'ai une petite réserve d'argent, je peux vous la confier si vous tuer un de ces hommes. J'ai été moi-même sous l'emprise d'un de ces riches qui profitaient de l'impuissance des pauvres une bonne partie de ma vie. J'ai roulé dans la misère si bien que ma femme et mon fils en ont perdu la vie. Si quelqu'un peut empêcher à d'autres personnes que ca se reproduise, je donnerai tout ce que j'ai. Qu'importe les moyens. » |
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| Jiro Yu : « Marché conclu. » |
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Une bâtisse semblable à celle où il s'était infiltré avec son coéquipier de Silver Fang se dressait devant lui, mais cette fois, il était seul, et l'infiltration serait plus difficile. Il avait pour simple mission de tuer l'homme riche qui vivait en ces lieux. Rarement il avait eut vent des motivations de son commanditaire, mais cette fois, il savait que l'homme était un tortionnaire qui abusait des familles vivant sous les appartements qu'il louait. Pour n'importe quelle autre raison, il aurait pu effectuer ce travail. Seul le résultat comptait, qu'importe les causes. Il se trouvait alors en plein milieu de la nuit, ce qui favorisait son infiltration. Il grimpa au-dessus du long mur qui délimitait la vaste demeure, et pénétra alors dans un jardin qui semblait assez exotique à la lueur de la lune. Comme un reptile, il avança, se dissimulant dans le paysage, progressant lentement mais sûrement. Il arriva jusqu'à une porte arrière qui était verrouillée. Il se défit de l'obstacle avec un crochet qu'il utilisa pour débloquer la serrure. Il pénétra alors dans une grande cuisine vide et commença son escapade dans le manoir. Il marchait délicatement pour ne pas faire de bruit, ne touchait rien, et passait dans les couloirs avec pour seule vocation de trouver la chambre du propriétaire, quand soudain il entendit une voix dans son dos.
Vieille Femme : « Que faites-vous là ?! » |
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Il se retourna ; une vieille femme en robe de chambre, avec une bougie en main, l'observait avec un regard apeuré. Il bondit sur elle et, avant qu'elle ne crie, l’assomma d'un coup sûr la tête. Elle l'avait vu ; il allait falloir qu'elle meure. Il ouvrit la salle la plus proche, une salle de billard, et attacha solidement la femme sur la table en prenant soin à lui fermer la bouche. A son réveil, il se pencha sur elle alors que son regard effrayé allait de droite à gauche.
| Jiro Yu : « Bonsoir. Excusez-moi de vous avoir attaché, mais j'ai une requête à vous soumettre. Si vous ne répondez pas, je brûlerai la maison entièrement. » |
Il montra du doigt la bougie toujours allumée sur le bord de la table. La femme, comprenant la situation, se calma quelque peu.
| Jiro Yu : « Très bien. Vous allez répondre oui à ma prochaine question. Voulez-vous être ma marionnette ? » |
La femme ne comprit pas, son regard s'affola davantage, mais quand elle vit Jiro s'approcher de la bougie pour répandre les flammes partout autour d'elle, elle répondit comme il le lui avait demandé. C'était la condition au contrat.
Des fils intangibles quittèrent les doigts de Jiro pour s'enrouler autour de la femme, qui était désormais sa marionnette. Jiro détacha la femme et lui demanda de prendre la bougie. Elle s’exécuta sans un mot. Il lui demanda de le conduire jusqu'à la chambre du propriétaire. Elle s'exécuta sans un mot. Il lui demanda de s'immoler par le feu, elle et l'homme qui dormait à poing fermé. Le regard de la femme, consciente de ses actes, était horrifié. Mais elle ne pouvait désobéir à Jiro. Elle était son pantin. Elle s'exécuta alors, et sans un cri, immobile, son corps fut consumé par les flammes. Les flammes prirent les draps, et le propriétaire, réveillé et lui aussi commençant à brûler, se hissa hors de son lit en hurlant. Jiro demanda à la femme de le retenir de toute ses forces, tandis qu'il sortit de la chambre en la verrouillant de l'extérieur. Jiro sortit par la fenêtre d'une chambre voisine, tandis que toute la maison se réveillait à cause des cris du condamné et des flammes qui se hissaient dans la nuit. * Il retrouva l'homme dans la ruelle comme convenu. Le soleil se levait, mais Jiro arriva par les toits, sautant derrière le vieil homme, l'empêchant de se retourner.
| Jiro Yu : « Le travail est fait. Ca fera sans doute la une des journaux. Si vous voulez une preuve immédiate, levez la tête et observez la fumée du ciel. J'ai même volé quelques objets qui lui ont appartenu comme preuve. » |
Jiro posa à terre quelques pièces d'argenteries. Le vieil homme se pencha pour les ramasser, puis, sans se retourner, sortit une vingtaine de gros billets qu'il tendit à l'aveuglette vers Jiro.
Vieil Homme : « Tenez, c'est pour vous. Si vous le permettez, je prends ces objets et je les offrirais aux pauvres pour les dédommager de tous les problèmes qu'ils ont vécu à cause de cet homme. » |
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| Jiro Yu : « Cela me convient. » |
Et Jiro quitta la ruelle en plaçant l'argent dans ses poches.
Il rentra dans l'auberge de bon matin et monta dans sa chambre pour s'asseoir sur la chaise face au mur. Il avait mangé, il avait tué. C'était naturel, pour lui, et voilà que ses forces lui étaient revenus maintenant qu'il était revigoré. Mais plus important, encore, il avait établi un contact avec une personne. Il s'était quelque peu intéressé aux préoccupations du vieillard. Il lui avait volontairement laissé l'argenterie.
Était-ce mal de laisser des preuves derrière lui ? Si on remontait jusqu'à lui via l'homme qui avait les preuves réelles qu'il était l'assassin ? Était-ce valable de courir un réel risque pour un simple échange humain ? Car c'était cela, la réelle récompense qu'il avait senti. L'échange. Le comble de sa solitude.
Il pensa alors à l'homme de Silver Fang. Cet homme, malgré ses principes douteux, devait être entouré de camarades. Jamais il ne devait ressentir la solitude. Une guilde. Était-ce donc la solution ? Devait-il rejoindre une guilde pour satisfaire son désir ? Il s'endormit avec ces questions, l'argent placé dans sa malle, l'esprit toujours troublé.
Ainsi, Jiro acquit la certitude que le meurtre était ce qui lui permettrait d'avancer, mais une nouvelle fois, une question ne fut pas élucidée : comment pourrait-il combler sa solitude ? [ ... A Suivre ... ]
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