Ton regard se perd dans le vide, ta tasse vide tremble légèrement à cause de l’inattention que tu lui portes. L’espace d’un instant, tu perds toute considération de ton entourage, de l’environnement qui t’entoure. Et puis les mains de Misto te touchent et le surprenant contact te ramène à la réalité. Tu la discernes non sans curiosité penchée en avant, faisant fi du mobilier vous séparant, bravant n’importe quel obstacle pour se rapprocher de toi. Et son visage s’approche dangereusement du tien, tu te raidis face à l’initiative de la jeune fille, tu te figes alors qu’elle pose son front sur ton front, que tes yeux se perdent intégralement dans les siens, que ses paroles essoufflées se cognent à ton visage transi. « Est-ce que tu es sûr ? » Tu n’es pas rationnel, ou alors tu te voiles la face délibérément, mais tu ne veux pas, tu n’oses pas croire ce qu’elle entreprend. Muet, tu restes à la fixer sans l’once d’une réaction tandis que l’Impératrice se baisse toujours plus pour qu’elles se rapprochent. « Ash, réfléchis, avant de répondre. » Elles, vos lèvres, finissent par s’effleurer, et d’un mouvement commun entrent en contact, se cherchent.
Alors qu’elle recule, tu prends conscience de ce qui vient de se passer, et tes pensées explosent enfin. Tu vois sa silhouette délicate reculer lentement, les yeux toujours clos, et tu repenses à la petite Misto que tu as rencontré sur la place principale d’Hosenka, la jeune adolescente émotive, et tu peines à réaliser que c’est elle qui est là, devant toi. Tu n’as pas réellement changé depuis cet instant, et pourtant, elle a parcouru un énorme chemin pour devenir la femme qu’elle était devenue. Tu hésites quant à la conduite à tenir, mais finalement les émotions prennent le devant. Alors que ses yeux s’entrouvrent à nouveau et qu’elle te demande confirmation, « Est-ce que tu es sûr de ton choix ? », tu lui réponds en traversant à ton tour l’espace qui vous sépare pour la repousser et chercher à nouveau ses lèvres pour retrouver leur contact. Cette fois c’est toi qui la cherche, qui veut créer la liaison entre vous. Et pourtant, après quelques intenses nouvelles secondes, tu te détaches pour retomber lamentablement en arrière, à ta place, face à elle. Parce que tu l’as embrassée exactement comme tu l’avais embrassée elle.
Tu n’as pas fais ton deuil d’Amber. Personne n’était véritablement au courant pour que tu te sentes capable d’expliquer ce que tu ressentais. Après sa mort, tu n’as pas pu trouver ta rédemption car justement tu n’étais pas là, tu ne t’es réveillé que des semaines, des mois plus tard de ta torpeur malsaine pour réaliser avec un glacial effroi que les faits étaient déjà du passé, que le temps avait coulé depuis la mort de celle que tu aimais, et que tu étais inéluctablement en décalage avec ça. Le monde entier avait fait son deuil d’Amber, pour peu qu’ils eussent de la considération pour cette inconnue froidement assassinée par son fiancé, et puis elle était sortie des têtes des gens préoccupés. Tu t’étais réveillé dans un monde où son existence à elle était oubliée, et tu n’avais pu te le pardonner, même six années plus tard.
Un malaise t’assaillit, ton regard dévie et glisse ailleurs pour ne pas croiser celui de Misto. Tu combats tes envies en réfrénant tes passions, car tu n’as pas la foi de voir les choses aller si vite. Tout allait bien la dernière fois et puis l’amour est devenu la mort. Récalcitrant, tu te concentres à nouveau sur Misto, ton regard se pose à nouveau sur elle et tu l’observes presque gravement. Tu ne peux affirmer le contraire ; tu l’aimes beaucoup trop, c’est certain. Avec elle, tu te sens capable de tout. Et c’est ça qui t’éblouis : tout est déjà trop, et l’excès passé s’était traduit par l’incarnation de l’Autre. Comment lui faire comprendre, à elle, que tu es encore terrorisé par la présence latente d’un fantôme qu’elle avait tué six ans plus tôt ? Quels mots utiliser désormais ?
