| Sujet: Back to the old times, trapped in the present Lun 14 Avr - 16:42 | |
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| We can dance until we die You and I will be young for ever You make me feel like I'm livin' a Teenage dream the way you turn me on I can't sleep, let's run away And don't ever look back... Let you put your hands on me In my skin-tight jeans Be your teenage dream tonight | |
Sur le cul. Je suis sur le cul. La bouche semi ouverte, le cœur serré, j’ose faire un premier pas dans la salle de la guilde. C’est vide. J’ai accueilli tellement de gens ici, c’est devenu pourtant si… Froid. Poussiéreux. Vide.
C’est si hostile.
Un sentiment de culpabilité profonde s’empare de moi. Est-ce une sorte de punition pour les avoir abandonné ? Comment notre guilde qui partageait pourtant la solidarité la plus jalousée de tout le continent a-t-elle pu atteindre ce niveau de désolation ? Un flash me traverse l’esprit. L’arrivée d’Amy ici. Celle d’Olivia. Le jour où Okami est arrivée blessée dans le jardin… Toutes ces scènes remontent à la manière de nausées désagréable, et pourtant teintés d’une nostalgie bienveillante.
Je passe à l’arrière du bar. Pas plus tard qu’il y a quelques mois, j’étais là, à distribuer des verres sous les rires éclatants. Enfin, quelques années. Moi qui avais trouvé le monde si peu changé en six ans, je retire ce que j’ai bien pu déblatérer. J’ai honte. Mon pied frappe contre quelque chose de solide qui racle le sol, je m’abaisse alors pour découvrir là un coffret. Boh, je n’ai rien à perdre. « Disparition des meilleurs mages du continent » disait le prospectus dans la boite, sans que le texte soit lisible.
Je chiffonne ce truc et le balance à l’autre bout de la pièce. J’ai l’impression de faire de l’excavation de ruine, ça me donne envie de vomir. Je comprends pas. Non, je ne comprends pas, je refuse de comprendre. Comprendre, c’est pour les adultes, ne m’arrachez pas ma naïveté enfantine. Cet arbre sur lequel repose la guilde, l’ensemble désert, ce papier… N’aurais-je pas été le seul à avoir disparu ? Les pires scénarios défilent dans ma tête, aucun ne me plait.
Il faut que j’enquête.
Débatant des différentes possibilités avec Even et le Sir, je traverse les jardins et me rend jusqu’à l’ascenceur magique. Celui-ci démarre capricieusement et m’amène au bureau de Laxus. Vide. Encore plus vide que le reste de la guide. La baie vitrée ne me donne plus envie. Rien dans les tiroirs, rien sur les gestions de la guilde, rien, rien, rien. Trois fois rien. Hormis un nouveau flash. Mon entretien d’entrée, ma première mission avec le chef, cette allure charismatique du plus grand mage que j’ai jamais connu. Où es-tu, Laxus ?
Je descends à l’étage du dessous dans mon repère favori au sein de la guilde : la bibliothèque. Lina, Okami, Amy, Erleigh, Loremy, Suzu, Rei, Sven, Phégon, Maiden, Jio, Atios où êtes-vous tous passés… Les flash se font de plus en plus nombreux, et de plus en plus désagréables, tant et si bien que j’en viens à conclure que mon pouvoir est beaucoup trop perturbé dans cette pièce qui m’est particulièrement attachée. Pourtant, une fois de retour dans la salle commune, rien ne s’est arrangé, et un affreux mal de crâne me prend.
« Putain mais qu’est-ce qui m’arrive ? »
Ouais, qu’est-ce qui m’arrive, parce que là, avoir des maux de tête au point de s’enfouir le visage dans les mains et de s’agenouiller, non, de se recroqueviller en position fœtale sous la table, c’est pas net du tout. Ca fait mal putain. Je sais pas qui t’es, mais sort de là putain.
« Feel mix. Feeling burst, Twisted dream, Empathy, Absolute erasing… »
Rien n’y fait. Mon pouvoir déconne. Je ne sais pas pourquoi il se contient autant en moi, j’ai la sensation d’une balle rebondissant à l’intérieur de mon corps, sauf que chaque rebond provoque une explosion mortellement douloureuse. Je sens bien que c’est elle, c’est ma magie qui veut me faire comprendre quelque chose, qui n’arrive pas à extérioriser sa volonté, mais bordel, c’est pas la peine d’être aussi violente ! Aucune formule ne parait lui convenir, jusqu’à ce que…
« Keepsake. »
Wow c’que ça soulage d’avoir ce poids sorti de la poitrine. Littéralement parlant, cela dit, une lueur bleue pale quitte mon thorax pour aller scintiller comme un feu follet au centre de la pièce. C’est toujours comme ça avec cette magie capricieuse, je peux pas juste apprendre un sort en ouvrant un bouquin comme n’importe qui. Non, faut que ça déconne quelque part. Je me redresse prudemment, prenant appui contre la table de bois et fixant cette lueur d’un air… Douteux.
« C’est quoi ça encore. »
Finalement, mon sort répond à ma question de lui-même en s’excitant. La lueur prend une allure de faisceau tournant pour former une sorte… d’écran ? C’est bien ça, on distingue un contour lumineux circulaire qui se fait de plus en plus discret… Oh mais si, à l’intérieur on voit…
« Master ? »
Je m’avance d’un pas, traversant l’écran qui réagit à la manière d’un nuage de fumée avant de se reformer. Je me retourne, je ne l’ai pas dérangé plus que ça. C’est un écran en fait. Et ce que je vois, ce sont mes souvenirs ? Non, je n’étais pas là. Je tends l’oreille. Rien. Juste des images. Et des émotions. Je vois l’histoire de cette pièce défiler devant moi. Il y a des moments où j’y étais, d’autres où je n’étais pas. Je vois l’image de mes camarades évoquant mon absence avec une certaine inquiétude. Puis la guilde qui se vide petit à petit. Les images défilent rapidement, seuls les temps les plus marquants ont été gravés dans les émotions de ce lieu.
Jusqu’à Okami. Un arrêt sur image sur la louve qui a tant attendu. Je vois Laxus partir, laissant tout le monde ici, puis à la fin, il n’y a qu’Okami. Okami qui veille sur la guilde, Okami qui, devant l’état désastreux de la guilde, tente de la sauver avec sa magie divine. Je vois même ses tatouages. La gorge me serre, les yeux presque humides, je secoue la tête. D’un mouvement de bras, je dissipe le sortilège. J’ai bien compris tout ce qui s’était passé. L’image de Laxus quittant les lieux avec ce sentiment de solidarité, ce prospectus, l’abandon… Une suite de mauvais évènements.
Je crois que cette guilde n’est plus la mienne. Je le crois, mais ce dont je suis persuadé, c’est que je ne mérite pas de revenir vers eux en tant qu’ange. Je dois faire mieux, ou faire profil bas, car je n’ai rien fait pour empêcher ce désastre. Après Nywell, ça. Je suis vraiment un incapable. Un cœur brisé. Mais un cœur brisé qui se réparera, qui se répare déjà.
Je vais faire mieux. Je vais les retrouver, et je vais faire mieux encore qu’Angel’s Sky. Je sors de quoi écrire de mon sac, griffonne quelques mots, enveloppe le tout et redescend vers la ville la plus proche. Lettre à Solis. Je dois voyager un peu, dites à mes amis que je reviens, projet en tête.
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