Il est de ces nuits, où l'on ne peut plus dormir, de ces lunes qui nous poussent à sortir. Il est de ces étoiles, qui nous veulent dehors, et ainsi si ce n'est plus le soleil qui nous extirpe de notre foyer, on n'en reste pas moins attiré par l'appel sanglant des ténèbres du jour.
Toi aussi, tu l'expérimentes. Toi aussi, tu le vois. Toi aussi, tu l'entends. Cet appel qui t'indique que Mère Nature te veut dans un pré plutôt que dans un lit. Quel dommage, il te plaît bien le petit matelas. Mais sans dormir, un lit devient ennuyeux, et sans le supporter, il te faut trouver ta place autre part.
Alors tu enfiles ta veste, tu remets tes habits, tu reprends tes chaussures, et tu descends sur la pointe des pieds, avant de te souvenir que le plancher ne grince pas. Alors tu arrêtes et tu poses ton pied en toute innocence. Et ça grince. Génial.
Tu sors discrètement, tu arpentes les rues, tu files vers la lune, tu cherches l'endroit qui t'apaisera le plus en évitant la milice qui garde le couvre feu. Tu n'aimes pas cette façon de vous emprisonner, mais au diable les règles, au diable les lois. Quand elles ne servent à rien à part blesser la liberté, il ne vaut mieux pas les écouter.
Tu suis finalement la rue menant au parc, et tu te libérés du fardeau des gardes en passant par dessus la grille à l'entrée. Tu trouves ton chêne favori et tu manques de l'enlacer, avant de te mettre à son pied et d'écouter la nature fanfaronner, la nuit jouer avec les arbres et les plantes comme on jouerait avec un instrument. Tu écoutes la valse des feuillages, tout en regardant la lune, tu ne sais pas pourquoi, tu n'arrives pas à dormir ces temps ci. Peut être es tu un loup garou, sans la partie loup.
L'air de la nuit se rafraîchit lentement, et un petit coup de vent suffit à faire danser tes cheveux tout en épis. Tu soupires de bien être, il n'est pas plus reposant que le parc en pleine nuit... La nature est belle ce soir.
Puis, perdu dans une vaste colonie de sons, se trouve un pas, une résonance distincte qui indique que quelqu'un marche. Les miliciens sont surement intelligents, et cherchent jusque dans le parc, aussi te mets tu à courir, a triton et jusqu'a la petite rivière. Tu accoures sans regarder devant toi, tu fuis les miliciens SI en veulent à ton sommeil. Tu fuis Silver Sword sans te rendre compte que tu n'es peut être pas le seul à contourner le couvre feu. Sans te rendre compte que ce n'est peut être pas uen miliciens qui te coures après. Sans te rendre compte que tu n'es pas l'unique personne à vouloir tirer parti de la nuit noire.
Et tu tombes. Comme une merde. Tu t'étales bien contre le sol, les pavés. Parce qu'évidemment, tu as choisi de tomber sur les pavés du chemin que sur l'herbe tôt autour. C'est nettement plus classe... Enfin... Ça fait surement plus mal. Même Graceling autour de ton cou n'est pas d'accord avec cela, et se resserre pour te le faire comprendre. Tu te relèves et tu regardes autour de toi, tu te tiens la mâchoire, tu as mal. Tu n'entends plus le pas de la milice, mais tu n'es pas dupe. Quelqu'un était là, et quelqu'un est toujours là. Ou alors tu commences à avoir des hallucinations. Ce serait vraiment la cerise sur le gâteau.
Euh... Il y a quelqu'un ?
Tu n'es clairement pas le genre de guerrier héroïque super cool qui, une fois qu'il a détecté une présence autour de lui, parle comme si il la savait derrière lui depuis des heures. Non, toi tu es plutôt du genre à te demander qui est là, si quelqu'un est là, si tu n'es pas fou, ou si tu as juste totalement tort. Tu te demandes même si tu ne t'inventes pas des capacités de détection en te faisant croire que quelqu'un est vraiment là.
Oui... La véritable question devrait être celle ci : As tu raison ? Y a t-il vraiment quelqu'un ?
To be Continued...
electric bird.
