Livre I - Le Fils de l'Ermite
Il était une fois un petit garçon aux cheveux blonds comme les blés et aux yeux d'ambre liquide. Il vivait avec son père dans une somptueuse forêt à l'Est de Magnoria. Il n'avait jamais connu sa mère, qui les avait abandonnés son père et lui alors qu'il n'avait que trois ans.
Le petit garçon et son père coulaient des jours heureux près du hameau d’Edelweiss, dans une petite cahute de bric et de broc au fond d'une combe, un peu à l'écart du village. Mais un jour, alors qu'il n'avait que sept ans, sa vie allait prendre un cours qui ne permettait aucun retour en arrière. Des gens venus de la ville étaient arrivés en Edelweiss, prononçant des mots étranges, et les maisons brûlaient, explosaient ; et les gens criaient, pleuraient...
Ces gens se faisaient appeler les Tyrant's Offering. Ils disaient chercher un certain Stephen Stirling, et qu'ils savaient qu'il se terrait ici. Entendant les paroles du chef des brigands, le père du petit garçon s'en fut avec son fils, toujours plus loin et profondément dans la forêt de Kunugi. Le père du petit garçon aux cheveux blonds comme les blés ne lui donna aucune explication...
Livre II - Le Mage des Vents
Le jour venait à peine de pointer le bout de son nez par la fenêtre de ma chambre. Une belle matinée s'annonçait. Une belle matinée propice à la cueillette des champignons. Je rêvassais en regardant deux écureuils se faire la course, l'aube parant leur fourrure rousse d'une somptueuse teinte incandescente.
Edward ! Petit-déjeuner !Ces trois mots mirent fin à ma pérégrination mentale.
Au revoir, petits écureuils, dis-je par la fenêtre aux deux rongeurs.
Me précipitant dans l'escalier, je vis mon père passer ses bras dans les manches de son inséparable manteau rouge. Il avait l'air préoccupé. Il était devant la porte quand il m'expliqua.
Je vais en ville, voir des amis. Il faut que cette guilde clandestine cesse ses agissements.Le regardant droit dans les yeux, j'avais compris qu'il craignait de me laisser seul à la maison. Je venais d'avoir neuf ans, il m'estimait maintenant assez responsable pour que j'aille en ville avec lui. Aussi ai-je mangé en quatrième vitesse pour me préparer moi aussi. Je ne connaissais personne, et je ne savais même pas que papa avaient des amis en ville. Alors autant faire bonne impression !
Nous avons mis une semaine à rallier Linetea, une grande ville dans le coin de notre cabane. Toutes ces maisons en bois, toutes ces fleurs, ... J'en avais plein les yeux. Je tournais constamment dans les jambes de mon père, en lançant des
Et ça, c'est quoi, papa ?, ce qui l'agaçait au plus haut point. Puis soudain, on est arrivés devant une jolie auberge à colombages, avec marqué "Wonder Souls" sur un écriteau au-dessus de la porte. Papa avait poussé les portes, entrant sans hésiter, et en me faisant signe de le suivre, un sourire fendant son visage, auquel je ne connaissais pas cette expression.
Un monsieur aux longs cheveux kakis prenait papa dans ses bras, lui donnait des accolades dans le dos... Et moi, il me lançait des sourires, m'ébouriffait les cheveux. À croire que ce monsieur appréciait vraiment papa. En parlant de ça, à ce moment, il était en train de parler à un petit bonhomme à moitié chauve et au visage tout raplapla, et avec des cheveux gris. Il était en train de rire avant que papa ne lui dise quelque chose à l'oreille, le monsieur aux cheveux kakis à côté de lui. Mais quand papa s'est arrêté de parler, le vieux monsieur est devenu tout blanc, et il a fini par répondre quelque chose à papa, qui lui dit autre chose avant de se tourner vers moi en souriant. Papa m’a rejoint à une table, et une très jolie fille avec des cheveux roses est venue vers nous avec des assiettes pleines de pilons de poulet. Elle est retournée derrière son bar, et je la suivais des yeux, émerveillé par la beauté de ses cheveux ; elle avait l’air triste, d’un seul coup.
Quand on est partis de l’auberge, le vieux monsieur nous a souhaité bonne chance, bien que je ne savais pas pourquoi. Sur le retour, papa m’a acheté un énorme paquet de bonbons dans une confiserie de Harujion. Il me souriait comme quand il était fatigué, et il m’a dit que bientôt, les méchants ne feraient plus de mal aux gens d’Edelweiss. Et que les sucreries étaient pour fêter ça, qu’il fallait que je ne les mange pas avant leur départ.
