Sujet: Brûmes isolées, fuite bucolique Mer 25 Sep - 21:07
Daryan C. Illunar
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Titre : Discount De Gaulle Crédit : Zulria (avatar), apache (journal), okinnel (sign) Feuille de personnage Maîtrise Magique: (15900/35000) Mérite: (620/800)
Brûmes isolées, fuite bucolique Phoenix, brûle-moi les aîles
Brûle-moi les ailes et je reviendrai toujours.
Le rythme devient lent. Lent. Encore lent, et puis plus lent. La sueur coule sur mon dos, de façon froide. La peur de savoir, la peur de comprendre, la peur et seulement la peur. Les autres émotions se bousculent à travers une porte qui se referme sur l’existence de la vie elle-même. Mon pied prend une avance sur moi-même et je dévale la pente. La lecture des papiers sous le bar m’avait indiqué ce lieu. L’entente des annonces de la guilde m’avaient indiqué le passage au rang S. Mais ici il n’y a que les signes de la mort, les signes d’un vide, un faussé comme si quelque chose du ciel avait frappé, comme si la terre avait soulevé, comme si. Comme si rien. Il me faut plusieurs secondes, plusieurs minutes, pour descendre jusqu’au fond du cratère et y rencontrer un groupe de personnes. Des bâtons aux mains, des chapeaux trois fois plus grands que leur tête. Et une seule phrase qui s’écoule sous leur conversation.
« Bordel, j’ai envie de retourner chez moi. Il y a rien ici, on trouvera plus rien. »
Les yeux se tournent vers moi, je me présente. J’ai affaire au Conseil, bien sûr. Ces humains – si on peut appeler ça comme ça – qui sont à la tête politique de notre pays, Fiore. Ces hommes qui ne font qu’imposer une fausse politique de choix, quelque chose que tout le monde veut, que tout le monde pense avoir, que tout le monde abandonne sous l’habitude, que personne ne se rend compte que les droits deviennent nuls. Que justice soit faite ? Elle a été faite. Pas pour eux. Pour nous. La peur est déjà en moi et pourtant je trouve encore le moyen de diminuer la qualité de mon souffle, le nombre de secondes où il reste actif. Dans un moment d’habitude, j’aurai souris, j’aurai joué avec leurs nerfs, voir ce que le Conseil, un groupe soit disant – plus maintenant du moins – externe à la politique des guildes, est dans un lieu privé dirigé par notre guilde. Mon poing se serait marié avec une de leurs dents. Plusieurs mêmes. Il n’a pas peur de tromper. Il est même capable de prendre toute une mâchoire en même temps. Certains baissent les yeux, d’autres continuent de parler entre eux, et certains me fixent fortement, d’un regard intense que j’ai l’habitude de dévisager sous l’envier d’y mettre mes deux doigts au fond de leur globe oculaire. Et sous les explications froides, mes iris tombent dans l’abysse.
« Disparus. Tous disparus. »
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Quelques heures seulement pour rentrer à la guilde. Une guilde vide, une guilde qui n’en est plus une. Un simple bâtiment où, lorsque je vais y mettre le pied, voire même toucher la poignée de ma main froide, un bâtiment qui va sombrer sous la mort prédatrice accrochée à mes vêtements comme la puanteur de l’enfer. Et puis, je pousse la grande porte. Le silence. Tous les regards se retournent vers moi. Je baisse la tête. Je prends les escaliers, essayant d’éviter le plus de regard possible. Mais machinalement je lève la tête vers Damaz, tout en restant impassible. Je m’arrête devant Abigail. Je lève la tête, prend le dos droit, ma jambe donne appuie vers l’arrière, et pour la première fois, j’offre ce sourire qui n’aurait jamais pu exister : l’ironie de la tristesse. Je continue tout droit et monte les escaliers pour me retrouver sur ce balcon intérieur, imposant sur la salle d’entrée. Mes doigts s’accrochent contre la rambarde. Les quelques visiteurs comprennent et sortent tous un par un. Nous ne sommes plus beaucoup. Une dizaine je dirai. Je n’arrive pas à compter.
