Missions au compteur : deux.

Deux petites missions.
Deux toutes petites missions.
Mes deux premières missions.
Deux missions réussies.
Deux missions avec des enfants.

Il serait peut-être temps que je change, non ?
Alors je m’arrête de m’occuper des gosses.

Ce soir, je garde des adultes.

Ville de Shirostume, fiore nord, centre-ville, dans un restaurant pleins de riches qui manque de personnels et qui vient de faire appel à un mage pour empêcher les gens de mauvaises intentions de voler ces fameux riches, 20 heures 21minutes 22 secondes (parce que c’est toujours bien d’être précis).

Un adulte, tout le monde me disait que c’était un être responsable. Quelqu’un qui sait se débrouiller seul, qui sait faire face à des situations difficiles. Une personne qui est sortie de l’enfance, une personne qui ne fait pas de choses idiotes.

Eh ben franchement, le monde m’a menti.
Les adultes qui sont devant moi ne sont même pas capable de garder leur porte-monnaie !
Et je ne vous parle pas de ceux qui profite de cette inattention…

Je préfère presque les gosses.

Sur le chemin me menant droit au restaurant, j’avais eu le plaisir de rencontrer un gars seul dans une rue alors que je m’affairais autour d’un pauvre chat blesser. Il m’a gentiment traitée de « gamine imbécile qui ressemble à un thon et qui a peur pour les pauvres chat chats blessés » (c'est faux, en plus, je suis très jolie, nah !). Vu le regard qu’il m’avait lancé par la suite j’en avais déduit qu’il était l’auteur de cet affreux crime. Je l’avais regardé de travers puis ignoré lors qu’il essayait de nouveau de capter mon intention en disant "Bah alors, le poisson a perdu sa langue ?" ce qui est idiot car, que je sache, un poisson n'a pas de langue. Je regrettais énormément de ne pas lui avoir balancer une insulte dans sa petite tête de poulet fris !

Bon, faut dire qu’intérieurement, je le traitais de crétin et de cornichon (il n’y avait pas pire).
Enfin, c’était la traduction la plus polie …

Comme le chat allait bien, je suis repartie, évitant ainsi le retard au rendez-vous.

Et voilà, je sais même pas pourquoi je raconte ça moi…


Un fois arrivée au restaurant, et que le directeur de celui-ci ait venté la manière dont il avait obtenu la médaille en forme de soleil qu’il affichait clairement, passée autour de son cou (c’est sûr que quand on a sauvé oiseau noyé dans une marmite de spaghettis bolognaise, on mérite au moins une médaille en forme soleil), on me passa ma « tenue de travail ». Et bien moi, je proteste, car franchement, devoir porter une robe noire avec des frous-frous blancs dans un restaurant qui a obtenu une médaille en forme de soleil, c’est nul.
Limite si une médaille en forme de caniche était plus appropriée !

Bref, après m’avoir expliquer deux trois trucs qui ne mérite pas d’être cités, on me plaça à l’entrée, histoire que j’assiste un type avec un costard noir, des chaussures noires et des lunettes de soleils noires, musclé à bloc. Dite, je lui serais vraiment utile ?…

« Bonsoir, passez une bonne soirée parmi nous… »

C’est la que je reconnais le type de tout à l’heure (vous savez, le crétin cornichon au cerveau en poulet fris) la main dans le sac d’une dame bien habillée pour la soirée, au bras de sa compagne…

« Ah ah ! Pris la main dans le sac ! Alors, il fait pas le malin le p’tit chou, hein ! Aller, dégage d’ici ! Que je ne te vois plus jamais approcher ce lieu ! Vieux crétin ! »

Voilà ce que j’aimerais lui dire.

« Excusez-moi, ceci ne sont pas des manières… »

Voilà ce que lui dit. Zut…

« Ah, merci beaucoup mademoiselle ! »

Dit la victime d’une voix extrêmement grave.
C’est d’ailleurs à cause de cette voix que je me retourne et dis :

« De rien monsi… »

J’ai failli pousser un cris de surprise. Le « dame » qui se tient au bras de sa femme est vêtu d’une trèèès longue robe bleue ciel et de longs cheveux de la même couleur, elle a de longs ongles et des épaules sacrément écartées pour une femme…

« Ah, excusez-moi Mademoiselle, j’ai du vous faire peur… »

« Non, non, pas du tout. »

« Nous sommes seuls mon compagnon et moi… » dit la deuxième femme.