« C’est ce que je veux, oui. Mais promet moi que je ne serais jamais un fardeau pour toi. » Tu te redresse imperceptiblement. Misto venait de démontrer toute l’estime qu’elle te vouait. « J’ai quitté Fiore en martyr, mais j’ai aussi été un tyran. » Tu lui présentes un léger sourire, tout de même. « Je ne veux pas te blesser. Même si tu es persuadée que ça n’arrivera pas, je m’en excuse d’avance. »
Parce qu’au fond, Amber était forte, vaillante et courageuse. Elle ne laissait pas n’importe qui l’approcher. Avec ton arrivée, sa défense naturelle s’est peu à peu évaporée jusqu’à ce qu’elle devienne vulnérable. Et c’est à ce moment que tu l’as tué. Toi ou l’Autre, qu’importe la différence – c’est sur ton corps que son sang a coulé et que son regard s’est éteint. Et dans les yeux de Misto tu crains de voir cette flamme se consumer fatalement à son tour.
Sujet: Re: Time • Misto Dim 15 Fév - 18:44
Misto
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Titre : La folle aux oiseaux Crédit : Katarina de LoL by Chenbo, yy6242 et unknown. Vava par Damaz et Yuuki ♥ Feuille de personnage Maîtrise Magique: (26900/35000) Mérite: (1238/1400)
Hope
PV Aston
Elle n’y croit pas. Lorsque Misto le voit s’approcher, elle en reste pétrifiée. Son cœur rate un battement et sa gorge s’assèche. Une étrange sueur froide coule le long de son dos et la fait frissonner. Terrifiée, haletante, la jeune femme est à deux doigts de s’effondrer sous la chape de ses sentiments qui se mélange. Désirer et en même temps avoir peur. Cette contradiction, nouvelle, fait vibrer jusqu’à la plus petite partie de son esprit avec une intensité si forte qu’elle aurait sans doute pu réchauffer toute la pièce à elle seule. Inconsciemment, la rousse se sent fermer les yeux alors que leurs lèvres se touchent encore. Le baisé à un goût différent. Un goût tellement doux que même en cherchant longuement les mots, Misto ne pourrait sans doute jamais le décrire avec justesse. Il est différent parce que cette fois, les sentiments qu’ils tentaient mutuellement de taire vibre en écho, formant une symphonie pleine de chaleur qui se diffuse dans les cœurs. Les deux jeunes gens semblent toujours en vouloir plus de l’autre, vibrant de ce désir ardent, brûlant qui les effraie.
Lorsqu’Ash recule enfin et se laisse tomber sur son siège, la jeune femme nage au milieu des nuages. La divine contradiction qu’elle ressentait s’est tue, terrassée par ce simple contact. De toutes les réponses que Misto pouvaient attendre, jamais elle ne s’était permis d’espérer celle-ci. Et jamais elle n’aurait pu se préparer à l’emprise si vertigineuse qu’elle exerce sur son cœur. L’aigle calme doucement sa respiration affolée en tentant désespérément d’ordonner ses pensées. Son regard ne quitte pas l’homme pensif qui se tient face à elle. Il se semble perdu dans quelque chose auquel elle n’a pas accès et, le voir respirer la mélancolie la trouble un peu. Elle tend une main craintive vers lui et ne peut s’empêcher de pencher la tête sur le côté quand il évite son regard. Suspendant son mouvement, la rousse se fige dans un désagréable pressentiment. A quoi pense-t-il, pour que son aura s’assombrisse ainsi ? Cherchant dans sa mémoire, la mage le revoit, six années plus tôt, pris entre les feux de ses propres hésitations. Elle se souvient de cette autre lui qui riait, amusé d’avoir détruit l’emprise fragile qu’il exerçait sur lui-même. Elle se souvient de cette volonté négative qui utilisait comme une arme la mort d’une personne du nom d’Amber et la sienne qu’il avait estimé proche. L’expression de Misto devient indéchiffrable, au fur et à mesure que sa haine envers elle-même revient la hanter. Elle sort de sa torpeur, posant une main salvatrice sur les genoux d’Aston. Il sourit, malgré tout, ce qui rend la culpabilité qu’éprouve la jeune femme encore plus lourde.