« Pégases. Il y a quelques jours Maître Bob, le groupe des Trois, Ichiya, Jenny, et quelques mages de notre guildes sont partis préparé et faire l’examen de rang S de notre guilde. Je reviens du lieu de l’examen. »
Et puis ce sourire alliant tristesse, peur, joie perdue, ironie, compréhension et incompréhension de la vie revient lorsque mon regard se pose de nouveau sur les deux connaissances de tout à l’heure.
« Le Conseil a retrouvé, ou plutôt, n’a pas retrouvé ce lieu. A la place un cratère est né. La mort a pris vie. Apparemment, d’après le Conseil Magique, la concentration d’éthernano sur le lieu est nulle. Nos coéquipiers ont disparus. Mort, vivant, personne ne sait. Tout ce que je peux vous dire, c’est que nos ailes viennent de brûler. »
Le silence de tout à l’heure devient encore plus pesant. J’avale ma salive. Je n’arrive pas à comprendre s’il s’agit de peur, de pleures, de murmures, je ne sais pas. J’essaie d’élever la voix, mais la celle chose qu’elle fait c’est de tendre vers quelque chose que je n’aurai jamais pensé retrouver : la peur de la mort.
« Cependant, nous sommes autant Pégases que Phoenix. Nous brûlons pour raviver une flamme intense. Notre guilde n’est plus tant que personne n’ose la reprendre en main… »
Cette idée de donner vie à un nouveau chef à à peine quelques minutes de l’annonce de la disparition de Bob peut passer pour tout. Vraiment tout. De la logique, de l’intelligence, de l’osé… ? Comment peuvent réagir les autres à une annonce comme celle-ci ? Comment peuvent réagir les autres à une reprise en main directe ? La question que je me pose est pour les autres, mais je ne réfléchis même pas à moi. C’est pathétique.
Titre : La Grasse bloblotante Crédit : accrux Feuille de personnage Maîtrise Magique: (13950/35000) Mérite: (740/800)
Maelström électrique qu'elle ne contrôle plus, qui lui font germer une boule abrupte de marbre dans la gorge. une phrase et les rêves s'effritent en un nuée de cendres. Les méandres feu qui l'anime se noie sous les rideaux d'eau, une trombe violente, qui la font secouer de spasmes apeurés. Bob ? Elle se sent prête à vomir de la braise, elle la sent bouillonner dans son estomac, prête à se morfondre au sol luisant. Un miroir de leur détresse. Nos pupilles luisent d'une tristesse et d'un désarroi infinie, mais les plis autour de la bouche d'Abigail affichent peur et violence quand Damaz prononce son nom.
Non... Je ne peux pas.
La floraison de ses yeux ne lancent que du brouillard vide, voilés par des perles nacrés qu'elle essuie d'un revers de manche agité. Ses pupilles froides n'est qu'un miroir brisé, éparpillé. Le court circuit électrique s'intensifie, rendant ses gestes plus inexpressifs, sa bouche vibre.
Ne pleures pas. Montre que tu es là, prouve leur qu'ils ne sont pas seuls dans cette nouvelle funeste.
Les engrenages de ses pensées s'entrechoquent comme des éclairs oubliés dans un grincement lugubre. Ca hurle comme un écho ténu dans tout son être tandis que ses yeux s'éparpillent autour d'elle, Damaz agrippe difficilement au bar. Elle sentit les pupilles déchirées se poser sur elle, tandis qu'elle tentait de faire bonne figure. Chris, elle le regarde. Son cerveau brûle, calcine tout son mode de fonctionnement, le cœur lui monte à la tête. Douleur insoutenable qui lui dévore les entrailles. Les pégases ne seront pas balayés avec leurs ailes brisées.
