LOST IN THE DARK I'm naked I'm numb I'm stupid I'm staying And if Cupid's got a gun, then he's shootin' Lights black Heads bang You're my drug We live it You're drunk You need it Real love I'll give it So we're bound to linger on We drink the fatal drop Then love until we bleed Then fall apart in parts

« Oméa ? Qu’est-ce que tu fabriques ? »

J’ignore consciencieusement l’ange qui se tient et donne ma main au démon devant moi. Celui-ci, masqué, me conduisit pas à pas vers le portail ouvert dans un des murs de ma chambre. J’en franchis le seuil, sans me préoccuper d’Azariel qui venait de faire irruption dans la pièce. Je n’entendis pas son cri de mise en garde alors que je me contentais simplement de me retourner et de lui sourire. Le démon sous-fifre m’accompagna le long du tunnel toujours plus sombre. J’étais entourée par les ombres. Une ombre toujours plus dense. Tellement dense que je n’aurais pas été surprise de réussir à la tenir dans ma main. Le messager semble prendre une infinie précaution à me faire esquiver les volutes mais je n’arrive pas à m’en détacher. Main tendue, je plonge la main en elle et disparais simplement, engloutie par les ténèbres.

Les lieux sont plongés dans le noir. Je n’arrive même pas à voir au-delà de moi-même malgré l’étrange aura fluorescente que je laisse derrière mes pas. J’hésite à tirer mes armes dans le Royaume des ombres. Je ne suis pas chez moi et ça pourrait me porter plus de préjudice que d’avantage. Finalement je continue à avancer sans me retourner, mains vides. Parfois j’entends des voix. Comme des murmures fugaces dont je ne comprends ni l’objet ni le sens. Elles me parviennent tantôt déformée, tantôt clairement, comme si leur possesseur se trouvait à deux pas de moi. Mais il n’y avait personne dans les ombres mouvantes du tunnel menant aux enfers. Les yeux clos, je me plais à y imaginer de multiple personnes passant dans une rue animée de Fiore. Je sais que je me perds mais je ne peux m’en empêcher. Et pourtant, malgré cette certitude que je ne réussirais jamais à rentrer, je continue d’avancer jusqu’à percuter quelqu’un. Mes yeux s’ouvrent alors que l’ombre se penche sur moi.

« Tout va bien ? »

Une main inconnue me saisit le poignet et me redressa contre une poitrine imposante en posant une seconde main protectrice sur ma tête. La discussion reprit entre les ombres sans que j’en saisisse le sujet. Ce qui me tenait me lâcha quand les voix cessèrent. Je sentis vaguement des mains sur mes avants bras et reculait sous une pression inconnue.

« Hé bien gamine, qu’est-ce que tu fais perdue chez moi ?
- Chez vous ?
- Oh diable, tu ne sais même pas où tu te trouves. C’est déjà plutôt miraculeux qu’aucun des espions ne t’ai abattue à vue. Quoi que, maintenant que je te vois de plus près … »

Je sentis un souffle sur mon visage puis entendit un éclat de rire. Est-ce que l’ombre se moquait de moi ? Elle m’ébouriffa les cheveux et je crus voir une mine chaleureuse à travers l’obscurité. L’ombre me tira par le bras, me conduisant quelque part. Elle connaissait les lieux, ce qui n’était que plus rassurant.

« Alors ? » Je le sentis me guider et mes mains se refermèrent sur les contours d’une chaise. Je du dissimuler ma surprise quand je fus assise dessus. « Comment es-tu arrivée là petite Oméa ?
- Vos tendances à tous connaitre mon prénom sans que je sache à qui j’ai affaire m’étonnera toujours, maugréais-je.
- Tu n’as pas tout à fais tort. » Fit-il en riant de bon cœur. « Je suis Nergal, enchanté.
- Si je puis me permettre, où sommes-nous ?
- J’oubliais que les mortels ne pouvaient pas voir dans les limbes. Excuse-moi Princesse. »

Le démon m’attrapa la main et mordit dedans à pleine dent, m’arrachant un hurlement de surprise. Des larmes perlèrent alors que peu à peu les ombres disparaissaient. Je fus surprise une nouvelle fois en découvrant le bureau où j’étais assise et sur lequel mon sang goutait. Nergal, caché par un masque de comédien en argent, agitait la main devant mes yeux et s’approcha de nouveau. Je crus voir le masque s’étirer dans une grimace satisfaite avant de reprendre l’émotion d’ennui qu’il possédait à l’origine.

