La route vers le Mont Yakobe est fermée jusqu’à nouvel ordre. Ca y est, je profite un peu de Shirotsume avec une jolie jeune femme qui devient mon ami, je prends du bon temps dans la région nord de Fiore et voilà que je peux pas faire un tour au Mont Yakobe. C’est quoi ce bordel ? Je m’énerve et tape du poing sur la table de l’auberge dans laquelle j’ai couché durant la nuit. Ca fait depuis un an maintenant que je vais au Mont Yakobe chaque mois pour m’entraîner et là on y a plus accès ? C’est vraiment bizarre. Je sors de la pièce et claque la porte en sortant pour aller en ville et en apprendre davantage sur ce qui se trame là-haut. C’est devant le panneau d’information que je vois une affiche où l’on demande un mage expérimenté. Une quête. Et qu’apprends-je dessus ? Que des foutus Balkans bloquent la route ! Là mon regard devient sombre et je pense à ce fichu Balkan aussi bête que ses pieds que je n’arrête pas de sauver à chaque fois que je monte en haut de la montagne.

Franky… Tu vas me le payer.

M’enfin, quoi qu’il en soit cette mission me permettra de faire un tour sur le Mont bien que la route soit bloquée. Après tout, tout ce que je veux c’est y aller, qu’importe que ce soit pour une mission ou pas. Je me sens bien là-bas, isolé de tout, défiant mon corps en le faisant subir les blessures du froid et des nombreuses créatures qui habitent la montagne. La dernière fois je suis tombé sur un mille-pattes géants et je peux dire que c’était pas la plus belle des choses que j’ai vues. Bref, je me dirige vers le chemin qui ramène à la montagne et je me prépare déjà à l’idée de botter les fesses de Bob, ou Charles je sais plus. En fait il pas de nom à ma connaissance mais j’aime bien l’appeler Franky, du moins je crois, je sais plus. Passons. Mes jambes se lèvent de plus en plus à chaque pas en raison du sol maintenant devenu penché. Il me faut escalader le mont jusqu’à trouver ces satanés bestioles. Après je veux pas dire mais celui que je connais est plutôt pas doué pour se cacher, donc même s’il me reconnaît je crois qu’en une journée j’aurai réussi à le retrouver donc ça risque pas trop d’être dur. M’enfin, j’avance lentement sans trop forcer sur mes jambes pour escalader la montagne, après tout j’ai mon temps. Soudain j’entends des bruits de singe, sortes de grommellement de gorilles qui attirent mon attention.

Hmmm… Hmmm… La-dy.

J’avance légèrement, plaçant mes pieds délicatement l’un devant l’autre de manière à ne pas faire de bruit puis je penche la tête pour les voir. Ah oui quand même, je vois cinq Balkans disposés en un cercle en train d’élaborer un plan, ou du moins tenter de le faire. Bon allez on va pas se le cacher, je suis pressé de finir ma mission alors je m’avance de manière à ce qu’ils sentent ma présence sans aucune difficulté puis j’en pousse un pour qu’il dévale la montagne. Le regard empli de colère, ou du moins d’énervement parce qu’au fond ce n’est pas une émotion profonde qui me touche. C’est juste… de l’agacement en fait.

Bon, vous êtes quatre. Je propose qu’on fasse un truc. Vous arrêtez vos conneries sinon vous finirez comme l’autre pas beau, empalés par un arbre en retombant de la forêt.

Je mets les mains dans les poches puisqu’au fond de moi je suis certain qu’ils ne représentent plus un danger pour moi. Après tout j’en ai déjà affronté plein et encore parmi les quatre il y a Franky, le fameux Balkan qui me doit un service étant donné que j’ai épargné sa vie une fois. Je le regarde en fronçant les sourcils pour lui faire comprendre que je veux qu’il arrête ses conneries mais apparemment il se sent bien avec ses copains et ne veut pas se soumettre.

Je vais te tuer, comme ça je n’aurai plus aucune dette.

Il se met à rire, moi pas. Qu’est-ce qu’il est débile, c’est pas possible d’être aussi peu fourni en matière grise ! M’enfin les quatre sortes de gorille m’entourent pour m’empêcher de fuir, au cas où si j’avais l’intention de fuir… on sait jamais. Bref, je sors les mains de mes poches puisque là je sens que ça va tout de même être un petit peu plus difficile puisque j’ai l’équivalent de quatre mages de Take Over face à moi.

T’es vraiment stupide ! M’enfin tu le comprendras j’espère après cette nouvelle raclée que je vais te mettre.

Il me saute dessus et au moment où son poing frôle mon visage, mon corps se dissipe en une lumière jaune laissant passer au travers le bras du Balkan. Ah c’est sérieux tout ça, puisqu’avant de me frapper il a transformé son bras en une sorte de lance en métal qui aurait pu me transpercer le crâne.