Les ombrelles de ses yeux se scéllèrent pour refouler les perles nacrés qui s'y agglutinaient. Non, Abigail.
Ne pleures pas. Ne les fais pas pleurer sinon tout est brisé. À jamais.
Sa main saisit la nuque de Damaz, tandis que par un acte désespéré, elle le vérouille contre elle. Par une peur qui lorgne contre son corps, qui lui dévore le bas ventre. Ca fait tellement mal.
Et ça fait tellement peur aussi.
Mais elle se décolle, avale cette boule putride qui lui déchiquette ses paroles en un lambeaux de tissu qui se virevoltent de torpeur. N'ai pas peur. Elle s'avance, un peu chancelante, puis sa posture se modifie, ses jambes flageolantes s'enracinent au sol pour ne pas tomber. Ses bras ballants reprennent leur mouvement souple. Ses yeux apeurés ricochent sur tous les mages dont elle n'arrive pas à quitter du regard.
Je ne peux pas.
_ Ne vous laissez pas envahir par la peur, Pegasus. Vous êtes forts, la nouvelle est perturbante, mais nous devons nous ressaisir. Nous sommes ici pour prouver notre valeur, et quand bien même nos ailes sont brisés. C'est simple, les meurtrissures qui abrutissent notre esprit n'est qu'illusion. Est-ce que Bob voudrait que nous nous lamentions ?
Je ne peux pas.
_ Non, il ne le voudrait pas. Et je ne le veux pas non plus. Prouvons-lui, là où il se trouve avec les autres, que nous sommes aptes à nous débrouiller, que nous sommes aptes à prouver à tout le monde que nous sommes dignes et forts.
Elle se tait, histoire que ses paroles insuffle réconfort et confiance.
_ Vous êtes perturbés, c'est normal. Mais ne vous abattez pas, nous sommes plus forts que ça. Montrons qui nous sommes. Pegasus doit se réveiller et ne pas s'écrouler.
Elle arrache définitivement cette boule opaque qui lui obstrue les paroles. Elle sourit enfin.
_ Nos ailes ont peut-être brûlés, mais elles réapparaîtront. Plus majestueuses Alors...
Silence.
_ Vous sentez-vous prêts à faire de l'ombre au phénix en déployant à nouveau nos ailes ?
La guilde était vidée, à cause d’une excursion de Bob et des mages les plus puissants de Blue Pegasus. Un test pour savoir si les rookies étaient capables de passer au niveau supérieur. Dans la guilde, ceux qui étaient restées réagissaient différemment. Certains se hâtaient de reprendre l’entrainement, espérant que, l’année prochaine, ça sera à leur tour. D’autres, plus rationnels, se contentaient d’attendre pour fêter leur retour bien mérité. Une fête, quoi de plus beau à vivre au sein de Blue Pegasus ? Kôta passa la journée à lire un bouquin, pas sur la magie, un simple roman histoire de se détendre, pour une fois. Il était assis dans un coin de la salle principale, tournait les pages régulièrement, son visage changeant d’émotions suivant les péripéties des personnages fictifs qu’il suivait. Un brin de soleil flirtait avec le bout de son nez, il aimait bien jouer entre l’ombre et la lumière, ressentir le froid dans le dos et la chaleur devant lui. Un mélange agréable, rarement saisissable. Le moment était parfait, simple, juste.
Y a-t-il une justice, sur terre ? Pas au sens strict, mais au niveau de la destinée. Est-ce qu’une chose arrive parce que son aboutissement est juste ? Mais une chose qui satisfait l’un lèse forcément l’autre. Alors qui décide de ce qui doit arriver ? Qui décide quels seront les hommes punis et ceux récompensés ? Kôta reposa son livre, la trame du roman soulevant ces questions, et observa sans la voir la maigre foule qu’il y avait aujourd’hui dans la guilde. Il ne pouvait pas répondre à ces questions. Les questions les plus posées n’ont jamais de réponse. L’homme doit vivre dans l’ignorance, se contenter d’un savoir restreint et il devra s’en satisfaire. Sinon, il vacille, car les réponses resteront interdites à jamais.
