Alors que je suis si bien au chaud dans mon lit, je ressens le besoin vital de manger quelque chose. En effet, il est déjà 17 heures. Je me lève donc puis j’enfile un haut que je pioche parmi les autres dans mon placard, puis je remets le pantalon que j’ai porté la veille, considérant qu’il n’est pas encore trop sale. Je regarde par la fenêtre et je vois le soleil qui se couche déjà puis je pense à ce rythme quotidien qui devra bientôt changer. J’avance d’un pas alourdi par l’alcool jusqu’à la porte menant à ma cuisine pour finalement me préparer à manger, c’était comme d’habitude : casse-dalle. Seule la garniture changeait avec les jours. Perdu dans mes pensées encore brumeuses, je tente de me souvenir de ce qui s’est passé la veille puis je souris. Généralement, ça voulait dire que la soirée s’était plutôt bien passée. D’un coup, le fait de manger me donne de l’énergie instantanément et je retrouve ma bonne humeur en m’étirant.

Aaaaah !

Je me lève pour voir le calendrier : Dimanche. Le dimanche, c’est le jour où tous les bars sont fermés. Il faut que je trouve quelque chose à faire… mais quoi ? Je réfléchis longuement mais rien à faire, je me dis que rester chez moi serait la pire des options donc je prends ma veste puis je sors. Mon plan est le suivant : « Je marche au hasard jusqu’à ce que je trouve quelque chose à faire ». En même temps que j’avance vers une destination inconnue, je me mets à fredonner quelques chansons qui me passent en tête et je pense à mes futurs entretiens, je m’imagine à quoi ressemblerait les Master remplaçants de Blue Pegasus : peut-être un homme costaud comme le roc, et peut-être une femme avec une poitrine et un caractère imposants à la fois, bref… je me perds tellement dans mes pensées que finalement je me retrouve dans une plaine, au beau milieu de… rien en fait. Des étendues immenses d’herbe se présentent autour de moi et je me sens comme perdu, seul dans la nuit, avec la peur qu’une bête sauvage me saute dessus.

« Ouh-ouh ! Y a quelqu’un ?! »

Puis je me mets à raisonner : « Et si j’avais attiré une meute de loup en criant comme ça ? Oh mon dieu…. » Je regarde au loin et je vois une silhouette sombre surmontée d’une crinière au-dessus des hautes herbes, puis je détale et crie comme un attardé en réalisant que je ne suis pas seul, courant au hasard dans les champs. Mon parcours fait des boucles, des zigzags, des allers retours, et finalement je m’arrête de fatigue en me couchant par terre. Mon souffle se fait de plus en plus rapide tout comme mes battements de cœur, je regarde autour de moi mais je ne vois rien. J’hésite à utiliser ma magie pour éclairer mon chemin parce que cela attirerait d’avantage la bête qui se cache dans l’ombre. Dans l’herbe, j’entends des pas à l’allure précipitée qui s’approchent de plus en plus puis soudain : plus rien. Dans le stress total, je me retourne lentement puis je crée un orbe lumineux en joignant mes mains. La lumière ainsi apparue dévoile les alentours et je lève lentement les yeux et, m’apprêtant à fuir à nouveau, je me sentis soudain rassuré quand je vis une femme en face de moi. Peut-être ai-je tort de me rassurer de la sorte ? Je ne m'en soucie pas trop et lui dis sur un ton plutôt banal, voire enjôleur.

Eh ! Moi c’est Drake !

Je profite de la lumière pour examiner la femme plus en détail, et je me dis qu’elle ressemblait en rien à une louve. Heureusement qu’elle ne lit pas dans mes pensées parce que sinon elle aurait su que je l’aurai prise pour une bête sauvage. Rassuré, le souffle revenu à la normale, j’affiche un petit sourire au bout de mes lèvres signifiant que je vais bien et je reprends mes habitudes de mâle : c’est-à-dire que j’examine la femme encore plus en détail à un tel point que j’oublie de l’écouter. C’est étonnant tout de même de trouver quelqu’un ici en pleine nuit, oh mon dieu… C’est peut être un Balkan qui a pris l’apparence d’une femme ! Je plisse les sourcils et baisse mon regard en direction de sa poitrine et je me dis que c’est beaucoup trop bien imité pour du Take Over.