On était arrivés au village, et dix méchants fracassaient tout ce qui leur passait sous la main. Mais quand l’un d'eux avait vu mon père, un sourire mauvais barra son visage. Il paraissait prêt à faire quelque chose de pas très gentil...
Edward, reste bien derrière moi, et cramponne-toi s’il le faut, m’avait-il dit d’un ton calme, mais qui ne permettait aucune discussion.
Son regard avait changé : de chaud et bienveillant, il était devenu froid, dur et déterminé. Même ses yeux, d’ordinaire du même jaune ambré que les miens, étaient maintenant colorés d’un gris d’acier. Son catogan vola en l’air, libérant ses cheveux dans le vent qui s’était mis à forcir. Une bourrasque en cueillit un premier à l’estomac, alors que l’air forma comme un poing que mon père envoya en pleine figure d’un deuxième. Les autres se mirent à l'attaquer de toutes parts, et l'air s'était comme mis à crépiter. Le combat aura duré à peu près deux heures. Au final, tous les vilains bonshommes étaient par terre, et les habitants se ruaient sur mon père pour le remercier, tandis que d’autres ligotaient les méchants.
Livre III – L’incendie
Le père du garçon aux cheveux blonds comme les blés l’avait laissé jouer dans la forêt. Deux jours après l’altercation contre les dix mages clandestins de Tyrant’s Offering, le calme était revenu, et la circulation en Edelweiss était à nouveau sûre.
Pourtant, Stephen Stirling craignait que d’autres reviennent, maintenant qu’ils étaient sûrs de sa présence dans les environs du hameau. Il craignait pour lui, pour son fils, pour tous les habitants d’Edelweiss, ... Non, pour lui, cette période ne pouvait que constituer le calme avant la tempête.
Et pourquoi le savait-il ? Il avait fait partie d’une petite guilde indépendante, Light Feathers, dans sa jeunesse. Il y a d’ailleurs rencontré Héléna, la mère d’Edward. Un jour, le maître est mort d’une étrange façon. Stephen proposa de prendre temporairement le rôle, le temps que cette histoire soit tirée au clair ; mais c’est Robb, le fils du maître, qui endossa le poste, postulant que ce fut la volonté de son père depuis toujours.
Les années durant, la guilde enchaîna des actes de plus en plus sombres, de plus en plus vils. Robb avait fait enfermer Stephen dans une salle au plus profond d’une chaîne de montagnes. Robb prit Héléna pour fiancée, la passant sous un puissant contrôle mental. On libéra le Mage des Vents le jour même du mariage. Voyant l’élue de son cœur au bras de ce butor, l’œil vide, le mit dans une colère noire, si bien qu’il dévasta la salle où la cérémonie devait avoir lieu, et emmena la carcasse hagarde de son aimée avec lui.
Peu à peu, elle retrouvait sa volonté et son libre arbitre, et ils eurent un fils, qu’ils nommèrent Edward. Mais quand l’enfant fêta ses trois ans, Robb vint à leur rencontre, et il renouvela son emprise sur Héléna, qui fut forcée de partir avec lui, la détresse se lisant dans son regard. Depuis ce jour, Stephen et Edward vécurent reclus au milieu de la forêt de Kunugi.
Marqué par l’emblème de Tyrant’s Offering, il se brûla la nuque pour effacer ces années de noirceur et de désespoir, et gagner un semblant de dignité. Ses relations avec un certain Mifune Kaminari lui ont permis de rapidement sympathiser avec certains membres de la guilde de Wonder Souls, mais il était forcé de vivre en ermite dans la forêt pour éviter les représailles. Aussi, ses nouveaux amis le poussaient à parler de ses problèmes au maître. Mais aujourd’hui, il devait se rendre à l’évidence : il fallait que cela cesse. C'est Mifune qui l'a poussé à parler de ses problèmes au maître, avec qui il eut une conversation l'avant-veille.
- Alors, mon petit Stephen, quel bon vent t'amène ?
Ils sont revenus. Les gens de Tyrant's Offering. Ils sont passés il y a deux ans, déjà, mais là, j'ai l'impression qu'ils viennent vraiment de me retrouver...