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Sujet: Re: feelin' • Svana & Liam Mar 28 Juin - 8:00
Ça me fait toujours un petit quelque chose quand ces yeux d’ambre croisent les miens. Parfois, je me surprends à m’attarder devant ces affiches et j’essaye de me remémorer les traits de son visage et j’essaye de les superposer aux traits du terroriste. Du meurtrier. Un frisson me parcours à l’idée. A cette idée, en fait. Jusqu’à présent, je n’y ai jamais réfléchis et je ne m’étais jamais aventuré dans ce jeu-là parce que ça fait mal, mal de se dire que quelque part, on nous a mentis. Mal de se dire que l’on a été trompé.
Mais malgré tout je continue à me dire « Ce n’est pas lui » parce que ça ne peut pas être lui. Ca ne sera jamais lui. Ce n’est pas ces actes horribles de barbaries qui le définiront et qui font de lui, l’homme qu’il est. L’homme que j’ai connu. L’homme que j’ai aimé.
Encore aujourd’hui j’ai reçu une carte postale de papa et maman. Ils ont encore parfois du mal à se dire que je ne suis plus à la tribu avec eux mais quand je pense à mon départ, je souris. Je rigole même. Je ne sais pas pourquoi. Surement parce que ça avait un air d’aventure pour moi, du moins, je l’ai toujours perçu comme ça. Une grande aventure humaine.
Quand je suis revenue à Fiore, je ne pensais pas que les choses avaient à ce point changées avec le souvenir que j’en avais. Je m’attendais à retrouver les mêmes villes, les mêmes villages, les mêmes montagnes et les mêmes images que j’avais gardées en mémoire mais j’étais loin du compte parce que mon souvenir avait tout idéaliser. Trop idéaliser. Fiore avait changée. Fiore s’était transformée. Les attentats l’ont changée. Ces mages qui parcourent les cités dans l’ombre l’ont changée mais même si on hurle au diable et au bûcher en scandant des noms, les gens ne se rendent pas compte que l’ombre est indissociable de la lumière. Sans eux, il n’y aurait pas ces autres.
Sans méchant, il n’y aurait pas de gentil.
Toute l’histoire de nos enfances le démontre non ? Il n’y a pas de chevalier servant s’il n’y avait pas de dragon pour retenir la princesse enfermée dans le donjon. Quelle ironie quand je me rends compte que je suis tombée amoureuse du dragon et non du prince.
Dehors la nuit est fraîche et les étoiles nombreuses.
« Svana vient voir ! Vient voir ! Vient voir comme les étoiles brillent ce soir ! Tu sais ce que l’on dit sur les étoiles ? Qu’elles sont comme les véritables amis. Pas toujours visibles mais toujours présentes. Tu sais, j’aimerais être une étoile, une grosse étoile, une qui brille et qui éclaire ton chemin où que tu sois, où que tu ailles. Je veux être ton étoile. »
On avait alors que 8 ans quand Mathéo avait prononcé ces mots et sur l’instant, je me suis contenté de lui sourire et de le prendre dans mes bras sans vraiment comprendre la signification cachée derrière. C’est tout lui ça. Faire des sous-entendus plus gros que son nez. Ce n’est qu’avec l’âge et avec mon décodeur humain du nom de Raya que j’ai compris les sentiments de Mathéo mais il n’a jamais osé me les dire en face…Alors j’attends. J’attends qu’un jour, le courage lui vienne. Sans le presser, ni le brusquer. J’aime Mathéo comme j’aime un frère. J’ai grandie avec lui, on s’est défendu mutuellement contre d’autres enfants de la tribu et on est partis à l’aventure ensemble. Je l’ai soigné de ses blessures physiques tandis qu’il cicatrisait celles de mon cœur. Bienveillant, il a toujours été, finalement, cette étoile au-dessus de moi.
Mais faute de l’étoile, j’ai aimé une comète. Une filante à toute allure. Une impossible à suivre.
C’est la tête dans les étoiles que je sors de ma rêverie à cause d’un bruit sourd, comme si quelqu’un s’écrasait par terre. Il y avait encore quelqu’un dehors à cette heure-ci ? Puis une voix résonne, légèrement tremblante.
A la lumière d’un lampadaire, je regarde le jeune homme en face de moi, le genou éraflé par la chute qu’il venait de faire.