« Je t’ai vu plus courageuse que ça.
- J’ai été prise au dépourvu, me défendis-je
- Juste. En tout cas le regard des limbes te sied à merveille ma chère.
- Le quoi ?
- Tseuh tseuh tseuh, moi d’abord. Alors, qu’est-ce que tu fais là ?
- Perdue.»

Je vis clairement les yeux du masque s’agrandirent de stupéfaction. Le démon sautilla de droite à gauche, soudain mal à l’aise avant de se ressaisir. Le masque redevint normal.

« Qu’est ce tu venais faire ici ?
- Il faudrait demander à l’un de tes compagnons. C’est lui qui m’a demandé de le suivre.
- Ah. Je vois. Lilith n’a toujours pas compris que mes espions n’étaient pas des larbins on dirait…
- Lilith ?
- La charmante pin-up que tu as vue en rêve. Mais ça n’a aucune importance remarque. Bienvenue chez les espions de l’enfer Princesse.
- En toute honnêteté, je serais la bienvenue quand je saurais ce que je fous là. »

Le démon fit mine de réfléchir, faisant froncer les sourcils du faciès d’argent. Le sourire parut très décalé avec l’expression quand il me répondit.

« Tu t’es perdue ! »

Je ne peux m’empêcher de pouffer. Il n’a pas tort. Je sais déjà ce que je fais là puisque c’est entièrement ma faute. Je lui souris gentiment et jette un œil à la blessure. Qui a déjà disparue. Encore un truc inexpliqué mais je ne vais pas m’en plaindre cela dit. Le démon est de bonne compagnie. Il commence tranquillement à me parler de l’enfer dans son ensemble et des dernières nouvelles qui l’ont secoué. J’apprends ainsi que Lucifer met des caleçons vert bouteille, que le plat préféré de Belzébuth est le pied de biche farcis à l’ail, que le Léviathan se morfond depuis un mois depuis la dernière fois qu’on lui a refuser ce qu’il souhaitait. Lilith, la reine des succubes, a entreprit une grande croisade avec Pan avant d’abandonner pour retourner profiter des plaisirs de l’enfer avec une fournée toute fraiche d’Incubes et ainsi de suite. Une foule de détails stupides et inutiles mais qui me divertirent au plus haut point. Mon hôte continua alors, me parlant de diverses choses dans Earthland, tout en sortant par je ne sais quel miracle une paire de tasse et une théière de sa manche. Le visage d’argent me fit un clin d’œil alors qu’il prenait une pause pour nous servir. Il sortit de son autre manche une paire de croissant qu’il me tendit et reprit de plus belle.

« C’est ainsi que j’ai appris par hasard que l’un des noms de ton maitre était Eskesion et qu’il s’en était servi dans un pays… comment s’appelait-il déjà … ?
- Attend, deux secondes, fis-je, peux-tu me répéter ce que tu viens de me dire ?
- Que je ne me souviens plus du pays ?
- Non non, sur Bastian.
- Que Eskesion est une de ses identités avec Sid et M. Jimenez ?
- Alors lui … je le hais. Je le hais, je le hais, je le hais !
- Si ça peut te rassurer, il a une photo de toi en pyjama dans son portefeuille.
- Pardon !?
- Oups … »

J’avale ma viennoiserie et saute sur mes jambes. Je pose la tasse sur le bureau avec précaution pour ne pas faire tomber son contenu sur les rapports qui jonchait le sol.

« Où est-ce que tu vas comme ça Princesse ?
- Arrête donc de m’appeler comme et montre-moi la sortie. Je vais lui tirer les oreilles à ce salopard !
- Mauvais plan. Tu ne fais pas le poids Prin…
- C’est ce qu’on va voir tout de suite Nergal, l’arrêtais-je.
- Pas si vite. » Sa main me saisit à l’épaule et me fit faire un splendide volteface pour regarder son masque. « Si on faisait une petite alliance pour ta vengeance hein ?
- C’est-à-dire ?
- Je t’offre une façon de lui jouer un mauvais tour et te ramène dans tes quartiers. De ton côté, tu vas simplement accepter et t’amuser un peu. Qu’en dis-tu ?
- Pas d’entourloupe ?
- Sur la tête de Lucifer, il n’y en a pas.
- Je marche.
- Alors ferme les yeux et fais-moi confiance. »

J’obéis et me laisse bercer alors qu’il me prend gentiment dans ses bras. Je l’entends vaguement murmurer qu’on se reverra mais je ne sais pas si je dois m’y intéresser plus que ça. Quand je rouvre les paupières, je suis assise sur une chaise face à mon miroir. Je contemple alors, avec un sourire réjoui le cadeau de mon ami Nergal.