Quand la porte s’ouvre, que Chris rentre dans les quartiers et s’avance lamentablement jusqu’à surplomber tout le monde, les gens se taisent. Une question nait dans la tête de Kôta. Mais, pire qu’une question sans réponse, c’est une question muette, sans mots, qui s’offre à lui. Il se questionne, mais il ne sait pas sur quoi, de quoi traduire son incompréhension totale de la situation. Chris ouvre la bouche et donne la réponse à la question qui n’existe pas : ils ont disparu.
Le ventre du garçon se perce. Un ventre barricadé, qu’il a bandé au fil des ans, des rencontres, pour ne plus être malmené par les mauvaises nouvelles, par les coups durs. En un coup, la protection éclate et la contenance de Kôta se déverse autour de lui. Il se perd, il ne sait plus ce qu’il est, où il est. Il ne prend pas conscience qu’il pleure à chaudes larmes. Il est dans une phase de déni, mais une deuxième voix, plus grave, plus profonde dans sa tête lui insuffle la macabre vérité.
Ils sont ailleurs et on sait qu’ils ne reviendront pas.
Le monde arrête de tourner dans la tête du garçon. Les choses sont ainsi, et il n’a pas prévu qu’elles prennent cette tournure, alors à défaut de l’accepter, il stoppe tout. Son corps est en pause complète. Ses yeux sont vides, même les larmes ne coulent plus.
Le garçon vacille.
... Un épi doré.
Dans le noir complet autour de lui, il y a un épi doré. Il a envie de tirer dessus, de s’y accrocher. Qu’est-ce que c’est ? Il parait chaud, solide. Un épi, pourtant. Quelque chose de fragile. Mais pas celui-là. Il semble réel parmi toutes les ombres autour. Il chasse la tristesse.
C’est Abigail. Sa chevelure valse au rythme de ses paroles. Elle trouve une force là où tout le monde s’est planté. Elle réussit à empêcher son propre ventre d’exploser, et, tout en tenant ses plaies pour empêcher que sa contenance s’évapore, elle marche au milieu d’eux et pose sa main sur les plaies de tous. Elle les apaise. Les blessures sont toujours là, mais Abigail, avec sa main réconfortante, les referme pour le moment. Elle trouve une force là où tout le monde croyait qu’elle s’était éteinte.
Kôta sent le bout de ses doigts, ses mains, puis ses bras entiers. Son corps lui revient, il reprend conscience de son environnement. Les paroles d’Abigail résonnent dans sa tête et accompagnent ce cheminement de reprise de soi. Il se redresse et sèche ses joues salies. A la fin de son discours, un silence s’impose. Tout le monde sent les pierres lourdes de malheur au fond d’eux-mêmes fondre avec le feu que partage la blonde. Le fardeau s’envole, ils reprennent leurs esprits. Elle les a ramenés à la surface. Le garçon s’approche d’elle. Elle est le centre de l’attention, et en la contemplant, il murmure.
« Abigail. Tu es forte, tu nous l’as prouvé et tu nous le prouves aujourd’hui encore. Je suis totalement perdu, on l’est tous… mais toi, tu peux encore nous guider. »
Tout le monde converge vers la fille, ne faisant qu’un. Un seul corps, une seule pensée, une seule force. Dans leur insurmontable désespoir, une voie s’est levée pour les tirer des chaos. Alors que la guilde, dans un instant de folie, s’était enterrée dans sa peine, la femme l’avait fait. Ressusciter, recréer les bases et dégager les lambeaux qui cachent un semblant d’avenir où tout n’est pas si mauvais.