C’est quand cette seconde parla que je compris qu’ils formaient tout deux un couple. L’homme travesti regardait tranquillement sa compagne, histoire de faire passer le message « Alors, alors ? C’est pas mal ici hein ? » alors que je leur indiquais à tous les deux une table, avant de retourner assurer l'entrée des clients (pas le plat, l'arrivé).

Au fait, je retire ce que j'ai dit tout à l'heure, qu'il n'y avait rien de pire qu'être un crétin de cornichon avec le cerveau en poulet frit : porter l'uniforme du restaurant est quelque chose de bien plus atroce.

Je commençais à en avoir assez de ce service. Je crois que jamais autant de "bonsoir, passez une bonne soirée parmi nous" n'étaient sortis de ma bouche. Heureusement, le responsable du personnel s'en rendit compte, il me déplaça : maintenant j'allais faire joue-joue avec des plateaux ovales.

"Bon, que voulez-vous Monsieur..."

Et voilà, je m'étais encore trompée. L'homme travesti avait tenu, lors de ma pause (plus tôt), à me parler un peu du personnage féminin qu'il jouait. Il m'apprit qu'il avait déjà plusieurs minières féminines depuis sa petite enfance, mais que sa passion c'était réveillée un jour alors qu'il jardinait, quand un pot de fleur lui était tombé sur la tête, et que sa femme (c'est d'ailleurs comme ça qu'ils se sont rencontrés) lui avait dit que sa manière de crier était très féminine.
Je n'ai rien dit.
Après tout, si ça leur plait, ils ont bien le droit de se lancer des pots de fleurs dans la tête.
C'est beau l'amour.

"Je vous en pris, dites madame."

"Que voulez-vous, Madame ?

Je m'en voulait énormément de gaffer à chaque fois devant lui... Pardon, devant elle. Zut...
Ils passèrent leur commande, que je fis passer aux cuisiniers qui la firent passer à la casserole qui me la dirent passer et je leur passais. Voilà, tout ça pour prouver que les gens qui manquent de vocabulaire sont mes semblables.

Je pars m'occuper des autres clients et, comme j'en ai de nouveau mare (le responsable le remarqua encore), on me replaça à l'entrée. On me fit changer de postes encore deux/trois fois (même que j'ai descendu les poubelles), il ne se passait rien d’intéressant (ah, si, j'ai de nouveau battu mon record de "Bonsoir, passez une bonne soirée parmi nous"), puis est venue l'heure sonnant la fin de mon service. Pour une fois, j'ai éprouvé une grande adoration pour la grande horloge du restaurant. Tic-Tac, Tic-tac...

Je suis allée m'asseoir près de mon couple fétiche, en discutant un peu avec eux. Un était ouvrier. Je lui est posé pleins de questions supers techniques (fière) et, attention, j'en suis vraiment plus que fière : tout ça sans aucune gaffe à leur insu !

Pour leur montrer mon immense joie, je m'amusais avec des oiseaux (d'où ils sortent ? Je sais pas moi, demander au pape) et les fleurs (elles, elles viennent des vases du restaurant... Non non, elles viennent pas du jardin de la mairie...) on les "livrant" aux clients restant (enfin, surtout aux clientes, les hommes, ils ont pas besoin de fleurs nan ?), se qui les amusaient beaucoup.
J'avoue avoir encore du mal à faire la différence entre les gamins et les adultes.

Comme tout se passait bien, les clients étaient très satisfait de la soirée (bon, je dis pas que c'est grâce à moi, hein...), on me pria de partir.

Bon, en gros, on m'a jeté dehors.

Pour dire au-revoir à mon chère petit couple alors qu'on me traînait dehors, j'ai fais un grand sourire, j'ai levé la main...
Et comme une imbécile, j'ai dit :

"Au revoir Madame ! Au-revoir Monsieur !"

Et voilà, j'ai gaffé.