« - Me prendriez-vous pour un bandit peut-être ? Je m’excuse si je vous ai effrayé d’une quelconque façon que ce soit. »
C’est vrai, je n’ai pas peur de la nuit. Ni du noir. Ni de l’obscurité. Parce que même les ténèbres peuvent être d’une obscure clarté quand on sait y voir à travers.
Il est de ces rencontres que l'on ne fait qu'une seule fois dans sa vie. De ces personnes, de ces gens, qui savent changer l'ordre des choses par un simple regard, une simple parole. Il est de ces héros qui assurent par leur présence, et de ces hommes et femmes qui répugnent par leur simple évocation. Bref. Il est de ces gens qui font savourer leur existence au plus stupide des cancrelats. L'as tu compris Liam ? Le cancrelat, c'est toi.
Abasourdi par une rencontre bien loin de l'originale que tu t'es figuré dans ta tête, tu en viens à penser que les miliciens ne sont plus rien. C'est une jolie femme qui se présente à toi, et tu soupires de quiétude en te pensant hors d'état d'être nuit. Et la course de Silver Sword ne semble rien d'autre que celle d'un chat qui, égaré, passe son chemin sous la lumière du lampadaire.
Tu souris. Tu rigoles même. N'y a t il donc que toi, sur cette Terre, pour être effrayé dans une nuit presque noire, par un chat traversant le parc. Un gros chat. Un très gros chat. Était ce réellement un chat ?
Tu finis tout de même par te reprendre. Certes, tu as eu peur, certes, ton coeur bat la chamade. Tu n'as pas peur du noir, Liam, mais plutôt de ce qui peut s'y trouver, ou de ce qui ne peut pas s'y trouver. Parce que le noir est l'absence de lumière, et tu as peur de cela. Parce que le noir représente la nuit, la nuit représente le sommeil, et le sommeil représente les rêves. Sauf que toi, Liam, tu as peur de tes rêves. Tu as peur de qui tu verras lorsque tu fermeras les yeux, parce que tu ne pourras jamais rêver de quelqu'un de vivant. Liam, toi, tu as peur d'être endormi... Et le noir est ainsi effrayant. Mais à la lumière du lampadaire, tu finis par tendre la main à la charmante demoiselle qui semble être un ange en apparaissant ainsi sous l'absence d'ombres. Un ange apparaissant sous un halo de lumière. Un ange quoi. Bref.
Aurais-je raison de vous prendre pour un bandit ?
Tes lèvres se mordillent. Tu ne veux pas faire fuir l'ange. Ce serait dommage. Ce serait impoli. Ce serait méchant. Tu n'es pas méchant. Bref.
Enchanté, je suis... je me nomme Liam Fa Long. Vous n'avez pas à vous excuser, j'ai réussi à prendre le chat - ou était ce un chien ? - qui vient de passer pour un milicien en quête de fouineur capable d'outrepasser le couvre feu.
Ton collier vibre. Graceling est morte de rire. Hana aussi apparemment. Tu n'as plus du tout l'air - tu n'as jamais eu l'air - d'un héros. Tu ressembles de plus en plus à un humain normal - tu es un humain normal -. En pire. En bien plus pitoyable. Tu en oublies de aider ta langue. Tu en oublies de garder tes pensées. Tu en oublies de censurer tes mots. Ou alors tu ne veux pas. Parce que tu en oublies de te méfier de l'étrangère. Ou alors tu ne veux pas. Bref.
Mais... Dites moi... Qu'est ce qu'un ange fait ici ? Parce que vous êtes bien un ange n'est-ce pas ?
Tu n'as pas honte. Tu n'as plus peur. Tu te dis à tes croyances, tu apposes l'image de Svana sur ces dernières. Enfin... tes croyances tirées du livre qu'Elias t'a obligé à lire... De ce livre relié, trouvé dans la bibliothèque par l'indic-slash-serveuse-slash-colocataire-slash-meilleure pote-slash-chieuse-slash-doudou-slash-Elias. De ce livre racontant les origines d'un autre monde, un monde sans magie, un monde de fiction. De ce livre racontant comment un homme lambda a pu être le fils d'un dieu. Un dieu unique. Ce livre était vachement long. Bref.