Qu'est-ce que tu fais ici Drake?

Hmmm… Je… pique-niquais… sous les étoiles ! Oui c’est ça, je pique-niquais sous les étoiles, malheureusement j’ai oublié de ramener à manger.

En répondant ça, j’espère lui cacher le fait que je me suis perdu mais je dois avouer que j’ai du mal à me convaincre moi-même. Je commence donc à lui sourire parce que je sais très bien qu’elle ne va pas me croire et finalement je lui dis ce que je fais vraiment.

En fait, c’est faux. Je me suis perdu, mais euh… je suis pas vraiment perdu ! Je voulais pas passer mon dimanche à rien faire alors je suis sorti me promener sans réel but, et je me suis retrouvé ici

Là, je me mets à penser : Est-ce que je lui dis que je l’ai prise pour un loup ou pas ? Nan… elle risque de mal le prendre. Je vais plutôt continuer la discussion, j’en apprendrai plus sur elle.

C’est plutôt étonnant de croiser quelqu’un dans les parages, non pas que je te soupçonne mais puis-je te demander que faisais-tu ici… toute seule ?

En posant ma question, je me rends compte qu’il s’agit d’une femme… seule… dans la nuit. Soit il s’agit vraiment d’un Balkan qui s’apprête à me cogner, soit c’est une mage qui est venue me… tuer… , soit c’est une mage mais qui s’est simplement perdue comme moi. Généralement, c’est après ce genre de question que ça part en baston s’il s’agit d’un Balkan ou d’une mage illégale donc je me prépare discrètement à utiliser ma magie s’il le faut, tout en gardant un sourire aux coins des lèvres pour dissimuler mes intentions.

Au final, je me sens perturbé par cette femme qui m’attire et que j’ai envie de connaître davantage bien que je la connais que très peu, raison pour laquelle, assimilée aux circonstances, je dois me méfier d'elle.

Le temps que la jeune femme prend pour répondre me paraît une éternité et je me tiens là, comme tétanisé devant elle. Pourquoi je réagis comme ça ? Ce n’est une femme pourtant, une simple femme. Et de toute manière je me suis fait déjà plein de Balkan dans mon passé donc j’ai pas de souci à me faire.

"- Je suis venue m'entraînée à détruire certaines guildes...ça te vas comme réponse ? "

Je me retiens de toute réaction quant à ce qu’elle vient de dire, il faut que j’arrive à lui faire gober que ça me choque en rien. Maintenant, la situation est encore plus critique que les trois que j’ai prédites et l’erreur me sera fatale. Je passe donc une main dans mes cheveux avant de lui sourire.

Ah c’est pas mal comme hobby ! Moi aussi j’aime bien faire ça de temps en temps, mais bon en ce moment c’est repos. Donc oui c’est plutôt une bonne réponse, je vois qu’on a des points communs.

Plutôt fier de ma prestation qui parait bien mieux que la précédente. Je réfléchis à quoi cela me mène : si elle me demande de l’aider à détruire une guilde, mon entrée à Blue Pegasus est fichue. Je dois me contenter de sortir vivant de cette rencontre.

"- Bon eh bien maintenant que je t'ai dis ce que je faisais ici que vas-tu faire? Partir en courant comme tout à l'heure en pensant que je n'étais qu'un vulgaire sanglier des bois? Ou alors rester ici à me taper la discut' et à me poser diverses questions? Je ne vois pas ce que je pourrais t'apprendre plus...T'as qu'à lire le journal si tu veux en savoir plus sur moi."

Non, elle ne m’a pas cru… et elle lit dans les pensées en plus. Bref, elle n’a pas tellement l’air de vouloir s’en prendre à moi, ni de me donner trop d’importance. Elle se retourne, et là mon instinct me dit de partir en courant le plus rapidement possible. Mais c’est quand elle me demande ce que je compte faire que je ne sais quoi répondre.

" - Si tu veux m'attaquer fait le tant que j'ai le dos tourné sinon détends toi et respire..Je ne me donnerais même pas la peine de te faire une pichenette."