« Toi ? Un fardeau ? » Son sourire, communicatif, apaise doucement le feu de la colère qui couve sous le regard de la jeune femme qui secoue la tête. « Ce serait plutôt à moi de dire ça, tu ne crois pas ? » La tendresse disparait de ses traits et elle l’observe, soudain sérieuse. « Tu ne le seras jamais. Que je sois blessée ou pas, quoi que tu penses, tu ne seras jamais un fardeau. » Sa poigne se resserre sur le pantalon du mage. Sa volonté résonne, pure, sincère. « Je te jure que je ne te laisserais pas faire. Même si tu dois me détester pour ça. »
La rousse se tait. Elle n’ose pas ajouter que jamais ses huit autres compagnons ne lui permettraient de s’égarer. Elle réfléchit un peu, sans pour autant se résoudre à relâcher son emprise ou même à détourner le regard. Henning tente bien de glisser quelque chose mais il se fait sauvagement repousser par les autres âmes. Il lâche un long soupir mental et tous se taisent à nouveau. L’esprit de Misto n’a jamais été aussi calme de toute son existence. Elle ne peut s’empêcher de leur en être reconnaissante, même si elle sait qu’ils finiront par lui en tenir rigueur, à un moment ou un autre. Elle inspire profondément et sourit en fermant les yeux. Lorsqu’elle les rouvre, la tendresse se dispute avec le sérieux.
« Ne doute pas de toi, Aston. » Elle se lève et, timidement, contourne le siège. Arrivée à l’endroit où il regarde, elle pose une main prude dans ses cheveux puis se laisse aller. Ses bras le sert doucement et attire sa tête contre elle. « Qu’importe ce que tu fais ou feras, je serais toujours là. On avancera ensemble. » La rousse inspire profondément pour calmer l’affolement de son cœur. « Ça aussi, c’est une promesse. »
Le relâchant, elle se laisse tomber à genoux près de l’accoudoir, comme vidée de ses forces. Elle sent les esprits remuer, inquiets et ne doit qu’à l’intervention de Radulf que son père ne se matérialise pas à ses côtés. Le silence se fait à nouveau et Misto sombre dans ses pensées. Le visage de ses amis revient tout doucement, tout comme celui de sa sœur. Elle se souvient de ce que sa perte a provoquée en elle, de la violence avec laquelle sa propre magie a réagi. Ce souvenir l’assaillit profondément, la faisant frissonner malgré la chaleur croissante qui s’échappe de la cheminée. Sa tête se baisse imperceptiblement et elle se mord la lèvre. Que doit-elle faire, si jamais cela se reproduit ? Qu’adviendra-t-il si un jour, elle perd le contrôle ? L’aigle secoue la tête un instant puis se redresse.
« Promet-moi… » Son expression, indéchiffrable, laisse place à une sourde inquiétude. Peut-elle vraiment lui demander ça ? Le souffle de Misto se suspend un instant et sa gorge se sert. Elle l’observe un instant avant de tressaillir, surprise par l’impact sec d’un grêlon sur le toit du chalet. Clignant des yeux, elle cherche un instant l’origine du bruit avant de regarder à travers la fenêtre. Portant la main à son cœur, la mage secoue encore la tête, faisant la moue.
« Bon sang. - Sursauter pour un peu de grêle. Elle est belle, la terrible maitresse d’Eagle’s Claw. - Pfeuh. » fait-elle, boudeuse, alors qu’Henning colle une tape derrière la tête de Runolf. « T’as pas pu t’en empêcher hein, vieux grigou ? - T’en mourrais d’envie aussi. Et puis les jeunes, ce n’est pas que je souhaite vous presser mais la nuit va finir par tomber. Il serait sage de vous mettre en route pour la guilde, une fois que ça se sera calmé. - Tu dis ça pour eux ou parce que tu veux revoir la jolie Salomé ? - … - C’est bien ce que je pensais. Tu n’es qu’un enquiquineur de première. »
Misto laisse échapper un profond soupir de lassitude. Elle savait qu’il craquerait tôt ou tard mais elle espérait qu’ils attendraient un peu plus. Elle écoute les grommellements des huit esprits qui ont fini par se matérialiser pour se chamailler devant public et se laisse tomber en arrière, les bras croisés.