Un léger sourire se dessine sur le coin de mes lèvres. Un bandit n’est pas moins qu’un homme recherchant quelque chose de précis et je me dis que je n’en suis pas loin non plus. Le propre de l’homme : toujours à la recherche de quelque chose, sans vraiment savoir quoi ni comment l’obtenir. Quand la question se pose, machinalement, je peins les traits de son visage. Toujours son visage revient comme un vieux chewing-gum dont on n’arriverait pas à se débarrasser. Pourtant, une partie de moi ne veut pas se débarrasser de lui. De lui, de son visage et de son empreinte sur ma vie.
Alors je le regarde, les yeux d’ébène plongés dans les siens, toujours aussi amusée en haussant les épaules.
« - Dites-moi ai-je des allures de bandit ? »
Je rigole d’un éclat cristallin et léger. Une main tendue vers moi depuis quelques secondes que je finis par saisir en me présentant en guise de simple politesse échangée.
« - Moi c’est Svana ! »
Il mentionne le couvre-feu et naturellement les attentats me reviennent en mémoire, effaçant se souvenir heureux que j’avais de lui. De sa présence. Je me souviens du réconfort, de la sécurité, de la chaleur qui émanait de son cœur, de ses bras mais jamais, ô grand jamais, je n’aurais imaginé un seul instant qu’il soit associé à de tels actes et au fond, j’ai beau y réfléchir sous toutes les coutures et tous les angles, il me manque une pièce de puzzle pour résoudre l’énigme qu’est Leo.
Leo l’homme. Leo l’enfant. Leo l’amoureux. Leo le protecteur.
Mais qu’en est-il de Leo le terroriste ? Leo le meurtrier ? Leo l’ennemi public ?
A-t-il changé ? Pourquoi ? Depuis le départ, je savais que je ne ferais pas le poids. Je l’ai compris quand petit à petit, sa présence à commencer à s’estomper parmi les plis des draps, le soir pendant que je pleurais son absence. Etrangement, je me suis traité de biens des noms pour avoir été aussi niaise et pourtant, aujourd’hui, encore, je veux des réponses. Je ne veux pas les réponses d’un tiers non. Je veux SES réponses. Je veux l’entendre de sa bouche. Je veux voir ses lèvres s’entrouvrir et ses yeux s’assombrirent quand, le jour où je l’aurais en face, je lui demanderais tout simplement « pourquoi ? »
La conversation suivant son cours, j’essaye de suivre son discours et son explication mélangeant animaux et milicien dont je ne comprends que trop rien puis le compliment et la comparaison à un « ange » me fais sourire mais cela ne dure que trop brièvement.
La réalité est toute autre.
« - Votre compliment me touche mais ne vous méprenez pas. Je ne suis qu’une femme avec ses forces et ses faiblesses. Je ne suis rien de moins qu’un être humain…Comme vous. »
Les humains ne sont pas forts. Ni faibles. Ils trouvent toujours un juste milieu où s’illustrer. C’est ce qui fait le propre des hommes. Capable de trouver la force et le courage dans le désarroi, dans le chaos. Dans la peine et le chagrin.
« - Au fait ! Je vous ai vu tombé…Vous allez bien ? Rien de casser ? »
Charmante, la pseudo-bandit Re demande si elle en a les allures, et tu pses repondre par un Je ne sais pas quelle allée est censé avoir un bandit, mais j'avoue que si vous en êtes un, vous ne correspondez pas à mes attentes en la matière., avant de t'incliner et de sourire. De sourire face à cette créature. Cette nymphe des bois.
La belle nymphe sur son lit de verdure, dans ce parc dénué de toute vie humaine n'est pas un ange. Elle te l'explique, tu l'affirme, mais sombre idiot tu n'as même pas songé assez longtemps pour tirer une conclusion aussi minable.
Elle se définit comme une humaine, toute simple. C'est à se demander si elle posassent aussi une part de magie en elle, si elle est si simple qu'elle voudrait le faire croire. Si elle possède le pouvoir magie en elle ou si elle est comme toi. Elle se définit comme une personne ayant des problèmes et tu t'avances un peu plus, mettant ta main droite dans ta nuque pour montrer ton embarras. Pardon. Je... n'ai pas réfléchi. Oui, tu n'as pas réfléchi. L'as tu vexée ? Lui as tu forcée à reconnaître ses problèmes au moment où elle a voulu te corriger ? Nul ne le sait, mis à part elle.