Là, le maître avait blémit. Cela faisait longtemps que Stephen se terrait en Kunugi, et savoir que ceux qui le poursuivaient venaient de le trouver lui faisait peur. Il ne savait que trop bien comment cela risquait de se finir, connaissant le genre d'homme que pouvait être Robb Moonstar, l'actuel maître de Tyrant's Offering. La détresse de Stephen était compréhensible. Il avait peur du sort qu'ils pouvaient bien lui réserver, mais aussi peur pour son fils qui ne serait plus jamais en sécurité.
- C'est bon, retournes chez toi et essaie de tenir deux ou trois jours. Je t'enverrais du renforts dès que possible...
- Non. Non, je ne pourrais pas tenir seul tout ce temps. Si jamais vous n'avez aucune nouvelle de moi d'ici après-demain, envoyez quelqu'un chez moi, pour mon fils. Je me débrouillerais.Un craquement de branche le tira de ses réflexions.
- Salut Robb. Je t’attendais..., dit-il en tournant le dos à l’homme chauve qui se tenait devant le pas de la porte.
Tout en lui inspirait l’inimitié : sa mine patibulaire, à l’œil droit barré d’une cicatrice qui l’avait éborgné, son costume impeccable qu’il avait gagné en pillant un village. Une sorte d’aura de malveillance l’entourait, uniquement perceptible par les plus attentifs.
- Red Coat... Tu sais que tu nous as donné du fil à retordre. Mais maintenant... Nous t’avons retrouvé, SALE TRAÎTRE !Ces deux derniers mots avaient claqué avec tant de fourberie que même le plus habile des menteurs en aurait pâli. C’est à ce moment que le Mage des Vents se retourna, chargeant la plus puissante des bourrasques qu’il ait jamais générée. Le maître de Tyrant’s Offering lui lança un rictus malveillant.
- Je savais que tu aurais cette réaction. Tu es trop... prévisible. Vois plutôt qui avait envie de te revoir..., dit-il en pointant une silhouette dans les fourrés.
Une jeune femme aux cheveux roux, les couettes pleines d’épis, s’avança d’une démarche décidée alors qu’elle sanglotait. Sa silhouette gracile était frappante par sa maigreur.
- Héléna ! Qu’est-ce que tu lui as fait, sale monstre ?!
- Oh, ça ? Tu devrais t’en souvenir... Te rappelles-tu de ce jour délectable, où tu as pillé cette banque d'Oshibana ? Tu te souviens des mots que je t’ai dit avant que tu... ne me hurles dessus alors que ton corps se dirigeait vers la banque ? Eh bien... À ce que je sache, tu n’as jamais connu mon petit talent ♫ ! Le Mesmer, tu connais ? La capacité d'influencer n'importe qui rien que par la parole... J’ai amélioré la technique et... Voilà devant toi l’homme le plus puissant de tout l’Est de Fiore !Puis il susurra deux mots, et le corps de Stephen se raidit. Marchant comme un pantin, il entra dans la maison, tandis qu’Héléna sortit une bouteille d’une besace.
- Tu la connais, hein ! Ma marque de fabrique ! Un feu grégeois ! La puissance des flammes de l'Enfer, contenue dans une simple bouteille ! C'est fou, comme ça peut être dévastateur, dommage qu'on n'en trouve plus beaucoup, de nos jours...Les yeux de Stephen contemplèrent avec horreur la folie de l'homme qui fut jadis un ami, et qui était devenu le plus terrifiant des bourreaux. Il le vit pointer son doigt vers une fenêtre du rez-de-chaussée, et aussitôt la femme qu'il aimait, pleurant à chaudes larmes, envoya la bouteille contenant le liquide mordoré se fracasser contre la vitre. Le feu prit instantanément.
* * *
La fumée alerta Edward alors qu'il cueillait des coprins chevelus, sans doute sa variété de champignon préférée. Il courut pour aller voir ce qui produisait cette purée de poix. Toute cette pollution allait faire fuir tous ses nouveaux copains écureuils...
Quand il constata que c'était sa maison qui était en train de brûler, il fut frappé de stupeur en voyant un homme en train de rire aux éclats, et une femme qui lui rappelait vaguement quelqu'un en train de pleurer. Puis l'homme lui dit d'aller rejoindre son père à l'intérieur, et étrangement, même s'il avait envie de le frapper en plein visage pour qu'il arrête ça tout de suite, son corps passa la porte, dans les décombres du vestibule où pratiquement tous les manteaux étaient en train de brûler.