Craqué, ils avaient tous. Leur âme, leur peine, leur espoir avaient fendu dans une séparation obscure. C'était un jour triste pour tous, même pour moi. Je n'avais vu Bob que quelques fois, entendu parlé des mages conviés au passage de rang S, mais rien ne me touchait émotionnellement. S'ils avaient envie de pleurer, qu'ils se laissent aller. Justement, une d'entre elle s'effondrait sous la pression du chagrin sur ses genoux. Je me penchais sur elle, l'enlaçai amicalement, lui réchauffant le coeur de ce que je pouvais lui offrir de mieux dans une situation pareille. Je l'aidais à se relever et regardais autour de moi.
Hommes comme femmes étaient complètement bouleversés. Un choc, un boulet de canon avait transpercé leur poitrine. Je pouvais le sentir jusqu'ici. L'aura de tristesse qui les encombrait résonnait jusqu'à moi. C'était terrible. J'affichais une mine triste, mais sans plus. Une courageuse prenait sa place, faisait, perçait son propre chemin à travers la maigre foule rassemblée. Elle envoya un message de courage à tous et à toutes. Elle nous redonnait espoir. Notre maître avait disparu, nos meilleurs hommes avec lui, mais nos coeurs ici présents pouvaient faire tenir cette flamme qui faisait ce que nous étions. Abigail souriait et à cet instant-même, cet aura de malheur s'évapora.
Je me mis à sourire moi aussi, les autres l'imitèrent à leur tour. Un seul nom sur le bout de la langue, un regard pour nous guider, une parole pour nous encourager, un coeur pour nous rassurer. Elle saura mener Blue Pegasus là où Bob aurait aimé. Elle le savait, nous le savions et il n'y avait plus aucun doute là-dessus. "Tu peux compter sur moi" m'avait-elle dit la première journée. J'avais toujours confiance à ce moment-là qu'elle se dévouerait à chacun des mages de la guilde. Malgré tous ces bons points positifs, il y avait toujours ce petit problème...
Serait-elle en mesure de nous protéger tous? Était-elle assez puissante pour nous assurer une sécurité optimale comme l'avait fait Bob dans le passé? Je ne doutais pas de sa puissance magique, mais était-ce suffisant pour être considérée comme un maître de guilde? Les mages se consultaient. Maintenant que leurs plaies s'étaient refermées, ils cherchaient à retomber dans le doute de la question. Maintenant que nous savions que nous pouvions nous remettre sur pieds, qui saura nous guider? J'écoutais plus que je parlais. Je n'aimais pas me mêler à ce genre de discussions et si la jeune femme était apte à tous nous ramener sur terre, saura-t-elle calmer le chaos qu'elle venait de provoquer?
Sujet: Re: Brûmes isolées, fuite bucolique Sam 5 Oct - 22:17
Daryan C. Illunar
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Brumes isolées, fuite bucolique Le poids du monde contre le poids d'la blonde
Les corps tombent, les suspends prennent, les cries bourdonnent, les pleurs jouent. Les nerfs lâchent. La guilde entière s’écroule sur le sol dans l’instant. Mais doucement. L’évènement est dur à réaliser. En fin de compte, j’ai l’impression de prendre ce qui arrive par une seule chose, une représentation. Une feuille. La réaction de tout le monde est telle une feuille que je lâche du haut de l’escalier. L’air alentour la frappe et elle change de direction, elle tourne, elle bouge, elle s’envole de nouveau. Et puis, quand elle s’écrase, c’est comme si la maîtresse de l’abysse avait entouré l’endroit du plus pur spectre austral de son mode. De cette feuille naît l’abysse. Sa blancheur prend pourpre, le sol prend une teinte d’obscurité, les murs s’alignent, la gravité n’est plus. Et pourtant, on tombe. Les corps s’écroulent un à un au lieu de s’écraser. Comme si la gravité serait de zéro mais pourtant une théorie inversée dans ce monde. Ce n’est pas la mort. C’est une vie. Une vie dont la maîtrise m’est totalement hors de portée. Quelque chose que je n’arrive pas à comprendre. Moi, et les autres. Un phénomène inexplicable par le fait que nous n’aurions jamais pensé à sa possible existence, un jour, dans une vie, qu’elle soit celle-là, une autre, ou impossible. Nous sommes, aujourd’hui, arrivés à un point où demander de lever le poing est irrespectueux, intolérable. Voire même impensable. Nous sommes, aujourd’hui, arrivés à un fait où l’abandon est véritable, tolérable. Voire même logique. C’est tellement une partie de notre vie qui est déchirée, comme la perte d’une pièce d’un puzzle de plusieurs centaines d’objets, étant complété pièce par pièce pour le finir le jour où le bonheur est présent. C’est comme si cette pièce avait été perdue, presque volontairement ; jetée par une fenêtre, dans une poubelle, coulée dans un verre d’eau. Pour la détruire, la dissoudre, lui enlever toute vie.