Bon ok… Je retiens mec. Je vais pas y aller de main morte cette fois.

Une aura blanche englobe mes poings et mes pieds tandis que mon corps reprend sa forme humaine. Vitesse accrue qui me permet d’éviter le coup d’un Balkan, de me faufiler entre les deux autres qui s’étaient placés pour me barrer la route pour je saute et donne un coup de pied au visage de Franky qui vole et s’encastre dans la paroi rocailleuse de la montagne. Ma réception sur le sol se fait sans difficulté, un genou à terre et les mains pour me rattraper, je me relève aussitôt et recule pour éviter de me faire écraser par les trois autres. Après tout ils sont grands et moi je fais un peu frêle à côté. M’enfin je ne mise pas tout sur la force, ma magie est là pour me donner l’avantage. Au bord du vide, je ne peux plus reculer au risque de tomber. Je place mes paumes en direction de deux Balkans et deux cercles magiques apparaissent.

Irradiation

Deux faisceaux de lumière jaillissent de mes mains en direction de mes ennemis, lances éclatantes qui viennent les frapper à la poitrine et les repousser dans un élan de vitesse contre la paroi de la montagne. Bruit de collision des corps contre la roche dure, sourire qui se dessine sur mon visage, un peu trop anticipé puisque ma victoire n’est pas encore définie. Le troisième Balkan transforme son poing en une sorte de marteau qui d’un coup sec et brutal sur le sol, le fissure et forme une sorte de faille dans laquelle je tombe. Me cognant alors moi aussi contre la roche lors de ma chute, tantôt à l’épaule, tantôt dans le dos, j’atterris dans une sorte de rivière souterraine qui prend sa source dans la montagne. Eau glacée qui vient endormir la douleur de mes blessures, me brasser de ses membres fluides et ondulants pour m’éloigner de mon objectif. Il s’agit là d’une défaite, détourné de ma quête et renvoyé à la case départ, je ne dois pas m’arrêter là. Seulement il va falloir que je m’y prépare davantage. Ce n’est plus le simple Balkan que j’ai connu autrefois, non, ils sont quatre désormais et l’enjeu est beaucoup plus prononcé. Oui là j’aurais pu perdre la vie si cette rivière n’avait pas amorti ma chute. Je lève les yeux vers le plafond sombre de la caverne puis fait apparaître un orbe lumineux pour éclairer le lieu, sphère dorée qui vient naître au creux de ma main pour s’envoler et dévorer les ténèbres de sa lueur. Glyphes et sculptures anciennes qui me semblent familières dansent sur les murs rongés par les eaux.

Ça me rappelle quelque chose.

Cherchant dans ma mémoire ce à quoi ces reliefs me font penser, j’ouvre soudain la bouche lorsque le souvenir revient à moi. Amy… A la cascade où j’étais avec elle, de telles sculptures ornaient le bassin. Seulement là, il y a quelque chose de différent, les gravures représentent d’autres scènes. Il y avait un homme qui de son corps luisait autant que le soleil, là il y a un homme ainsi qu’une bête ailée combattant un Balkan. L’animal est cependant méconnaissable en raison de l’usure, seules sa queue et ses ailes figurent sur le bas-relief. Épris d’admiration envers la scène qui en soit n’est qu’une simple gravure, je passe ma main sur le Balkan de pierre pour caresser la roche rugueuse et humide de mes doigts. Un frisson s’empare de moi et je me retourne, voyant les quatre gorilles s’avancer. Ils m’ont repéré. J’en entends un dire d’une voix grave et rauque.

Tu croyais te cacher, petit vermisseau ?

Face à la situation ambiguë je souris en passant une main derrière ma tête pour exprimer mon embarras, je ne m’attendais pas à ce qu’ils me poursuivent pour en finir avec mon corps déjà meurtri. Un halo vert entoure mon corps alors qui me permet d’oublier la douleur causée par mes plaies, ambiance créée par la lumière qui régénère mon corps petit à petit. Il me faut attendre d’être guéri pour pouvoir attaquer, pour cela il me faut alors gagner du temps. Je décide alors de détaler aussitôt qu’ils s’approchent, tel un lapin qui tente de fuir à son destin, plongeant la tête sous l’eau et nageant sans que le courant m’en empêche. Mon corps fait de lumière traversant l’eau comme le ferait les étoiles filantes traversant l’espace sans aucune contrainte. Remontant la rivière alors que les poissons traversent mon corps onirique, voile diaphane qui teinte l’eau d’une couleur émeraude, lueur verte qu’ils admirent alors que la seconde d’après elle disparaît au loin. Soudain, une lumière blanche, la sortie. Mon corps jaillit de l’eau et atterrit au sommet de la montagne, genou à terre pour me rattraper dans la neige pure et calme. Je ferme soudain les yeux, laissant mon corps se reposer en attendant la venue de mes ennemis.