Les débris de la porte s'effondrèrent derrière lui alors qu'il commençait à franchir les degrés de l'escalier qui menait à l'étage, le privant de la seule issue possible. Il voulait de toutes ses forces sortir de ce guêpier infernal, de toutes ses tripes, mais son corps le lui refusait. Il était juste forcé à subir la fournaise comme la dernière tranche de sanglier que son père avait cuite au four la veille. Soudain, il tituba d'une manière fort peu gracieuse. Apparemment, Robb avait décidé de lui laisser la maîtrise de son corps. Ou tout simplement n'avait-il plus assez de force pour manipuler trois personnes en même temps.
Papa ? PAPA ? PAPAAAAA !!!!!!!!!!!, hurla le garçon alors qu'une poutre embrasée s'abattait dans le couloir, entre son père et lui.
Soudain, l'air vibra d'une violente secousse d'énergie. La poutre était comme plongée dans un bac de gélatine, sa chute ralentie comme celle de l'un de ces ballons de baudruche qu'Edward avait vu à la foire d'Edelweiss quand il était petit. Il put atteindre le corps inconscient de son géniteur, et pleura à chaudes larmes, avant de se rendre compte que le sol se dérobait en-dessous d'eux.
La chute lui paru interminable, comme si la Terre s'ouvrait sous ses pieds, et qu'il tombait droit au coeur des Enfers, effrayé de se faire dévorer par les terrifiants démons de ses cauchemars. Mais il retomba sur le dos au milieu de la cuisine. Il rattrapa la bonbonnière, pleine de confiseries, que son père lui avait achetée l'avant-veille. Puis il tira le corps gisant de son père à l'extérieur, ignorant flammes et cloques. Mais quand il parvint à la porte, seul son père put sortir. Une poussée l'envoya valdinguer dans les gravats, juste avant que les débris s'effondre sur lui.
Il se sentait finalement très léger, comme s'il n'était plus qu'une plume portée au vent, entre les arbres qui étaient toute son enfance. Toutes ces années de joie et de bonheur lui apparurent soudain dans leur entièreté. Au lieu de ne faire que vivre dans la nature... Ils se terraient. Poursuivis par la haine de cet homme. Par la crainte de représailles.
* * *
Mifune se faisait un sang d'encre. Stephen lui avait pourtant promis de revenir deux jours après sa venue à la guilde si tout allait bien. Mais là, aucune nouvelle. Pas la moindre once de poussière de renseignement sur la situation de son ami. Et pourtant, il savait très bien que le Mage des Vents tenait toujours ses promesses. C'en était trop, il ne pouvait pas laisser son ami en mauvaise posture, surtout après les révélations qu'il avait faites au Maître deux jours plus tôt. Il se dirigea vers le bar, sur lequel le maître Flathead sirotait sa bière, son éternelle main en mousse passée à sa main gauche.
- Maître, j'ai comme qui dirait un mauvais pressentiment. Stephen devait donner des nouvelles dès que possible, et là, rien. Il faudrait que vous envoyiez quelqu'un chez lui, juste pour s'assurer que tout va bien. Et je peux aussi y aller, ne serait-ce que pour montrer le chemin...Le vieil homme arborait un air grave, contrastant avec l'ambiance chaleureuse de la pièce. Une véritable tête d'enterrement.
- Alors tu ferais mieux de finir ta bière, parce qu'actuellement personne ici n'est assez puissant pour arrêter une guilde clandestine toute entière... À moins que tu ne me l'offres ? Enfin, tu sais, pour ne pas qu'elle se perde, hein...Et il arborait à nouveau son sempiternel sourire en coin, synonyme que la discussion était close. Un scintillement métallique brillait derrière la porte, si bien que Kaminari finit sa bière cul-sec.
La clairière était là, comme à son souvenir. Stephen lui avait souvent parlé de cet endroit, son refuge en cas de malheur. Au centre des trois rochers, en lieu et place de la cahute de bois, se trouvait désormais un gigantesque brasier. Mais ce qu'il vit à ce moment-là le révulsa plus qu'autre chose. Le cadavre de Stephen gisait là, sans vie ni la moindre trace de compassion de la part de son tueur, qui semblait avoir fait montre d'une incroyable sauvagerie. Le mage tomba à genoux devant le macchabée, et hurla à la mort sa perte d'un ami, qu'il venait de se rendre compte à quel point il était précieux. Le cri s'était perdu dans l'immensité de la forêt. L'endroit était désert.
