Harald. Desierto. Ce sont là deux noms qui te trottent en tête. Tu es encore dans cette caserne militaire de Bosco. Tu vas y rester encore un peu. Tu viens de livrer cet homme au gouvernement. Les tensions entre révolutionnaires et forces de l'ordre se font de plus en plus importantes. Et chaque camp remue de plus en plus. Tu sais que les choses ne vont pas tarder à se débloquer. L'un des deux camp va créer un coup d'éclat, et le conflit deviendra effectif. La seule chose est que chacun attend de voir ce que fera l'autre. Qui craquera en premier. Mais le gouvernement se croit en sécurité. Ils ont fait appel à tes services. La première fois que tu as croisé l'armée révolutionnaire fut lors d'une escorte vers un pays voisin. La seconde fois aura été lors d'une escarmouche, où tu as fait un prisonnier. Et il y aura surement une troisième fois. Le commerce de la magie est règlementé ici, mais tu sais que chaque camp possède des armes en toute illégalité. Et tes employeurs semblent sous estimer leurs adversaires. La guerre civile est proche. La prochaine action déclenchera tout. Mais toi... Tu as d'autres préoccupations parallèles. Tu es resté ici parce qu'on te l'a demandé. Parce que le roi lui même a demandé ton aide. Tu te souviens de votre entrevue officieuse, il y a quelques jours de cela. Tu te souviens de cet homme frêle, l'air totalement perdu et dépassé par la situation. Tu ne sais pas vraiment comment il gouverne le pays, ni même quel genre de personne il peut être, mais... Son aspect maladif, et sa prière t'ont touché. Il t'a fait pitié. Et tu as accepté de rester encore quelques temps. C'est ainsi que tu as été logé dans la caserne de la capitale, à quelques pas à peine du palais royal. C'est presque comme si tu avais été intégré à la garde magique du pays. Seulement, tu l'as dit, d'autres choses occupent ton esprit.
Harald. Desierto. Ton prochain adversaire. Ta prochaine destination. Grail t'a dévoilé son plan il y a peu. Harald des vents du Sud. Le maître de l'aridité et des tempêtes de sable. Digne gardien de Desierto, il siège là-bas depuis longtemps. Et il fait partie des seuls esprits ne se cachant pas. Tu as trouvé Evan par hasard. Tu as du pourchasser Grail plusieurs semaines pour le convaincre. C'est ce dernier qui t'a parlé des autres Gardiens des vents. Evan de l'Est, Grail du Sud-Est, Harald du Sud, Lucia du Sud-Ouest, Shin de l'Ouest, Aïsha du Nord-Ouest, Freyja du Nord et Xilya du Nord-Est. Les principaux Gardiens. Sans compter les quelques autres noms qu'il t'a cité. Mais ceux-ci sont des esprits mineurs. En somme, tu vas avoir du travail si tu veux pouvoir retrouver ton ancien coéquipier. G. Tu n'as jamais su son véritable nom en fait. Tout ce qui te reste de lui, c'est cette lettre, et ces souvenirs... Tu te rappelles de l'époque où tu étais encore un gamin impulsif et inconscient. Tu te rappelles tout ce que tu as appris grâce à lui. Tout ce que tu lui dois. Tu soupires. Tu dois le retrouver. Ne serait-ce que pour le remercier. Le remercier pour tout ce qu'il a fait pour toi. Si tu as pu changer, et mûrir, c'est bien grâce à lui. Alors, peu importe ce que cela doit impliquer, tu le retrouvera. Malgré les adversaires, malgré les épreuves. Tout comme tu as juré de mettre ta vie au service de la justice, pour te faire pardonner du meurtre de ta génitrice, tu as juré de le retrouver. Tu dois donc te préparer pour une excursion dans le désert. Le véritable désert. Pas la Web Valley. Cette fois, ce sont les jours arides et les nuits glaciales qui t'attendent. Et probablement, au moins une tempête de sable. C'est là que tu le trouveras. C'est là que vaincras Harald, pour le soumettre. S'il accepte de t'accompagner, tant mieux. Sinon, tant pis, tu l'emmèneras de force...
Tu secoues la tête tout en pensant à ceci. Tu reviens à la réalité, tiré de tes réflexions par une voix forte. Tu regardes le général en chef de l'armée royale, faisant mine de réfléchir. Stupide réunion. Pourquoi t'avoir mêlé aux officiers de l'armée ? Tu n'as pas besoin d'hommes pour lancer cette attaque contre les révolutionnaires. Tu le fais alors remarquer au colosse qui se tient à l'autre bout de la table. Tu le vois taper du poing, en te hurlant que ce n'est pas un jeu. Mais ça, tu ne le sais que trop bien. Tu laisses ta magie se condenser autour de toi, alors que la concentration de vent déforme légèrement l'espace autour de toi. Tu finis par tout regrouper au creux de ta main, pour lui présenter une sphère de vent extrêmement concentrée. A tel point que le vent semble tourbillonner à l'oeil nu dans cette boule aux proportions parfaitement géométriques que tu tiens. Tu fixes son regard, avant de te lever à ton tour, pour lui faire face. Quel homme odieux. Tu prends alors la parole, faisant tomber le silence sur cette assemblée de généraux et de hauts gradés.