Puis elle t'a posé une question, une simple question révélatrice. Cette femme est d'une bonté grandiose. Elle s'inquiète pour un inconnu rencontré par mégarde au clair d'une lumière chaude dans la nuit froide. Elle s'inquiète pour celui qui a cru qu'elle était un bandit. Elle s'inquiète pour celui qui a fait un malentendu grotesque. Alors tu souris. Cette femme n'est peut être pas un ange, mais elle en a surement le caractère.
Alors que tu songes à répondre, cependant, une lumière de faible intensité s'allume dans les orbites de ton collier, et Graceling se resserre un peu autour de ton cou, sous ton t-shirt. Puis la lumière permet à une demoiselle à peine âgée d'une douzaine d'années, aux cheveux roses comme les de cerisiers en fleurs, aux yeux profond de cette même couleur, de prendre place entre vous deux qui veillez au clair de lune. Elle est pure, belle, elle ne semble qu'être douceur et bonté et s'habille dans une mince petite robe blanche dans sa venue. Elle est accompagnée d'une voix cristalline et fluide, mielleuse, et d'un petit sourire. Et elle répond à ta place, tandis que tu t'essouffles un peu. Un peu plus. Encore un peu. Graceling frissonne autour de ton cou. On dirait qu'Hana n'a pas voulu obéir. On dirait qu'elle a voulu sortir sans ton appel. Tu soupires, et elle parle. Liam est solide, Svana-nee san. Enchantée. Je m'appelle Hana Takumi. Comme la fille dans une statue funèbre dans le cimetière de Cedar. La petite s'approche de Svana, et tu ne comprends pas pourquoi elle tenait tant à venir. Puis elle lui offre une rose d'une noirceur inégalée. Une rose complètement immatérielle. Juste un symbole. Elle ne peut le prendre, mais Hana la fera bouger en fonction du mouvement des doigts de Svana pour lui donner l'impression qu'elle peut être vraie. Tu as l'air gentille, Svana-nee san. Tu ressembles un peu à Tata Nyanya. Elle est gentille elle aussi, même si on ne le voit pas du premier coup. Tu te pris la tête dans tes mains. « Tata Nyanya ». Toi même tu avais fait le rapprochement quelques temps après avoir rencontré Hana. Tata Nyanya définissait Enya Taylor. La Enya Taylor.
Voila, Liam, comment une petite fille morte dont l'âme habite ton artefact est capable de tout foutre en l'air. Voila comme elle est capable de t'attirer des ennuis. Elle parle ouvertement, à une inconnue, d'un lien qu'elle a établit entre la criminelle la plus recherchée de Fiore et elle même.
« - Je ne sais pas quelle allée est censé avoir un bandit, mais j'avoue que si vous en êtes un, vous ne correspondez pas à mes attentes en la matière. »
Toutes les allées et toutes les ruelles sombres ont leurs bandits et je suis peut-être bien la mieux placé pour le savoir. C’est dans l’une de ces ruelles que je suis tombé sur lui. Comme c’est ironique. Dès que j’essaye de l’oublier, il y a toujours quelque chose pour me rappeler à son souvenir. Comme si la main du destin y était pour quelque chose mais je ne veux pas y croire. Ni le voir. Parce qu’à chaque fois, ça me fait réaliser qu’il est partit.
« - Y’a-t-il vraiment des attentes en terme de bandits ? »
Le pire des voyous peut être un gentleman.
C’est alors qu’une seconde voix se fait entendre et que j’entends la comparaison avec cette « tante » venue de je ne sais où. Quelque part ça me touche que l’on me compare à quelqu’un qui est apprécié, du moins, je pense.
Une jeune fille s’est intercalée entre nous deux et elle continue de me regarder avec cette lueur dans les yeux et ce sourire enfantin et honnête. Un côté candide que l’on ne retrouve plus maintenant
« - Hana c’est ça ? Tu m’as l’air d’être une gentille personne. »
« Personne » serait exagéré à dire. Esprit serait plus approprié certainement.
