Zeph Kovenken leva la tête vers le Manoir, incrédule. Il avait du mal à croire qu'un homme capable de se payer une propriété aussi immense dans le royaume de Caelum n'ait pas des gardes à temps plein pour veiller sur la moindre pièce. La façade laissait imaginer un de ces milliardaires excentriques, du genre qui prend un bain de pièces d'or quotidien et qui astiquent avec amour le plus petit symbole de leur fortune. Alors, faire appel à des mages, le brun en pensait "Petit Joueur". L'herbe verdoyait tout autour du grand bâtiment de briques rouges, aux tuiles en ardoises et doté de quatre tourelles, chacune finie par une flèche pointée vers le ciel. Les trois équipiers étaient séparés de leur client non seulement par une énorme porte de bois massif, sculptée de reliefs aussi précis que délicats, mais aussi d'une lourde grille de fer, aux pointes recouvertes d'or.

Parlons-en, de ces trois équipiers. Zeph se trouvait là accompagné de la rousse Enya Taylor, comme lui mage d'Eagle's Claw, ainsi que d'Ijeel Blista, un albinos de Fairy Tail avec lequel il avait déjà été contraint de travailler. Visiblement, le gynophobe en costume avait un don pour choisir les mêmes missions que le Kovenken. Bien que, pour l'occasion, c'était bel et bien la jeune aigle qui avait choisi la requête, demandant simplement au balafré de l'accompagner. Le porte monnaie un peu trop vide pour être en état de refuser, le garçon l'avait suivie malgré sa nette préférence pour les missions en solo. A peine arrivés à la frontière entre Fiore et Caellum, ils avaient croisé le chemin d'Ijeel et, apprenant qu'ils seraient coéquipiers, ils avaient finis leur route ensemble.

Laissant à Enya le loisir de sonner, le mage en profita pour observer l'employeur qui sortait de sa demeure. Un petit homme bedonnant, la cinquantaine bien tassée, les cheveux gris tirant sur le blanc, le visage ridé... Rien de bien étonnant de la part d'un homme riche à Caellum. Il marcha vers eux, traversant la petite allée d'un pas lent et assuré, comme si l'homme était parfaitement à son aise. A dire vrai, c'était bien possible, puisqu'il était sur son territoire. Mais voir cet embonpoint basculer à droite et à gauche au rythme de sa démarche n'en était pas moins... Affligeant. L'employeur arriva finalement à leur hauteur et, prenant son temps, ouvrit la grille.

- Ah, bonjour. Vous devez être les mages... Entrez, entrez, je vais vous montrer les lieux, fit-il d'un ton sec.

Visiblement, il n'était pas de bonne humeur. Mais le balafré ne pipa mot pour autant, peu désireux de se mettre à dos l'employeur. Avec un ton condescendant, à la limite du méprisant, le quinquagénaire les mena jusqu'à un couloir, au sommet de la tour Nord Est. Une porte de fer noir -vous avez déjà vu moins discret, sérieusement ?- s'ouvrait sur ce que l'homme nommait sa "salle du trésor". Un gigantesque coffre en occupait le centre -discrétion quand tu nous tiens-, son couvercle entrouvert laissant apercevoir des joyaux ruisselants de brillance, si gros qu'ils en frôlaient l’obscénité.

Plantés là, les mages s'installèrent donc autour du coffre, dans un silence de plomb. Les reflets tape-à-l'oeil lassaient Zeph, qui finit par volontairement regarder ailleurs. Grave erreur.