- Je sais très bien qu'il ne s'agit pas d'un jeu. Mais cette petite sphère pourrait vous tuer d'un coup, sans vous laisser le temps de comprendre ce qui vous arrive. Je n'ai besoin de personne d'autre que moi même pour régler leur compte à un si petit groupe d'hommes. Ces révolutionnaires utilisent leur surnombre pour gagner leurs batailles. Mais un assaut surprise comme celui que je vais mener ne leur laissera aucune chance. D'autant que même à vingt ensemble, leurs chances de me tuer sont inférieures à dix pour cent je dirais. Peu m'importe que vous vouliez la sureté la plus totale quand à l'exécution de vos plans. J'exécuterai les ordres qu'on me donnera, c'est une question d'honneur. Alors, pas la peine de me donner des hommes.
Tu resserres alors le poing, laissant ta sphère de vent se disperser comme elle est apparue, avant de quitter la salle. Tu dois aussi t'occuper de te préparer pour le tournoi de Luxus. Un tournoi de magie, pour confronter les plus puissantes guildes de Fiore. C'est intéressant, certes. Ce le serait encore plus si cela ne tombait pas à un tel moment. Tu vas bientôt devoir rentrer pour participer, puis revenir ici pour régler ce conflit, puis repartir pour Desierto. A moins que tu n'inverses les deux dernières étapes. Car il est vrai que la puissance d'un esprit supplémentaire serait un avantage pour toi. Bah. Tu verras bien. Pour le moment, tu as besoin d'air et de temps pour réfléchir à comment organiser les semaines à suivre. Enfin, tu aurais bien aimé être tranquille.
A peine sorti et engagé dans cette ruelle, tu es abordé par un badaud. Un gamin vêtu de fripes et encapuchonné dans un manteau rapiécé. Tu pensais lui faire l'aumône et partir, mais... Tu sens sa main se poser contre ton torse, alors que tout semble basculer. Pas comme la dernière fois que tu as fait une incursion dans ton esprit, non. Cette fois, tu as l'impression de te faire engloutir dans les ténèbres. Tu n'as que le temps d'apercevoir un sourire moqueur sous cette capuche, avant que tout ne sombre. Tu rouvres les yeux l'instant d'après, te relevant dans cet endroit inconnu. Tu regardes autour de toi, ne voyant rien. Un sol blanc, un ciel blanc, un horizon presque imperceptible. Et au milieu de tout ceci, ce gamin. Mais ce n'est plus cet enfant mendiant. Non, il est différent. Tu vois une aura noirâtre autour de lui, alors qu'il fait tomber son long manteau. Tu observes son sourire moqueur et ses cheveux d'ébène, en te rendant compte que tu as perdu tout contact avec Evan et Grail. Tu ne sais pas ce qui se passe... C'est alors qu'il prend la parole. D'une voix forte et claire.
- Alors, c'est toi le Blackstorm ? Timothy, je me trompe ? Ne nie pas. Je le sais.
- Qui es-tu ? Et comment connais tu mon nom ?
- On m'appelle Kingsley, Gardien des vents solitaires. Autrefois maître du vent d'Ouest. Je suis ce que ce cher vieux Grail nomme... Un déchu. Quand mes connaissances... J'ai connu un certain Allan. Et j'ai récemment croisé G. Je le sais, après, nous ne sommes que dans une autre part de ton esprit...
- Et que veux-tu ?
- Simplement t'aider. G m'a parlé de toi. Et tu as besoin de mon aide. Ne serait-ce que pour apprendre à contrôler les ténèbres en toi. Je sais ce que tu as fait. Je sais quel est ton crime. Je sais que tu ne ressens plus rien en tuant. C'est la preuve que les ténèbres ont entamé leur besogne. Alors, tu as besoin de moi, ou tu sombreras.