Un corps bascule. Abigail. Elle ne bascule pas comme les autres. Elle traîne une jambe, puis l’autre. Comme si le poids du monde avait pris conscience qu’il pouvait imposer tout son poids sur une seule cheville. L’autre essaye de maîtriser ce qu’elle doit faire, d’imposer sa volonté, de montrer qui elle est, de savoir, de ressentir, de manifester son existence et sa capacité à combattre les terreurs de la vie qui lui sont importés en ce moment. L’autre est lourde, bloquée, paralysée. Le poids du monde, en gros. Mais aujourd’hui le poids, de la vie, et de la mort ; il n’est pas aussi lourd et aussi existant que le désir de vaincre. La ferme. Lève la main, cache ta paume, influe toute ton énergie positif dans des doigts. Sers. Lève le poids, Abigail. Je regarde la jeune blonde du haut de l’étage, menton levé afin de ne pas montrer tristesse et désespoir dans mes yeux, afin de cacher une influence possible sur les membres restants, pour montrer que tout n’est pas perdu. Mais là, je n’ai plus besoin de le faire. Elle commence à parler. La douce voix habituelle mélangeant réfléchi et comédie est transformée. Je tourne le dos à la foule. Souris nerveusement, un sourire caché, sur le coin, peut-être vu par quelques-uns. Au fond de moi je n’espère pas. Je marche quelques mètres et pause ma main sur la rambarde dorée : je descends une à une les marches, arrivant jusqu’en bas. Abigail, seule, là, en bas des marches, au milieu de l’allée, dont la lumière éblouit toute la salle et dont le symbole me brûle les yeux ; elle cesse de parler. Je m’avance. Arrivé devant elle, je m’avance encore. Puis encore. Deux mètres de différence environ et j’ose m’avancer d’encore un pas, imposant irrespectueusement mais involontairement ma grande taille à la femme plus petite. Je baisse la tête et la regarde dans les yeux, essayant de cacher tout ce que je ressens mais n’y arrivant sûrement pas. Au fond de moi ça me fait rire, ce petit rire nerveux qui pourrait faire naître une petite larme à l’œil à quelqu’un de quasi normal. Mais je n’ai jamais été normal en fin de compte.
« Tu seras toujours mon égal, Abigail. Je te respecterai quoi qu’il arrive. Mais ne compte pas sur moi pour t’appeler Maître. Pour moi, tu es Abigail, seconde maîtresse de Blue Pegasus. De titre. Tu es, et tu resteras, toujours, pour moi : Abigail. »
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Lorsque les mages s’avancèrent vers elle, Abigail sentit quelque chose bouillir en elle ; un éclat de peur se lit dans ses yeux. Ils étaient prêts à lui déléguer leur humble confiance, ça l'apeurait, sa bouche se scella dans un mutisme farouche tandis que ses pupilles d'azur cherchaient quelqu'un d'autre, un fardeau à partager, parce qu'elle ne serait jamais capable de tous les couvrir sous ses ailes de pégases. Bob était une figure emblématique, ce qu'elle n'était pas. Alors elle déglutit, tandis que ses mains se posent instinctivement sur Chris et Kôta.
