| Sujet: Mission rang C, Sabertooth, Moine de Pierre [Feat Holmes Only] Dim 24 Aoû - 19:27 | |
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Moine de Pierre Moi & Moi
[ ...Un jour comme un autre et d'humeur radieuse... ] Tu ne sais pas ce qui est le pire, toi, le lecteur ou, toi, le mage. Le lecteur qui a mis la main sur ce livre signé d'une certaine Lucy. Comment le décrire avec une exactitude et une précision chirurgicale ? Comment le décrire en tenant compte du contexte. C'est élémentaire. Tu pleures à chaque page, tu deviens fontaine à chaque mot. Ton corps a déjà vomi tout ce qu'il pouvait. Bref, si tu n'avais pas été, toi. Si tu avais été un lecteur lambda, comme cette fameuse Mort Noire, tu aurais été désorienté dans les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison. Les émanations mortelles de ce torchon auraient imbibé ton esprit comme l'eau le fait avec le sucre. Quoique le cas de ce mégalomane impuissant, le résultat aurait pu être intéressant, une once d'esprit aurait pu moisir dans son néant. Toujours est-il qu'il n'est pas bon que tout le monde lise ce ramassis d'absurdité, ce miasme d'amour adolescent, cette puanteur de mièvreries, même si quelques-uns sont capables de se délecter du genre Arlequin rose. Pourquoi as-tu déjà acheté ce chef d'œuvre s'il te rend malade ? C'est parce que c'est le genre d'écriture qu'une certaine majorette d'une guilde de psychotique serait capable de pisser. Bref, t'a curiosité a été piquée. Le mage qui marche dans ce paysage au relief peu accidenté où le sol est recouvert, en permanence ou par intermittence, de cette couche d'eau stagnante, peu profonde, puante, gerbante et couverte d'une végétation dont le mauvais est digne des joyeux poneys. Que fais-tu dans ce terrain spongieux, saturé d'eau, impropre à la culture ? Pourquoi le gentleman citadin que tu es, se promène un livre à la main dans ces marais où les buffles enfoncent jusqu'aux genoux ? Où sont-ils d'ailleurs ?
Ah, c'est la raison de ta présence ici. Les marais de Torturas sont connus parce qu'ils font fuir quiconque doué d'intelligence, parce que vivre dans le coin revient à se tirer une balle, parce que même un chiot dénué de bon sens pourrait s'y promener sans y perdre pied, parce que depuis plusieurs semaines les ploucs du coin font un tapage médiatique des plus ringard et des plus soulant. Nos indigènes ont alerté les autorités, les médias que quelque chose clochait. Les animaux viennent squatter le village pour s'abreuver. Il est évident que ce n'est pas pour la nourriture. Les locaux ont même fait appel à la virilité par excellence, à l'homme dans toute sa splendeur, à ce gardien de l'écosystème, le chasseur. Sauf que l'environnement local n'a pas semblé apprécié son manque de raffinement, de classe, d'esprit et de flegme. Notre écologiste des temps anciens et modernes s'est vu renvoyer en morceau au village. D'après les raisonnables du coin, il s'est fait massacré par un moine de pierre. Une demande expresse a été envoyée à Saber. Si tu as accepté la mission, c'est juste parce que le mot moine te donne de l'urticaire et que cela faisait longtemps que tu n'avais pas d'autopsie.
C'est avec une chance admirable que tu as réussi d'une manière totalement honnête à faire conserver le corps du suicidaire dans une maison vide et propre. Tu es arrivé rapidement avec tout ton matériel. Tu as passé deux heures à étudier les restes de la victime. Au regard des contusions, des os brisés et du résultat du démembrement, tu as confirmé, preuve à l'appui que le simplet a été frappé de multiples fois avec un objet massif et contondant. Que la force nécessaire pour arracher un membre de cette manière équivalait à la traction de cinq chevaux de trait lâchés au galop et tirant sur le bras d'un homme attaché. À la vue des différents niveaux de pourriture du corps et de sa composition et du magnifique sourire de sa tête posée sur l'autre table, tu estimes qu'il a été conscient un temps certain, juste suffisamment pour savourer. Sur ses ongles, tu as relevé deux magnifiques traces de minéraux. Tu n'as pis mis longtemps a déterminer leur nature. Il s'agit d'un mélange composé aux deux tiers de grès et de sable en proportion équivalent, le dernier tiers contient autant de calcaire que d'argile. L'auteur du crime est golem de pierre à la force certaine et la vitesse idéale. Il a quand même déchiré ton client du moment rapidement bien qu'il eût un corps bien entretenu. Un esprit sain, dans un corps sain, il paraît... Dans tous les cas, le criminel allait être le sujet de ton expérience.
Tu aurais peut-être pu t’abstenir de vider ses entrailles pour déterminer ce qu'il a mangé. Tu aurais pu t'abstenir de sortir couvert de sang de la tête au pied. Tu aurais peut-être dû t'abstenir de demander aux locaux de nettoyer la pièce. Les pauvres se sont de croyants...
Moi & Lui
[ ...Pierre qui roule n'amasse pas mousse... ] Tu n'as pas mis longtemps pour déterminer l'itinéraire du suicidaire, c'est pour cela que déboule sur toi ton moine. Tu comptes bien l'évangéliser à ta manière. Tu lâches au grès du vent des pages de ton magnifique livre. Ces simples tranches de papiers glissants sur le vent, surfant sur les courants d'airs générés par ses attaques, tes esquives sont aussi solides que lui. À chaque fois qu'une page s'envole, tu n'oublies pas de lui appliquer un Trace On Elementary. Tu t'amuses comme un enfant, ça se voit à ta tronche. Si le corps de ton moine est de pierre, son cerveau l'est aussi. Il fonce tête baissée sur toi en pariant sur sa vitesse et sa force. Sauf que les pages de ton libre de te protègent à merveille. Tu nous fais du recyclage, tu es écologique. Au lieu de jeter aux ordures cette apologie de la littérature, tu la transformes en un bouclier. Le plus énervant pour ton ami du moment qui ne sait pas rester de marbre, c'est sans doute de te voir bondir comme une gazelle. Il n'a pas vu ce Trace On Resiliency que tu as appliqué sur tes chaussures comme il ne voit pas ces Trace On Ductility que lance sur les autres pages volantes. Par contre, mon petit, tu risques d'être à court de magie. Ah, tu as une idée derrière la tête. Ta main chope ce mini vaporisateur. Tu veux rafraîchir ton jouet de compagnie ? Tu ne trouves pas qu'il fait assez humide dans le coin ? Ah, tu vaporises une solution volatile à base d'acide un peu partout sur lui. Le saligaud continue de charger, tu glisses dans la vase. Tu tires la gueule, tu ressembles à une catcheuse professionnelle qui joue dans la boue. C'est d'humeur massacrante que tu libères tes yoyos renforcés par un Trace On Ductility. Tes yoyos d'acier, tu les aimes. Tu aimes découper avec leurs fils en carbone. En de quelques secondes, tu vérifies le théorème de Bell, poussière, tu nais, poussière, tu meurs.
C'est couvert de boue, épuisé et d'humeur féérique que tu trouves un enveloppe. Elle porte un cachet que tu connais trop bien, celui de ton frère Moriarty.
" Pour te rappeler que tu me manques, pour te rappeler notre fraternité, je t'offre ce cadeau froid comme ton cœur. Comme je sais que tu n'aimes pas les copies, je te rassure, il est unique. Tendrement ton frère. "
Là, tu gerbes tellement c'est ignoble à lire, on dirait Lucy qui écrit. À croire que c'est aussi fait exprès.
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