Les récents évènements qui ont bousculés le pays ont poussés certains à se remettre en question. Beaucoup de choses se sont passées et encore aujourd’hui, on cherche les réponses à certaines questions. Les défaites s’accumulent, les erreurs s’entassent, les mauvaises décisions semblent s’enchaîner les unes à la suite des autres et rien de ce que l’on puisse dire ou faire ne semble améliorer la situation. Notre situation. Malgré le retour de l’ensemble des membres, certains essayent de se cacher derrière des faux semblants. Derrière un sourire qui n’est plus assez large pour couvrir le malaise et les arrières pensées de tous. Quelque part, petit à petit, le feu s’éteint et l’anxiété nous gagne. Qu’est-ce qu’on allait faire ? Qu’est-ce qu’on allait devenir ? Etait-ce bien raisonnable de continuer sur une pente aussi glissante ? Pourquoi est-ce que l’on n’arrive pas à sortir la tête de l’eau et que cette impression de noyade nous gagne un par un ?
Le pays est dans le chaos total. L’ordre n’est maintenu que par une poignée de personnes que l’on pourrait compter sur les doigts d’une main et les guildes…font leurs deuils ou se démantèlent une à une. Blue Pegasus n’est plus. Mermaid Heel n’est plus. Qui sera la prochaine ? Qui fermera ses portes dans la peine, dans la rage et dans la douleur ? Pourquoi est-ce que l’on continue à laisser les choses telles qu’elles sont ? Pourquoi est-ce qu’on ne fait rien ? Pourquoi est-ce que l’on ne comprend les choses que maintenant ? N’était-ce pas trop tard ?

Même pour nous. Laxus semble se cloisonner dans son coin depuis le retour de tout le monde. Il réfléchit ou essaye de trouver une solution, du moins c’est ce qu’il dit pour convaincre tout le monde mais il essaye surtout de ce convaincre lui-même. On le sait très bien, que la situation ne joue pas en notre faveur et que le vent a tourné depuis bien longtemps. On le sait qu’il essaye surtout de se rassurer lui-même. Rien de bien n’est arrivé depuis que nous sommes rentrés de ces 7 années de vides. Rien de bien. Alors pourquoi sommes-nous rentrés au final si l’on n’est même plus capable de faire pencher la balance comme avant ?
Depuis notre retour et nos retrouvailles avec la guilde, Natsu et moi avions passés le plus clair de notre temps à s’occuper de nos affaires respectives sans plus s’occuper l’un de l’autre. Il y avait à faire, il fallait le dire. Si lui essayait tant bien que mal de remonter le moral à chaque personne qu’il pouvait croiser sans le sourire, moi, j’essayais de prendre mes distances. Il nous fallait du recul pour réfléchir à tout ça. Se précipiter ne servirait à rien mais perdre son temps sur les futilités non plus. Beaucoup le savent que s’il fallait changer le pays, c’était le moment où jamais et même nous, nous le savions.

Fairy Tail n’est plus ce qu’elle était et ce depuis longtemps. Nous n’étions plus les héros, les sauveurs, d’autres personnes occupaient ses places pour nous et nous n’étions plus que les spectateurs d’un triste spectacle. Nos maigres participations aux récents évènements n’ont pas semblées avoir aidé le pays, bien au contraire. Elsa est suspectée du meurtre de l’ancien maître de Blue Pegasus, Bob. L’équipe envoyée pour sauver Harujion a échouée.

Alors des fois…Je me le demande…Quand est-ce que l’on a commencé à baisser les bras et à se laisser aller ?

« - Lucy. Lucy ! Allô la lune ici la terre ! »

Sa voix et ses mains s’agitant devant mon visage me sors de mes pensées qui disparaissent soudainement et je remarque sa chevelure argentée s’affolant devant moi. Je n’avais même pas remarquer son arrivée.

« - Hiro ! Qu’est-ce que tu fais ici ? Je pensais que tu étais partit en mission ?
- Je suis revenu avant-hier mais je n’ai pas encore eu l’occasion de passer à la guilde, tu sais avec tout ce qu’il y a à faire, je ne sais plus où donner de la tête ! Ahaha. Et toi ? Pourquoi tu fais une tête aussi triste ? Quelque chose est arrivé pendant mon absence ?
- Ah ? Non, non, non. Ne t’inquiète pas. Je pensais juste à quelque chose…enfin à plusieurs choses. Désolé.
- Hmm….Tu ne me cacherais pas quelque chose par hasard ?
- Pas du tout ! Ahahaha. Mais tu es rentré plus tôt que prévu non ? On ne t’attendait pas avant la semaine prochaine.
- Bah tu sais comment ça fonctionne …Ce fut plus rapide que ce que je pensais. J’ai prêté main forte à un petit village du coin tout ça tout ça. »

Hiro, il partageait se trait de caractère commun avec Natsu. Celui de vouloir aider, partout et tout le monde à la fois. Celui d’avoir toujours le sourire même quand les choses sont au plus mal. Ils étaient identiques sur bien des points mais mise à part leur discussion à Bosco, je ne les ai pratiquement pas vu ensemble. Si Hiro était à Fairy Tail depuis l’incident à Bosco, c’était certainement grâce à Natsu.

Depuis, il essaye de faire de son mieux, de s’intégrer et d’aider sans comprendre ce qui touchait le pays. C’était sans doute pour ça qu’il voyait les choses différemment de nous. Hiro ne venait pas de Fiore et les choses ne devaient certainement pas l’affecter plus que ça.

« - Hey ça te dirait qu’on sorte prendre l’air ? Il fait plutôt beau dehors donc ça serait dommage de ne pas en profiter n’est-ce pas ?
- Tu ne tiens décidemment pas en place !
- Aaah que veux-tu ? Si je restais assis alors qu’il fait un temps superbe, je m’en voudrais et puis t’as bien besoin de te changer les idées aussi non ? »

Quelque part, il a toujours su ce que je pensais. C’était étrange cette impression que d’être lu comme un livre ouvert, cette sensation d’être à nue constamment devant lui. C’était désagréable mais à la fois reposant. Il comprenait mes silences et ne cherchait jamais à en savoir plus. Il attendait. Il attendait que ça sorte et que je finisse par en parler. J’aurais aimé en parler aux autres mais de quel droit viendrais-je me plaindre alors que tout le monde ressent la même chose ? Alors que tout le monde est dans cet état d’esprit ? Je laisse à Natsu cette charge. Il pourra certainement les aider, il trouvera les mots comme il l’a toujours fait.

On finit par sortir, rien que tous les deux, sans prévenir personne, passant la journée dehors à ne rien faire. On parla pendant des heures et naturellement, je finis par me confesser, lui racontant tous ce à quoi je pensais. Sans retenue. Son seul réflex fut de me prendre dans ses bras. Son seul réflex fut de me dire que « Tout ira bien. » parce qu’il fallait y croire. Si on y croyait pas alors c’était véritablement là, le signe que l’on avait baissé les bras.

Tout ira bien parce qu’on fera en sorte que les choses aillent bien. On se relèvera encore une fois, une ultime fois. On fera face parce qu’il ne nous reste que ça à faire. Faire face, se défendre, se soutenir, s’épauler et essuyer ses larmes. Il fallait qu’on le fasse. Pas seulement pour nous. Mais pour tous ceux qui y sont restés…

Ce jour-là.