Une explosion, celle de la roche qui cède sous la force inhumaine des Balkans, puis des rires. Toujours ces mêmes rires idiots. J’ouvre les yeux et au moment où mes paupières dévoilent mes pupilles aussi pures que les feuilles en printemps, trois sphères semblables à la dernière se matérialisent autour de moi en une danse effrénée, virevoltant comme trois danseuses prêtes à me défendre de leur approche.

Dansez autour de moi sans que la douleur ne vous éprenne.

Sans interlocuteur réel, je demande à ce que l’on danse. Et qui de moi où des Balkans sera prêt à danser en premier ? Je me lève alors pour signaler que je suis prêt, puis je les vois déjà reculer d’un pas. La peur. Cette fois la crainte les hante alors que je suis le même qu’avant. Qu’y a-t-il donc de changé en moi ? Je suis pourtant identique au précédent, similaire à ce que j’étais lors de notre précédente rencontre. Je ne comprends pas. Les astres continuent de voler autour de moi puis je dégaine mon épée pour la planter dans la neige, la lame ver s le ciel, bout de métal forgé buvant les rayons du soleil pour les rediriger autour de lui.

N’espérez pas de moi une quelconque clémence.

Un autre pas en arrière, cependant ils ne peuvent plus fuir car nous sommes tous bloqués au sommet de cette montagne. Et pourtant je ne me sens pas rassuré, ils sont quatre dont un assez gravement blessé en raison de sa chute mais ils restent des Balkans, créatures disposant d’une force phénoménale. Cependant, mon visage reste neutre, assez pour conserver mon assurance. Le combat risque d’être… intéressant. Un de mes ennemis prend l’initiative de l’assaut dans un élan de folie en chargeant tête baissée. Offensive facile à parer seulement je suis seul et lui non, je décide alors de sauter dans les airs pour échapper à la frénésie de la bête puis je sens le soleil se cacher derrière une grotesque silhouette. Je lève les yeux et voit les deux autres Balkans au-dessus de moi, prêts à me frapper de toute leur force pour me renvoyer au sol. Hors de question, mon corps se dématérialise en une lueur dorée pour faire passer au travers les poings menaçants puis ma jambe reprend forme et je les frappe en tournoyant sur moi-même, formant une sorte de toupie humaine. Au moment où je me stoppe, ma vision divague et je vois le dernier Balkan arriver sur moi en trombe et me donne à peine le temps de déplacer les sphères en face de moi pour exploser entre nous deux. Frappé moi aussi par l’explosion, je retombe dans la neige qui amortit légèrement ma chute et apaise la légère brûlure causée par ma magie.

Vous êtes plutôt doués pour des sous-hommes. Mais je vais devoir y aller sérieusement.

Je joins les mains et entre elles apparaît un cercle magique duquel j’extirpe deux chaînes magiques d’un coup sec. L’une se dirige vers mon épée pour me la ramener tandis que l’autre s’enroule autour de moi en une spirale ascendante, formant une sorte de bouclier me protégeant partiellement. Je lève ma lame vers le ciel et elle s’imbibe à nouveau de la lumière de soleil. Soudain je ferme les yeux et un cercle doré apparaît au bout de son tranchant. Les Balkans, apeurés, se regroupent et se prépare à me sauter dessus alors que je présente une ouverture. Fausse impression puisque pendant ma canalisation d’énergie, ma chaîne éthérée bloque la course des quatre Balkans. Cinq secondes plus tard je pointe mon épée vers ces bêtes et un puissant faisceau lumineux jaillit du cercle magique au bout de mon arme.

Lumière Divine.

Le faisceau percute les trois Balkans qui font face et les irradie, brûlant leurs peaux, leurs yeux, leurs corps tout entier qui n’ont pas pu échapper à leurs destins en raison de l’étreinte formée par ma magie. La chaîne se dissipe et les laisse tomber à terre, souffrant de leurs brûlures bien que la neige les apaise. Seul un survit, ce fameux Franky qui était resté derrière pour ne pas subir l’attaque. Je ris alors et dit avec ironie.

En voilà un acte de bravoure ! J’ai dit que je ne t’épargnerai pas puisqu'apparemment ton intelligence se limite à ta raison. Et tu m’as prouvé aujourd'hui que tu n’en avais pas en t’attaquant à moi. Une vie pour une vie comme on dit. J’ai déjà sauvé la tienne, il va me falloir la reprendre pour que tes âneries cessent.

Je le fusille du regard puis d’un geste de la main, les deux chaînes volent en direction du Balkan et le transperce au niveau du cœur. Des larmes s’accumulent alors sur mon visage mais je n’ose les évacuer tout de suite, gardant la peine de cette perte au fond de moi et reniant la cruauté de mon geste. Je l’ai fait pour le bien de Fiore…