Tu n'as pas le temps de répondre. De toutes façons, tu restes sans voix devant un tel discours. Il te connait à tel point que c'en serait presque apeurant. Mais tu restes là, comme paralysé, alors qu'une tâche sombre se forme sur le sol blanc. Tu vois une ombre se former, s'élever, et prendre vie. Une parfaite réplique de toi, à la différence qu'il s'agit d'une ombre... Tu n'as pas le temps de réagir, que déjà des salves de vent noir s'abattent sur toi, dans un concert d'explosion, te projetant violemment en arrière. Tu vois le jeune homme, bras croisés, te regarder alors que ton sosie se jette vers toi, faisant apparaître une épée de vent. Tu te redresses rapidement, exécutant le même mouvement, prenant ton arme élémentaire pour parer l'attaque. Tu sens alors une vive douleur au torse. Son épée vient de trancher la tienne comme s'il s'agissait d'une vulgaire feuille de papier confrontée à des ciseaux affutés. Tu recules alors, portant la main à la blessure qu'il vient de t'infliger. Il est bien plus puissant que toi. Tu viens de le comprendre à travers cette attaque. Tu ne pourras pas le vaincre. Pas seul du moins. Tu fermes les yeux, pensant à Evan. Tu as besoin de son aide. Tu sens ton adversaire revenir à la charge. Tu as besoin d'Evan. Tu sens le vent qui se rapproche de ton torse. Evan. Tu vas te faire embrocher. Le temps semble ralentir, alors que la lame de l'épée se rapproche chaque seconde un peu plus. Evan. Tes pensées restent fixées sur lui. Tu vas mourir dans le dixième de seconde qui suit. Tu as besoin de son aide. Seul, tu sais que tu ne pourras rien. Avec son aide, tu pourras lutter. Au fond de toi, tu le sais.
C'est alors que tu rouvres l'oeil, sentant un vent chaud souffler à travers ton corps. Une explosion force ton adversaire à reculer. Tu vois une armure de vent solidifié se former autour de ton corps. Une à une, les parts d'armure apparaissent. Une armure standard, aussi légère que le vent, et pourtant aussi dure que la roche. C'est alors qu'Evan apparaît dans une tornade de flammes rougeoyantes à tes côtés.
Tu le regardes alors qu'il t'adresse un grand sourire. Un sourire chaleureux, presque réconfortant, et qui semble te dire que tout ira bien désormais. Vous allez reprendre ce combat en main désormais. Tu le vois alors s'évaporer dans les airs, dans une trainée de flammes, qui vient se déposer contre l'armure que tu viens de faire apparaître. Tu regardes l'effet produit sur ton avant bras. Ton gantelet prend une couleur grenat, des flammèches courant sur l'armure, ressentant la chaleur t'entourer alors que la forme de l'armure se modifie légèrement. Tu reconnais le style de ton camarade au caractère enflammé. Tu souris légèrement, avant de relever la tête pour faire face à ton adversaire. Tu tends la main, projetant, à ta grande surprise, une boule de flammes vers ton ennemi.
Un mur de vent. Tu vois ta boule de feu se faire dissoudre dans le vent. Tu vois alors une salve d'épées de vent fuser vers toi, tailladant ta peau malgré ta nouvelle armure. Tu t'apprêtes à répliquer, lorsque tu sens quelque chose t'enserrer les bras. Tu tournes la tête, voyant des serpents d'ombre te soulever du sol. C'est alors que tu vois le jeune homme s'avancer, pendant que ton double part en fumée. Il reprend la parole.
- Abandonne. Ton nouveau pouvoir est certes impressionnant, mais... Tu ne peux pas gagner. Tu viens de voir la puissance des ténèbres en toi. Tu ne peux pas encore les maitriser. Alors tu as besoin de moi.
Tu es partagé. Mais tu sens Evan acquiescer à travers l'armure que tu revêts. C'est vrai. Tu es encore faible. Tu as besoin de toute l'aide possible... Tu te contentes alors de fermer les yeux, dans un sourire légèrement amer. Tu acceptes alors, d'un léger signe de tête. Tu le sens te reposer au sol, alors qu'il se change en ombre, pour se fondre dans la tienne. Tu sens la magie affluer en toi, une vive douleur te traversant l'esprit. Tu détestes cette sensation. C'est toujours la même chose lorsque tu absorbes un esprit. Trois esprits. Trois fois ce calvaire. Cette douleur cuisante. Tu serres les dents, tombant à genoux, alors que ton armure se dissout dans les airs. Tout bascule de nouveau. Tu te retrouves alors là où tu te trouvais auparavant. Dans cette rue de la ville, au milieu des passants, qui te croisent et te saluent comme si de rien était. Mais s'ils savaient... S'ils savaient ce qui vient de se passer... Leurs regards seraient bien différents. Tu viens de prendre une nouvelle dimension. De gagner un nouvel allié. De t'améliorer de nouveau. Mais le chemin est encore long. Tu le sais. Et tu continueras à gagner en puissance. Pour réaliser tes objectifs. Pour te pardonner ce meurtre. Pour retrouver cet ami perdu. Pour sortir ce pays de cette guerre qui menace...