_ Pas toute seule, souffla t-elle la voix enrouée.
Ses doigts s'étouffèrent un peu plus contre la chair de Chris et Kôta.
_ Pas sans vous.
Elle murmura, plus bas.
_ Je n'y arriverais pas, sans vous. J'ai besoin de vous et ils ont besoin de vous, eux aussi. Ça engage trop de responsabilités pour qu'une seule personne puisse s'accorder le droit de maître, et puis nous ne sommes trois. Ils ont besoin de nous, et vous êtes les seuls aptes à prendre le flambeau. Vous êtes les membres les plus anciens et les plus expérimentés pour que nous puissions les aider.
Ses yeux s'élevèrent vers le haut, tandis qu'elle les dévisageait avec un léger sourire compatissant, ses mains lâchèrent les avants bras des deux pégases.
_ Damaz a raison. Toute seule, je ne pourrais pas vous apporter amplement le soutien et la douceur bienveillante de Bob, je voudrais que... que Chris et Kôta rejoigne les rangs. Ils sont forts, amplement réfléchis pour vous protéger et vous guider. J'ai besoin d'eux et vous aussi.
Elle se courba légèrement en avant, en guise de salutation respectueuse.
_ Je suis désolée, si vous n'êtes pas d'accord, vous êtes toujours gagé de refuser. Mais dans cette situation, un trio est la solution la plus logique et la plus efficace pour que Pegasus ne devienne pas bancale.
Elle sourit à Chris pour sa spontanéité, elle murmura.
_ Tu resteras toujours Chris pour moi aussi.
Puis sa tête vira vers Kôta.
_ Tu es quelqu'un de fort aussi, Kôta. Il est temps pour toi aussi de le prouver et de le montrer à tout le monde.
Spoiler:
C'est pas trop top... mais il me semble y avoir mit l'essentiel. Si quelque chose ne va pas, dites-le moi!
Le mouvement de convergence vers la magicienne blonde continuait sur sa lancée. Damaz, l'air grave, s'avance vers le duo formé de Chris et Abigail et murmure quelque chose que beaucoup approuvent. Abigail est d'accord avec ce qu'il dit. Ils veulent déléguer les pouvoirs, la responsabilité. Abigail et Chris formeront un duo idéal, dans ce cas. Kôta, toujours perturbé par la suite des évènements, ne réalisant que certains échos de toute la troublante affaire qu'ils vivaient tous, se sentit presque content de voir la nouvelle union qui semblait rassurer tout le monde. Il l'observait, un peu en retrait émotionnellement, comme tous les autres membres de la guilde à cet instant. Mais bien rapidement, malgré lui, il fut distingué. Les doigts d'Abigail se rattachèrent à lui et l'attirèrent tranquillement. Kôta se retrouva, lui aussi, au centre du mouvement. Mais il ne s'en rendit pas réellement compte.
Abigail continua à parler, présentant ses intentions, l'explication de son geste. Elle se tourna vers Chris et le gratifia d'une sorte de compliment. Puis elle se tourna vers Kôta et lui offrit quelques mots. Dans la tête du garçon, ses idées se remirent rapidement en place et il comprit enfin la portée de ce qu'avait avancé Abigail. Tous avaient voulu la voir comme guide, mais elle voulait qu'ils soient là, avec elle, eux aussi. Kôta ne se retrouva pas réellement dans cette vision des choses. Était-il réellement fort ? Il avait d'énormes limites, facile surmontables. Pouvait-il se poser en tant que guide ? Son regard se posa sur tous les mages présents. Ils l'observaient avec une certaine émotion dans leur regard. Mais ce n'était pas quelque chose de malveillant. Kôta ferma les yeux, trop confus.
