Hache en mains et des gants pour les protéger, je m’avance vers un bout de bois pour le couper en deux et un bruit de craquement sec et lourd se fait entendre dans la forêt. Bruit qui fait s’envoler les oiseaux perturbés, la quiétude habituelle disparue, chassée par le claquement du fer contre la souche aux cicatrices multiples. Je me redresse et passe le dos de ma main sur mon front pour y essuyer les quelques gouttes de sueur qui s’y étaient accumulées et regarde au loin le soleil à peine levé.

Une belle journée…

Je continue d’enchaîner les coups sur les morceaux de bois qui défilent sur cette souche les uns après les autres avec un rythme ralentissant petit à petit, la fatigue s’installant. Un sourire s’installe sur mon visage, non, mes yeux se plissent comme si je souriais. Une poussière dans l’œil, un copeau qui vole jusqu’à mes cils que je prends soin d’éviter avant d’en finir écorché au niveau de la tempe. Une légère plaie apparaît et du sang coule doucement. Je lâche ma hache et place un doigt sur la plaie pour stopper le saignement et patiente. Aucune douleur, une blessure superficielle qui fait de moi pourtant la cible des moustiques environnant. Déjà étaient-ils attirés par la transpiration, voilà qu’ils arrivent comme des furies, guidés par le besoin de nourrir leurs enfants. D’un geste de la main gauche qui elle n’est pas occupée, je tente de les éloigner en balayant l’air hâtivement mais rien n’y fait, ils sont beaucoup trop.

Dégagez !

Voilà une situation bien embarrassante. Je m’énerve et mon visage devient de plus en plus rouge en sentant les insectes se poser sur celui-ci. Des tentatives de piqûres que les insectes tentent vainement de faire. Aussitôt je sens leurs pattes sur mon corps, aussitôt je les tape de ma main gauche pour qu’ils s’en aillent et pourtant ils reviennent à l’assaut. Là je commence à m’énerver pour de bon, ces sales bestioles sont vraiment débiles ! Mon corps se dématérialise et émet une lueur jaune qui s’intensifie peu à peu qui attire malheureusement de plus en plus d’insectes, mais au moins mon corps est à l’abri de leurs trompes, pompes à sang pour remplir leur réservoir maternel. C’est tout un essaim qui vient tournoyer autour de moi, virevolter en un bourdonnement chaotique qui résonne dans mes oreilles. Bourdonnement qui m’énerve davantage et me pousse à crier de toute voix, presque dans la panique.

C’en est assez… Lumière Divine.

La lumière présente en mon corps s’intensifie tellement qu’elle brûle tous les moustiques qui passent au travers. Immolés instantanément, comme grillés par les flammes, ils tombent un à un sans lutter. Ces petits êtres fragiles qui dans la passion se sont fait punir de leurs abus. Attirés par une lumière destructrice et flamboyante qu’est ma magie. Mon corps reprend son apparence une dizaine de secondes plus tard quand plus aucun insecte n’ait encore la force de voler autour de moi et je sens encore le sang couler sur mon visage. C’est plus calme, beaucoup plus calme. Et soudain je me mets à penser à ma magie. Elle est si destructrice alors que pourtant il y a des lumières beaucoup plus douces. Je lève les yeux vers le soleil qui à l’aube réchauffe les hommes de leur nuit si froide. Je veux rendre service, à moi, aux gens. Ma main vient caresser une nouvelle fois ma plaie et une lumière verdâtre émane de mes doigts. Je sens alors une sensation de chaleur plutôt agréable sur mon visage ainsi que ma plaie se refermer petit à petit. Voilà donc quelque chose d’intéressant dont je dois explorer les limites…

Ma main quitte mon visage et je la regarde avec étonnement. En effet, je suis encore un peu sous le choc de la découverte. Pouvoir me soigner, c’est un miracle. Je veux dire, c’est génial ! Pour une fois que ma magie n’est pas si agressive, je peux en être content. Si j’avais su faire ça plutôt… J’aurai pu sauver des vies… Humaines en plus. Là un sentiment amer de regret s’installe au fond de moi et je finis par baisser les yeux. Je dois me rattraper, m’entraîner à utiliser cette technique pour la parfaire et la maîtriser jusqu’aux dernières limites.