* * *
Edward sentait un liquide chaud et poisseux coulait sur son flanc droit, et il avait l'impression que sa tête était sur le point d'exploser. Il était incapable d'esquisser le moindre mouvement, mais il se sentait ballotté avant de sentir le vent frais sur son visage. Son enfance venait de s'achever ce funeste jour. Il ne pouvait que crier pour récupérer ces années qui lui étaient arrachées brusquement par cet homme cupide et rancunier.
* * *
Les oiseaux ne chantaient plus. Enfin, c'est ce qu'Edward pensait. Ses oreilles sifflaient tant et si bien que plus aucun autre bruit ne parvenait à ses tympans. Des étoiles valsaient devant ses yeux, et il fut reposé à terre.
Quand il rouvrit les yeux, une silhouette sombre couverte de terre, sur laquelle on pouvait apercevoir les traces des cascades de larmes, se tenait entre lui et la fournaise que sa maison était devenue. Cette vision lui rappela ses plus sombres cauchemars, et la peur de ce qui se serait passé ensuite, s'il en croyait ses mauvais rêves, le fit se terrer de plus en plus profondément dans la forêt.
Il se releva en chancelant plusieurs fois, et se mit à courir à travers la forêt. Derrière lui, seuls subsistaient les décombres de son enfance, sans la moindre trace de l'homme chauve qui y riait comme un dément deux heures plus tôt.
Livre IV - L'orphelin
Il courait, inlassablement, sans même se retourner. Est-ce qu'il avait vraiment survécu ? Ou bien était-ce une nouvelle suite à son songe ? Était-ce l'un de ses cauchemars où, même si l'on se pince, on ne se réveille pas ?
Il balaya ses craintes d'un clin d'œil, avant de tituber, encore une fois. Il fuyait depuis maintenant trois jours, ne prenant que peu de temps pour se reposer. Son épaule le faisait souffrir, plus encore que tout ce qu'il avait pu subir dans toute sa vie. Il pleurait depuis tout ce temps, et la douleur ne faisait qu'amplifier sa détresse.
Il était sorti de la forêt depuis presque deux heures. Ses membres tremblaient, mais il se forçait à courir. Le plus loin possible, toujours plus loin, pour que le Croque-mitaine ne puisse pas le rattraper. Il était parvenu aux abords d'une grande cité, ses murs d'albâtre blanc renvoyant la lumière du soleil naissant dans ses yeux émerveillés.
Orphelin, il trouva refuge auprès d'une communauté de jeunes des rues. Il y a connu les joies et les peines, les coups de sang et les coups du sort, et au final, quand il repensait au passé, ce n'était qu'avec un pincement au cœur, et une profonde crainte de ce qui pourrait advenir s'ILS le retrouvaient. Bien que la guilde clandestine Tyrant's Offering ne donne plus aucun signe de vie depuis quelque temps (on disait que plus de la moitié de ses membres s'étaient réveillés un jour sans le moindre souvenir des dix dernières années), Edward savait qu'il finirait un jour par avoir des nouvelles de ces mages démoniaques. Et ce jour-là, il pourrait finir l'œuvre de son père. Pour sa mémoire. Pour que d'autres ne vivent pas ce qu'il avait subi.
Un jour, l'un de ses amis allait se faire écraser par une carriole qui passait dans la rue. La détresse de l'instant le fit se jeter sur lui, et l'air s'emplit d'énergie, comme cinq ans auparavant. Le chariot ralentit le temps qu'Edward emmène son ami en sécurité. Deux jours après son sauvetage, la guilde clandestine d'Eisenwald attaquait un train en gare. Il apprit qu'un groupe de magiciens avait déjoué le plan terrifiant de la guilde clandestine. Une résolution était née en lui. Il serait Mage, pour œuvrer à aider.
Se souvenant soudain de cette journée, où son père l'avait emmené en ville voir des amis à lui. Il se souvenait du nom du bar dans lequel Stephen avait vu le vieux monsieur, avec la jeune femme triste aux merveilleux cheveux roses. Mais la guilde Wonder Souls ayant été dissoute, on lui conseille d'aller se renseigner à Magnoria. C'est ainsi qu'il rejoint, certes un peu fortuitement, la guilde Fairy Tail.