| Sujet: [RP Libre, Lewyn] La mue d'un aliéné. Mar 22 Mar - 21:07 | |
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| C’était une vie faite de petits plaisirs, un petit larcin par-ci, un racket par-là. Lewyn sombrait dans la routine du parfait voyou débutant sans s’apercevoir de l’indélicatesse de sa situation. De toute façon, tout ce qui était nouveau pour lui était une source de réjouissance, le reste ne comptait pas.
Après une semaine de ce régime de vie, il se décida enfin à ouvrir ce sac en toile confié par son père adoptif. Il l’avait négligé au départ de peur d’être ramené par ce souvenir à son ancienne vie, celle d’un mouton de Panurge. Ce matin-là, il se sentait en forme, prêt à rompre avec sa vie précédente comme s’il chassait une mouche de son repas. Dedans, une lettre pour un notable, une bourse volumineuse et une lettre qui lui racontait son passé tel quel cette fois-ci : son côté cobaye à émission de rayons, son adoption, mais surtout l’intérêt qu’il pouvait présenter pour quelqu’un qui était gourmand de puissance magique, autant désigner du doigt la majorité du monde connu. Cette haine qui lui rongeait chaque jour l’intérieur du bide comme un chat griffu mis au contact de l’eau s’aviva.
* Ainsi donc je n’étais qu’un pion sur votre échiquier, père. Vous avez eu peur que je devienne incontrôlable et par la même, vous m’avez condamné à craindre la magie, à vivre l’enfer à chaque fois que j’étais dépassé par celle-ci. De toute façon, tu ne comptes plus pour moi, toute cette vie je te la laisse avec les emmerdes qui vont avec. Dorénavant, je ne porterai plus ton nom.*
Lewyn éructait, il débordait d’un venin dont il sentait le goût âpre sur le bout de la langue. Il cassait tout autour de lui, des projectiles jaillissaient de ses mains dans une sorte de balai chaotique sur le rythme d’une frénésie meurtrière en Do mineur, allegro. De toute façon, il était devenu du genre de personnes à devoir extérioriser au risque de cramer en dedans et puis, cette forêt où il se retirait souvent était déjà bien amochée, un arbre de plus ou de moins, personne ne verrait la différence. Après quelques instants de pure folie destructrice, il s’arrêta pour réfléchir à la suite des évènements ; il fallait trouver le moyen de jeter à bas cette hypocrisie. Il voulait s’émanciper, sortir du joug d’une tradition qui l’asservissait. Pour cela, il lui fallait du radical, quitter son identité pour une autre : il détruisit son collier, cadeau d’un homme en phase de devenir un parfait étranger, voire un ennemi. De la lettre, il ne savait quoi faire, tant de moyens, pouvaient lui servir et il ne ressentait aucun scrupule à sucer jusqu’à la moelle un patrimoine dont il ne reconnaissait pas la légitimité. De plus, l’idée d’impliquer ces biens dans quelque chose d’illégal lui plaisait au plus haut point, façon élégante de mettre en exergue les vraies intentions de ce scélérat.
Il lui fallait encore une chose, un symbole pour sa renaissance, n’importe quoi qui marquerait ce moment comme un point sans retour, la fin d’une existence entière menée sous la bannière d’une ignoble mascarade. Chez un salon de tatouage, il se fit le symbole suivant en savourant la douleur qu’il ressentit comme un gage d’engagement :
Un tenue nouvelle, plus adulte et le voilà transfiguré, Lewyn venait de clore un chapitre de sa vie pour en aborder un prochain avec les intentions les plus machiavéliques.
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