« Vous êtes une vraie malédiction, vous savez ? » Le ton, faussement accusateur, fait sourire les âmes. Certains sont penauds, d’autres non. Mais aucun ne réalise qu’il s’agit d’une invitation à vider les lieux dans les plus brefs délais. Misto fait la grimace. « Pourriez-vous aller voir ailleurs si j’y suis jusqu’à la fin de la journée ? » Ils hochent la tête et s’évapore, les laissant de nouveau seuls. La jeune femme ne peut s’empêcher de soupirer encore une fois et se relève pour se diriger vers la cuisine. Le silence retombe doucement, presque imperturbable malgré le son désordonné que fait la mage en fouillant dans les tiroirs. Lorsqu’elle trouve enfin l’objet qui nécessite cette fouille minutieuse, elle tente de relancer la conversation. « Tu sais où tu comptes passer la nuit, ce soir ? »
Elle te répond avec assurance pour tenter de chasser tes angoisses ; son timbre suave repousse tes questionnements au fond de tes pensées. Les promesses s’enchainent dans ce moment de totale intimité, tu es conscient au fond de toi de vivre un instant extraordinaire – tu es pleinement heureux, et tu vis alors en décalage, tu es face à Misto, physiquement, mais tu es aussi déjà projeté dans le futur avec le souvenir fugace de cet instant précieux qui sera une référence pour ton futur toi. Tu sais que cet instant marquera à tout jamais ta vie et tu tentes alors de le vivre pleinement.
Désormais les contacts avec Misto sont naturels, ils te procurent le même frisson de plaisir que les toutes premières fois, mais désormais tu n’es plus empreint de cette réserve pudique que tu te réservais maintenant que tu es au courant de ce qu’elle pense, elle aussi. Elle reste là, à tes côtés, et tu souhaiterais que jamais plus elle ne te quitte, mais tu es conscient de vos devoirs mutuels, que vous ne pouvez vous abandonner à cette malice et qu’il faudra bien reprendre la route à un moment donné. Tu ne sais pas si c’est de l’égoïsme ou pas, mais tu es prêt à faire à tout pour que cette scène se prolonge le plus possible.
Elle s’apprête à te parler, rompant le bref silence, mais ses premiers mots se noient et n’arrivent pas à s’imposer. Dehors, la tempête nait, et à l’intérieur, c’est presque le cas : les huit esprits apparaissent subitement et apportent un brouhaha inédit dans la pièce alors si calme. Entre deux boutades, tu crois avoir entendu la suggestion de partir, de rejoindre la guilde, c’est-à-dire de rencontrer les autres, de laisser Misto redevenir Impératrice, et cette idée te déplait fortement. En acceptant ces sentiments que tu éprouves vis-à-vis d’elle, en acceptant de t’attacher à nouveau à une personne de la manière la plus pure qu’il soit, tu t’es mis à craindre l’avenir, à redouter l’inconnu. Sortir de cet abri, cœur de votre union, c’est se laisser choir dans les mains joueuses du destin, et c’est risquer l’imprévu. Imperceptiblement, tu te resserres près d’elle, ne voulant la laisser fuir.
Mais alors qu’elle renvoie les esprits, elle se redresse pour retourner vers la cuisine. Ton regard, un instant, se perd dans le feu crépitant, et n’est qu’interrompu par une nouvelle question de ta jeune amie « Tu sais où tu comptes passer la nuit, ce soir ? » Tu te détournes vers elle et te redresses pour l’aider dans ses quelconques entreprises, tout en lui répondant d’un air joueur : « Je tenterais bien le diable à m’installer dans cette petite auberge à Era qui accueille un nombre fou d’agents du Conseil, juste pour voir si on serait capable de me reconnaître. Plus sérieusement, je viens d’arriver et je n’ai pas encore de logis. Te retrouver était ma priorité sur le moment, que j’ai un toit ou non ! » Tu te penches en sa direction en riant, mais tu te ravises et te contentes d’observer indécemment tous les détails de son visage. « Je ne veux pas être loin de toi, c’est tout ce qui m’importe. Je ne veux plus te voir souffrir comme auparavant. Même si ta cicatrice te donne un certain charme, ou plutôt un charme certain, je ne serais pas réellement d’accord que tu t’es fasse d’autres ! » Tu la nargues – le rire pour fustiger les frayeurs.