« - Oh j’ai besoin d’un service… »
Je farfouille dans la poche de mon jean, ce papier plié en quatre. Cet avis de recherche avec sa photo. J’ai beau dire que je veux m’en éloigner et tirer un trait, après ce qu’il s’est passé ici et son implication dans tous ces évènements tragiques, j’ai besoin de savoir. De savoir pourquoi. Pourquoi lui ? Pourquoi s’est-il mêlé à ça ? Ne rêvait-il pas de liberté ?
N’avions-nous pas ce point commun ? Pourquoi faire ça ?
Je déplie alors l’avis de recherche devant ces deux personnes, affichant clairement le visage de feu l’homme de toute une vie.
« - Vous n’auriez pas vu cet homme dans les parages ? Il s’appelle Leo, je viens de vraiment loin et je le recherche. Vous ne sauriez pas où je pourrais avoir des informations à son sujet ? C’est vraiment important. »
Si je pouvais, je me mettrais à genoux. Leo l’enfant, Leo le fantôme.
A chaque fois que je m’approche, il disparait toujours un peu plus. Toujours un peu plus loin. Si seulement je pouvais m’approcher suffisamment près de lui et crier son nom…Je veux qu’il m’entende.
Je veux l’atteindre. Et je ferais tout pour ça…Il était hors de question que je le laisse continuer sur cette pente glissante qu’il semble avoir empruntée.
La première chose que tout homme ferait devant Svana serait surement de lui faire des compliments ou de la draguer, ou de la regarder, tout du moins. Pas toi. Non, toi, il faut que tu discutes bandits et brigands avec elle, après l'avoir presque comparée à l'un d'entre eux. C'est pour cela que tu n'es pas doué, Liam. Une jolie fille apparait, tu la traites de voyou avant de la comparer à un ange. Tu as autant de bêtises que de naïveté en toi, et même une petiote de douze ans s'en ait aperçue. Hana sourit, et accepte sans détour et d'une façon adorable - en plus de son sourire, ses yeux brillent et son visage s'illumine - le compliment de Svana à son encontre. Et heureusement pour toi, pour vous, elle ne semble pas encore avoir relevé le "Nyanya", ou alors elle n'y prête aucune attention. Ou peut être est-ce la raison pour laquelle elle se confie à vous au sujet d'un autre criminel, un prétendu Léo. Je suis désolé, je viens de Joya et je ne suis arrivé que dernièrement en Fiore. J'ai été retrouver ma soeur, la maîtresse d'Iratus Orationis, mais du coup je n'ai vraiment pas prêté attention aux événements récents ou aux personnages recherchés. (enfin, à part Enya Taylor, mais son visage est plus placardé que la plupart des autres criminels) Mais je peux vous indiquer l'emplacement de la guilde Silver Sword. Ils sauront vous aider, je pense. Tu connais la guilde pour avoir déboulé chez eux le soir ou un homme du nom de Yuuki Makonor s'est suicidé.
Tu veux t'excuser de ne pas en savoir plus, lorsqu'Hana prend la parole. C'est un méchant. Enfin. C'est un méchant pour beaucoup de gens. Moi je sais pas, je ne l'ai jamais vu, mais il a fait des choses mal avec les autres d'Ajatar Virke. Je ne savais pas qu'il s'appelait Léo, mais sa guilde est la raison de ma mort. C'est durant les attentats que les sirènes (Hana avait encore son tatouage à l'épaule, celui de Mermaid Heels, et il se voyait bien) ainsi que d'autres guildes ont tenté d'empêcher Ajatar Virke de tout détruire. Et c'est durant l'un des combat que quelqu'un de Legion m'a tué. Alors s'il est réellement impliqué dans Ajatar Virke, c'est un méchant. J'espère qu'il est plus un gentil méchant. Tu te mords la lèvre. Hana a beaucoup souffert lors des attentats, et cet homme est recherché pour lien avec Ajatar et pour terrorisme. Mais elle semble avoir décelé un brin d'amour, ou d'affection de Svana pour lui. Aussi tente-t-elle de tempérer ses propos. Hana est une bonne fillette. Elle ne veut pas faire souffrir les gens. Tu soupires. Puis tu montres du doigts un grand bâtiment un plus loin. Il est encore visible.