Que se passait-il ? Pouvait-il refuser, lâcher tout le monde ? C'était impensable. Voulait-il aider Abigail et Chris, au fond de lui ? Bien sûr, mais la tache demandée est tellement grande, tellement inatteignable. Il y a dix minutes encore, jamais il n'aurait imaginé se retrouver dans cette situation. Pourtant il y était, et pas la peine de se pincer davantage, tout était réel. Et la guilde attendait sa réponse. Qu'aurait-voulu Bob, après tout ? Qu'il se défile ? Il a connu le maitre il y a si longtemps, il l'a vu choyer, encadrer, aimer les différents membres de la guilde. Bob aurait été tellement fier de les voir soudés dans cette épreuve ! Kôta eut un léger sourire en visualisant la silhouette de l'homme dans sa tête, mais son sourire s’effaça quand il se rendit compte qu'il ne la verrait plus que dans sa tête, pour l'instant. Il souffla tranquillement puis ouvrit les yeux.
« Je serais prêt à tout pour aider notre guilde, notre famille. Si vous m'acceptez dans ce rôle, alors je prendrais mes fonctions dès aujourd'hui et je les respecterais aussi longtemps que possible. C'était peut-être trop demandé à Abigail de tenir sur ses épaules le poids d'une guilde, le poids de nous tous. Vous avez raison en demandant l'établissement d'un... trio ?, c'est en restant soudés, ensemble, qu'on continuera d'avancer. »
Personne ne contredisait ce qu'il avançait, alors une brève illumination passa sur son visage. Chris et Abigail étaient des membres de longue date de la guilde. Abigail commençait à avoir une renommée nationale et étincelait toujours un peu plus. Chris était resté fidèle à la guilde depuis ses débuts. Et lui, Kôta, qu'est-ce qu'on lui trouvait ? Il était apparemment quelqu'un de "fort". Qu'importe d'où lui venait cette force, il fallait qu'il prouve son existence.
Sujet: Re: Brûmes isolées, fuite bucolique Mar 22 Oct - 19:10
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Chris descendait les marches pour rejoindre Abigail, Damaz chancelait, la main couverte de sang vers eux et Abi, attirait Kôta avec eux. Comme je l'avais supposé, elle était forte, mais pas suffisamment pour porter le poids entier de la guilde sur ses épaules. Kôta et Chris seraient à ses côtés pour lui venir en aide. Les trois éléments les plus importants étaient rassemblés et ensemble, ils formeront un groupe qui saura nous guider, nous aider à passer à travers toutes les épreuves qui se dessineront sur nos chemins. Je souris.
Chris venait de lever le poing et de par son regard, il nous encourageait à le faire aussi. Les mages prirent du temps à se décider si le trio était convenable, si tout ça était une bonne idée au final. Les mots qu'Abigail avaient prononcé étaient beaux, mais ils n'avaient pas la conviction que la guilde s'attendait à recevoir. Les trois mages liés, toutes les chances iront de notre côté. J'imitais Chris, levais le poing moi aussi pour attirer la foule dans mon élan de conviction. Ils étaient indécis, mais moi, j'avais déjà choisi mon partie. En cas de crise, il faut choisir les meilleures options à notre disposition, réfléchir à d'autres solutions nous couleraient au final.
À vous trois!
Comme l'avait faite Abi à mon arrivée, elle avait levé mon verre pour fêter cela. Pour elle, pour eux, je levais mon poing, signe de puissance et de détermination, pour leur prouver que j'étais aussi avec eux. Même si mon rôle pouvait être minime, je les soutiendrais s'ils avaient besoin de conseils. Je ne pense pas que ça soit éventuellement le cas, mais qui sait, on a toujours besoin de ressources à quelque part... Mon poing levé, j'attirais les autres avec moi, amenant un peu plus d'espoir auprès des trois nouveau leaders. C'était une chose de vouloir nous guider, mais une autre d'être apprécié et d'avoir l'accord des autres.