« Parle-moi de ta guilde, de tes amis. Qui sont-ils, comment sont-ils ? Est-ce qu’ils... » Tu fronces les sourcils, cherchant un mot juste, mais tu ne trouves guère d’autre que celui qui pend au bout de ta langue. « ...m’accepteraient ? » Des questions imprudentes, mais tu préfères être préparé à entrer dans la vie de Misto, et mieux comprendre son quotidien – et suivant les réponses qu’elle t’accordera, tu en sauras même beaucoup plus sur elle-même. Tu lui laisses le temps d’y réfléchir et t’éloignant, tu dégaines ton épée sous sa cinquième forme Burst et tu poses la lame dans la cheminée. En quelques secondes, l’ambiance gagne quelques degrés de plus. « C’est infernal, dehors, ne laissons pas le froid nous pénétrer. ».
Sujet: Re: Time • Misto Jeu 26 Fév - 21:53
Misto
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Titre : La folle aux oiseaux Crédit : Katarina de LoL by Chenbo, yy6242 et unknown. Vava par Damaz et Yuuki ♥ Feuille de personnage Maîtrise Magique: (26900/35000) Mérite: (1238/1400)
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PV Aston
« Eagle’s Claw… »
La voix de la jeune femme se fait songeuse tandis qu’elle tente de chasser les bribes de rougeur qui reste sur son visage. Ash n’a décidément pas son pareil pour la troubler et, la sensation étrange que son cœur est embarqué dans des montagnes russes joue en sa faveur. La rousse observe Burst brûler vivement au fond du foyer. L’épée lui est familière mais c’est bien la première fois qu’elle voit à quel point son mage et elle sont unis. Cette vision lui tire un sourire heureux et en même temps la fait frissonner. Les températures froides lui étaient si familières que parfois, elle en oubliait la beauté du feu de l’âtre et la réconfortante sensation de chaleur maternel qu’il diffusait dans les pièces. Lentement, au fur et à mesure que l’atmosphère se réchauffe, Misto pose doucement le paquet de gâteau avec lequel elle s’est mise à jouer en contemplant l’albinos. Elle le rejoint et lui ébouriffe tendrement les cheveux, sans même y songer.
« C’est compliqué, de dire qui nous sommes. Pour beaucoup, les aiglons sont des gens perdus. Ils n’ont plus de famille, ils fuient une fatalité ou bien ils éprouvent le besoin de s’épanouir dans un but précis mais sans vouloir se préoccuper des limites. Pour être honnête, il y a tellement de situation différente qu’il est dur de croire que nous sommes unis sous une même bannière quand on en est conscient. Mais je pense que la majorité d’entre eux veulent juste voir la vie leur offrir une seconde chance. » La main de la mage retombe doucement et saisit celle d’Ash avec force. Un sourire pensif répond à celui qu’elle observe sur son visage. « On y côtoie un peu tout, des tueurs aux simples gens fuyant leurs origines. Là-bas, ce n’est pas ta valeur qu’on juge mais ta volonté de vivre et d’avancer. » Le regard de Misto se fait alors plus dur et elle hésite un instant avant de reprendre. Elle n’éprouve pas le sentiment que lui cacher la présence du test d’entrée soit le bon choix et, en même temps, elle ignore totalement ce qu’elle pourrait lui demander. Si l’Impératrice n’éprouve pas le moindre doute sur la place de son compagnon à Eagle’s, elle n’est pas aussi sûre de sa réaction à l’intégration. D’un mouvement ample de la tête, elle chasse la question, laissant en pâture à ses esprits pour mieux se concentrer sur la conversation. « La guilde est une famille, Ash. Être accepté n’est pas le souci, si tu veux mon avis. Arkhana, Salomé et les autres savent que si tu es dans le Nid, c’est que tu as réussi l’intégration et donc que tu mérites ta place parmi eux. »