Là-bas, c'est le quartier général de la milice. Je pense qu'ils en sauront plus au sujet de Léo. Mais... Est-ce indiscret de vous demander pourquoi il est si important ? Aie !
Le collier autour de ton cou vient de te serrer la nuque, et Graceling est apparue, te poussant à te courber sous la fatigue d'invoquer Graceling et Hana aussi rapidement. Hana disparait en disant à Svana : Désolée.... Graceling est une magnifique femme blonde, vêtue d'une veste en cuir et d'un jean - elle a découvert les jeans qui n'existaient pas à son époque, et elle les a adoré -. Elle a des mitaines, et des yeux bleus luisants. Et elle tapote du pied en te lançant un regard noir.
Liam, ça ne se fait pas de demander ça. Imagine les différentes réponses que tu pourrais avoir. Dans chacun des cas, tu te sentirais mal pour elle. Alors oui, c'est sûrement indiscret ! puis elle se retourne vers Svana et s'incline respectueusement Enchantée Svana. Je suis Graceling. Et surtout, ne vous sentez pas obligée de répondre à cet idiot. Il ne pensait pas à mal, mais il ne réfléchit jamais assez longtemps. _ Hey ! Après un second regard noir de Graceling à ton encontre, tu finis par t'incliner devant Svana. Je vous demande pardon... Je retire ma question.
Alors Graceling disparait, et tu attends de voir si cette rencontre touche à sa fin. En bon gentleman, tu proposes de l'accompagner, et tu attends sa réponse.
Un léger sourire se dessine encore sur les traits de mon visage quand je pense à l’importance qu’il a pu avoir sur ma vie. L’impact de ses mots. L’empreinte de ses mains. Mais ce sourire est fade quand j’en apprends plus encore sur lui. Alors c’était vrai hein ? Finalement toute cette histoire de le savoir impliqué dans ce genre d’histoire n’était pas qu’une simple rumeur.
Ajatar Virke. Qu’ont-ils fait de toi ? Comment-ont-ils pu t’impliquer là-dedans ? Au nom de quoi t’es-tu senti obligé de les suivre ? Pourquoi ? Si tu savais toutes les questions qui me hantent et qui m’habitent.
Dis-moi, es-tu seulement responsable de la mort de cette fille ? Comment fais-tu pour dormir le soir en ayant la mort des gens sur la conscience ? Toi qui avait ce sommeil si profond, ses traits d’enfants, le soir, quand je t’observais. As-tu changé à ce point ? Tu sais, parfois, je me demande si tu es vraiment l’homme que j’ai connu. Ne serait-ce que son ombre…J’aimerais savoir si tu n’as été qu’une illusion. Qu’un mensonge.
« - Je ne veux pas vous importuner avec cette histoire, je vous remercie quand même pour les informations. Je le retrouverais moi-même. Croyez-moi… »
Je replie machinalement l’avis que je range dans la poche arrière de mon jean et me penche vers Hana.
« - Je le retrouverais pour toi et le moment venu, je lui tirerais les oreilles ! »
Un sourire presque faux apparait. Je ne sais pas ce que je ferais si un jour nos chemins venaient à se recroiser encore une fois. Dans ma tête mille et un scénarios défilent mais aucun ne me paraît juste. Aucun ne sonne « vrai »…Parce que je n’en ai pas la moindre idée. Pourrais-je seulement le détester et le haïr ? Continuerais-je à l’aimer ? Que fera-t-il lui aussi ? Se souvient-il seulement de moi ?
J’assiste alors au débat tumultueux entre Liam et « Graceling » et ça me fais sourire de voir une telle complicité entre eux.
« - Ce n’est pas indiscret…Du moins, ça ne me gêne pas de répondre. C’est quelqu’un d’important pour moi…Ou du moins, ça l’était. Je sais que ce monde est injuste, cruel, douloureux mais je veux comprendre la flamme qui l’anime et je n’aurais mes réponses quand le recroisant de nouveau. C’est pour ça que je suis revenue à Fiore. Pour le retrouver. »
Et depuis les quelques jours que j’y suis, je ne cesse d’entendre parler d’Ajatar Virke. Je ne cesse d’entendre parler des attentats. Des morts. Des blessés. Je ne cesse d’entendre parler de la souffrance et du chagrin qui animent les cœurs. Je ne cesse d’entendre parler de cette haine qui anime les mœurs.
