Des arbres, des arbres, des arbres... A perte de vue! Il n'y avait que cela, dans cette grande forêt où j'avais vécu pendant deux ans. Tout du moins, il me semblait que cela faisait deux ans. A vrai dire, je n'avais plus surveillée les dates, les mois, les années... Oui mais ça faisait deux hivers. Donc oui, deux années. Roh, toute cette verdure me montait à la tête ou quoi?! Je n'allais tout de même pas rechigner, dans peu de temps, je ne verrais que des maisons, des maisons, des maisons... La civilisation. Qu'est ce que c'était réellement la civilisation? Juhlga m'en avait parlé comme étant des personnes de l'époque, des personnes "civilisées". Pfff... Et dire que je n'avais jamais mis les pieds dans une ville. "Ensemble de maisons, habitées par des êtres vivants et principalement humains". Une ville quoi. Je marchais tranquillement, fixant le sol. Juhlga allait me manquer... Elle était, enfin, elle est; la mère que je n'ai jamais eu. Pourquoi m'a-t-elle dit de partir vers une guilde? Et puis surtout, pourquoi n'est-elle pas venue avec moi vers cette guilde? Et puis surtout, quelle guilde? Je n'en connaissais aucune. Juhlga m'a dit, avant mon départ de me diriger vers la ville la plus proche. Vers l'Est. Magnoria. Ce serait le nom de cette ville d'après elle.
Des couinements me firent sortir de mes questionnements et réflexions. Quelqu'un -et oui d'après moi les animaux sont quelqu'un et pas quelque chose- émettaient des sons de plaintes. Je m'avançais vers le bruit. Derrière cet arbuste? On aurait dit que... oui... Mes clés étaient à portée si c'était un piège. Mais ça n'en avait pas l'air. Non, pas du tout même. J'écartai quelques le feuillage, les branches se pliant et se déplaçant sur le côté par la force de mes mains. Devant moi, un louveteau de couleur de l'argile tenait sa tête entre ses pattes et couinait. Il n'y avait aucun autre loup dans les parages. Etait-il ou elle, seul(e)? Si petit, si mignon, sans défense... Je devais le protéger, qui sait quelles mésaventures pourraient lui arriver?! Je tentais de m'approcher, mais il se recula instinctivement, grognant et montrant les crocs. Bah, comme je devais m'y attendre, il n'avait pas confiance. Peut-être que... Je sortais un bout de viande de ma poche, et le lui tendait. Il s'approcha doucement de moi et happa le bout de viande avant de se retirer de deux mètres.
Il allait bientôt faire nuit, et je commençais à rechercher les morceaux de bois pour faire un feu. Les nuits étaient fraiches ces temps-ci et je n'avais aucune envie d'attraper froid. Une heure après, le feu s'élevait. J'avais frotté une branche contre un morceau de bois et cela avait marché. Le louveteau, non loin, toujours derrière son buisson, avait passé la tête à travers celui-ci et fixait le feu. Il devait ressentir la chaleur qui en émaner. Son poil de bébé ne devait pas le protéger du froid. Je fermais les yeux. Je sentis quelques instants plus tard une boule de poil se pelotonner contre mon corps. Je ne pus m'empêcher de sourire avant de tomber dans les ténèbres de mon esprit. Les rêves...

// Une grande lumière. Un pré. Il y a de l'herbe, partout! Et des fleurs de toutes les couleurs. Roses, rouges, vertes, bleues, ... Et même des noirs. Enfin non, une noire. Il y n'y en a qu'une? Je tourne la tête. Droite, gauche. C'est la seule de cette couleur. Elle me fait penser à la nuit. Ou plutôt à un trou, un immense trou. Je... je me fais aspirer!!!//

Je retins un cri, mais me relevai en sursaut. Un rêve ce n'était qu'un rêve...

*Du calme Luna, un rêve reste un rêve... Et puis, il n'y a pas de fleurs aux alentours...*

Le louveteau, lui, se releva péniblement. Il me regarda et sa petite queue remua. Comment ne pas sourire? Il était si mignon! Je sentis une aura se dégager de lui. Il semblait... Heureux. Il avait faim aussi. Qu'est ce que c'était que cette... perception? Comme une odeur... Je caressais le louveteau.

• Alors comme ça tu es tout seul? Moi aussi... SwiftKill...

Après m'être familiarisé avec SwiftKill, lui avoir fait des papouilles, avoir joué avec lui; je me levais, éteignis les quelques braises restantes avec de l'eau et me remis en route. SwiftKill me suivit, marchant derrière moi. Au bout d'une heure et demi de marche, le louveteau s'arrêta et s'assit. Il semblait fatigué, je le percevais, rien qu'à son expression. Moi aussi je n'en pouvais plus. J'avais du mal à dormir depuis mon départ et cela n'avait rien arrangé. Je dormais sur place. Sortant mes clés, je choisissais celle d'Equuleus.

• Ouvre toi, porte du Petit Cheval, Equuleus!

Dans un nuage de fumée rose, Equuleus apparut. Je n'eus pas besoin de lui expliquer qu'il se coucha pour me laisser monter sur son dos. Je pris SwiftKill dans mes bras et montais sur Equuleus à l'aide de l'étrier. Ainsi sur son dos, il se releva et partit au trot en direction de Magnolia. Quelques minutes passèrent et SwiftKill s'endormit dans mes bras. J'alertais Equuleus que j'étais fatiguée. Il acquiesça et je m'endormis à mon tour. Au moindre problème, mon fidèle ami me réveillerait...