Misto se tait. L’espace d’un instant, son attention dévie et son regard se pose sur la fenêtre. Les grêlons ont cessé de taper contre les carreaux mais la nature semble toujours en colère. La tempête qui fait rage dehors projette d’épais flocons sur les murs du chalet, donnant à la mage une bouffée de nostalgie. Cette situation lui fait penser à son Iceberg natal mais elle chasse presque aussitôt les souvenirs. La rousse lâche un long soupir et se penche vers la table pour saisir un biscuit dans lequel elle croque avec appétit. Elle en saisit un second et le tend à Ash, consciente qu’avec le froid qui règne dehors et malgré les efforts de Burst, il aurait besoin de toute son énergie pour lutter. L’aigle relâche sa main et se penche vers l’âtre pour saisir l’épée avec précaution. Elle arque un sourcil en constatant son poids et encore plus quand elle sent la chaleur lui lécher goulument les doigts. Elle réprime difficilement son envie d’invoquer le Requiem pour lutter contre la flamme énergique qui court le long de la lame. Elle la contemple aussi longtemps qu’Hikari le lui permet, essayant de lire en elle une réponse qu’elle ne possède pas. La jeune femme espère secrètement qu’elle lui viendra en aide pour trouver les mots justes, à propos de l’intégration et au-delà de ça, de l’épreuve à laquelle devra se confronter l’épéiste s’il l’accepte.
« Elle est plus lourde que je ne l’imaginais. » Consciente du regard d’Aston, elle sourit en la reposant dans l’âtre. « Tu vas trouver ça étrange, mais j’ai l’impression que vous avez fait la paix et même construit une relation profonde en six ans. Cela me rendrait presque jalouse. » Un clin d’œil accompagne l’expression narquoise de Misto. Son visage rond s’emprunt profondément de la malice qui anime la demoiselle. « Dommage que tu renonces à l’auberge d’Era. Je suis sûre que le Conseil aurait adoré notre petite visite. Certes, on n’aurait sans doute pas pu repartir et les aiglons m’auraient assassinée pour avoir pris de tels risques mais je pense que la tête du Haut Conseil aurait largement valu un peu de raffut dans la capitale. »
Elle rit doucement et s’empare à nouveau d’un gâteau. A n’en pas douter, l’escapade lui aurait également offert de nouvelles petites cicatrices. De quoi donner du souci à Ash, lui qui espère que cette relation apaise l’esprit de rébellion de la rousse. Cette dernière savoure le sentiment puissant qui circule entre eux. Jusqu’au plus petit frémissement de celui-ci fait frissonner ses bras nus, tant et si bien que Misto en vient à se demander ce qui pourrait arriver s’il se mettait à faire autre chose. Si ce lien représente milles saveurs inconnues, la musicienne n’en reste pas moins inquiète à l’idée de tout gâcher. Son dos se couvre de chair de poule rien qu’à cette idée, donnant sans doute l’impression à Aston qu’elle est transie par le froid. Un petit feu follet nait dans les yeux de la demoiselle. Tout doucement, elle se rapproche de lui et, avant qu’il ait eu l’occasion d’esquisser un geste, lui saute dessus. Suffisamment proche à son goût, elle pose un doigt sur sa joue. Sa manœuvre, bien que badine, était bien plus recherchée que ça. Si l’on voit l’amusement dans chacun de ses gestes, Misto n’en garde pas moins à l’esprit la question du jeune homme. La scène tourne étrangement, troquant presque à regret la légèreté contre un sérieux si fort qu’il en deviendrait presque palpable dans l’ambiance du chalet. La main de la mage se pose doucement sur la joue d’Ash et l’expression de l’Aigle se fait plus profonde. Même si elle a déjà prononcé ses mots une dizaine de fois, jamais la rousse n’a réussi à leur faire perdre l’aspect si solennel qu’ils représentent.
« Dis-moi, joli petit oiseau, es-tu prêt à devenir mon aigle ? »