Qu’as-tu fais Léo ? Me le diras-tu seulement un jour ?
« - Je ne pense pas que j’irais jusqu’à Silver Sword. Je ne veux pas que l’on croit que j’ai un quelconque lien avec cet individu et puis même si le monde est vaste, son monde à lui est petit, je finirais par le retrouver ! »
Pour la première fois depuis longtemps, je suis confiante. Pour la première fois depuis longtemps, je sais ce que je veux faire.
Je veux le confronter. Je veux voir quelle lueur brille dans ses yeux aujourd’hui.
Les sentiments embrument les airs et tu comprends alors seulement ton erreur lorsque Svana l'ange blessé replie ses ailes et cache son auréole en avouant avoir trouvé l'un des démons de ce monde important. Tu en as mal au coeur... Tellement, que tu détournes le regard, avant de sentir cette fois ci le poids de la culpabilité peser sur tes épaules. Et si ce poids là est horrible et insoutenable, tu sais que celui de regarder une personne blessé par des sentiments est supportable. Tu relèves la tête. Dans ton coeur, tu espères un moment pouvoir avoir ce pouvoir de subir cette souffrance... Parce que tu n'as jamais connu l'amour, ni la haine, ni une autre passion d'une ampleur aussi forte que celle lisible sur les traits de la pauvre...
Tu serres les dents, avant d'inspirer, puis de souffler. Tu ouvres la bouche, mais tu ne sais pas quoi dire... Tu la refermes. Et tu la rouvres, mais la voix qui en sort n'est pas la tienne : il s'agit toujours de Graceling qui comprend bien mieux les femmes et les sentiments forts et inexpliqués que toi - son grand amour à elle lui a été enlevé il y a longtemps, et transformé en un bracelet que ta soeur porte autour du poignet -. Je vous souhaite de réaliser votre désir. Trouvez le, et comprenez. La vérité est peut être encore la lueur d'espoir que vous semblez tant attendre... Tu as les yeux grands ouverts, comme écarquillés. Que vient il de se passer ? Pourquoi Graceling, la femme au caractère de cochon qui n'accepte d'être gentille qu'avec les morts, trouve en elle des mots d'une telle puissance ? Comment se fait il que Graceling soit l'auteure de ces mots ? Ils semblent tout droit sorti d'une antique poésie, lorsque la belle aux cheveux blonds s'effrite. Enfin. Tu vas pouvoir te reposer, et récupérer un peu d'énergie - C'est décidément trop épuisant, ces apparitions de ton collier... -.
Sortant du parc nocturne, tu accompagnes - gentleman - Svana jusqu'au moment où son désir la fait quitter ton espace vital. Tu la regardes, et tu prononces enfin quelque chose : Bonne chance... C'est tout. Tu ne trouves trien d'autre à dire. Que pourrais tu dire d'autre, qui ne lui rappellera pas la tristesse de ce criminel ? et quels pouvoirs auraient tes mots, aussi vrais ou honnêtes soient ils ? Toi que le don de parole n'a pas daigné effleurer, comment pourrais tu renverser la donne ? Si seulement Eileen prenait ta place, en ce moment même, tu es sûre qu'elle saurait trouver les mots justes. Tu te maudis intérieurement, avant de faire un dernier signe à Svana. Puis tu détournes tes talons, et lui fait dos. Tu repars à la guilde, jurant à voix basse que tu te feras tirer les oreilles... Tu te demandes alors une chose importante : ta vie est-elle vide, et tranquille, ou tumultueuse et remplie ?
Le truc, malheureusement, avec ce genre de questions, c'est qu'elle obsède tellement que tu en perds le sommeil. Et ce durant trois jours. et trois nuits. A la quatrième, tu n'as même plus le temps de faire trois pas, que tu t'effondres sur le canapé pour envahir la salle de tes ronflements... Et chacun des jours suivants, tu oublies un peu plus de penser à cette question... Pour enfin la refouler complètement.