Quelque chose me retient, la curiosité peut-être. Je choisis de rester, après tout elle ne m’attaquera pas d'après ce qu’elle vient de dire. Je tente alors de trouver un sujet de conversation pour deux personnages bien différents comme nous.

C’était un loup… Pas un sanglier.

Je fais virevolter mon orbe autour d’Enya avant de le faire monter dans les airs au milieu des étoiles, celui-ci ne me sert plus puisque je n’ai plus l’intention de fuir ni de me battre. Alors j’avance de quelques pas et je regarde le ciel avec elle. Les nuages qui cachaient la lune ont disparu et celle-ci nous donnait sa lumière pour éclairer la terre.

J’ai une question qui me chatouille l’esprit, pourquoi t’en prends-tu aux guildes ? Tu as le droit de ne pas me répondre, c'est juste de la curiosité.

J’ai peut-être tort de lui demander ça mais je ne peux me retenir, je veux comprendre pourquoi des gens deviennent comme ça et agissent contre les guildes.

Ma curiosité sera ma perte un jour, je crois que c’est bien la leçon d’aujourd’hui. En effet, cette question fut de trop et la situation a changé, devenue instantanément l’inverse de celle que je m’imaginais. C’était comme si je me sentais trahi, dupé par plus fort que moi. Voilà donc ce à quoi ressemblent les méchants, les mages illégaux remplis de vices et de haine. Mais quoiqu’il en soit elle m’a laissé ma vie. Si j’avais riposté, mon sort n’aurait pas été le même. Je me retrouve donc nu dans les champs avec une ouverture sur le torse.

Elle aurait au moins pu me donner les clefs de mon appa… rtement. Oh mon dieu ! Il va falloir que je fasse changer les serrures. Et si jamais elle revient cette nuit pour finir le boulot ?! Je suis foutu…

Bon, maintenant je ferai mieux de profiter de la nuit pour traverser la ville sans habit et passer inaperçu. Mais la difficulté c’est de retrouver mon chemin par cette pénombre… Attends…

Je crée une sphère lumineuse identique à la précédente puis la jette en l’air. Une fois bien haute je la fait briller davantage grâce à ma magie pendant une ou deux secondes, le temps de repérer Hosenka. La lumière émise par la sphère se propagea aux alentours jusqu’à la ville comme une vague lumineuse venant s’éclater contre les rochers. Là-bas, c’est ma direction. Je cours alors au plus vite pour éviter de perdre trop de sang puis je me mets à penser.

«J’espère que la blessure ne sera plus visible d’ici quelques mois. Je veux faire partie de Blue Pegasus, moi. Je ferai mieux d’aller voir un mage guérisseur au plus tôt possible. »

Arrivé dans la ville, toujours sans habit, je me dirige vers mon appartement mais en face, je croise une bande de gens louches regroupés en un cercle. Je fais demi-tour pour éviter qu’ils m’aperçoivent mais… trop tard, voilà qu’ils me suivent.

Eh ! Regardez par là-bas, y a une tarlouze à poil ! »

Ma magie peut servir de diversion, je me sépare donc de mon image afin de me rendre invisible et j’envoie mon image au plus loin possible afin qu’ils la suivent. Pendant ce temps je vais à mon appartement mais voilà que j’ai ce problème de clefs. Bon tant pis, je vais passer par la fenêtre, mais si je la casse ça va faire du bruit, je ferai mieux d’utiliser ma magie encore une fois. Redevenu visible, mon corps prend une allure lumineuse et perd sa texture matérielle. J’en profite pour sauter contre la fenêtre et passer au travers, avec une trajectoire légèrement déviée en raison de la réfraction.

Ah me voilà chez moi, ça fait du bien en fait …

Je vais dans la cuisine et me désinfecte la plaie au torse avec du rhum, ce qui me brûle douloureusement mais je me retiens de crier. Puis je vais dans ma salle de bain afin de me faire un bandage. Enfin, j’enfile un caleçon puis saute dans mon lit telle une enclume, vidé de force et fatigué par cette soirée.